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L'argent noir

par Abdelkrim Zerzouri

Le marché parallèle des devises reste irréductible avec des cours de plus en plus haussiers. En ce début de mois de février l'euro continue son ascension imperturbable, dépassant le seuil historique des 240 dinars pour 1 euro, très loin du taux de change officiel qui équivaut à 145 dinars contre 1 euro. Soit une différence de près de 100 dinars entre les taux de change sur le marché parallèle et officiel. Un phénomène devenu ordinaire au fil des ans, et qui n'a pas fait l'objet d'études pour sonder les effets du marché parallèle des devises sur l'Economie nationale, ou existe-t-il des études qui n'ont pas été rendues publiques ? Si l'on prend en considération les tentatives, restées vaines jusqu'à présent, engagées par les pouvoirs publics afin de dompter ou éliminer le marché parallèle des devises, on ne peut que croire que les effets en question ne peuvent être que préjudiciables à l'économie, car dans le cas contraire, on ne soucierait pas de l'existence de ce marché dont la manne de l'argent informel en circulation lui sert de levier.

D'ailleurs, certains observateurs attribuent cette hausse historique du change sur le marché noir à l'achat massif des devises, principalement l'euro, par les détenteurs de grosses sommes d'argent hors des circuits bancaires.

La plus sérieuse initiative visant l'élimination du marché parallèle des devises reste l'ouverture des bureaux de change, légalisée par la nouvelle loi sur la monnaie et le crédit, mais de sérieux doutes demeurent quant à la capacité de ces bureaux de change d'atteindre ce but. Des bureaux de change qu'il faut d'abord ouvrir, en attendant de juger effectivement de leur capacité à éliminer le marché parallèle des devises, qui s'est revigoré en ce début d'année 2024 alors qu'on annonçait, justement, l'ouverture prochaine de ces bureaux de change (annoncée en 2023 puis reportée à 2024).

En tout cas, selon une déclaration du ministre des Finances, le dossier des bureaux de change était, en décembre 2023, à l'étude à la Banque d'Algérie. Selon la nouvelle loi, la régulation du marché des changes relève de la responsabilité de la Banque d'Algérie, avec pour objectif d'assurer les meilleures conditions dans les domaines de la monnaie, du crédit, et de l'échange, tout en favorisant une croissance économique solide, avait précisé le ministre, ajoutant qu'un système régissant ces bureaux de change a été élaboré, avec des clarifications sur l'octroi des licences, la création, l'approbation et l'activité de ces établissements.

Le ministre a souligné, également, que ces bureaux s'inscrivent dans le cadre « d'un processus transparent, avec des données précises et mises à jour sur les opérations financières, contribuant à réduire la corruption et à garantir une infrastructure appropriée ».

En vérité, ces bureaux de change seront d'un grand secours pour les étudiants pour régler leurs frais d'études et de stages à l'étranger sans passer par le marché noir, ainsi que les malades qui partent se soigner à leurs frais dans des hôpitaux, mais le problème reste entier concernant les détenteurs de grosses sommes d'argent hors des circuits bancaires qui alimentent le marché noir en recourant à la « devise refuge » comme assurance de leur fortune, et la placer sur le tremplin de la fuite des capitaux.