|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Apprécier la
probabilité de défaillance, normaliser le diagnostic, installer une méthode
structurée de veille stratégique.
En dépit des dispositions légales adoptées en vue d'améliorer la prévention des difficultés des entreprises, il se produit encore un très grand nombre de défaillances. La connaissance et 1'analyse de la "problématique de la défaillance" montrent que, dans une certaine proportion, il aurait été possible de la prévoir. Fort de ce constat, nous avons cherché à créer une méthode d'audit susceptible de mettre en évidence cette probabilité en anticipant sur les faits et leurs conséquences. Cette méthode est apparue comme la mieux a même de constituer un moyen réel de prévention en 1'installant dans le système d'information de 1'entreprise. LES CONSTATS DE BASE Le contexte économique actuel se caractérise en effet principalement par : - un manque de visibilité économique, - une croissance faible, - une culture d'entreprise qui préviligie la liquidité sur la rentabilité, on raisonne en therme de trésorerie et non pas en terme d'exploitation, absence de politique de détermination du coût de revient (absence de comptabilité analytique), absence de notion de capitaux permanent. les fonds propres ne sont jamais consolidés et peuvent quitter l'entreprise à tout moment .manque de gestion prévisionnelle absence de stratégie de ressource humaine. Cette culture rend les entreprises hypersensibles aux concurrences perturbantes que la vie ne manque pas de présenter et accroit de ce fait leur probabilité de défaillance. LES METHODES «ANCIENNES» A la recherche de la comparabilité perdue Face a ce contexte nouveau, les méthodes d'analyse et de prévision financière n'ont guère évolué ; on continue d'enseigner pratiquement les mêmes méthodes d'analyse fondées sur des ratios calculés a partir d'états financiers dont on commence toutefois a reconnaitre qu'ils ne sont même pas tous établis selon les mêmes normes et que leur comparabilité dans le temps et dans l'espace n'est pas certaine. Quiconque a tenté de construire un positionnement sectoriel s'est heurté à 1'hétérogénéité des informations d'une entreprise a 1'autre, la notion de "pureté" du chiffre d'affaires est inexistante en comptabilité ; ainsi, pour prendre un exemple simple dans le secteur des cosmétiques, comment comparer les états financiers d'une entreprise qui distribue des produits de luxe par la voie de la diffusion sélective de celle qui vend en grande surface ? Pire, ces mêmes entreprises peuvent distribuer dans certains pays selon certaines voies et selon d'autres voies dans d'autres régions. Cela ne gène apparemment personne de comparer du chiffre d'affaires a coefficient 4 et du chiffre d'affaires a coefficient 1.2. Comment comparer cette entreprise, qui fabrique et vend, et cette autre entreprise qui, elle, soustraite sa fabrication et vend. Les codes d'activité principale de ces deux entreprises sont cependant les mêmes. Face à la rigidité nouvelle des flux économiques , une entreprise peut être amenée a differencier fortement - et cela dans un laps de temps très bref - ses méthodes de distribution, ses marges...Les états financiers permettent difficilement de réaliser une cornparaison dans le temps ou dans 1'espace. Une information tardive On enseignait vingt ans auparavant les techniques de planification à long terme, Aujourd'hui, la visibilité des entreprises est de quelques mois et ces méthodes font sourire. Le conducteur d'un train a grande vitesse n'a pas le temps de voir. Toutes les informations qui lui permettent de piloter - en cybernétique, on dirait "gouverner" - proviennent de sources externes, ces informations sont également anticipantes. Le conducteur n'opère, ne prend de décision qu'en fonction de ces informations. L'information comptable n'a aucun caractere anticipant; elle est issue d'un systeme au gouvernement duquel elle prétendrait s'appliquer, ce qui est paradoxal, elle est non comparable et elle est tardive. : c'est I'anticybernetique On ne demande pas au pilote d'un TGV de conduire les yeux rives dans un retroviseur. Les inévitables statistiques La nature même des informations issues de la comptabilité les rend donc impropres a toute anticipation. On en est donc la plupart du temps réduit a procéder par extrapolation de ten-dances, technique statistique reposant sur un postulat qui n'a jamais eté demontré : la continuité de son exploitation. Ce postulat ne sera jamais demontrable car on voit, alors que les tendances apparaissaient mauvaises, des entreprises qui continuent de vivre et se redressent, en raison de mesures correctives appropriées prises à temps; et d'autres au contraire qui semblaient florissantes et qui s'effondrent brutalement: une catastrophe imprevisible s'est produite. Prendre le changement en consideration Or, une catastrophe n'est pas autre chose que la manifestation d'un changement rapide et imprévu. Le changement existe ; il peut revêtir des aspects divers et surtout des allures diverses changement lent qu'on peut traduire par une évolution linéaire, changement plus rapide, illustré par une fonction exponentielle, changement plus brutal, qu'on peut imager par des modifications par paliers, et 1'idee d'une discontinuité, et