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Ignacio Cembrero,
écrivain espagnol et rédacteur en chef du journal en ligne «El Confidencial» avait dénoncé, en juillet 2021, le fait que
son téléphone portable ait été espionné par le Maroc via le logiciel
malveillant Pegasus commercialisé par la société israélienne NSO, une
accusation qui avait fortement déplu aux autorités marocaines qui l'avaient
niée en bloc puis avaient porté plainte. Avant-hier, vendredi 13 janvier,
devant le tribunal de première instance de Madrid, s'est déroulé le procès.
Selon le compte-rendu de l'audience rapportée par le média ibérique «Público», le journaliste n'est pas revenu sur ses accusations et n'a pas fait amende honorable comme l'exigeaient les avocats du Maroc. «Il n'y a aucune preuve que le Maroc ait espionné avec Pegasus et ce n'est pas la liberté d'expression du journaliste qui est mise en cause mais son accusation contre notre client», ont-ils notamment plaidé. Cembrero et ses avocats ont insisté, pour leur part, sur le fait que «s'il n'y a aucune preuve, il y a des indications solides que le Maroc pourrait être derrière cet espionnage avec Pegasus». Le journaliste a expliqué être arrivé, «pour de nombreuses raisons, à la conclusion que seule une puissance étrangère, en l'occurrence le Maroc, pouvait pirater mon téléphone portable. Sur mon téléphone, il y avait les coordonnées de mes contacts avec des opposants au régime marocain et de membres du gouvernement espagnol, et un journal marocain a publié certains de mes messages avec des personnalités de la scène politique espagnole». «C'est la quatrième fois depuis 2014 que les autorités marocaines me soumettent à des poursuites judiciaires, a-t-il fait remarquer. Les deux premières ont été actionnées pour une prétendue apologie du terrorisme. Elles ont été classées sans suite. Et dans le troisième procès, j'ai également été acquitté». Pour rappel, le 18 juillet 2021, Forbidden Stories, un réseau de 17 grands médias internationaux, avait publié une enquête accusant le Maroc d'avoir piraté, via le logiciel Pegasus, quelque 10.000 téléphones portables appartenant à des journalistes, des militants de droits de l'homme, des militants pour l'indépendance du Sahara occidental et des hommes politiques de divers pays, considérés comme «inamicaux» ou «hostiles» par Rabat, dont le journaliste Ignacio Cembrero qui avait commis plusieurs articles sur le Maroc (et son roi) qui y ont été vraisemblablement peu appréciés. En mars dernier, dans le cadre de cette même affaire d'espionnage à large échelle via le logiciel Pegasus, le tribunal de Paris avait jugé irrecevables les poursuites en diffamation du Maroc contre des ONG et des médias français (dont «Le Monde», «L'Humanité» et «Mediapart») qui avaient également dénoncé l'utilisation par ce pays de ce logiciel malveillant israélien. Le jugement du procès de Madrid, qui a été mis en délibéré, sera connu dans quelques semaines. |
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