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Bellicisme

par Abdelkrim Zerzouri

Quelle évolution des relations entre l'Algérie et le Mali à l'ombre des dernières évolutions en registrées ces derniers jours ?

Malgré une tendance claire à vouloir rompre la bonne entente qui a toujours caractérisée les relations entre les deux pays, reflétée par plusieurs signes avant-coureurs, ces deux dernières années, à l'enseigne du refus quasi-systématique de toute initiative tendant à relancer la mise en œuvre de l'Accord d'Alger pour la Paix et la Réconciliation au Mali, leur contestation de l'intégrité de la médiation internationale, leur désignation de signataires de l'Accord, dûment reconnus, comme dirigeants terroristes, et leur exigence qui a mené au retrait de la MINUSMA, les dirigeants maliens n'ont pas réussi à faire sortir l'Algérie de sa légendaire retenue.

L'Algérie est restée imperturbable face à la montée des hostilités manifestées par les Autorités maliennes, qui n'arrivent plus à cacher un sentiment inexpliqué et injustifié, comme si elles étaient poussées par d'autres parties à pousser le bouchon plus loin.

Et, elles y sont arrivées dans la soirée du jeudi 25 janvier, quand elles ont déclaré brutalement « la fin avec effet immédiat » de l'Accord d'Alger. Un faux pas qui explique, on ne peut mieux, le changement du langage par le gouvernement de Transition malien envers son voisin du nord. Pis encore, on pointe des « actes d'hostilité et d'instrumentalisation de l'Accord, de la part des Autorités algériennes dont le pays est le chef de file de la médiation ». Le Mali efface quasiment tout dans cet emportement, y compris « l'incapacité de la médiation internationale jugée par Bamako « incapable d'assurer le respect des obligations incombant aux groupes armés signataires » de l'Accord d'Alger. Alger a tant ménagé ses relations avec le Mali durant ces dernières semaines, mais il était planifié d'enterrer l'Accord d'Alger, voire d'aller à la radicalité et à la provocation pour couper les ponts. Après, Alger a répliqué, en commençant par appeler les choses par leurs vrais noms. Alger n'ignore rien à propos de « l'intensification récente des programmes d'armement (des autorités maliennes) financés par des pays tiers et leur recours à des mercenaires internationaux », souligne un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

Maintenant, ne faut-il pas rappeler également ce qu'il en était du temps de la présence de la MINUSMA au Mali, où l'on continuait à soutenir l'Accord d'Alger comme moyen de règlement pacifique des différends avec les populations du Nord (une vision soutenue par l'ONU), et ce qu'il en est maintenant de cet Accord après son retrait et l'arrivée de ces mercenaires ? Le retrait de la MINUSMA devait, immanquablement, provoquer de graves perturbations sécuritaires. Alger prend à témoin l'opinion malienne, soulignant que « des décisions aussi malheureuses et aussi malvenues ont prouvé, par le passé, que l'option militaire est la première menace à l'unité et à l'intégrité territoriale du Mali, qu'elle porte en elle les germes d'une guerre civile au Mali, qu'elle diffère la réconciliation nationale au lieu de la rapprocher et qu'elle constitue, enfin, une source de menace réelle pour la paix et la stabilité régionales ». Tout a été dit ?