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Qui ne connaît pas la célèbre
chanson d'opéra-comique «L'amour est un oiseau rebelle » créé en 1875 par
Georges Bizet d'après une nouvelle de Prosper Mérimée, Carmen, publiée en 1847
?
Ce n'est pas une insulte envers ceux qui ne peuvent le confirmer mais pour rappeler que tous les jeunes ont entendu, au moins une fois dans leur vie, cette chanson et nombreux d'entre eux sans en connaître davantage sur l'origine et le sens. Pourtant, cette œuvre qui est incontestablement la plus chantée dans le monde a connu un succès très mitigé à ses premières représentations, voire franchement hostile de la part du public comme des critiques de presse (très puissants à cette période moralisatrice de la IIIe république naissante). C'est tout à fait étonnant et cela justifie, en partie, ma chronique car plus d'un siècle après, on s'aperçoit que les mœurs évoluent et ce qui avait choqué auparavant devient un gigantesque succès. Une chanson et une musique inscrites dans la mémoire et sur les lèvres de dizaines de millions de personnes à travers le monde, sur plusieurs générations. Il faut rappeler que nous sommes encore plus armés, nous les francophones, pour nous souvenir des premières paroles puisque j'avais expliqué dans la première chronique que l'usage de l'opéra est de chanter dans la langue du créateur de l'œuvre. La seconde raison qui justifie ce succès mondial est bien entendu la mélodie et les voix extraordinaires qui ont porté le célèbre couplet, reconnaissable dès la première mesure. Je l'avais dit à propos de mon choix de la version de Luciano Pavarotti, lorsqu'une mélodie est réussie, elle sert n'importe quel bon interprète dans sa performance. Mais j'avais rajouté que Luciano Pavarotti ajoutait à la puissance de Nessun Dorma comme Maria Callas (dite la Callas) va immortaliser Carmen par une interprétation reconnaissable entre toutes les autres, celle que je propose aux jeunes lecteurs. La voix, un instrument fabuleux lorsque la naissance, mais aussi énormément de travail et d'abnégation, ont porté au sommet du sublime les capacités humaines. Rien n'est plus envoûtant et ces fragments d'œuvres sont des portes d'entrée pour aller plus loin dans la découverte de l'opéra, particulièrement pour les jeunes. Toutefois, s'il faut seulement être doté d'une sensibilité humaine, commune à tous, il est toujours utile de comprendre le thème d'un si grand succès mondial. Nous sommes dans l'Espagne du dix-neuvième siècle où l'histoire française est encore récente. Les clichés, encore survivants aujourd'hui, construisent les personnages et le climat qui les entoure. Et si nous les condamnons parfois, il faut toujours faire la part des choses dans le travail de fiction littéraire et artistique pour en garder le plus beau. Carmen est une bohémienne, jolie et enjôleuse, libre et au tempérament rebelle qui sait manier son charme pour s'accaparer la dévotion et le désir des hommes. Très vite, à l'écoute des premières notes, le ton est donné sur sa capacité de fasciner ses courtisans masculins. L'histoire est assez simple à comprendre. La jeune bohémienne travaille dans une manufacture de tabac et finit par déclencher une bagarre dont elle est responsable. Le brigadier Don José qui devait la mener en prison tombe follement amoureux de la belle envoûtante. Il commet l'erreur de la laisser s'échapper. Pire encore, il va tout abandonner, sa fiancée comme son métier, pour rejoindre les contrebandiers. Mais l'amour le ronge et transforme l'ardent désir en une jalousie féroce. Carmen s'en lasse rapidement et se laisse séduire par un autre, un toréador célèbre du nom d'Escamillio. C'est alors que Carmen chante cet air célèbre, mondialement connu, «L'amour est un oiseau rebelle. Que nul ne peut apprivoiser...» Le drame devait arriver, Don José tue Carmen et se tue par amour pour la belle de son cœur, la rebelle. Malgré le travail des deux librettistes, Henri Meilhac et Ludovic Halévy, qui ont largement modifié le texte de Mérimée pour «édulcorer» le personnage de Carmen, le public fut choqué dès la survenue de l'acte la mettant en scène dans toute sa personnalité. C'est à ce moment que l'œuvre fut rejetée dans ses premières représentations. Alors que dans la chronique précédente, Nessun Dorma, le ton monte crescendo pour un final explosif de la voix. Dans Carmen, c'est une voix féminine qui virevolte dans un refrain envoûtant de charme, celui d'une femme libre et obsédante de beauté. Les décennies ont passé et les hommes ont compris que la beauté féminine ne pouvait se voiler ni s'emprisonner afin de calmer les pulsions hypocrites et maladives. Carmen est aujourd'hui écoutée dans le monde entier et admirée pour sa liberté insolente, incroyablement fascinante. Cliquez sur le lien proposé et écoutez cette pure merveille de l'humanité, la voix et le chef-d'œuvre de la composition musicale qui la place au sommet de ses capacités admirables. Points clés à savoir : - Le librettiste est l'auteur d'un petit livre (libretto, en italien, «petit livre») reprenant en mode littérature, presque toujours en vers, les paroles et les chants d'un opéra, d'une opérette, etc. Il y est souvent inscrit des éléments de mise en scène. Normalement la collaboration entre le librettiste et le compositeur est de mise mais, en Italie puis à travers le monde, le compositeur a pris le dessus, notamment en terme de prestige auprès du public pour en devenir finalement la seule référence citée. - Opéra comique : Carmen est un opéra-comique en quatre actes. Il ne s'agit donc pas d'une œuvre comique puisque Carmen est un drame, une tragédie amoureuse. Un opéra-comique veut dire que l'œuvre alterne entre des parties parlées et des parties chantées, Carmen n'est en rien comique.. - Prospère Mérimée, en voyage de recherche archéologique en Andalousie, en 1830, a vraiment fait la rencontre d'un bandit, contrebandier. C'est à cet instant que commence une aventure réelle et troublante avec José Navarro (le Don José de sa nouvelle). Je laisse les jeunes lecteurs la découvrir dans des références plus adaptées à la narration de cet étonnant épisode. Carmen est tirée de la rencontre avec l'une des protagonistes de cette histoire, une bohémienne. *Enseignant Lien vers la vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=lspRhX5Vhhg ou taper sur Youtube «Carmen La Callas» |