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L'incivisme est un phénomène
préoccupant en Algérie. L'Algérie, depuis la fin du siècle, plus précisément
depuis 1988 jusqu'à ce jour, est aux prises avec toutes les adversités : échecs
des réformes de l'éducation, terrorisme, problèmes de gouvernance, crise de
l'autorité, Covid-19 et incivisme.
De tous ces maux et de bien d'autres qui piègent le devenir de notre pays, c'est l'incivisme. Comment lutter contre ce phénomène qui tend à devenir un ??gène'' chez beaucoup d'Algériens ? Difficile de répondre à cette question tant l'incivisme tire de plus en plus ses sources dans l'éducation que nous donnons à nos enfants à travers notre comportement de tous les jours. Nous pouvons sans se mentir que nous participons tous au développement de ce phénomène, car nous pouvons dire que l'incivisme est une épidémie que nous transmettons aux enfants. Tout le monde reproche à l'école la propagation de l'incivisme au milieu de la société algérienne. Mais ce phénomène est propre aux Algériens surtout dans leur pays n'est pas une fatalité, car leur comportement change une fois à l'étranger. Donc avant tout, cherchons à savoir pour ce manque de civilité à grande échelle des Algériens est présent surtout dans leur pays. Pour parler de leur civisme à l'étranger, c'est un fait tout à fait normal, car ils savent qu'ailleurs la loi est stricte sur tout comportement d'incivilité. La civilité est une valeur qui renvoie à un comportement, à une attitude, celle du respect envers les autres et l'environnement, envers tout ce qui relève de l'intérêt général, la reconnaissance mutuelle de la dignité des individus entre eux. Et le civisme est cette autre valeur, cette disposition qui pousse l'individu humain à agir et à se comporter de sorte à protéger et à promouvoir l'intérêt général, à respecter et à faire respecter les règles sociales, à développer des rapports emprunts de courtoisie et de respect vis-à-vis de l'autre. Quand les valeurs de solidarité, de civilité et de civisme désertent une société, l'incivisme y élit domicile et menace sérieusement l'existence du corps social. Le phénomène tire ses sources à la fois de la mauvaise gouvernance, du déficit de l'éducation familiale, de l'école et de la perturbation de nos valeurs. Ce n'est un secret pour personne qu'en Algérie, il existe encore des relents de non-respect des règles de gestion des deniers et biens publics.Dans les familles algériennes, la démission des parents est presque totale, l'autorité parentale s'est pliée face à celle des enfants, portée par une nouvelle conception des droits et des libertés. L'évolution du monde est passée par là, une évolution portée par de nouveaux moyens de communication qui ont perturbés nos systèmes ethnoculturels parce que n'étant plus homogènes. Certains de ces facteurs échappent à notre contrôle. D'autres, les plus importants, par contre, relèvent du comportement au quotidien des Algériens adultes. En effet, nous sommes en tant qu'adultes coupables et responsables du développement de l'incivisme En Algérie. Notre faillite dans la gouvernance et celle de l'autorité suggère et justifie le fléau dans notre société. Tous les services publics par exemple sont des laboratoires et des écoles d'incivisme pour les jeunes dans notre pays. Nous faisons preuve d'incivisme en présence de nos enfants partout et dans toutes les structures étatiques et privées : établissement d'enseignement, administration, formations sanitaires, services de sécurité, services financiers, marchés, en circulation, dans la politique, dans les hôpitaux... Ces dernières années, nous avons appris à nos enfants l'usage de la violence dans les manifestations pour faire aboutir leurs revendications dues à la mauvaise gouvernance. Nous leur avons appris à barrer des routes nationales et dans des quartiers/secteurs des villes, pour exprimer leur mécontentement. Mais la mauvaise gouvernance n'a pas été à la hauteur de ce mécontentement général dans toutes les régions et quartiers, ce qui a poussé ces jeunes à fuir leur pays, à se désintéresser de la politique, de ne plus croire aux promesses des gouvernants et des faux représentants qui sont allés jusqu'à payer leur poste tout cela devant la passivité de tous les président de la République qui se sont succédé à la tête du pays. Tous les jours, nous employons un langage grossier dans les médias, sur les réseaux sociaux, en famille et lors des regroupements politiques ou sociaux. Nous insultons grossièrement et fièrement le président de la République, les ministres de la République, le chef de file de l'opposition politique, des responsables de partis politiques, d'organisation de la société civile, des leaders d'opinion, des journalistes, des organes de presse, des responsables syndicaux, des députés, des maires, en un mot nos responsables, nous nous insultons donc nous-mêmes au vu et au su de nos enfants. Je ne dis pas qu'il ne faut pas dénoncer la mauvaise gouvernance ou gérance ou la désinformation ou les opinions, mais s'appuyer sur l'insulte ou le déshonneur pour le faire est un comportement à bannir et montre