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Un petit tour et puis s'en
va. Notre légendaire champion Norddine Morcelli est apparemment plus habitué aux pistes
d'athlétisme qu'aux lambris des ministères même s'il affecte le complet trois
pièces cravaté, l'habit du pouvoir. En cédant son poste de Secrétaire d'Etat
chargé de l'élite à Salima Souakri,
une judokate émérite, l'enfant de Chlef serait-il
pressenti pour succéder à Berraf à la tête du Comité
olympique ? La création d'un département spécial au profit du sport d'élite
n'est pas une nouveauté en soi si l'on se réfère aux castings des gouvernements
précédents. La première fois où l'on a désigné un partenaire à un ministre de
la Jeunesse et des Sports, c'était en 1986 lorsque feu Mohamed Salah Mentouri nommé vice-ministre des Sports, aux côtés de M.
Kamel Bouchama, ministre de la Jeunesse et des
Sports, se distinguera par un remarquable travail de conceptualisation des
textes. Il faudra attendre septembre 2012 quand Mohamed Tahmi
promu ministre de la Jeunesse et des Sports n'aura en fait à s'occuper que du
volet sportif puisque son éphémère adjoint M. Belkacem
Mellah s'est vu confier le poste de secrétaire d'Etat à la Jeunesse. Le souci
de privilégier le sport, et notamment le Football, apparaît donc, tôt, chez les
politiques en quête d'audience populaire. Cependant rares étaient les ministres
qui présentaient un profil conforme à la fonction, si l'on excepte les passages
de Aziz Derouaz et de Sidi Ali Lebib,
tous deux acteurs familiers du Mouvement sportif national, aucun locataire du
siège de la place du 1er Mai n'avait de lien direct avec le monde du Sport.
Hormis peut-être aussi Mohamed Allalou ancien DJS et
conseiller sportif qui fit un passage éclair, sous le troisième gouvernement de
Ouyahia. Le plus long règne est à mettre à l'actif de
Djamel Houhou (avril 1977- janvier 1982) dont les actions porteront un sérieux
coup à la promotion du sport à la base. Il s'est érigé en ministre du Football,
en décidant de se délester du sport à l'école et en le « collant » au ministère
de l'Education à partir de 1979 conformément au décret n°78-195 du 9/09/1978
portant rattachement au ministère de l'Education du corps de professeurs, P.A.
et maîtres d'EPS ainsi que les moniteurs d'EPS. Une fracture qui ne s'est pas
faite sans douleur. Un pan de l'histoire du Sport scolaire venait de
s'écrouler, une histoire riche en péripéties quand on se remémore la décade
faste 1968 - 1978 durant laquelle la direction nationale des Sports du MJS,
dirigée, à l'époque, par M. Si Mohamed Baghdadi,
lança au début des années 70, une expérience révolutionnaire en milieu scolaire
dénommée « La commune éducative ». Inspirée des méthodes actives en vogue dans
le monde, cette organisation pédagogique a été pensée par Jacques Derette ; promoteur de la république des Sports, en France.
Les enseignants d'EPS, grâce à de nombreux séminaires et stages s'en
inspirèrent, fort utilement. Parallèlement, une opération pilote dite « 400
écoles » touchera la majorité des wilayas du pays. Un matériel ludique sous
forme de kits - containers est alors distribué aux établissements éducatifs
pour mener à bien les séances d'EPS assurées pour la première fois, par les
instituteurs et institutrices du primaire déjà sensibilisés aux objectifs de l'EPS
par le biais de stages de formation sportive et culturelle. Cet élan, hélas,
sera interrompu peu après les Jeux africains d'Alger, par l'instauration de
deux tutelles distinctes. Le butin de la formation patiemment amassé depuis
1962 est réparti, selon les vœux des intéressés, entre les deux secteurs ; une
partie des enseignants des CEM et Lycées, sera intégrée au ministère de
l'Education nationale et l'autre maintenue sous la coupe du M.J.S. pour les
besoins des clubs. C'en était fini de l'espoir de faire du sport à l'école, le
catalyseur du sport d'élite. Pour remonter, un tant soit peu, la pente suite à
l'hémorragie qui a vidé les établissements scolaires d'une partie de leur
encadrement, un noyau de professeurs et d'inspecteurs d'EPS, a dû cravacher dur
à l'effet de poursuivre la formation, réformer les programmes, dégager des
horaires d'enseignement suffisants et obtenir plus d'infrastructures. Quarante
ans après la scission et sous la poussée de la démographie, l'EPS à l'école,
réservoir naturel du sport de performance, en est encore à se chercher.
