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«Déchirement,
binarité douloureuse du rapport à la langue, le Maghreb des langues se
déclinerait au duel, diglossie, bilinguisme.» J. Dakhlia.
L'histoire parle-t-elle en langues? Trames de langues, Usages et métissages
linguistiques dans l'histoire du Maghreb, IRMC, Maisonneuve et Larose, Paris, 2004.
Prime à bord, Il est impératif de traiter les problèmes linguistiques que connait l'enseignement en Algérie. A cet effet, nous avons pris position en faveur de l'enseignement de la langue parlée au même titre que les recommandations d'un certain nombre d'experts en la matière. Il faut rappeler que depuis l'indépendance, la langue est prise en otage par l'idéologie de l'arabisation qui en terme d'interlocution a fait faillite. En effet, deux articles parus récemment traitent respectivement de l'échec scolaire (1) et de la langue vernaculaire (2). En effet, A. Elimam comme beaucoup a bien compris le rôle moteur de la langue native dans le processus d'apprentissage des enfants(3). Dans un article qui représente à ses yeux les fondements de la dialectologie maghrébine (4), son extrapolation analytique d'une faible épaisseur, réduit la formation des parlers maghrébins à l'héritage punique qu'il évalue à cinquante pour cent (50 %). Quoiqu'il ne faut jamais refuser l'audacieuse idée de la punicité comme perspective de recherche en linguistique historique du Maghreb qui malheureusement ne prend en compte l'étymologie comparative des mots. Au même titre, S. Chaker (6) fonde toute sa linguistique historique du berbère sur la morphosyntaxe de schèmes. Dans un des articles cités ci-dessous, traitant de quelques exemples puniques- azalim, agadir,tifinay-, il confirme l'influence du berbère sur la langue punique. A la lecture du texte de 2006, ce dernier nuance sa position datée de 1995 sur l'appartenance du berbère. Au groupe chamito-sémitique Il considère que berbère se caractérise par une continuité de longue durée et que la question du berceau primitif de ce groupe doit être revu. En l'occurrence du point de vue classificatoire des langues, A. Elimam parle de l'aire sémitique et l'autre du groupe chamito-sémitique qui ne sont en définitif que de simples modes d'apparence taxinomique parce qu'ils colportent en eux des idéologies de convenance. A contrario, Il faut bien reconnaitre que l'histoire des hommes et de la formation des identités ne se réduisent pas à la seule langue. En l'occurrence, l'exemple nord-africain est à même de donner des arguments en faveur de la variation nominale des individus et des sociétés. Point névralgique de l'aporie de l'histoire, le nominal comme figure du simulacre de l'identité traverse de part en part l'amazighité qui est la seule à répondre aux exigences de la pérennité historique. L'envers du décor proposé par A. Elimam ne change pas l'épistémologie de l'objet historique parce qu'il perpétue des modèles d'intégration de cet Ailleurs (6) qui fait et défait les figures identitaires. A tout point de vue, il perpétue la malédiction de l'orientalisation comme mode opératoire de la connaissance historique fondé par la linguistique. En Afrique du Nord et au Sahara, les individus et les sociétés en entier se sont définis selon le mode opératoire de l'Ailleurs. En ce sens ce qu'a repéré J. Berque à intérieur du Maghreb médiéval a déjà eu lieu avec la fondation de Carthage. 1-L'histoire de l'Afrique du Nord et du Sahara ne commence pas avec la fondation de Carthage. Loin s'en faut de croire à une périodisation courte et agencée selon les influences étrangères, nous avons remarqué que tous les ouvrages qui traitent de l'histoire de l ?Afrique du Nord et du Sahara, aujourd'hui appelée la Tamazgha par les autochtonistes, répètent la frénésie de la domination étrangère. Les noms des historiens qui se sont fourvoyés dans le minimalisme historiographique sont nombreux. La monumentale histoire de l'Afrique du Nord de S. Gsell (7) ou le résumé historique de CH. A. Julien (8) ainsi que les origines de la Berbérie, Massinissa ou le début de l'histoire