l'incivisme d'une société. Régulièrement, nous téléphonons au volant en conduisant notre enfant à l'école, nous jetons des sachets plastiques là où bon nous semble. Nous brûlons les feux tricolores en présence de notre enfant et d'autres enfants. Nous justifions l'injustifiable devant nos enfants dans les médias, sur les réseaux sociaux et à la maison. Même, dans les publicités entrant dans le cadre de la lutte contre l'incivisme, nous faisons la promotion du phénomène. C'est des actes d'incivisme que nous présentons dans ces publicités avant de montrer les bons comportements à adopter. Nous approuvons et applaudissons même dans les médias les actes d'incivisme de nos enfants qui se battent à l'école, qui insultent leurs enseignants, qui manquent d'humilité, qui s'attaquent à des symboles nationaux. Si aujourd'hui une frange non-négligeable de notre jeunesse se comporte de façon incivique, nous sommes donc en grande partie responsables en tant qu'adultes. Aujourd'hui, les jeunes expérimentent nos enseignements dans la rue et dans la société. Ils nous font payer les conséquences de notre démission individuelle et collective dans les familles et dans toutes les institutions de la République. Alors aujourd'hui le résultat est là l'incivisme des Algériens dans leur pays est le fruit de la mauvaise gouvernance à tous les niveaux de la présidence au simple chef de service. Cela a poussé plus de 80 % de nos cadres compétents ont fui le pays et ceux sont restés, qui croyaient au changement regrettent d'avoir fait le mauvais choix, et même après avoir pris leur retraite pensant eux aussi à leur tour à quitter leur pays, car l'espoir n'est plus permis. Pour lutter contre l'incivisme en Algérie, il est utile que les adultes réinterrogent leurs comportements dans leur vie politique, familiale, sociale et professionnelle. Nous devons commencer par nous remettre en cause et nous parler sur le sujet. Il appartient aussi au pouvoir de promouvoir la bonne gouvernance et d'initier sur toute l'étendue du territoire national, des rencontres d'analyse du phénomène. Il lui revient d'organiser des séances d'interrogation du fléau dans les services publics afin de dégager des pistes de résolution consensuelles et impliquant tout le monde, travailleurs et usagers des services. Il serait opportun d'initier des rencontres d'analyse du phénomène en milieu scolaire réunissant enseignants, élèves, parents d'élèves et administration scolaire. Il ne serait pas également futile de revoir toutes les publicités relatives au fléau pour ne présenter que les bons exemples. N'oublions pas que c'est aussi à travers ces publicités que certains jeunes découvrent certains mauvais comportements. Et que l'enfant apprend par l'exemple. Un miracle a eu lieu, le 22 février 2019, après l'annonce du cinquième mandat. Oui, tous ceux qui prôner le caractère violent du peuple algérien, vu la violence présente à l'école, dans la rue ou dans les stades premier signe d'une révolution violente furent surpris des manifestations des Algériens en cette année 2019. La révolution pacifique du 22 février a montré le civisme du peuple algérien. Cette révolution fut malheureusement stoppée ou plutôt suspendue par la pandémie de la Covid_19 et qui a fait retomber la société dans son comportement de l'avant la révolution du 22 février 2019. Nous continuons à assister aux erreurs de gouvernance cette fois-ci dues aux hésitations dans les décisions pour gérer la situation sanitaire et de leur manque de fermeté devant l'incivisme et l'insouciance du peuple devant la pandémie. Le peuple doit reprendre confiance en la justice et à la bonne gérance de son pays pour revoir la solidarité et le civisme vécu lors du « Hirak ». Aujourd'hui, pour bâtir notre nouvelle république, il est urgemment de revenir sur ce fléau qui est plus dangereux et nuisible pour nos sociétés que le terrorisme qu'il nourrit du reste. En effet, c'est quand l'esprit de solidarité, la civilité et le civisme disparaissent chez un individu, que celui-ci cesse d'être citoyen, devient incivique puis terroriste. Ressaisissons-nous individuellement et collectivement. L'incivisme du peuple algérien n'est pas une fatalité, mais c'est le revers des exemples d'injustices, d'inégalités, de corruptions, de détournements qu'il vit quotidiennement et qui le pousse à s'éloigner de tout comportement de solidarité, de respect, d'hygiène. Accuser l'école d'être responsable de ce fléau est encore une fois une fuite en avant des responsabilités, car l'incivisme est le fruit du comportement de tout le monde. Nous devons tous aller vers l'école du civisme et pour cela, il faut, que le gouvernement prenne ses responsabilités en s'engageant résolument dans la lutte contre le fléau par l'exemple de la rigueur, de la restauration de l'autorité de l'Etat, de l'établissement d'un état de droit, de l'esprit d'anticipation, de la lutte implacable contre l'impunité et la corruption, de l'égalité entre les citoyens, car il faut plus que des mots pour guérir certains maux. Ce n'est qu'à ce moment que commencera la pose de la première pierre pour bâtir la nouvelle république. |