Dispersion de moyens et absence de stratégie Dans une analyse parue dans la revue de sciences sociales ?Insaniyat' (CRASC Oran), le Dr Yahiaoui Boubekeur a fait le bilan de l'Education physique et sportive scolaire, en Algérie depuis 1962. Divulguant des statistiques comparatives édifiantes sur l'état des lieux, il a suggéré des pistes de redressement et appelé à une reprise en main de la discipline en butte à des contraintes plurielles. Il évoque, entre autres, le rôle des classes Sport-Etudes ainsi que toutes les faiblesses qui freinent le développement de l'activité sportive à l'école. Publiée en 2012, la contribution de cet expert diplômé du CNEPS de Ben-Aknoun et docteur en Sciences de l'Education reste toujours d'actualité. Les prémices d'une volonté politique s'affichent en novembre 2016, à la promulgation du décret exécutif n°16-307 fixe les modalités relatives à l'enseignement obligatoire de la discipline Education physique et sportive, dans les établissements d'éducation et d'enseignement. Outre la clarté des énoncés des articles 5 et 6 concernant les objectifs assignés à l'EPS, le décret dans ses articles 18, 19 et 20, les plus déterminants à notre sens, soulignent, entre autres, la nécessité de doter l'ensemble des établissements scolaires d'installations et d'équipement sportives indispensables à l'exercice de l'EPS. Un air de déjà vu puisque le code de l'EPS, datant de 1976, dans son article 58, disait presque la même chose. Une clause inédite cependant est inscrite, dans les dispositions finales dudit décret qui, dans son article 21 brandit la menace : « l'inobservation des dispositions du présent décret entraîne l'application des sanctions administratives et disciplinaires, conformément à la réglementation en vigueur ». Combien de directeurs d'Education tomberaient sous le coup de cette loi si elle venait à s'appliquer ? Dès lors que les mentalités ont beaucoup de mal à évoluer pour asseoir le sport à l'école, il ne faudrait pas s'attendre à des miracles pour étoffer le Sport de haut niveau. La graine de champion éclot à l'école selon les exigences d'une pédagogie moderniste associant outils matériels et méthodes d'apprentissage en fonction des âges. Tous les spécialistes des Sciences sportives s'accordent à dire que la double mission- EPS et Sport scolaire - recouvre de nombreux enjeux : rôle éducatif et socialisant, santé publique, éveil psychomoteur et points d'accès aux grandes disciplines sportives, voire au sport d'élite. Des buts que la quasi-totalité des huit lois sur le Sport, promulguées jusque-là, ont consignés. Plus explicites, les instructions officielles sont venues à cet égard, jeter un nouvel éclairage sur les programmes éducatifs conçus par des équipes de recherche compétentes composées de professionnels et d'inspecteurs d'EPS chevronnés. Des programmes destinés aux trois paliers de l'Enseignement ( primaire, moyen et secondaire) dont le grand mérite est d'avoir tenu compte des conditions rudimentaires d'apprentissage, prévalant au sein des établissements scolaires. Soucieux d'adaptation les concepteurs ont opté pour les jeux pré-sportifs à l'école primaire, lesquels ont l'avantage de combiner les objectifs liés au développement psychomoteur (équilibre, coordination, vitesse, etc..) et la compétition sportive dont la valeur éducative, aux plans social, relationnel, affectif et moral, n'est plus à démontrer. Un paradigme pédagogique, à la portée de tout enseignant désireux exploiter les vertus du Jeu. Le ministère de l'Education s'est appuyé sur ses équipes de recherche sportive, parfaitement compétentes, pour élaborer des répertoires de jeux, guides et livrets adaptés à chaque palier, en dépit du déficit infrastructurel dominant au sein des écoles primaires censées susciter des vocations sportives et alimenter les rangs de l'élite. Une impossible équation en vérité car tant que la problématique du Sport à l'école est encore sujette à des velléités, qui contrastent avec les principes contenus dans les textes de lois ouvrant à la pratique sportive scolaire une voie royale, la situation ne risque pas de changer. Des paradoxes devenus flagrants avec la crise du système éducatif et les préjugés véhiculés par un islamisme rampant. La question du Sport à l'école s'avérera, par ailleurs, un bon slogan pour les ministres de la Jeunesse et des Sports qui, pour donner plus de profondeur à leur discours, ne manquent pas dès leur prise de fonction, de souligner le rôle majeur que tiendra l'EPS dans leur plan de relance du sport, alors que cette discipline ne relève pas