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C'est l'une des merveilles de
ce monde, offerte par son accès facile et gratuit, juste le prix de l'effort en
levant la tête. Pour cet été, je propose aux lecteurs (particulièrement aux
plus jeunes) une exploration conjointe avec moi. Nous apprendrons ensemble de
ce que je vais compulser et traduire de ma façon personnelle et pédagogique.
Cette première partie de la chronique n'entrera pas dans la compréhension profonde des réalités astrales et se contentera d'appréhender leur perception visuelle et, surtout, le sens du rapport du ciel avec l'humanité. Suivez-moi, donnons-nous la main et profitons ensemble d'un exposé, certainement accessible sur Internet mais tellement plus sympathique si nous partagions ensemble des connaissances de base, des hésitations ainsi que des questionnements de l'humanité. Ainsi, c'est un parcours tout au long de ces semaines à venir que je vais essayer d'emprunter par la voie la plus pédagogique, personnalisée par mes choix et ma rédaction, sans copier-coller des parties techniques ardues car ce n'est pas nécessaire qu'elles y soient. Je voudrais tant capter l'attention des très jeunes lecteurs. C'est mon grand souhait prononcé au passage de la comète, comme le préconise la coutume humaine. Une comète ? Eh bien voilà pourquoi il faut commencer notre parcours pour y arriver le plus rapidement possible dans les autres numéros. Allons-y ! Le ciel, c'est d'abord une curiosité et une fascination À l'internat de Bouisville, près d'Oran, la première illumination par le ciel m'est venue. Pas celle dont on fait souvent référence lorsqu'on utilise cette image mais celle de la découverte de la beauté fascinante de la voûte céleste. Ce qu'on appelait, jadis, un «professeur coopérant», les plus âgés s'en souviennent, nous avait regroupé le soir dans la cour en nous invitant à regarder le ciel et à écouter ses explications. Et c'est à ce moment que commence pour moi la très belle rencontre avec l'immensité de ce qui nous surplombe tout au long de notre vie et qui est finalement une énigme, une inconnue. Il venait de nous apprendre que le ciel, c'est d'abord une approche pédagogique pour créer un sentiment de curiosité et de fascination raisonnée. Pour moi, le but était plus que réussi, ce fut un choc. Alors, pourquoi, monsieur Sid Lakhdar, avez-vous attendu plus d'un demi-siècle pour nous proposer de faire un chemin initiatique avec vous sans avoir continué votre formation d'une manière plus avancée scientifiquement ? Les raisons sont nombreuses mais si elles expliquent l'échec, elles ne constituent pas une excuse. Mon rêve d'adolescence fut d'être pilote. On dit que les rêves passent par les yeux, ma myopie m'a très vite dissuadé de redescendre sur terre. Une passion pour les études d'astronomie, oui mais mon niveau de mathématiques et de sciences physiques m'a ri au nez lorsqu'il l'a appris. Finalement, ma rencontre scientifique avec le ciel a été ratée jusque-là. L'instruction générale construit cependant, dans le plus jeune âge, un réflexe de curiosité et de fascination. Voilà ce que je voudrais expliquer aux plus jeunes. Quant à la tentative d'explication des phénomènes dans leur aspect scientifique, les plus érudits d'entre vous m'interpelleront, me rectifieront et me complèteront. Ils participeront d'une manière utile, dès lors qu'ils le feront avec la pudeur et la modestie requises pour corriger notre apprentissage commun, le mien et celui des lecteurs. Ils nous éclaireront davantage sans interférer ostentatoirement avec leurs connaissances plus scientifiques. Qui, je le répète, ne sont que marginales dans cette chronique d'été. L'important est de comprendre la base pour l'accès au rêve. L'esprit de curiosité et les rêves nous feront comprendre le ciel sans mystique et crainte, celles que certains veulent utiliser pour nous abrutir et nous dominer. Car, il faut inlassablement le répéter, les croyances religieuses n'interdisent aucunement les découvertes et l'épanouissement intellectuel. Au contraire, elles y trouvent un apport des plus utiles pour la sérénité spirituelle de ceux qui partagent une conviction. Après la pédagogie de la curiosité, celle de la sémantique Ce professeur nous avait émerveillés, dans cette cour, en une soirée noire par son heure avancée. Il n'avait pas commencé par la sémantique et les connaissances scientifiques simplifiées car nous devions d'abord regarder ce ciel magnifique et nous apprivoiser à sa beauté autant qu'à ses énigmes. Alors seulement, une fois notre écoute acquise, il commença par la sémantique du ciel. Car il fallait bien sauter le pas pour la «leçon», ce qu'à cet âge, nous ne choisissions pas naturellement dans une cour réservée au foot, aux chamailleries ou aux discussions coquines. Avec tous ces points qui scintillaient comme les lumières d'Oran vues de Santa Cruz le soir, il commença par nous apprendre que chaque lumière n'avait pas la même origine, la même explication. Nébuleuses, galaxies, étoiles et planètes ainsi que constellations et bien d'autres phénomènes cosmologiques, c'est