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La rive nord de
la Méditerranée ne cesse de capter le regard et l'esprit des jeunes comme des
vieux. Pourquoi cet engouement envers l'étranger et pourquoi cette envie folle
de quitter les siens ?
Meursault le héros de Camus n'avait-il pas eu la chance d'une promotion pour aller travailler à Paris et qu'il avait refusée ? N'avait-il pas préféré Alger et son soleil à tous les autres lieux du monde ? Pourquoi les jeunes d'aujourd'hui détestent-ils ce très beau pays ? Est-ce que cette terre est devenue trop inhospitalière, aride et ne donne plus de nourriture pour ces enfants ? Où réside l'intrigue ? Pourquoi ce goût amer de mal vie et de pessimisme ? Pourquoi les jeunes comme les vieux ont cessé de croire en un avenir meilleur ? Est-ce parce que le quotidien des gens est teinté de mépris, d'arrogance et de hogra ? Kamel est un jeune Algérien de 30 ans. Un universitaire malchanceux comme meursault. Un amateur de poésie, de lecture, du théâtre, de musique et de peinture, quoi qu'il n'ait jamais touché à un pinceau. Le infortuné est un prototype de cette nouvelle génération qui désire partir de ce bled. Il veut faire une virée en mer pour changer l'air. Il veut partir pour voir d'autres horizons et d'autres visages. Il ne ressent rien envers la douce et captivante El Khemis. Il veut quitter ce monde de «cheyatine», qui vivent non pas pour jouir des plaisirs, mais uniquement pour critiquer. Le révolté est un jeune Algérien chômeur depuis longtemps, malgré son bac et ses trois ans à la fac. Le vaurien n'a pas pu trouver un emploi digne de lui et tout ce qu'on lui a suggéré était un poste de travail temporaire à la mairie comme peintre des arbres et des trottoirs. Est-ce là une fonction pour un universitaire qui connaît par cœur les œuvres des grands maîtres de littérature. Est-ce là un poste pour un homme sensible qui tisse des poèmes et qui ne voulait jamais mener une vie d'un bohème. Le déshérité voulait juste un poste d'agent de bureau vu ses capacités et son niveau. Il voulait juste un peu de dignité pour toutes ces années passées à l'école et surtout faire plaisir à ses parents qui avaient fait tant de sacrifices. Hélas, comme d'habitude la malchance le poursuit toujours et il se voit indésirable comme un corbeau ou un vautour. Hébété et l'esprit ailleurs, une cigarette à la bouche et l'âme à la touche, tel un mendiant affamé et farouche. Le jeune chantre rêve d'une fuite silencieuse à l'étranger. Il ne supporte plus cette vie de S.D.F et surtout cette misère d'un sans papier chez lui. Il se sent vraiment étranger dans son propre pays et surtout dans sa propre famille. Il veut mettre fin à ce calvaire qui l'oblige à sombrer dans la folie par moment. Cette sensation d'être un point une virgule, un zéro qui circule. D'être un vaurien, un être qui ne sait rien. D'être la peur, le silence, un cri, une souffrance. De se sentir comme un bœuf diabétique, qui a besoin de didactique. Cette sensation de se voir comme le fruit d'un pêché, de n'être qu'un simple cliché. De se voir comme un vaurien, qui ne comprend rien. D'avoir une histoire qui reste comme un secret, d'être une ruelle, une porte fermée à clé. D'être un cri silencieux, un soupir vicieux. D'être un tourment , une honte, ou bien, le faux héros d'un conte. Il se demande souvent, s'il existe vraiment. Il se sent tel un vaurien, qui vit avec un rien. Une sensation d'être une âme égarée, un destin mal préparé. D'être un moment de faiblesse, un instant de colère, de tristesse. Son cas est si étrange, finalement, il n'est qu'un mensonge ! Ses rêves sont peuplés de cauchemars, des têtes de serpents et de lézards Il se voit comme un vaurien, qui ne demande rien. C'est lui la peur, la vigilance, l'oubli et l'indifférence. D'être un royaume sans reine, un cœur sans veine. De n'être qu'un cimetière, ou un tas de pierres ! Et portant, il voulait être un poème d'amour et non pas l'épithalame d'un mort. L'ermite ne veut plus respirer cet air plein d'hypocrisie et de risée. Il veut fuir pour oublier cette sensation d'être un faible qui ne