de leur secteur ! Un crédo récurrent teinté de démagogie, destiné surtout à accréditer l'idée d'une vision, à long terme, profitable au Sport d'élite. Une mystification que le temps a fini par dévoiler. Sa majesté « le roi Football » n'est pas prêt de céder son trône et la foule en redemande. Gourmand en milliards, l'opium des peuples cristallise l'intérêt des politiques. Pensez à ce que serait devenu le Sport à l'école si une partie seulement de cette manne d'argent avait été dépensée pour la construction de petits gymnases, à l'intérieur des écoles. A titre illustratif, les dettes cumulées par les clubs professionnels en 2020 se montent à 1.000 milliards de centimes, sans compter les dépenses aussi faramineuses. Une approche systémique démontre qu'il n'existe pas une politique du Sport à l'école fondée sur des perceptions partagées par l'ensemble des acteurs du mouvement sportif national. Du jeune talent sportif au champion La détection du jeune talent sportif est loin d'être une question de signes extérieurs hors du commun. Elle requiert assurément plus que le coup d'œil du maquignon. Pour les non initiés une simple manifestation d'une qualité physique ou sportive au dessus de la moyenne est synonyme de « talent dormant ». Lorsqu'on a évoqué le rôle de l'éducateur sportif dans la sélection des J.T.S., c'était pour souligner l'importance des connaissances professionnelles et scientifiques, dans l'action de prospection. Mieux, l'enseignant est compétent plus il a des chances de découvrir l'élément, comme on dit. La maîtrise, par exemple, des tests prédictifs par un évaluateur est un gage de fiabilité même si à ce jour « il n'existe pas de méthodes connues qui permettent de prédire, avec précision qui, parmi des enfants en bas-âge, peut devenir un musicien, un mathématicien ou un athlète exceptionnel » (Monpetit et Klentour -1990). De nombreux facteurs héréditaires ou environnementaux interviennent dans les « potentiels émergents », selon l'expression du Dr Wienfried Jock spécialiste allemand des tests sportifs qui affirme également que les « caractéristiques morphologiques ont une valeur prédictive très faible, de l'ordre de 10% ». Donc la réussite précoce ne présage pas forcément d'un succès à l'âge mûr; il y a d'autres paramètres ou aléas de parcours, notamment psycho-sociaux qui peuvent surgir. L'attirance pour une discipline quelconque est parfois le fruit du hasard. Un père ou une mère sportive qui emmène, souvent, ses enfants au stade ou voir des matchs, une proximité du domicile par rapport à des installations sportives, une admiration pour un champion connu qui conduit à une identification (désir de ressemblance) etc? Il reste que la détection par la compétition est la voie la plus empruntée par les coachs. Le match par excellence est le moment le plus propice pour détecter la graine de champion. Dès l'école ou les pépinières de clubs apparaissent des enfants doués dégageant un potentiel dont il faudra tirer toute la quintessence. Tout dépendra de la perspicacité de l'éducateur. A l'image de ces pêcheurs d'huîtres qui après d'interminables plongées dans les eaux tombent un jour sur la perle rare, les entraîneurs sportifs ont, parfois, la main heureuse. A force de persévérance ils réussissent à épingler celui ou celle qui, demain, fera vibrer le public. Combien de gosses sont passés à côté d'une grande carrière de sportif par manque ou insuffisance de pratique. Les chiffres de la FASS (Fédération algérienne des Sports scolaires) sont là pour le prouver. A peine 4% des effectifs d'élèves du primaire sont licenciés soit près de 380.000 sur près de 09 millions d'enfants scolarisés. Un énorme déficit dû à la faiblesse de l'encadrement. D'où la signification tronquée qui caractérise la pyramide de performance dont la base est encore réduite. Une politique de détection et de sélection doit s'appuyer sur un maillage clubs, pôles de développement, ligues et écoles de formation. Il est temps d'impliquer, dans cette dynamique en gestation, les Instituts sportifs qui recèlent des capacités mal exploitées. Pour l'instant le Secrétariat d'Etat confié à Mme Salima Souakri serait bien inspiré s'il arrive à faire bouger les fédérations sportives et leur département ?Prospection'. Multiplier les compétitions au niveau de la base après le confinement et organiser des séminaires de formation sur des thématiques liées aux protocoles de détection, dans chaque discipline avec, éventuellement, le concours d'experts étrangers. La vie d'un athlète de haut niveau passe schématiquement par quatre étapes : détection, formation, compétition et insertion. Chacune de ces phases mobilise des énergies de tout bord et obéit à des programmes mûrement réfléchis. J'ai eu l'occasion de traiter de ce problème, lors d'une conférence donnée dans le cadre de la 1re Université d'été des Sciences et Technologies des activités physiques et sportives, tenue au mois de juillet 1986 à l'ITS d'Ain El-Turck. L'unanimité des scientifiques autour de cet aspect primordial qu'est la découverte des jeunes talents sportifs (JTS) conforte le bien-fondé d'une vulgarisation accrue de l'EPS en milieu scolaire. Entraîneurs et éducateurs sportifs s'intéressent à la performance dès le bas âge, en tentant par divers moyens, d'optimiser les ressources individuelles de leurs athlètes mettant l'accent sur la régulation des processus d'apprentissage. Ils agissent en didacticiens. La didactique n'est pas la pédagogie mais un versant de la pédagogie que connaissent, en principe, tous les enseignants qui ciblent, à travers l'évaluation continue, les contraintes perturbantes liées à la performance sportive ou autre. La prise en charge précoce des enfants doués constitue un précieux atout pour leur épanouissement futur. C'est pour cette raison que dans de nombreux pays, dès la prime enfance, une importance particulière est accordée au Sport à l'école voire à la maternelle. Les travaux de l'organisation ?Active Healting Kids Global Alliance' composée de chercheurs et d'acteurs du terrain spécialisés, en EPS, jugent comme prioritaires la mise en place d'un système scolaire cohérent de connaissance de l'activité physique, s'appuyant sur des indicateurs objectifs. Ces travaux insistent également sur la nécessité d'offrir plus de possibilités de pratique physique et sportive aux jeunes enfants ; vu le temps, de plus en plus grand, qu'ils passent devant les écrans des réseaux informatiques. A cet effet, la détection nécessite une coordination intersectorielle (ministères de l'Education nationale, de la Jeunesse et des Sports, les Fédérations sportives, les Instituts et Académies de formation) pour l'élaboration des protocoles et des outils d'évaluation, à la fois performants et faciles à utiliser. Puis intervient la phase-clé dans le cheminement de l'athlète d'élite à savoir : la formation. C'est à ce stade qu'il importe de rentabiliser au maximum le potentiel d'encadrement largement sous-utilisé. Conseillers sportifs spécialisés, TSS, enseignants universitaires, anciens champions et cadres sportifs à la retraite?L'État a ouvert de grands centres de formation pour accompagner les jeunes talents, à l'image du 1er Lycée national sportif de Draria (Alger) inauguré en 2001 et qui peut accueillir jusqu'à 400 élèves. Disposant d'annexes à Blida, Ain Sefra et Oum El Bouagui, ce lycée couvre pas moins de 20 disciplines sportives. L'autre fleuron se trouve à Sétif, il s'agit de l'ENSO (Ecole nationale des Sports olympiques). Créée en 2009 et mise en service en 2012, elle assure la formation des JTS, dans les sports collectifs, sports individuels et sports de combat. On pourrait également citer les sections ?Sport et Etudes' introduites ? tenez vous bien- à partir de 1991 et qui se sont généralisés à l'ensemble des wilayas pour se réduire ensuite, telle une peau de chagrin, à 09 wilaya. En dépit de l'ancienneté de ces centres et pôles de développement, disposant de moyens relativement importants, il semble que le Sport d'élite et de haut niveau éprouve du mal à bousculer les records nationaux vieux de plusieurs décennies. Prenons le cas de l'athlétisme, la reine des disciplines ; une analyse comparative montre, en effet, qu'au lancer de poids Jean Marie Djebaili garde toujours son titre remporté en 1976 (19,07 m), idem pour les records en Javelot et Marteau détenus respectivement par Mahour Bacha (70,20 m- 1986) et Hakim Toumi( 74,76 m- 1998) ou encore le 1.500m ( Morcelli-1995), le 5.000 m ( Ali Saidi Sief-1986), le saut en hauteur ( Hammad -2000), le saut en longueur (Nima-2007). Qui se souvient du sprinter El Hadi Sayah à qui, récemment, ses amis d'Annaba ont rendu hommage ? Ses record d'Algérie du 100 m (10' 3/10) et 200 m (22'2/10) établis au début des années 70 ont été à peine améliorés par respectivement Skander Djamel (10'29 en 2017) et Bouhadda Soufiane qui fait nettement mieux (20'53 en 2016). Chez les femmes, les performances nationales inégalées remontent pour certaines à 1987 et 2005. C'est dire qu'un bilan des résultats des différents centres de formation de l'élite fortement soutenus par l'État et alimentés principalement par les Fédérations