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La Justice internationale, la vérité et le véto

par El Yazid Dib

C'est de la vérité que triomphe la justice. Néanmoins, la notion peu ambiguë de ce «Droit international» de ces «Conventions de Genève» de ces «Règles de la guerre» commence à se dépoussiérer. Pas totalement. Longtemps, brandie comme une prouesse du génie pacifique de l'homme post-Seconde Guerre-mondiale, elle n'a été depuis, que sa vitrine virtuelle sans nul effet sur les torts commis en son nom. Enfin, un brin, un déclic de l'orthodoxie juridictionnelle est venu, cette fois-ci, accabler le plus impuni des États, le plus voyou, le maquereau du nouveau monde. Israël est mis bel et bien au poteau. Un premier échec juridique et une énième défaite morale cuisante. Tout le mérite revient à l'Afrique du Sud qui a osé, vaille que vaille, commettre le sacrilège d'accuser l'invincible, le belliqueux, le fléau criminel de cette guerre. Nonobstant la mollesse de l'arrêt, la justice est quand bien même dite à moitié de voix. Sous un soupçon de crime génocidaire, le crime est déjà établi. Reste à voir.

Il ne peut y avoir, cependant, de justice internationale, ni de morale universelle sans un cessez-le-feu. Ainsi le génocide continue et la Cour internationale de Justice lorgne le cri effaré d'un gosse gisant sous les décombres de Gaza. Ce cri, entonné en des milliers de voix étouffées ne semble pas être clairement audible dans les tympans du siège de la Haye. Plus on s'éloigne de la vérité, plus la justice s'éloigne de vous. Ce peuple n'a pas besoin dans l'immédiat de pain et d'eau malgré la disette et la sécheresse que sème l'entité sioniste. Il veut que la mort cesse d'occuper leur temps, que les raids disparaissent de leur ciel, que les deuils itératifs finissent, que les écoles s'ouvrent et que le printemps qui arrive soit radieux et lumineux.

Ce qui cause le malheur d'une victime n'est pas toujours le déni de ses droits mais le refus entêté de reconnaissance de son existence. Lorsqu'on arrive à réussir à flouter un arrêt de justice, il ne faut jamais croire que la vérité serait de ce fait effacée. Gaza meurt chaque jour et porte sur soi toutes les atrocités que Tel-Aviv pense les avoir en self-défense. En réalité et même après le prononcé du jugement préliminaire, l'on entend toujours le tonnerre des bombardements qui semble faire, fi tant des sentences de la Cour internationale que des colères de tous les peuples qui n'ont cessé de réclamer l'arrêt des hostilités. Israël fait la sourde oreille, se radicalise et persiste à finir l'œuvre macabre.

Le fait que la CIJ s'est abstenue de clamer expressément le cessez-le-feu tend à traduire la frilosité de cette instance onusienne. Devant le courage inhabituel d'avoir accepté le dépôt de plainte, subsiste la timidité d'aller jusqu'aux fins de l'affaire. Les mesures d'urgence du verdict n'auront pas trop d'effets sur le terrain où le massacre récurrent se perpétue encore. Que faire ? S'attendre à une résolution du Conseil de sécurité ? Et le sacré véto pour qui, voire contre qui, a-t-il été fait ? Il ne reste que le grand véto populaire, le grondement des boulevards, le séisme des peuples libres.