de G. Camps (9) se limitent à des sources gréco-latines et oublient l'apport de la documentation égyptienne qui traite des Berbères (10). Dans un article paru (11), il y a une vingtaine d'années nous avons indiqué la profondeur historique de l'histoire des Berbères qui au remonte au moins à 3000 ans avant J.C. Un intervalle de plus d'un millénaire nous sépare des peuples de la mer et deux de l'épopée phénicienne en Méditerranée. Quoique l'ancienneté des relations entre les Berbères et les Egyptiens soit de nouveau évoquée par les historiens à la différence des préoccupations raciales de l'anthropologie européenne du XIXème siècle, cela ne doit pas nous conduire à l'incitation originelle comme le fait B. Lugain (12) qui confond l'ethnie et le phylum anthropologique de l'homme moderne. La consultation des cartes de l'expansion de Carthage donne un aperçu de l'empire de la mer selon la formulation de F. Decret(13). Les ouvrages gréco-latins qui traitent des rapports entre les Numides et les Carthaginois, établissent une inégale répartition territoriale à l'avantage des Numides et des Maures. Tout au long de son histoire, les Carthaginois se sont contentés de cette parcelle de terre africane imagée par la peau de bœuf attribuée par Hiarbas à Elissa que voulait récupérer Massinissa en s'alliant malencontreusement à Rome. L'erreur stratégique de Massinissa reste une énigme géopolitique. Peut-être d'après le modèle d'intégration des Carthaginois, Syphax avait raison. Mais ça c'est une autre histoire. Dire que Massinissa est un punicophile relève de la gageure qui établit une homologie des caractères linguistiques et de l'identité. Il était autant punicophone que helléniste. Ainsi à la lumière de l'idéologie du nationalisme tunisien contemporain, l'antiquité tunisienne est l'objet de la manipulation généalogique(14). A telle enseigne que l'histoire générale de la Tunisie (15) traitant de l'Antiquité intègre les Berbères dans l'époque punique comme s'ils n'existaient pas avant la fondation de Carthage. En somme, rapportés les parlers maghrébins au punique revient à reproduire l'orientalisation des esprits tout en niant des évidences historiques de la transformation historique qui accompagne tous les processus d'acculturation des populations. De fait, la pénétration de la religion musulmane n'a pas d'équivalent au Maghreb. La religion punique est restée cantonnée dans la cité-Etat tandis que le christianisme avait seulement les faveurs des Berbères romanisés. Nier l'ordre institué par Abdel Moumen qui décrète l'interdiction du latin et donne à l'almohadisme la force et la vigueur de l'idéologie de domination en institutionnalisant l'arabe comme langue de l'Etat c'est vite aller en besogne pour effacer les enjeux de l'arabisation qui de facto à contribuer à l'émergence dans les villes et plus tard dans les compagnes d'une variante de parlers maghrébins dont on ignore le processus de formation auquel a vraisemblablement beaucoup contribuer la langue berbère. Dans tous les cas, la langue punique est en soi une transformation linguistique du phénicien sous l'influence du berbère. L'ontologie de l'Etre subit quant à lui les accommodements de la pérennité berbère déclinée par la variabilité identitaire. En somme, Hannibal est berbère dans sa déclinaison punique ou carthaginoise. 2- Entre la préhistoire et l'histoire Ce que nous appelons la civilisation punique- des pratiques religieuses et funéraires, des modes de vie, un artisanat- est né de la rencontre en terre africaine d'un substrat libyco-berbère encore immergé dans la protohistoire et une culture sémitique déjà éprouvée par l'histoire, C'est en quelque sorte, le produit une greffe réussie. S. Lancel, Carthage, P, 52. (16) Avertissement sur le postulat retardataire : La mise en exergue de cette citation ci-dessus ne doit pas nous faire oublier les aprioris de la civilisation sur la situation des peuples de la terre. A bien des égards, la pensée historique fait subir aux Berbères l'inadéquation civilisationnelle sous forme de stigmates (17) .Ainsi, l'influente théorie