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Battre l'Egypte
par un seul but inscrit au moment bénit juste avant la pause semble être
suffisant pour déstabiliser la dictature égyptienne en place depuis des lustres
jusqu'à lui faire perdre le B.A-BA et la retenue nécessaire du langage
diplomatique pour pousser officiels et officieux à verser dans l'insulte, la
vindicte, l'anathème et la désinformation.
Aussi superbe fut-elle, nous n'avons jamais pensé un seul instant que la frappe d'Antar Yahia serait en mesure de faire vaciller les pyramides et faire perdre à nos «frères» du bord du Nil leur «légendaire sang froid» pour les pousser à exécuter à notre encontre une impudique danse du ventre que le monde arabe et musulman, en référence à ses valeurs éthiques et morales, ne peut regarder en famille. Il est vrai que c'est un score cruel parce qu'il laisse la porte de l'espoir entrouverte et impose à quatre vingt millions d'égyptiens de demeurer rivés à leurs écrans une heure et demi durant, les obligeant d'assister impuissants jusqu'au coup de sifflet final à la genèse d'une «nekba» consommée pour reprocher ensuite aux algériens de laisser place à une joie légitime, créative et bon enfant, partagée en cela par tout le monde arabe et dont les comptes rendus de presse font foi. C'est sûrement la première des raisons, la superficielle, qui a mit en branle l'appareil de propagande que sont les médias égyptiens pour dévier de son cours la juste colère populaire envers ses dirigeants actuels. Ceux là mêmes qui ont mis en coupe réglée tout un pays pour canaliser le mécontentement de leur peuple vers un supposé ennemi extérieur, l'Algérie, qui vient juste de les priver avec l'art et la manière d'une qualification en coupe du monde. La deuxième raison est que l'Algérie Officielle fait preuve de beaucoup de pondération, de maturité diplomatique, d'une tenue et d'une retenue civilisée digne d'une pays qui aspire à tenir son rang dans le concert de Nations, sans tutelle, aucune. L'indépendance à été obtenue de haute lutte par le seul peuple algérien au prix de tous les sacrifices. Aucun pays arabe ou musulman ne peut se targuer de nous avoir libéré du joug colonial et ce n'est pas aujourd'hui qu'on va troquer notre souveraineté et notre honneur contre une « oukhoua arabia » des plus douteuse, qu'une simple défaite sportive fait voler en éclat et provoque l'hilarité de la planète entière. Chaque chose doit rester à sa juste dimension, sans enflure ni démesure. Ce n'est sûrement pas une rencontre de foot qui va remettre en cause notre appartenance à la sphère arabo-musulmane (qui s'étend bien au-delà de l'histoire et de la géographie égyptienne) ou qui va nous faire douter de notre amazighité. L'histoire nous a appris qu'il ne faut compter que sur soi pour marcher la tête haute, sur son bras pour manger et ses pieds pour gagner. Cependant en Nation raisonnable il va falloir laisser d'abord retomber les tensions, s'apaiser les esprits, donner à nos « frères » le temps de digérer la défaite, en prendre nous même pour savourer la victoire et passer par la suite à l'analyse froide afin de dresser un bilan juste et en bon gestionnaire solder les comptes avec cette arrogance en creux d'un leadership autoproclamé, injustifié, immérité et immoral. Nous ne pouvons en aucun cas accepter d'être tenus pour responsable de la régression de l'Egypte, de la pauvreté de 60% d'égyptiens, de l'analphabétisme de 44% de sa population, de la servilité de ses officiels face à Israël, du pourrissement de la momie de Ramses II ou du sous dosage en ciment des piliers de ses immeubles et de son économie. A chacun de prendre ses responsabilités devant son peuple parce que l'histoire est en mesure de vous rattraper aux détours d'un match de football avec ou sans enjeu. Sachant que l'agressé c'est nous, que l'agresseur c'est eux et que les preuves sont là, sur la toile, dans les rapports des plus hautes instances du football mondial, dans la chair de nos joueurs, dans le traumatisme des supporters des verts qui se sont déplacés en Egypte, quelque soit le dénouement de cette crise, il est certain que rien ne sera jamais plus comme avant. La réponse de l'Algérie à cette posture malsaine et puant l'arrogance est attendue par tout un peuple en Algérie et ailleurs pour remettre les choses à leur place et faire avaler la salive à tout ce que compte l'Egypte d'Officiel, à commencer par la «dynastie des Moubarak». Le moment et la manière sont à l'appréciation des responsables, mais en aucun cas il ne sera pardonné à ceux là de passer sous silence les faits et admettre sans brancher la forme et le contenu d'une telle campagne d'hystérie collective. Qu'elle soit mesurée, nous n'en doutons guère, mais qu'elle soit appropriée, ferme, énergique et sans équivoque, car au change, c'est bien l'Algérie dans son ensemble qui sera gagnante, sur tous les plans. Avec le sourire et beaucoup d'élégance. *Enseignant universitaire à la retraite - Bordeaux |