sportives s'impose afin d'identifier les carences à l'origine de cette stagnation, voire du recul du Sport d'élite. Hormis certaines disciplines qui nous ont valu quelques satisfactions telles la Boxe, le Judo, le Hand-ball ou le Football, avec des joueurs formés ailleurs. En tout état de cause, l'organisation des filières préparant au Sport de performance demande à être coordonnée de manière rationnelle, afin d'éviter la dispersion des moyens et favoriser la convergence des objectifs. Il est clair que l'irruption dans le champ de la compétition et de la haute compétition demeure le fruit d'un patient travail de préparation auquel doivent s'astreindre les athlètes entourés de staffs compétents tant du point de vue technique et psychologique que médical. Les statuts de l'athlète d'élite existent. La prise en charge de ce dernier est aujourd'hui encadrée par plusieurs organes dont les limites d'intervention paraissent floues. Outre le Comité olympique, la Commission nationale de Haut niveau, la direction centrale du Sport de performance du MJS, voilà qu'un Secrétariat d'Etat chargé de l'élite est mis sur pied. Comment va s'opérer cette synergie ? Nous avons constaté que Noreddine Morcelli, durant les quelques mois passés dans le sillage de Sid Ali Khaldi, n'arrivait visiblement pas à trouver ses marques et pour meubler son temps organisait des cérémonies de remise de prix, aux vieux champions. Quelle sera la marge de manœuvre de Salima Souakri ? La commission nationale de Haut niveau L'accès au statut de Sportif de haut niveau passe indéniablement, par la confection d'un barème de critères permettant, dans chaque discipline, de définir le niveau de performance visé. Ce n'est pas à la Commission nationale du Sport de haut niveau que revient la tache de produire des champions. Son rôle, à elle, consiste avec l'aide des fédérations à gérer le fichier des athlètes d'élite, selon les critères de différenciation préétablis et à veiller à la conformité de leurs performances fluctuantes, par rapport à leur statut. Les athlètes de haut niveau sont une composante de la masse de pratiquants et ce, quels que soient les résultats que la discipline obtient au niveau international. On peut dire que le Sport de haut niveau est l'aboutissement logique du mouvement sportif. Cette forme de représentativité sportive est souvent biaisée par le fait que les Fédérations nationales sollicitent des sportifs d'origine algérienne, pour défendre les couleurs nationales, à l'échelle internationale, notamment dans des disciplines peu compétitives. Même le Football n'échappe pas à cet épiphénomène et les pouvoirs publics n'hésitent pas à investir cher afin de porter haut le prestige national. Ces exceptions ne reflètent guère le niveau et le degré d'ancrage de la pratique sportive dans la société. La notion de Sport de haut niveau est en principe corrélative au développement des pratiques sportives en général, conjointement à la multiplication des structures particulières destinées à accueillir les meilleurs athlètes (sections ?Sport et Etudes', Ecoles de formation, ISTS, ITS et autres centres de perfectionnement pilotés par les Fédérations) et qui participent au processus de production et de renouvèlement de l'élite, en fin de carrière. La liste des Sportifs de haut niveau est arrêtée par le ministre au vu des propositions de la Commission nationale du Sport de haut niveau qui semble, pour l'instant, en veilleuse. D'ailleurs le Sport national vit une situation d'instabilité qui ne contribue nullement à l'émergence d'une élite sportive forte et structurée. Tout comme le C.O.A. et la Commission nationale de haut niveau, la plupart des Fédérations sportives nationales sont secouées par des conflits internes ou carrément en état de léthargie ; parfois incapables de fournir des statistiques actualisés et fiables. Le Secrétariat chargé de l'élite aura, certainement, des prérogatives pour influer sur le cours des choses et mettre un peu d'ordre dans les compartiments pourvoyeurs de talents sportifs. Néanmoins en tant que nouvelle puissance publique, il est en mesure de déblayer le terrain à une véritable politique de détection et de formation de futurs champions en s'impliquant dans la conception et le suivi des programmes de soutien au Sport de haut niveau. Dans cette optique, nous verrons bien se constituer des partenariats entre le ministère de la Jeunesse et des Sports et d'autres ministères pour libérer les initiatives et surmonter les problèmes rencontrés sur le terrain. Il s'agira d'abord de normaliser et d'harmoniser