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Le Festival de Cannes ouvre sa
74ème édition ce soir avec Annette, un film musical et chantant, attendu aussi
bien par les cinéphiles les plus exigeants que par le grand public. Masqué et
doublement vacciné, notre envoyé spécial à Cannes nous tiendra au courant des
grands moments de cette manifestation et tiendra chronique jusqu'au 17 juillet,
jour de la remise de la Palme d'or par le jury présidé par le réalisateur
américain Spike Lee.
Après l'année blanche (annulation du festival en 2020 pour cause de pandémie), l'année faste ? Les programmes des différentes sélections sont alléchants, comme souvent, et l'ouverture donne le La comme on n'a jamais si bien dit: cette année à Cannes ce sera tout pour la musique ! Avec la comédie musicale Annette, le festival ne pouvait espérer meilleur film pour l'ouverture. Réalisé par un cinéaste français aussi rare que culte chez les cinéphiles du monde entier, Léos Carax, porté par deux grandes stars du cinéma mondial, Adam Driver et Marion Cotillard, Annette est de surcroit un film parlant et chantant en langue anglaise. A l'origine de cette comédie musicale, Les Sparks, un groupe électro-pop californien qui fête cette année ses 50 ans de carrière atypique? Qui n'a pas dansé sur «When I'm with you» ? Les frères Ron et Russel Mael qui forment Les Sparks sont par ailleurs à l'origine du scénario d'Annette. Ils signent bien entendu la bande originale du film et apparaissent dans quelques scènes. Le film de Léos Carax offre par ailleurs un rôle de choix à la jeune chanteuse belge Angèle. Puisque Les Sparks viennent à Cannes, le Festival International du Film en profite pour montrer le documentaire «The Sparks Brothers» du britannique Edgar Wright. D'autres films chantants nous attendent durant ces 10 jours de festival. Le plus inattendu est celui du président du jury, le cinéaste noir de Brooklyn Spike Lee,«David Byrne's Américain Utopia», un documentaire autours du dernier album et du dernier spectacle de David Byrne. Inattendu à première vue, mais pas étonnant quand on sait que le dernier disque du compositeur et chanteur David Byrne- cofondateur du groupe de rock Talking Head- est entièrement consacré aux victimes noires des violences policières aux Etats-Unis. Après le succès planétaire de la comédie musicale américaine de Damien Chazelle, «La La Land», sortie il y a 5 ans, les européens se remettent à faire des films chantants. Les Frères Larrieu présentent par exemple en avant première une comédie musicale française qui a pour titre «Tralala», on se demande parfois où ils vont chercher ces titres? En décortiquant les programmes de cette 74 me édition du festival de Cannes ne sait plus si c'est l'industrie musicale qui vole au secours de l'industrie cinématographique ou le contraire? A moins que ce ne soit tout simplement deux grands blessés qui tentent un Paso Doble pour se soutenir et rester debout. La présence de la chanteuse française Mylène Farmer dans le jury de la compétition officielle accentue ce sentiment? Au programme, entre autres réjouissances musicales attendues sur grand écran, on guète «Tom Médina» du réalisateur français- et avant tout gitan d'Algérie- Tony Gatlif. Le réalisateur embarque l'acteur Sliimane Dazi dans son dernier film musical : rock et flamenco tsigane et 13 musiciens attendus dont Karoline Rose Sun, Nicolas Reyes, Manero, Norig, Cécile Évrot et la danseuse de Flamenco Karine Gonzales. C'est une séance en plein air, dans la belle plage du Majestic, peut-être le seul endroit où l'on pourra voir un film sans masque obligatoire. Toujours dans cette sélection des avant-premières en plein air, le cinéaste anglais d'origine jamaïcaine Steve McQueen présentera Lovers Rock, documentaire sur la scène reggae dans le Londres des années 60 dont on dit le plus grand bien ? De son côté l'acteur Bill Murray présentera "New Worlds, the cradle of a civilization» de Andrew Muscato qui est la captation d'un spectacle donné à Athènes où l'acteur américain et le violoncelliste de renommée mondiale Jan Vogler font vibrer l'Acropole avec un mélange intemporel de littérature et de musique. D'autres films chantants, d'autres comédies musicales nous attendent dans les sélections parallèles. Paradoxe des paradoxes : Il n'y a jamais eu autant de films musicaux à Cannes et c'est l'année où il n'y aura pas de fêtes. Officiellement l'annulation des fêtes habituelles est due au maudit variant delta qui menace de jouer le rôle de trouble-fête. Notons au passage qu'il faut quand même présenter patte doublement piquée pour avoir accès au Palais du Festival et aux salles de projection. Mais s'il n'y aura pas de fêtes cannoises cette année c'est surtout parce que l'industrie touristique, tout aussi sinistrée par la pandémie, ne compte pas laisser ses plages en plein mois de juillet aux industriels du cinéma. Chantons sous nos masques donc et dansons dans nos têtes. Et retrouvons-nous à partir de demain pour la chronique Le Masque et la Palme. SPIKE LEE, MOUNIA MEDDOUR, KAOUTHER BEN HANIA ET TAHAR RAHIM DANS LES JURYS CETTE ANNÉE Cosmopolite et paritaire, le jury de la compétition officielle est présidé par le réalisateur américain Spike Lee - a qui on doit au moins deux films essentiels: «Malcolm X» et «Do The Right Thing». Comme ce n'est pas tous les ans qu'un noir est président du jury à Cannes du plus prestigieux festival de Cinéma, Spike Lee figure dans l'affiche officielle de Cannes 2021. L'acteur Tahar Rahim est également dans le jury de la compétition qui doit décerner le 17 juillet la Palme d'Or et les autres prix. Mounia Meddour, elle, siège dans le jury de la sélection parallèle, Un Certain Regard, quand sa collègue tunisienne Kaouther Ben Hania est appelée à voir et à juger les courts-métrages présentés à Cannes. Mamoru Hosoda enfin à Cannes ! Le film d'animation Belle du réalisateur japonais Mamoru Hosoda sera présenté en avant-première mondiale lors du 74e Festival de Cannes dans la section Cannes Première. Après Les Enfants loups, Ame et Yuki (2012), Le garçon et la bête (2015) puis Miraï, ma petite sœur (2018), il s'agit de la première Sélection officielle pour Mamoru Hosoda. Belle est le troisième film d'animation présenté au Festival cette année après Where is Anne Frank d'Ari Folman et Le Sommet des dieux de Patrick Imbert. Belle raconte l'histoire de Suzu, une adolescente complexée vivant dans une petite ville de montagne avec son père...dans la vie réelle. Car dans le monde virtuel de U, Suzu devient Belle, une icône musicale suivie par plus de 5 milliards de followers?Oui, oui, même dans les films d'animation la musique est omniprésente. |