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La Chine a
abrité vendredi la conclusion d'un accord historique entre la République
islamique d'Iran et l'Arabie Saoudite annonçant la reprise de leurs relations
diplomatiques après plusieurs années de rupture sur fond de profondes
dissensions.
«C'est la fin des malentendus», a déclaré à partir de Pékin le Secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale iranienne, à l'issue du paraphe de la réconciliation entre deux pays qui pèsent lourdement dans la région du Golfe, le Moyen-Orient et plus loin encore. Ali Shamkhani estime que «l'accord en question va contribuer à améliorer la stabilité et la sécurité régionales». De son côté, le conseiller à la sécurité nationale saoudien, Musaid Al-Aiban, espère «continuer un dialogue constructif avec l'Iran sur les principes du bon voisinage». Cet accord a pris forme après plus de deux ans de négociations à travers plusieurs rounds dont certains ont été tenus en 2021 et 2022 en Irak et dans le Sultanat d'Oman. Téhéran et Ryadh se sont entendus pour rouvrir leurs ambassades dans un délai de deux mois. Pour l'histoire, l'Iran et l'Arabie Saoudite ont rompu leurs relations en janvier 2016 lorsque Ryadh a condamné à mort et exécuté Nimr Baqer Al Nimr, le leader iranien de la contestation chiite qui activait dans la région de Qatif, situé à l'Est du royaume wahhabite. Nous écrivions dans ces mêmes colonnes à ce sujet que «cette exécution a provoqué la colère de la République islamique d'Iran et celle des chiites du monde entier qui se sont tous élevés contre la mise à mort d'un de leurs dignitaires religieux qui défendait leur cause à partir des territoires mêmes du royaume wahhabite». Nimr Baqer Al Nimr a été condamné à mort pour avoir appelé à la sécession de Qatif et d'Al-Hassan, des régions à forte obédience chiite dans un pays qui en compte 2 millions d'adeptes sur ses 18 millions d'habitants sunnites. Il faut croire que cette condamnation a été la grosse goutte qui avait fait déborder le vase au regard des dissensions qui ont toujours miné les relations entre Téhéran et Ryadh. Cette rivalité est en évidence provoquée et entretenue entre les deux pays en raison de leur position géostratégique qui les encourage à vouloir être, chacun pour sa part, l'avant-garde du monde musulman comme cherche aussi à l'être la Turquie. En attendant «d'autres initiatives régionales» La lourde question de leadership qui les a toujours opposés a été de tout temps le ferment d'une féroce propagande qu'Israël attise en permanence pour séparer sunnites et chiites à travers le monde. «La déflagration entre autres de l'Irak, la Syrie, des rangs palestiniens, des forces libanaises au pouvoir, et l'esprit même de la redéfinition du monde arabe en particulier, et musulman en général, répondent sans conteste aux manœuvres géostratégiques et géopolitiques que les Etats-Unis et Israël mettent en exécution pour décourager toute velléité d'unification des musulmans «de Tanger à Kaboul» comme voulu par les initiateurs du GMO (Grand Moyen-Orient)», écrivions-nous encore. La question yéménite est un des dossiers les plus lourds au regard des conséquences de la guerre qui est menée dans ce pays par la coalition militaire arabe que dirige Ryadh contre les Houthis que finance l'Iran. La rupture des relations diplomatiques entre les deux pays avait fait réagir Alger à l'époque qui l'a qualifiée d'«erreur stratégique» et avait appelé «au respect de la sacralité de la vie humaine». L'accord conclu vendredi à Pékin entre Iraniens et Saoudiens devrait en principe dégeler progressivement des situations des plus complexes dans la région du Golfe et au Moyen-Orient. Le chef de la diplomatie iranienne Hossein Amir Abdollahian l'a déjà affirmé en «tweettant» que «le retour à des relations normales entre Téhéran et Ryadh offre de grandes possibilités aux deux pays, à la région et au monde musulman» en promettant qu'il allait «lancer d'autres initiatives régionales». La Chine vient ainsi de démontrer précisément aux Etats-Unis et à Israël qu'elle participe directement au règlement des conflits les plus lourds dans cette nouvelle ère que l'humanité est en train d'inaugurer en ces temps marqués par la fin d'un monde et la naissance d'un nouveau où les rapports de force, les enjeux géostratégiques et la régence du monde ne relèvent plus, désormais, des prérogatives de la seule Amérique. La Russie n'est en évidence pas du reste de cette nouvelle recomposition et redéploiement des puissances, des positions et des rôles dans le monde. Un accord salué par le monde sur fond d'hommage à la Chine Dans un communiqué rendu public vendredi, le ministère des Affaires étrangères et de la Communauté à l'étranger a fait savoir que «l'Algérie se félicite du retour des relations diplomatiques entre l'Arabie Saoudite et la République islamique d'Iran et exprime, également, sa satisfaction quant au climat positif qui a caractérisé les pourparlers entre les deux pays fraternels sous les auspices de la République populaire de Chine, amie». Alger considère que «cet accord important permettra aux deux pays et peuples frères de renforcer les relations de coopération et de solidarité conformément aux principes consacrés par la Charte des Nations Unies et de résoudre les différends par le dialogue, contribuant ainsi à renforcer la paix et la sécurité dans la région et dans le monde». Le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric, a exprimé «la gratitude du Secrétaire général, Antonio Guterres, à la Chine pour avoir accueilli les récents pourparlers et ses efforts pour promouvoir le dialogue entre les deux pays» et qui a salué «les efforts d'autres pays à cet égard, notamment le Sultanat d'Oman et l'Irak». Les Etats-Unis ont pris acte de l'accord mais «ont demandé plus de détails aux Saoudiens» et lancent qu' «il reste à voir si l'Iran remplira ses obligations», a déclaré un porte-parole américain du Conseil de sécurité de la Maison Blanche. «D'une manière générale, nous saluons tous les efforts visant à mettre fin à la guerre au Yémen et à désamorcer les tensions dans la région du Moyen-Orient», déclare Washington en notant que «la désescalade, la diplomatie et la dissuasion sont des piliers essentiels de la politique que le président Biden a exposée lors de sa visite dans la région l'année dernière». La France a salué l'accord mais «met en garde l'Iran contre d'éventuelles actions déstabilisatrices». Les Emirats Arabes Unis, le Qatar, bien sûr l'Irak et le Sultanat d'Oman, Bahreïn, le Koweït, la Jordanie, la Turquie, le Liban, le Soudan, le Pakistan, le Conseil de coopération du Golfe, la Ligue musulmane mondiale, l'OCI, ont tous salué l'accord irano-saoudien dont les dimensions devraient augurer de changements importants dans la région voire dans le monde tant le lourd poids des deux pays dans la géostratégie n'est pas à prouver. |
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