«Makanch réseau !», lâche le guichetier d'une antenne
communale à la face d'un quinquagénaire, les yeux rouges de colère. Loin de
ronger son frein, l'homme profère des insanités à la cantonade, sous le regard
ébahi de nombreuses personnes attendant...que le réseau revienne...Si le
discours officiel tresse des lauriers aux efforts de numérisation de
l'administration algérienne, longtemps engoncée dans ses habitudes de lourde
machine tentaculaire, sur le terrain cahoteux de la réalité, l'administré
continue de souffrir pour obtenir tel ou tel document.
De nombreux
organismes publics sont certes reliés entre eux par le système de l'Intranet,
mais le « réseau » est souvent en panne ! Le « makach réseau » est souvent
opposé aux clients, qui prennent à leurs dépens, le fossé qui sépare encore le
discours de la pratique du terrain. Si le « réseau » est souvent mis en cause
pour compliquer la vie aux citoyens, c'est que quelque part le boulot n'est pas
fait correctement. Un peu comme les ex-sociétés nationales où ça sonnait
partout...mais personne ne répondait, aujourd'hui c'est la panne du réseau
informatique ou « panne technique » qui est « à la mode », alors qu'il s'agit
d'une défaillance principalement due à la faiblesse du débit Internet ou
simplement à l'incompétence des hommes. L'administration électronique ou la
e-administration et son objectif d'atteindre le fameux « zéro papier », le
e-paiement ou encore le e-commerce, ne semblent pas être pour demain, tant
l'austère nudité de la réalité est là pour nous le rappeler. Après « makanch drahem » et « makanch réseau », nous sommes au temps de « makanch l'ma » tant le ciel refuse toujours d'éclater en
sanglots pour étancher notre soif qui aura trop duré !