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La terre à ceux qui savent lui arracher ses fruits

par Abdou BENABBOU

Les parlementaires ont été bien avisés d'organiser jeudi dernier une journée consacrée à l'agriculture algérienne. L'état des lieux a été décortiqué avec sérieux et profondeur. Les participants ont établi une expertise sensée et n'ont pas versé dans les littératures et ne se sont pas laissés aller dans l'autosatisfaction habituelle en de semblables rencontres où l'on se perdait dans les louanges futiles.

Situations juridiques des terres, protection du foncier, gestion et impérieuse nécessité de s'adapter aux enjeux de l'heure ont été au centre du débat et des recommandations. Les experts agricoles présents ont été unanimes à mettre en avant la prise en charge des préliminaires indispensables pour que l'agriculture algérienne acquière une noblesse et s'adapte au monde d'aujourd'hui.

La productivité dans ce domaine est en deçà des attentes à cause de la faiblesse des investissements et du manque criard des ressources humaines malgré les efforts soutenus des autorités publiques. On a tendance à souvent accuser les aléas climatiques pour justifier une gestion artisanale des terres alors que des pays sous l'emprise d'un climat similaire excellent à faire fructifier les rendements de la terre.

L'ère n'est plus à s'accrocher à la théorie de la terre à ceux qui la travaillent mais à ceux qui savent lui arracher ses fruits. Des efforts ont été engagés ici et là par des agriculteurs et on perçoit de temps à autre sur les marchés des variétés nouvelles de fruits et légumes absentes ou inconnues jusqu'ici. Mais leurs apparitions toujours furtives indiquent qu'elles sont le fait d'initiatives restreintes et trop isolées pour figurer comme un label national généralisé. La culture de la banane algérienne a réussi, mais l'équatorienne et la portoricaine continuent à inonder le marché. L'exemple est évidemment trop sommaire. Mais il doit permettre d'ouvrir les yeux sur les innombrables opportunités qui s'offrent à la production agricole nationale.

La journée parlementaire organisée jeudi autour d'un thème névralgique n'a peut-être été que le survol d'un important sujet. Mais elle a au moins la faveur d'indiquer qu'il est indispensable de l'aborder sérieusement.