A part les
formations politiques représentées au Parlement qui tentent de jouer le rôle
qui leur est constitutionnellement dévolu, la classe politique est bien aphone
et pas depuis hier seulement... Alors que de grands débats ont cours sur
plusieurs dossiers qui engagent l'avenir du pays, le personnel politique de
chez nous semble comme déphasé, vivant sur une autre planète que la nôtre. «Je
participe à tous les débats, même dans la rue, sauf que j'ai toujours refusé de
faire de la politique; pour moi, ce n'est rien d'autre
que gonfler un ballon crevé» ! confie Hamid, qui a pourtant épuisé un mandat
dans une petite commune. Et parce que la politique étant, chez nous, l'art de
toujours faire croire aux autres que toutes les «bonnes idées» ne peuvent venir
du peuple d'en bas, cela reviendrait presque à faire avaler un œuf pourri à une
poule «ménopausée» ! «Théoriquement parlant», l'idéal politique étant de rendre
possible ce qui est nécessaire, le peuple s'intéressera à la politique quand
les hommes politiques s'intéresseront à lui. Rien que ça ! Chez le petit
peuple, l'on se souvient toujours de cet «homme politique» bien de chez nous,
qui avait un jour déclamé -sans trembler- s'être gouré de peuple et donc de société,
et qu'il fallait, en toute «logique manichéenne», suspendre toute activité
politique de «son» parti jusqu'à ce que le pays... importe un autre peuple ! Et
comme l'argent aide à supporter la pauvreté, la politique, selon le mode
opératoire local, est de toujours apprendre au peuple que le meilleur moyen de
prendre un train à l'heure, c'est de s'arranger pour rater le précédent.
Mais comme
rien n'est plus sérieux que la politique, Dieu créa le sens de l'humour chez le
commun des politicards pour penser, mordicus, qu'on ne peut gagner et dépenser
de l'argent en même temps, d'où le choix difficile à faire entre un «homme (ou
femme) politique» et sa propre tronche. Parce qu'un traître, c'est aussi un
homme politique qui quitte son parti pour s'inscrire à un autre. Un peu comme
les jambes, il y en a qui les utilisent pour marcher et d'autres pour faire
leur propre chemin. Un politicien honnête étant, selon la légendaire vox
populi, celui qui reste fidèle à celui qui l'a acheté, il faut croire que ça
arrive que la vérité sorte de la bouche d'un politicien. Et comme on entre en
politique avec un bel avenir devant soi et on en sort avec un terrible passé,
la seule explication qui vaille vraiment est d'apprendre à ne jamais déprimer
du «sérieux apoplectique» de nos hommes politiques !