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Une vie sur Facebook

par Amine Bouali

«Ma vie a changé le jour où j'ai attrapé le virus de Facebook. Peu disert auparavant, j'avais désormais un avis sur tout ce qui bouge. Aucun domaine, ni le sport, ni la politique ni la religion, n'allait échapper à ma science infuse. Aussitôt avalé mon café du matin et sans retourner sept fois ma langue dans ma bouche, j'étais prêt à décocher mes critiques et mes commentaires... J'étais devenu une espèce de Moh-La-Science qui avait réponse à tout et qui voulait à tout prix avoir le dernier mot.

Une bonne partie de la journée et de la nuit et même pendant mes heures de travail, je hantais les réseaux sociaux. J'étais vent debout contre tous ceux qui n'étaient pas d'accord avec moi ou dont la tête ne me revenait pas. Partout je mettais mon grain de sel et rien ni personne ne trouvait grâce à mes yeux. Sur Internet, je me sentais chez moi. Je glosais, je blâmais, je fulminais. J'étais persuadé que si j'avais l'oreille des décideurs ou si j'avais moi-même le pouvoir de décision, les choses auraient évolué autrement et tout fonctionnerait à merveille dans notre pays.

Mais j'ai fini par apprendre à mes dépens que tout n'est pas aussi simple dans la vie, que celui qui parle le plus fort n'a pas forcément raison et que souvent celui dont la parole vaut de l'or se tait ou rase les murs. Et comme dit un proverbe bien de chez nous, «celui qui compte tout seul, risque de faire faillite.» Alors n'oublie jamais ceci, ami lecteur : le réel remet toujours les pendules à l'heure !».