la fonction ?Formation' des cadres sportifs afin de définir les profils appelés à encadrer le Sport d'élite et les maillons en amont comme les Centres d'excellence régionaux. Toujours dans ce sens, remettre sur le tapis le dossier de création de l'Académie des sciences et des métiers du Sport, suite à la décision n°5 du 11 février 1995. Un groupe de travail avait commencé à réfléchir à une approche, depuis le bas-âge jusqu'à la haute performance, mais le projet avorta faute de suivi sérieux. Le cafouillage dans le domaine de la Formation s'est accentué au fil des ans, à telle enseigne que les Instituts sportifs, relevant du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et intégrés aux Universités ouvraient des filières STAPS, sans tenir compte des normes pédagogiques, les plus élémentaires. Résultats des courses : une formation au rabais privilégiant la quantité à la qualité et une légion de doctorants et magisters. Un maître d'EPS, des années 70, formé dans les fameux CREPS (Ain El Turck, Séraidi, Caroubier et Chlef ) sortait avec un bagage autrement plus solide. Un jour que j'étais de passage à l'Université de l'UST Oran, j'ai fortuitement entre perçu un groupe d'étudiants en EPS qui assistait dans une classe crasseuse à un cours de bio- mécanique ânonné en langue nationale par un professeur nonchalamment assis sur sa chaise en bois. Les étudiants prenaient machinalement des notes sans poser de questions. La scène m'a fortement choqué et dire que l'on parle de laboratoires de recherche, dans nos Instituts sportifs alors que l'essentiel manque. La bio mécanique à défaut de laboratoire spécialisé peut s'enseigner à traves des diapositives ou d'autres supports visuels, à la limite par des démonstrations techniques assurés par un ?prof' en tenue sportive. A défaut de se donner les moyens de leur politique, les Instituts font la politique de leurs moyens. On ne peut pas en vouloir aux enseignants qui se suffisent du minimum. D'où l'urgence d'une conférence nationale pour mettre fin au désordre de la Formation d'autant que nos universités tardent à apporter leur contribution, dans les processus de détection et de perfectionnement de l'élite. On enregistre, à l'échelle nationale, un fort taux de déperdition de techniciens du Sport qui sont, soit au chômage, soit sous-utilisés. Un audit des ressources humaines dans les secteurs Sport et Jeunesse révèlerait un tas de dysfonctionnements, dès lors que le postulat « Adéquation Formation-Emploi » au sein du ministère de la Jeunesse et des Sports a, depuis longtemps, disparu des tableaux de bord. Sur un autre volet, celui de la disponibilité des installations sportives, véritable frein à la promotion des activités physiques et sportives, il convient d'actualiser les instruments juridiques encadrant les conditions de mise à disposition négociées avec les communes, qui gèrent notamment les Complexes de proximité devenus des fonds de commerce, les DJS et les clubs des infrastructures sportives au profit des jeunes catégories. Également évaluer, pour les rendre plus performants, les dispositifs spécifiques que sont les pôles sportifs, les écoles de formation des jeunes talents sportifs et les sections ?Sport et Etudes'. De même qu'il faudrait prévoir une convention-cadre, entre plus riche, entre le ministère de la Jeunesse et des Sports et celui de l'Education nationale et ouvrir le champ à des conventions avec les Fédérations sportives et d'autres espaces de formation. Enfin, consentir des financements aux collectivités locales afin d'améliorer les équipements sportifs et les installations au sein des écoles. Conclusion A l'issue de cette analyse non exhaustive on voit bien que la problématique du Sport de performance ne peut faire l'économie d'une réelle prise en charge de l'Éducation physique et sportive. Un riche échange d'expériences s'est enclenché, ces derniers temps, sur la plate-forme du Foreps quant au devenir du Sport à l'école d'autant que la Fass avec un président en poste depuis 2009 et récemment désigné S.G. du COA semble se complaire dans la routine. Les ministres des secteurs concernés, Jeunesse et Sports et Education nationale sont interpellés par les défenseurs du Sport à l'école pour ouvrir un débat sur le sujet. Dans une société minée par la violence, les maladies et la pauvreté et l'usage abusif, par les enfants, des réseaux Internet, l'exercice physique et la pratique compétitive apparaissent, plus que jamais, des exutoires indispensables à la préservation de la Santé humaine. *Ancien Inspecteur - Formateur E.P.S / Auteur |