du progrès ravale ces derniers aux rangs de peuple sans histoire suivant en cela les considérations philosophiques de Hegel (18). Pour les moins enclins à le suivre et les plus au moins versés dans le relativisme culturel les considèrent comme spectateurs de l'histoire en suivant la citation de Mommsen et ce même Hegel en traitant de l'Afrique septentrionale dit ceci :'' C'est un pays qui ne fait que suivre le destin de tout ce qui arrive de grand ailleurs sans avoir une figure déterminée qui lui soit propre''(19). Les deux considérations sur l'histoire se recoupent dans le temps d'arrêt du mouvement pour l'Afrique proprement dite et dans le suivisme de la partie septentrionale. En deçà de toute perspective, l'Ailleurs de J. Berque qui détermine la morphologie du Maghreb est simplement le suivisme civilisationnel et le manque d'originalité stigmatisés par Hegel que reprennent tour à tour T. Mommsen et L. Balout. 2.1-L'Orientalisation de l'Afrique du Nord S. Lancel considèrent que les berbères immergent de la Protohistoire en établissant un décalage civilisationnel avec les Phéniciens qui d'après lui sont en avance sur les autochtones. Le statut attribué à la culture sémite renforce l'idée que les Berbères subissent une antériorité orientale. L'orientalisation des esprits est un thème récurrent que nous retrouvons aussi bien en Préhistoire qu'en l'histoire. Pour l'histoire de l'Afrique du Nord durant l'antiquité tardive Y Modéran (20) a traité la question en attribuant à Tauxier la théorie orientale. A juste raison, la critique porte sur les aprioris idéologiques et repère clairement les indices de la transformation onomastique donc linguistique au lieu d'une dissémination qui quant à elle attesterait de la théorie du peuplement. Problème récurrent, cette orientalisation est déjà à l'œuvre chez les préhistoriens. A. Muzzolini (21) parle de vague orientale en reprenant la discussion sur les chars. La datation des chars au Sahara divise les archéologues. Ainsi ce dernier caractérise cette vague par ce qui suit :'' Contrairement aux thèses traditionnelles qui lient les chars sahariens aux invasions des « peuples de la mer » de la fin du 2è millénaire av. J.-C, nous les insérons dans l'histoire du 1e millénaire av ; J.-C. En effet ils ne prennent sens, allons-nous exposer, qu'au sein de la « vague orientalisante » qui déferle le long des rivages méditerranéens à partir de 700 av J.-C. environ »(22).Il discute les différentes thèses émises à ce jour dont nous retrouvons deux compte- rendus synthétiques qui défendent la thèse très ancienne de la voie des chars au Sahara. H. Lhote (23) décrit les deux voies, l'une de l'Est partant de Tripoli et aboutissant à Gao et l'autre de l'Ouest passant par la frontière algéro-marocaine en passant par le Sahara occidental et la Mauritanie pour aboutir à Gao. Tandis O. du Puigaudeau (24) à la suite de ce dernier spécifie les relations trois fois millénaires entre le Maghreb et le Soudan. La date basse émise de A. Muzzolini correspond d'après lui aux premiers chars connus autour de la Méditerranée occidentale et centrale où dit-il « les voit apparaitre çà et là utilisés pour la course ou pour les rites funéraires comme l'un des traits de la vague orientalisante qui déferle vers les pays riverains à partir de 700 av J.-C.»(25). De ce point de vue, les arguments avancés de l'avance technologique sont discutable pour beaucoup de préhistoriens algériens qui forme la nouvelle école d'archéologie algérienne, remettent en cause les emprunts systématiques et le retard technologique. Pour ce qui est de la diffusion des rites funéraires (orientaux) quoique l'idée soit admise par S. Chaker (26) dans le domaine de l'écriture tifinagh, rien absolument rien n'est attesté d'une conversion intégrale avant l'islam des Berbères aux religions orientales. M. Hachid (27) qui défend la thèse d'une très haute ancienneté berbère (Controverses publiques avec J.L. Lequellec, le journal El watan du 12/04/2012) dont elle a eu à l'exposer maintes fois. Elle remet en cause l'emprunt de l'alphabet phénicien au VI ou V siècle avant J.