comprend rien. Il désire partir de ce gouffre où les ignorants ont tout, alors que l'instruit n'a que sa tombe à côté. Il veut quitter cet enfer, oublier les querelles de sa bien aimée qui veut épouser un banquier. Il supporte plus cette vie absurde, ni ce quotidien teinté de frustration et garni de vide. L'anachorète veut se sentir utile et non pas avoir la sensation d'être un être ridicule. Il veut faire partager ses pensées, dire aux autres des choses sensées. Il veut quitter l'Algérie qui lui a tourné le dos pendant une très longtemps et qui le considère comme un fardeau. Le pessimiste ne fait plus confiance aux élus, ni en ces responsables qui se prennent pour des chercheurs qui n'ont plus le temps, car surement ils vont créer de nouveaux médicaments. Le vagabond veut changer de vie. Partir loin de cette effrayante agonie. Pourquoi accuse-t-on les jeunes d'êtres feignants ? Alors que les responsables n'ont qu'un but celui de remplir les poches. Le désespéré sait qu'il n'a aucune chance d'attendre un travail ou un logement. Il sait que demain sera fait d'hier et qu'il n'a plus le choix, car l'avenir n'est qu'une addition de mois. Toutes les portes s restent closes et personnes n'a eu de la compassion pour lui. Il sait que dans ce bled, il faut que tu sois un garçon de riche, pour qu'on t'aide à sortir de la gadoue. L'aède ne supporte plus l'air cette terre qui abrite la corruption et où l'expression «je mange, tu manges» reste le slogan qui a remplacé «du peuple et pour le peuple». Le délicat ne comprend toujours pas si les kidnappent des fous et des enfants ont vraiment des consciences ? Ni ces voleurs qui délestent les faibles pendant le mois sacré du ramadhan? N'est-ce pas l'ère du cannibalisme ? N'est-ce pas la dérive et la descente vers l'enfer ? Le gentil homme sait qu'il a raté sa vocation et qu'il ne peut exercer le métier d'éboueur, ni celui de peintre des trottoirs et des arbres. Le poète désire toujours partir pour éviter de ne pas sombrer dans la voie de la drogue et du vol qui reste la seule issue pour une très grande tranche de la société. Il sait que toutes les entreprises publiques ont fermé les portes suites aux détournements et aux mauvaises gestions. Il sait qu'il n'a que la langue pour parler et des yeux pour pleurer. Le hétiste veut partir tenter sa chance ailleurs, tout en sachant que cette aventure comporte des risques. Le futur harrag veut toujours tenter sa chance tout en sachant que son entreprise est comme celle d'un crapaud qui veut traverser une autoroute. Il sait que la mer peut se déchaîner à tout moment et qu'il n'a pas l'expérience du vieil homme d'Ernest hemingway. . Le jeune poète sait que la vie à l'étranger est rude et qu'il lui reste l'étape la plus difficile qui est la traversée de ce tapis d'or qu'on nomme la dévoreuse des braves. L'anachorète ne craigne pas la mort, quoi qu'il soit déjà mort ici. Le jeune héros veut être utile ici ou ailleurs, l'essentiel pour lui est que les autorités reçoivent son cri de détresse et pensent réellement à résoudre son cas. Il désire que l'Algérie soit plurielle et qu'elle s'ouvre aux damnés qui n'osent pas chuchoter le mal qui les range. Il veut vivre dans un climat où règnent la justice et l'équité et où on valorise les gens. Le jeune poète veut partir pour oublier toutes les incompréhensions et surtout pour voir comment vit-on ailleurs. Il veut satisfaire sa curiosité et peut être faire la comparaison entre la vie qu'il menait ici à l'ombre du coin en gardant le mur du quartier et celle qu'il devra mener en Europe. Pour finir on ne sait pas s'il va choisir de vivre tout près de sa tendre mère, où va-t-il partir tenter sa chance ailleurs ? Va-t-il aimer, et vénérer l'Algérie où doit-il fuir comme un vaincu ? Le hétiste sera-t-il assez brave et patient pour vaincre le destin et obtenir un emploi ? Où va t-il baisser les bras en insistant à traverser la mer, là, où il va périr en mer et qui il n'aura même pas une tombe, où sa mère va le pleurer chaque vendredi. Est ce que le Hetiste va t-il tenter cette aventure à haut risque ou va t-il patienter un peu? |