même changement catastrophique : la discontinuite est importante et rapide. Or, la "continuité de l'exploitation" consiste justement et à contrario a considerer qu'aucun changement ne doit intervenir, ce qui est bien evidemment faux. De là à considerer toute extrapolation comme hasardeuse... Bien sûr, il existe des méthodes de prédiction et de prévision intelligentes qui reposent sur une connaissance des facteurs de survie - ou de réussite - et sur leur surveillance ; mais quelle PME peut, dans un pays ou I'information macro-économique prospective publique est quasi inexistante, s'offrir un observatoire economique ? Les méthodes qui reposent sur une analyse financière menée sur la base d'etats financiers sont donc vouées a 1'echec. Jusqu'a présent, les techniques de prévision ignoraient cette approche, posant comme principe acquis la continuite de 1'exploitation, sans voir que la défaillance d'entreprise repose en grande partie sur une discontinuité ou, le plus souvent, sur la conjonction de plusieurs discontinuiés. Cette approche a été aggravée pendant de nombreuses années par la croyance - fausse - selon laquelle les comportements du futur sont la prolongation de ceux du passé. Ainsi, ont été partiellement developpées sur ce postulat les fonctions scores, qui, on le sait, et également parce qu'elles s'appuient en grande partie sur des données comptables, ne rendent pas compte de la complexité et de la soudaineté du phénomene de défaillance. L'imprevisible est imprevisible, mais peut-être n'est-il pas impossible de prévoir des changements dans l'allure du changement; il existe une probabilité pour qu'un phénomene particulier dont 1'evolution semble a première vue de type linéaire voie son evolution devenir exponentielle ou mutative. Quelle est cette probabilite ? Comment la calculer ? Quel est son facteur déclenchant ? La méthode proposée ici tente d'intégrer ces considerations. LA METHODE Les objectits a atteindre L'objectif principal a atteindre sera d'être en mesure de formuler une opinion sur la probabilité de défaillance d'une entreprise. Parallelement, 1'opinion formulée sera normalisée, c'est-a-dire que plusieurs interlocuteurs ayant a communiquer entre eux à propos de la situation d'une entreprise disposeront d'une information structurée et normalisée. Enfin, la méthode peut déboucher sur 1'installation dans le systeme d'information de 1'entreprise de moyens d'information constitutifs d'une veille stratégique. La méthode ne cherche pas a évaluer 1'entreprise. La méthode est independante de l'activitée exercée : le même cadre structurel peut servir quelle que soit 1'activite exercée. La méthode est indépendante des indi-cateurs retenus : le même cadre structurel peut servir quels que soient les indicateurs retenus. Grace a cette indépendance, la méthode accepte que les indicateurs retenus soient spécialisés selon 1'activité ou le métier de 1'entreprise. Cette spécialisation peut être plus ou moins fine et adaptée au cas rencontré. Le choix des indicateurs sera donc opéré librement lors d'un dialogue avec les dirigeants et 1'encadrement de 1'entreprise, pour-vu qu'il s'agisse d'indicateurs suscep-tibles de traduire une rupture dans une relation considérée comme vitale pour 1'entreprise. Le nombre et la nature des indicateurs de detail sont donc indiférents, pour-vu que 1'ensemble de ces indicateurs permette a 1'auditeur de se forger une opinion sur le degré de vulnérabilité du domaine auquel ils se rapportent. LES DOMAINES D'AUDIT Les investigations portent sur sept domaines, immuables quelle que soit 1'activité exercée. Le diagnostic formulé présentera donc toujours les résultats selon cette approche, repondant au souci de normalisation. Ces sept domaines sont choisis pour leur faculté a exprimer une éventuelle vulnérabilité de 1'entreprise : 1 - Marché 2 - Concurrence 3 - Produits 4 - Technologie 5 - Ressources humaines 6 - Systeme d'information 7 - Systeme financier Pour chacun de ces domaines, 1'audit déterminera s'il existe une probabilité de dysfonctionnement majeur. L'appréciation que 1'auditeur porte sur la probabilité de défaillance liée à un domaine est fonction de celle qu'il aura portée auparavant sur les indicateurs de detail retenus pour apprécier ce domaine. L'appreciation globale que 1'auditeur porte sur la probabilité de défaillance liée à 1'evolution d'un domaine appréciée à douze mois d'intervalle peut traduire une amelioration ou une dgradation. Cette méthode représente la synthèse de travaux de recherche realizés par un groupe de travail multidiciplinaire comprenant des economistes, des assureurs, des juristes et un expert comptable. Afin de créer une nouvelle methode d'audit susceptible de permettre la prédiction de probabilité de défaillance des enterprises. Initialement la démarche se voulait donc ponctuelle, mais rapidment des demandes d'instatallation permanente dans les outils de conduite et de stratégie d'entreprise sont apparues. La methode - très artisanale au depart -s'est donc adaptée de façon à fournir des diagnostics périodiques dans de bonnes conditions de délai et de coût. * Expert Comptable et Commissaire aux Comptes Membre de l'académie des Sciences et Techniques Financières et Comptables Paris Enseigne les normes IFRS à l'université de Skikda |