-C. Pour le faire elle s'appuie sur deux thèses, l'une suggérant une origine saharienne (A.Lemaire, 2001 et 2006) et l'autre méditerranéenne et occidentale (W.Pitcher, 2007). 2.2-L'autochronie de la nouvelle école d'Alger 2.2.1-M. Hachid, le catalogue des figures et des gravures rupestres. C'est peut-être le meilleur titre que l'on peut attribuer au travail de cette dernière. En effet, les images anciennes du rupestre dont elle s'est accoutumée lui permettent de faire quelques hypothèses du peuplement endogène de l'Afrique du Nord et le Sahara. A l'appui de cette orientation, elle transpose l'historicité du rupestre au domaine de l'écriture et de la langue berbères en s'appuyant sur les deux thèses citées ci-dessus. En l'occurrence, elle expose ses propres arguments sur la possible adoption du libyque par les Libyens du Maghreb occidental (Haut Atlas) et les Libyens du Sahara central, à peu près à la même période, soit entre la fin du second millénaire avant J.-C et le 1er millénaire avant J.-C. Sans régler le problème de la datation, elle expose une variété d'hypothèses sur les voies de diffusion possible d'un système alphabétique Après avoir repris l'analyse des hypothèses de W. Pichter (28) et A. Lemaire (29), elle enchaine par l'exposition de sa propre thèse historique de l'adoption du même système alphabétique par les libyens orientaux, sahariens et occidentaux vers le premier millénaire. Après avoir émis quelques remarques sur le contexte géographique de la civilisation des paléo-berbères qui étaient davantage semi-nomades que sédentaires, elle considère que : « La convergence de dates pour l'apparition du même système alphabétique vers le 1er millénaire avant J.-C, chez les Libyens du Haut Atlas et ceux du Sahara central apparait possible si on admet l'hypothèse qu'un système alphabétique a pu se diffuser le long de la côte méditerranéenne chez les libyens occidentaux, et de là chez les libyens sahariens. »(30) Comme l'enjeu et de taille, elle soulève l'unité originelle de l'écriture libyque. A la différence de A. Muzzolini, elle ne parle pas de vague sémite mais avec l'appui de A. Basset et de G. Camps, elle conclue que le libyque ne pouvait dériver du phénicien mais d'une écriture plus archaïque. 2.2.2-S.Chaker, De la linguistique à la préhistoire (31) Le directeur de l'encyclopédie berbère se propose de reprendre la question de l'origine des populations de l'Afrique du Nord. Se faisant, après avoir participé avec le préhistorien S. Hachi(32) à une reprise de la discussion sur le même thème qui fait beaucoup de vagues jusqu'à être considéré de mythe par Y. Modéran(33). Sur ce sujet, nous déployons une recension des différentes thèses qui agrémentent le récit des origines (34) des Berbères qui en général explique le phénomène de leur l'acculturation. Dans cet article, S. Chaker reconnait qu'après avoir adhéré à la thèse dite capsienne, qu'elle est fragile. (35). Il faut rappeler que cette idée défendue par les préhistoriens de l'Afrique du Nord stipule que les capsiens apparus en Afrique du Nord au VIII millénaire avant J.-C apportant : -un nouveau type physique (les proto-méditerranéens remplacent peu à peu le type ?'Mechta el Arbi/ Afalou), une nouvelle culture (le néolithique), et une langue (le proto-berbère). Après avoir reconnu son adhésion à cette thèse, il expose les deux écoles classificatoires. Les linguistes tenants d'une origine africaine (Greenberg, Diakonoff, Behrens,Ehret) ont proposé des localisations et des dynamiques d'expansion africaines, situées dans le Sahara central, ou, le plus souvent en Afrique orientale. Il nous apprend que ces derniers reprennent une ancienne idée qui remonte au XIXe siècle (Carl Meinhoff). A juste raison, il reconnait que : » la position les sémitisants est surdéterminée par le poids historique et culturel des civilisations sémitiques anciennes et la diffusion large des langues qui en ont été les vecteurs (akkadien, phénicien, ?'sud-arabique'', arabe?) (36) Ainsi, le linguistique algérien révise sa position des années 80 sur