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Ceci peut se contenir dans la
coque d'un slogan. Il a été autant rabâché que remâché diront certains. Mais en
vérité, devant la visqueuse menace, il devient une réalité. Un idéal de
résistance, une idéologie impérissable.
Tout d'abord sommes-nous obligés d'argumenter notre union, notre indivisibilité face à un vacarme lancé en sourdine par une désobligeance royale en perte de légitimité de son trône ? A-t-on besoin de clamer ce que l'histoire, les racines, le sacrifice commun nous lèguent sous un même label identitaire pour s'inscrire en lettres d'or et de sang que nous sommes à l'unisson tous algériens ? C'est facile de tomber dans l'insulte, le mensonge et la calomnie. La décence pourtant nous offre toute une panoplie de moyens de réponses pour ne pas dire de défense. Dire que le Maroc est un pays frère peut s'apparenter à une formulation démagogique trop rébarbative. Dire son contraire et qu'il est un pays ennemi est une expression trop politico-idéologique. C'est un pays en somme avec qui nous partageons une géographie limitrophe, une histoire collective et une culture arabo-amazigho-musulmane. Les divergences de vues ne font pas créer forcément des adversaires. Les régimes sont différents, les aspirations des deux peuples les mêmes. Le tempérament d'africanité a fait de nous un peuple prémuni et aguerri à toute sorte d'aléas. L'hostilité parfois de l'histoire enfante chez nous la sobriété face à l'affrontement qui bien incontestable il nous semble venir de mains étrangères, de cœurs aigris et d'esprits cafardeux. La jalousie interétatique et le mauvais sort jeté sur nos positions exigent de nous tous des séances d'exorcisme en vue de chasser tous les esprits du mal et notamment ceux qui se sont agglutinés autour des sectes mondiales du commerce international de la division et la diversion. De la normalisation. Décidément les yeux envieux des autres nous médisent pour tout. De la tragédie de Ben Talha au festival de Timgad, des poésiades de Ghardaïa au soulèvement du 22 février, du tout sécuritaire à la concorde nationale, l'Algérien est toujours le même. Monument de patience, il est apte à contenir la sécheresse de ses dirigeants, comme il peut tout aussi, fier et gaillard, faire de l'oubli un pardon culturel, du massacre une communion. Nous ne pouvons plus être une victime innocente. Nous avons failli l'être un jour. Nos places de Rabiaa et de Tahrir à nous sont dans nos cœurs. Chacun à sa place et ne peut se placer à la place de l'autre. Alors pas la peine d'aller chercher n'importe quel ingrédient croyant le rendre combustible pour générer feu et larmes dans un peuple qui n'a que trop souffert. Ce peuple qui a connu cet empesté principe du «diviser pour régner» durant 130 ans de colonialisme pour le voir en finalité, une nuit de novembre 1954 en un seul homme hisser le seul drapeau, entonnant le même refrain pour une indépendance de tout le territoire algérien. C'est là, la preuve inextinguible de cette union qui va évoluer en se renforçant dans la diversité. L'union justement de ce pays, comme le psalmodient les autres aussi, est dans sa dimension plurielle. Quand la diplomatie censée à juste mot amadouer les ardeurs et rétrécir les inimitiés se lance avec ardeur et ferveur à approfondir le fossé des multiples incompatibilités, il ne reste plus d'espoir. Elle ne peut de par ces personnes aléatoires qui la pratiquent prendre place dans le sentiment des peuples qu'elles croient représenter. Cette diplomatie de guerre s'enlise davantage vers le négativisme en ce sens où ce dernier se confine dans la fourberie, la parodie et l'imposture. Monsieur l'ambassadeur, l'Algérie n'est pas votre ennemi, ni votre pays le nôtre. Nos ennemis sont communs. Ils ont la même casquette et pointent à la même liste. Ils sont du