quoi ? C'est justement ce que nous essaierons de comprendre dans les autres épisodes de ce chemin estival de découverte. Dans ce premier article, j'ai choisi d'introduire rapidement deux notions essentielles qui feront l'objet, avec d'autres, d'un article plus distinct et approfondi, soit les étoiles et les planètes. Les étoiles : Regardons le ciel, nous avait dit notre professeur en rajoutant : «Lorsque l'astre ne scintille pas, c'est une planète. Lorsqu'il scintille, c'est une étoile. Ne pas confondre avec le verbe briller car tous sont visibles lorsque nous les percevons avec nos yeux, donc brillent mais d'une intensité différente». C'est simple, accessible même aux enfants que nous étions. C'est un bon début, non ? Nous saurons plus tard dans la soirée que notre soleil, le grand absent de la soirée, est une étoile. Quelle déception lorsque notre professeur nous apprit que c'était une étoile naine en comparaison des autres, bien plus gigantesques, dont la petitesse relative dans le ciel n'est qu'un effet d'optique induit par les distances cosmiques colossales. Nous étions vexés, cet astre si majestueux qui fut considéré comme le plus grand des dieux par de nombreuses civilisations (merci à notre prof d'histoire-géo) n'est en réalité qu'un petit valet insignifiant dans ce grand palais du ciel. Cela nous a rappelé, en cette soirée, l'extrême humilité que doit avoir l'humanité face au ciel. Une étoile est une boule en fusion provoquée par la grande gravitation qui a comprimé les atomes et les molécules venus d'amas de gaz et de la poussière originelle. Et, souvenez-vous de nos anciens vélos (ou ceux de nos pères) qui avaient une pompe pour gonfler les pneus, l'air comprimé produit de la chaleur. La chaleur par la compression est la seconde base de connaissance pour les enfants installés dans cette cour de l'école. Voilà pourquoi ça brille et scintille, il suffisait de connaître la chaleur du feu ou de celle ressentie lorsqu'on pose sa main sur une ampoule allumée. Ainsi, c'est la raison pour laquelle l'étoile produit une énorme bombe à énergie, lumineuse et visible d'aussi loin. Ce n'étaient pas les cousins lointains des lampadaires de la rue d'Arzew. Il ne restait plus qu'à comprendre pourquoi cette compression ? Ce n'est qu'à des âges avancés qu'on nous instruira de son origine, soit la force de gravité. Plus tard, notre professeur russe de sciences-physiques, au lycée d'Oran, s'était arraché ses derniers cheveux qui lui restaient pour nous expliquer que la compression de deux molécules fabriquait de l'énergie par la disparition d'une partie de la masse. Ai-je bien rappelé le cours, monsieur le professeur, si votre patience avec nous vous a permis de rester longtemps en bonne santé, depuis les années 70' à votre retour en Russie ? Et c'est bien là le plus effrayant car la fusion nucléaire finit un jour par voir s'épuiser son carburant et l'étoile connaîtra une fin de vie inéluctable. Notre étoile, le soleil, va donc mourir, c'est une réalité incontestable des sciences physiques comme notre smartphone s'éteint lorsque la batterie est vide. Rassurez-vous, vos enfants et petits-enfants iront toujours à Bouiseville ou à Aïn El-Turc se bronzer, la mort de notre étoile est prévue dans cinq milliards d'années. Ce sont plutôt ces deux endroits balnéaires qui risquent de disparaître bien avant par l'effet de l'action humaine, de l'érosion ou des catastrophes géologiques et climatiques. Il préviendra de sa mort, tout d'abord parce qu'il est poli mais aussi parce que les connaissances des scientifiques permettent de mesurer le temps de sa vie. Il gonflera lorsque son énergie sera épuisée, dans cinq milliards d'années, en atteignant des distances qui couvriront progressivement tout le système solaire. Notre vieille et bonne terre sera calcinée bien avant qu'il l'atteigne. Et les autres étoiles dans l'Univers ? C'est pareil, leur mort est inéluctable mais certaines gonfleront et d'autres exploseront, ce qui n'est pas plus rassurant. Nous le verrons dans les autres opus de cette série de l'été. L'explosion fait apparaître un grand nuage rond qui s'éloigne à une vitesse époustouflante pendant des milliards d'années. Nous pouvons voir au télescope ces nuages qui entourent un petit point, comme le halo de la fumée du Bastos sans filtre que le chauffeur du bus 14 à Oran, en pause au café du Théâtre de la place d'armes, était entouré. Mais cela interdit l'observation par les êtres humains sans équipements sophistiqués que sont les télescopes modernes. Voir une étoile mourir n'est pas dans le programme d'une promenade d'un soir d'été. Les planètes : Nous l'avons dit, elles ne scintillent pas. Mais alors d'où provient leur lumière si elle n'est pas issue de la combustion nucléaire ? Tout simplement parce qu'elles sont éclairées par la lumière des étoiles, donc du soleil pour son système planétaire dont nous faisons partie. «C'est simple, non ?» nous disait notre professeur, ce soir-là. Il faut reconnaître que si nous comprenions, nous n'arrivions pas visuellement à faire facilement la différence lors de cette soirée, sans