laquelle s'est appuyé A. Elimam en écrivant à la fin de l'article que : « Tout montre en tout cas que les Berbères et leur langue ont des racines fort anciennes en Afrique du Nord et qu'il n'existe aucune donnée certaine qui autoriserait à les considérer comme venant d'ailleurs, ni eux, ni leur langue, du moins à l'échelle des temps néolithiques et paléolithiques. » Nous ajoutons pour notre part que du temps de l'Histoire, l'Afrique du Nord n'a jamais connu de remplacement ethnique et que' l'ailleurs'', l'élite intellectuelle et politique l'a bien orchestré pour asseoir sa domination sur la population. En définitive si la théorie d'un continuum phylogénétique des populations nord-africaine et saharienne (lignes et bifurcations des Mechtoides-Capsiens- proto-Méditerranéens-proto-Berbères) est valable, il est peut-être inapproprié pour la recherche de ressasser à chaque fois la question des origines parce qu'on ajoute du mythe au mythe au risque de fossiliser un peu plus les Berbères. Par ailleurs, Il ne suffit pas d'extraire du lexique les racines des mots pour faire valoir l'ancienneté de la langue berbère et la considérer comme le conservatoire linguistique de la méditerranée occidentale mais de prendre en compte l'interchangeabilité linguistique pour mieux identifier les identités culturelles. Certes, les classes linguistiques sémite et indo-européenne ne correspondent qu'à une catégorisation des langues qui débouche sur une idéologisation excessive. Nous rappelons que le mot idéologie avait le sens de la genèse des idées (Cabanis et Destutt de Tracy, 37) et qui par la suite a pris une tournure politique sous la forme de l'aliénation chez K. Marx. (38) .Il en est de même du terme indo-européen qui correspondait à une classification linguistique fut repris par l'anthropologie raciale. (39). Il reste à faire une étude complète sur l'utilisation du terme sémite et plus particulièrement dans le contexte de l'orientalisation de l'Afrique du Nord. 2.2.3 Le sens des mots, le langage de la préhistoire chez G. Camps. Nous allons consacrer quelques lignes à l'ouvrage de vulgarisation de dernier.'' Les Berbères, Mémoire et identité'' dont nous avons critiqué, le sous-titre de la première version qui traite la question des ?'peuples à côté de l'histoire''. Ce faisant, nous avons signalé l'irrecevabilité de l'idée de peuples en marges de l'Histoire(40). Avant de reprendre les deux points qui nous intéresse, le dictionnaire de Préhistoire (Encyclopédia universalis, 1990) ne recèle aucune occurrence sur les Proto-méditerranéens et les Paléo-Berbères. Il se peut que l'Encyclopédie berbère y intègre quelques occurrences éparses. Néanmoins nous allons nous contenter du texte de G. Camps. Nous rappelons que ce dernier ne s'est jamais démarqué de la théorisation orientale des origines berbères. Néanmoins, même si quelques-uns de ces élèves ou collaborateurs se démarquent et critiquent ouverte ladite théorie, il suffit de parcourir ces écrits pour se rendre compte de la ladite théorie stigmatise les retards de civilisation qui ont été très tôt relayés par ce dernier au début de sa carrière universitaire. Quoiqu'il reste le principal contributeur en préhistoire et histoire nord-africaine(41), le moment crucial de la dépendance orientale qui s'est joué aux temps protohistoriques qui accumule tous les retards de la civilisation, est maintes fois répété, Nous pensons à cet état d'esprit de l'immersion des Berbères de la protohistoire (l'âge des métaux qui conclue bizarrement son livre sur la préhistoire de l'Afrique du Nord et du Sahara, 42) qui reflète d'après la vieille école d'archéologie d'Alger, le suivisme selon l'expression de L. Hegel reprise par beaucoup d'autres noms. En parlant des origines, l'auteur traite de la question de l'homo sapiens et il reproduire la traditionnelle chronologie, Atérien, Iberomaurisien et Capsien. Cette question est un problème majeur de la périodisation préhistorique de l'Afrique du Nord où la tendance actuelle consiste à fournir des arguments de la continuité de l'ibéromaurusien et du capsien. Eu