même camp, le même pôle. La pauvreté, la misère, l'arriération. Ce qui désharmonise encore cette assonance séculaire entre les peuples n'est rien d'autres que la voix de ses maîtres. De ces intérêts géostratégiques opérant dans la région avec ce désir de vouloir redessiner le Maghreb, voire l'Afrique du Nord. Vous avez vos rifains, vos telliens, vos tribus, vos chleuhs, nous avons les nôtres, nos douars, nos dechras, nos archs sans distinction ni d'ethnies ni de races. Vous vous dites marocains, permettez-nous d'affirmer notre entière algérianité. Les langues, le parler, les us et les coutumes parfois les rites sont tous dans leur diversité un pluriel qui se conjugue à tous les temps et envers tous les sujets (citoyens, c'est mieux dit). Prendre en comparaison la Kabylie avec le Sahara «occidental» est un leurre de mauvaise haleine. Il n'y a rien dedans qui puisse provoquer une similitude la moindre possible. La Kabylie est le cœur le l'Algérie topographiquement, politiquement historiquement, révolutionnairement. Elle n'a jamais été une colonie laissée en déshérence. Elle n'a eu aucun statut d'une région sous tutelle étrangère. Hispanique ou espagnole. Elle n'est pas un territoire défini, distinct et séparé du reste du pays. Elle n'a jamais constitué un dossier onusien, ni une affaire portée à la cour de justice internationale. Il n'y a jamais eu une revendication quelconque de son appartenance. Elle est là, partie intégrante. Tout le contraire de votre ubuesque comparaison. C'est dire que «le conflit entre les deux pays au sujet de l'affaire sahraouie n'a pas à justifier l'aventurisme audacieux entrepris par le représentant du royaume» qu'affirme et condamne Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs. Certes, il y a une tension entre les deux pays. Les causes sont multiples. Notamment le Sahara et la fermeture des frontières. Chacun invoque le reproche de l'autre et lui colle la culpabilité. Cependant la crise intermittente qui nous transperce ne nécessite pas un tour de passe dans la main ou un talisman à pendre à nos cous. De notre côté la sorcellerie n'est pas notre menu du jour. Ce ne sera non plus le bris d'un œuf ou l'égorgement d'une poule noire au coucher du soleil qui aura la vertu de dégeler le froid qui existe. Nous, nous ne pratiquons pas ce jeu d'occultisme, ni nous détenons une marque déposée et une renommée mondiale pour ce faire. L'interpellation nous prend à la gorge de se dire qui des deux situations, conflictuelles au plan moral nous tient mieux qu'à la gorge ? Fatalité ou mauvais-œil. Ainsi, l'histoire, en dehors de ce que subissent les peuples du Maghreb, voire du monde arabo-musulman, nous enseigne que l'humanité, dans ses sens excessifs de courtoisie s'est incrustée dans la bêtise de l'obéissance sans faille. Dans l'abrutissement général et «l'encanaillement». Ces sobriquets de Khan, Mawlay, Sire, Emir El mou'minine, Zaim, avant bien que les sciences de la communication ne s'affirment, ont été fabriqués à l'effet d'abord de marquer l'obséquiosité, la révérence, la soumission, puis l'effroi, la dictature au nom de Dieu, de la géhenne et de l'enfer. Glorifier sans croyance est une lâche bonté. Obéir sans compréhension est une simple veulerie. Le degré de la génuflexion par-devant un humain reste encore cet infâme signe de subordination. Mais l'on s'en fout de ceux qui le prennent pour rituel ou idolâtrie royale. Chacun a sa façon d'exprimer sa propre démocratie ou sa dictature. L'essentiel est que ces peuples se doivent de se libérer et recouvrer la sérénité sociale et la joie de la vivre tranquillement chez eux. Pas la peine alors d'aller en mission commandée pour soulever les uns contre les autres. Les personnes périssent, les peuples se régénèrent. Cette sortie du moins manquant lourdement de tact diplomatique commence à avoir l'effet