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L'affliction est énorme quand des étoiles humaines
s'éteignent. Il y a comme une partie de nous-mêmes qui s'en va pour signifier
le côté éphémère de la vie et que l'existence ne peut tenir qu'à peu de choses.
On se surprend à s'interroger ces derniers temps à quoi sont dus les décès en
cascade de personnalités connues ayant accompagné notre marche dans le monde
avec une proximité proche ou lointaine.
Des allers-retours en direction des cimetières, portés par des interpellations et des réflexions lourdes sur ce qu'ont représenté ceux qui nous quittent à jamais et pour que nous déduisions que c'est une partie de nous-mêmes que la mort ampute. Ils sont nombreux à nous avoir quittés cette année et la liste n'est pas finie. Les afflictions en ces derniers temps sont d'autant plus fortes quand elles n'ont pas de cesse de dévorer des espaces d'estime et de grande considération témoignées sans réserve à des hommes qui en restant entiers, avec discrétion et humilité, nous ont enrichis. Leur départ est un peu le nôtre car on se rend compte qu'un monde s'en va et qu'un autre arrive pour nous donner une grande leçon sur la succession des générations. La crainte alors s'installe face au risque de voir une dissemblance générationnelle sans charrier avec elle les fruits de la sagesse, de la compétence et du savoir que les disparus bien nés avaient l'habitude de nous offrir avec justesse et raison. L'ordinaire merveilleux qu'ils préservaient leur permettait le recul nécessaire pour refuser le ciel qu'on leur servait sur un plateau. La toute première leçon qu'ils nous ont enseignée est que la richesse humaine n'est pas dans l'apparat et dans la chose matérielle. La grandeur et la hauteur de l'homme n'est pas dans l'éphémère mais dans l'âme qui sait se prémunir du mercantile commerce des idées et des opinions. Mohamed Bahloul, enterré jeudi, comme d'autres, est de ceux-là. |
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