égard à la complexité taxinomique de l'arborescence buissonnante de la science préhistorique, les classements des genres répondent aux exigences de la science qui ne repose plus sur des aprioris épistémologiques. En bref, d'après G. Camps on voit apparaitre les proto-méditerranéens capsiens au VIIIe millénaire dans la partie orientale du Maghreb. Ils sont les mangeurs d'escargots. En ce sens à l'appui d'une description anthropologique, il affirme que l'homme de Mechta el Arbi se fait remplacer progressivement par les proto-méditerranéens venus du proche orient(43). Par contre, si la mise en place des paléo-berbères coïncide avec l'affiliation des premiers Berbères aux proto-méditerranéens, la civilisation capsienne fournit les éléments distinctifs (l'art) pour lui donner une identité propre dont l'antériorité sera infirmée par S. Hachi. (44). Tout autant que les études postérieures invalident presque toutes ses thèses (45), nous rappelons que G. Camps défend l'idée'' d'une constante pression venue de l'orient'' Bref, les recherches actuelles tendent à fournir des arguments valables de la solution de continuité du phylum génétique des populations nord-africaine et saharienne Du point de vue linguistique, la prudence est de mise et les quelques lignes consacrées à la langue et à l'écriture donnent juste un aperçu de ses connaissances dans le domaine. Le texte sur les ?' Recherches sur les anciennes inscriptions libyques de l'Afrique du Nord et du Sahara''(46) est le plus utilisé par les chercheurs et il est par conséquent le plus élaboré. A suivre. Qu'est ce que c'est qu'une transformation linguistique? Références: 1- M. Stambouli, Le choix des langues d'enseignement et d'apprentissage, est-ce la principale cause d'échec scolaire de l'enfant, Le quotidien d'Oran, 17/09/2015 2- A. Murtada, La langue vernaculaire d'après les Algériens, le journal El Khabar du 09/09/2015 3- A. Elimam, le journal El Watan du 07/08:2015. - Le maghribi vernaculaire majoritaire à l'épreuve de la minoration, site internet - Du punique au Maghribi, Trajectoires d'une langue sémito-méditerranéenne, site internet 4- D. Caubet, Dialectologie et histoire du Maghreb, Trames de langues, Usages et métissages linguistiques dans l'histoire du Maghreb, IRMC, Maisonneuve et Larose, Paris, 2004. 5- S. Chaker, Données sur la langue berbère à travers les textes anciens : La description de l'Afrique septentrionale d'Abou Obeid El Bekri, ROMM 31, 1981. - Linguistique berbère, Editons Peters, Paris, Louvain, 1995. - Résistance et ouverture à l'Autre : le berbère, une langue vivante à la croisée des échanges méditerranéens, dans l'interpénétration des cultures dans le bassin méditerranéen, Paris, Mémoire de la Méditerranée, 2003. - Aux origines berbères; préhistoire et linguistique. allochtonie/autochtonie du peuplement et de la langue berbère. Faits de langues, Revue linguistique 27, OPHRYS, 2006. 6- J. Berque, qu'est-ce qu'une tribu nord-africaine, Hommage à Lucien Febvre, A. Colin, Paris, 1958. 7- S. Gsell, Histoire ancienne de l'Afrique du Nord. 8 Volumes, Hachette, Paris, 1929. 8- Ch. A. julien, Histoire de l'Afrique du Nord, Payot, Paris, 1986. 9-G. Camps, aux origines de la Berbérie, Massinissa ou les débuts de l'histoire, Imprimerie officielle, Alger, 1961. 10- O. Bates, Ancient libyans, Macmillan, Londres, 1914. - J. Yoyotte, les principautés du delta au temps de l'anarchie libyenne, IFAO, Le Caire, 2012. - F. Colin, Le vieux libyque dans les sources égyptiennes du nouvel empire à l'époque romaine) et l'histoire des peuples libycophones dans le nord de l'Afrique, BAC no 25, 1996/98. 11- Nouvelle Revue d'Anthropologie, Paris, 1993 12- B. Lugain, Quand l'Egypte était amazigh, site internet 13-F. Decret, Carthage ou l'empire de la mer, Seuil, Paris, 1977. 14- Cl. Gutron, L'archéologie de la Tunisie (XIX-XXe), Jeux généalogiques sur l'antiquité. Karthala ; Paris, 2010. 15- Histoire générale de la Tunisie, Tome I, L'Antiquité, Sud Editions, Tunis 2003, Maisonneuve et Larose, Paris 2003. 16-S. Lancel, Carthage, Fayard, Paris, 1992. 