inverse de son promoteur, le pauvre. «C'est une ingérence directe et un acte hostile fondé sur la volonté de nuire et renseigne sur la méconnaissance du caractère des Algériens sur ces questions» twitte l'ancien ministre et ambassadeur Abdelaziz Rahabi. Et pour cause, elle a provoqué sine die l'éveil national de toute la population dont il prétend défendre «l'autonomie». Il n'est pas nécessaire de rappeler ici les innombrables déclarations condamnant cette immixtion inédite jusqu'à présent. «Les Kabyles» n'ont aucunement besoin de présenter à quiconque leur pièce d'identité algérienne. Qu'ils sont la matrice nourricière de l'Algérie. Si certaines voix, notamment celles «indépendantistes» voire «makistes» se réjouissent du mauvais jeu et d'autres indécises mais sournoises prônent au moindre mot un fédéralisme à l'américaine, il en est autrement pour les Algériens purs et durs de ces mêmes régions. Ceux qui à l'instar d'Abane Ramdane, Krim Belkacem et Mostefa Benboulaïd, Larbi Benmhidi ont signé à l'éternité son union par sa libération de tout joug colonial ou Ait Ahmed et Mohamed Boudiaf ont eu à raffermir cette indépendance. C'est dire aussi à Monsieur l'ambassadeur que la Kabylie n'est pas là où il l'a situe, une portion cartographique. Pour la simple raison qu'elle est partout, dans chaque coin et recoin de chaque ville et village, dans chaque école et université, dans les sites archéologiques, dans nos livres, nos mœurs, nos fêtes et nos peines, nos parentés et nos alliances. C'est une empreinte de pure consanguinité, une signature génétique. Et ce malgré les couacs internes qui existent dans la contestation des uns aux autres. Là, Monsieur il n'y a rien à voir. C'est une marmite de famille. Pour ceux qui se font une exclusivité de la langue amazighe, la réponse est que cette langue est un patrimoine national de surcroît consacrée solennellement par la Constitution. C'est dire aussi que la seule langue ne fonde pas un Etat, sinon le monde aurait des milliers d'Etats. Et si notre ami le roi fonde ses chimères sur tamazight, l'Etat engloberait toute l'Afrique du Nord et d'autres contrées de son Sud avec une grosse partie du territoire chérifien actuel. Les extrémistes de tout bord ne vont pas manquer pour essayer de mettre en ligne de profit et s'approprier cette mauvaise perche qui leur est tendue de très loin pour des desseins encore très loin des leurs. Ils vont croire y trouver un appui international et une aubaine de pression pour satelliser le pays s'offrant de la sorte à l'option impérialiste du projet en cours du grand Moyen-Orient. Ils tâtonnent placidement vers le n'importe quoi fédéral. Cette Algérie avec ses enfants conscients des dangers ne se laissera pas berner par les sirènes de Jéricho via les baffles des monarchies aux décibels nord-atlantiques pour se voir finir dans les déchirures et les zizanies meurtrières. Elle est une et indivisible, point barre. Pas la peine de revenir à la ligne. Compris! Cependant cette vaine tentative de mettre un grain dans le moulin déjà grincé du pays devra servir comme argument supplémentaire à nos dirigeants de bien vouloir corroborer tout ciment apte à consolider le tissu national. Une écoute attentive aux doléances des uns et des autres, une liberté d'expression à garantir sur terrain, une égalité sociale sans failles ni sens discriminatoire, une série de mesures de fort apaisement en quête d'une légitimation de l'acte politique national. On doit leur dire, que vous avez là, un peuple merveilleux, à la moindre secousse contre sa souveraineté ou son intégrité territoriale ou historique ; il n'attend personne, ni communiqué ni condamnation officielle de quiconque pour réagir rapidement, unanimement tel un seul être. Il suffit de le voir du bon œil, le reste est une marmelade intérieure. On se débrouille. On s'en sort. |