jumelles et à un âge de huit ou neuf ans. En plus, la coquetterie d'un enfant de cet âge fait retarder l'aveu d'un besoin en lunettes, je ne dénoncerai pas son nom. Si les planètes ne sont pas des étoiles, c'est parce qu'elles ne sont donc pas en réaction nucléaire, qu'elles sont beaucoup plus petites et, surtout, tournent autour des étoiles, considérablement plus massives. Elles sont prisonnières de la gigantesque gravité de leur étoile. Nous consacrerons du temps à ce chapitre, c'est tout de même notre maison, notre berceau et notre cercueil à venir, la Terre. Au passage, pour les jeunes lecteurs, Terre prend une majuscule lorsque nous évoquons le nom de l'astre. Dans toutes les autres utilisations qui nous permettent d'en parler dans des expressions communes, seulement une minuscule comme dans «Vu de la terre». Le ciel, une régularité qui permet une mesure du temps Pas la peine d'avoir un bac +14 pour comprendre que les civilisations antérieures et lointaines ont eu le même réflexe de contempler le ciel comme nous l'avons fait en cette soirée avec notre professeur. Et si nous excluons les interrogations, les craintes et les mystiques que nous allons aborder plus loin, la première chose simple qui les a interpellés est la régularité du ciel avec la concomitance de certains phénomènes récurrents. Ils ont compris que le jour et la nuit venaient de la régularité de l'apparition et de la disparition du soleil. Ils ont perçu la régularité des saisons, les modifications du climat et de la température ainsi que des autres variations de la nature. La notion de cycle temporel, lunaire ou solaire, ne leur était donc pas inconnue. Ce n'est cependant que plus tard que les civilisations plus avancées ont mis au point des systèmes de graduation du temps comme les heures, les mois et les années. Mais aucune civilisation humaine, aussi primitive soit-elle, n'avait échappé à la perception de la régularité des phénomènes du ciel et de leurs conséquences dans l'avancée du temps. Le ciel, une projection des civilisations et des mythes C'est ainsi tout à fait naturellement que l'humanité a projeté ses croyances, ses cultures et ses rites dans la lecture du ciel. Comment pouvait-il en être autrement devant cette immensité mystérieuse qui ne pouvait que produire des interrogations dérivées de la pensée humaine et de l'anthropomorphisme. Pour les plus jeunes, rappelons que l'anthropomorphisme est le fait d'attribuer à des phénomènes des comportements ou des aspects physiques humains. Alors, les astres, les constellations, les nébuleuses et bien d'autres phénomènes que nous verrons plus tard, se sont confondus avec la seule représentation que l'homme pouvait imaginer, celle des êtres humains ou des bêtes sauvages et dangereuses. Mais le ciel était bien plus qu'un environnement de l'humanité. Il produisait une crainte que les phénomènes géologiques et météorologiques nourrissaient. Les peuples se sont bien aperçus, en considération du paragraphe précédent, que le ciel était la principale cause des phénomènes terrestres. Ils ont compris que la force de la nature, particulièrement du ciel, provenait d'une entité invisible mais puissante. Le mystère et la crainte, deux ingrédients du ciel qui ne pouvaient que reproduire les mythes et les croyances des civilisations. La force attribuée à des dieux était déjà projetée dans des aspects purement terrestres comme les montagnes, les mers et ainsi de suite. Il ne pouvait en être autrement avec le ciel dont nous avons dit que les civilisations avaient compris son influence terrestre. Or ce ciel, comme les autres entités terrestres, apportait vie et bienfait autant que désastre et mort. Cette dualité étonnante n'a pas manqué d'éveiller le réflexe de l'anthropomorphisme. L'être humain pouvait effectivement être porteur des pires dangers tout autant que la sécurité de la protection et de l'affection. Et quelles causes peuvent provoquer l'une ou l'autre des réactions chez les êtres humains ? L'humanité savait depuis toujours que c'était la colère ou la satisfaction qui les engendraient. Elle en conclut que la colère du ciel provenait de ses actes répréhensibles et qu'il fallait faire des offrandes et marquer sa dévotion pour se faire pardonner. Les savants peuvent nous produire des tonnes d'ouvrages d'érudition, ils sont impérieusement utiles à la connaissance de l'humanité. Mais rappelons-le encore une fois, la première des compréhensions, certainement la plus élémentaire mais la plus fondatrice, est celle que nourrissent les explications simples qui proviennent des interprétations et réflexes humains les plus naturels. Voilà pourquoi il était nécessaire que ce professeur nous fasse regarder le ciel sans entrer dans des considérations que nous n'étions pas capables d'appréhender. Il nous avait donné des explications de base, c'était au tour de notre vie d'instruction et notre capacité de discernement de faire le reste. C'est ce que nous allons tenter de faire dans les numéros à venir, soit appréhender pas à pas des notions simples. Accompagnez-moi, appréhendons-les ensemble ! *Enseignant |