17- Citation :'' En somme, Les berbères n'ont jamais donné naissance au cours de l'histoire ancienne et moderne à un foyer culturel original.'' L. Balout cité par Th Obenga. - Citation : ?' Les dominations étrangères se succèdent amenant d'autres civilisations, les Berbères restèrent comme le palmier et le sable du désert, T. Mommsen cité par Y. Modéran. 18- L. Hegel, la raison dans l'histoire, UGE, collection 10/18, Paris, 1965. 19- Idem, p, 246. 2O- Y. Modéran, Les Maures et l'Afrique romaine, Ecole française de Rome, Paris, 2003. 21- A. Muzzolini, Les chars au Sahara et en Egypte. Les chars des ?'peuple de la mer'' et la ?'vague orientalisante'' en Afrique. Revue d'Egyptologie no 45, Paris, 1995. 22- Idem, p, 207 23- H. Lhote, Les routes des chars de guerre libyens, de Tripoli à Gao ? Archéologia no 9, 1966. 24- O.de Puigaudeau, Une route de chars à bœufs révèle les rapports 3 fois millénaire entre le Maghreb et le Soudan, Archéologia no 9, 1966 25-A. Muzzolini, p, 231 26- S S. Chaker et S. Hachi, A propos de l'origine et de l'âge de l'écriture libyco-berbère, Mélanges offerts à K. Prasse, Editions Peters, Louvain/ Paris. 2000. On lit ce qui suit: « l'emprunt punique supposé n'est-il pas d'abord une influence au niveau des rites? Et le terme tifinagh n'aurait-il pas d'abord signifié pour les Berbères ?' les épitaphes'', dont la pratique aurait été emprunté aux Puniques, plutôt que ?' les phéniciens- Puniques», p, 10. 27- M. Hachid, Le contexte archéologique et historique de l'apparition de l'alphabet libyque. Retour sur la date de l'inscription rupestre d'Azzib n'Ikkis (Haut Atlas) et sa troublante convergence avec celle du Sahara central, Le libyco-berbère ou le Tifinagh, actes du colloque international, Haut-commissariat à l'amazighité, Alger, 2007. 28- Idem, 3.1, L'hypothèse de l'adaptation de l'alphabet libyque au old phénician, par voie méditerranéenne, entre le Xe et le Vie siècle BC, (W.Pitcher) 29- Idem, 3.2, L'hypothèse de l'adoption d'un alphabet nord arabique par le désert occidental d'Egypte vers le Ve siècle avant J.-C (A. Lemaire). 30- Idem, p, 84. 31- S. Chaker, Origines berbères, Linguistique et préhistoire, EB, no 35, 2013. 32-S. Chaker et S. Hachi, A propos de l'origine et de l'âge de l'écriture libyco-berbère. Réflexion du linguiste et du préhistorien, Mélanges offerts à K. Prasse, Editions Peters, Paris/Louvain, 2000. 33-Y. Modéran, Mythes d'origine des Berbères, EB no 31, 2010. 34- Le récit des origines. 35- S. Chaker, Origines berbères, Linguistique et préhistoire, EB, no 35, 2013. 36- Idem. 37- J.L. Chappey, La société des observateurs de l'homme, Société des études robespierristes, Paris, 2002.Voir, Les luttes intellectuelles à la lumière des oppositions à l'idéologie. 38- G. Canguilhem, Idéologie et rationalité dans l'histoire de sciences de la vie, Vrin, Paris, 2009. L'auteur rapporte que K. Marx avait une difficulté : A savoir le fait que l'art, relatif dans ses productions à l'état social, pouvait conserver au-delà de ses conditions historiques et après leur disparition, une valeur permanente. 39- Cl. Blanckaert, De la race à l'évolution, l'Harmattan, Paris, 2009. Voir, le manuel opératoire de la raciologie ainsi que les différentes commentaires qu'il fait des débats au sein de la Société d'anthropologie de Paris (SAP) au sujet del a vague indo-européenne qui a donné naissance à la théorie celtique. 40- Nouvelle Revue d'Anthropologie, Revue de l'école d'anthropologie de Paris, 1993. 41- Bibliographie de G. Camps, 350 références recensées, Internet. 42- G. Camps, Les civilisations préhistoriques de l'Afrique du Nord et du Sahara, Doin, Paris, 1974. 43- G. Camps, les Berbères, Mémoire et identité, p 24 à 36, Editions Errance, Paris, 1987. 44- S. Hachi, Aux origines des arts premiers en Afrique du Nord, CNRPAH, Alger, 2003. 45- Onrubia-Pintado, Origines berbères, Néolithisation et berbérisation, EB no 35, 2013. 46- G.Camps, Recherches sur les plus anciennes inscriptions libyques de l'Afrique du Nord et du Sahara, Bulletin archéologique du CTHS., Nouvelle. Série. Fasc. 10-11, Paris, 1977. |