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Trente-trois
ans après l'ouverture politique de 1989 et plus de trois ans après le mouvement
populaire du «hirakbéni», force est de constater que
la vie politique algérienne s'est installée dans un profond sommeil !
Ceux parmi les partis dont l'absence est la plus remarquée ne sont autres que ceux dits «grosses cylindrées», le Front de libération nationale (FLN) et le Rassemblement national démocratique (RND). Ils semblent se complaire dans une léthargie prolongée, alors que le pays traverse une période charnière de son histoire. Hormis quelques activités éparses ou déclarations de circonstance, la classe politique semble nourrir une aversion pour le débat de fond et les actions de proximité. Pour les autres partis et leaders politiques, leurs faits et gestes s'apparentent à des déclarations plates et sans relief, qui ne devraient pas trop intéresser le citoyen lambda. Ils se sont non seulement dépouillés de leurs bases militantes, mais surtout ils ne produisent plus les paradigmes et les idées pour répondre aux questions qui taraudent l'esprit des larges couches de la société, l'emploi, le pouvoir d'achat et le logement, entre autres Autrement dit, ils assurent le service minimum dans une conjoncture politique exceptionnelle réclamant un déploiement soutenu. Certains chefs de parti tentent, tant bien que mal, d'occuper le terrain virtuel des réseaux sociaux, en commentant des faits se déroulant dans la vraie vie ou en répercutant communiqués et activités organiques de leurs partis. N'était ce lien virtuel, on peut dire que les formations politiques sont quasiment coupées de la population. Il est vrai que certains partis dits d'opposition peuvent opposer l'argument de la politique du durcissement adoptée à leur égard en matière d'autorisation d'organisation de meetings, voire d'attribution de salles, pour expliquer le peu d'activités politiques menées sur le terrain. Pour l'heure, l'Algérie fait face à de nombreux défis qui font d'elle un élément prépondérant dans le jeu de rééquilibrage des rapports de force dans la région au Sahel et en Libye aussi. Ne pas voir cette réalité, cela veut dire que la classe politique est frappée de cécité. Et, du coup, le risque est grand de voir le pays vivre des tâtonnements et des entraves à cause de la mollesse criarde de sa classe politique en manque d'imagination et de créativité. Il est temps de mettre en place un nouveau processus politique répondant aux enjeux qui s'imposent au pays au plan stratégique, dans le cadre des bouleversements et les mutations qui agitent le monde, en général, et la région, en particulier. C'est tout le sens à donner à l'initiative politique de «La main tendue» entreprise par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, visant à « réunir tous les Algériens sans distinction ni discrimination ». Et c'est à partir de la capitale turque, Ankara, où il avait effectué une visite officielle, que le Président avait choisi de livrer quelques détails sur cette initiative et son objectif. S'exprimant devant des représentants de la communauté algérienne établis en Turquie, il a qualifié de «nécessaire cette démarche pour la création d'un front interne soudé». Il avait annoncé, à cet effet, selon le compte rendu de l'APS, la tenue «dans les semaines à venir d'une rencontre inclusive des partis politiques», et ce, suite aux rencontres individuelles effectuées récemment avec des chefs de parti. Abdelmadjid Tebboune n'a pas donné plus de détails sur ce nouveau processus politique, annoncé le 3 mai dernier par l'agence officielle. Des personnalités nationales ont été également conviées « intuitu personae » Ces rencontres, estime le chef de l'Etat, ont permis «de débattre et d'évaluer plusieurs questions de l'heure». De ce qui précède, faudrait-il croire que les partis politiques seraient beaucoup plus préoccupés par leurs problèmes internes que par le sort de l'Algérie ? A croire qu'a défaut de peser sur les choix politiques et économiques du pays, les partis politiques, dans nos contrées d'ici-bas, ne règlent leurs horloges que sur les échéances électorales ! Ils n'ont cure du nombre de leurs adhérents qui est descendu à un étiage historique, depuis l'avènement du Hirak qui les a mis « au ban de la société », si on peut le dire ainsi, dès lors que ces derniers ont soutenu sans joie et milité sans conviction pour la plupart. Une même crise de confiance frappe toute la classe politique y compris celle dite de « l'opposition ». Le clanisme, le clientélisme, le népotisme et le consensus politicien sont-ils compatibles avec une politique d'ouverture qui se fonde sur l'alternative de gouvernance et sur les compétences nationales ? La classe politique actuelle n'a pas l'envergure de cette politique. Encore moins le FLN qui aurait dû mener ce combat dès le lendemain de l'indépendance. Réduit à la stricte dimension d'appareil, il servait, surtout, de tremplin à ceux qui aspiraient à une ascension politique. Quant au RND, le «bébé né avec des moustaches», dire que c'était le parti de l'administration résume tout le poids que certains voulaient bien lui donner. Aussi impuissants l'un et l'autre, à empêcher la montée des partis islamistes, englués l'un que l'autre, dans leurs incohérences internes, ces deux partis devraient s'interroger : pourquoi ne pas faire exploser, une fois pour toutes leur prétendue unité ? En définitive, les cadres partisans traditionnels, toutes tendances confondues, semblent avoir atteint leurs limites de fonctionnement et ont plus que jamais besoin de se réinventer et de se donner de nouveaux moyens d'action pour mieux se redéployer et se remettre sérieusement en service. Pour être crédible politiquement, pour peser socialement, il faut aussi et obligatoirement montrer une capacité de mobilisation populaire conséquente. Aucun parti ne pouvant se prévaloir de ces qualités, le Président Abdelmadjid Tebboune, de guerre lasse, serions-nous tentés de le dire, a commencé à montrer la voix en constitutionnalisant la « société civile »sur laquelle il dit s'appuyer dorénavant. Un véritable coup de semonce pour ces partis appelés à se régénérer, disparaître ou prendre à bras-le-corps les sujets qui intéressent le pays et qui sont autant de batailles à venir : ? le renforcement de l'autorité de l'Etat en matière de lutte contre la spéculation et la corruption, ? la relance de la machine économique après des années de gabegie, ? la préservation du pouvoir d'achat des Algériens, ? la réforme des codes communal et de wilaya afin de conférer plus de prérogatives aux élus locaux d'autant plus qu'il s'agit là d'une demande récurrente de la classe politique dans sa totalité. |