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2.2.-
Selon le FMI dans son rapport de juillet 2018, en 2022, les réserves de change
permettront moins de 5 mois d'importation et en 2023 estimées à 12 milliards de
dollars avec moins de 3 mois d'importation. A ce niveau, le réserves de change
tenant la cotation du dinar algérien à plus de 70%, la banque d'Algérie sera
contrainte de dévaluer le dinar officiel à environ 200/220 dinars un euro avec
une envolée du cours sur le marché parallèle qui fluctuera en fonction du taux
d'inflation entre 300/400 dinars un euro. Mais beaucoup plus si le taux
d'inflation dépasse les 20/30%. En cas d'hyperinflation de plus de 100%, nous
nous retrouverons dans le scénario vénézuélien ou le dinar officiel fluctuerait
entre 1000% l'euro et sur le marché parallèle à plus de 2000% du fait d'une
masse monétaire excédentaire en circulation ne correspondant pas au niveau de
production locale. Pour 2017, le niveau du cours du pétrole est d'environ 75
dollars sur la base des dépenses et du déficit clôturé. contre
110/115 dollars entre 2014/2015, 85 dollars pour 2016 et pour 2018, il faut un
baril proche de 100 dollars, pour ne pas puiser les réserves de change et
éventuellement les augmenter. Et ce au vu du de la Loi de finances
complémentaire de 2018, approuvée le 5 juin 2018 par le Conseil des ministres
qui prévoit une enveloppe de 500 milliards dinars supplémentaire (environ 4,4
milliards de dollars) en autorisations de programme, de la dépense publique
actuelle, des dépenses improductives, des subventions généralisées sans ciblage,
des surcoûts et une mauvaise gestion pour ne pas dire corruption. Il s'ensuit
que la croissance devrait ralentir très fortement dès 2020 en provoquant une
augmentation du taux de chômage. Elle se traduira aussi par la persistance des
déficits budgétaires et surtout des déficits externes qui vont éliminer
progressivement toutes les marges de manœuvre dont dispose l'Algérie. Pour le
FMI et la majorité des experts internationaux, les slogans politiques sont
insensibles aux lois économiques applicables dans tous les pays et l'Algérie ne
fait pas exception. Le recours à la planche à billets pour financer le déficit
budgétaire aura un impact négatif à terme, et selon la banque d'Algérie, les
montants prêtés au Trésor seraient de l'ordre de 5723,1 milliards de dinars à
fin mars 2018 (plus de 40 milliards de dollars). Certes, la poussée
inflationniste n'est pas encore perceptible en 2018 et la croissance tirée
essentiellement par la dépense publique devrait être de 3% en 2018, contre 1,6%
en 2017. Mais pour le FMI ce ne sont que des mesures conjoncturelles sans
vision stratégique, le financement non conventionnel représentant 23% du PIB
qui aura permis le financement au premier trimestre 2018, Mais ce mode de
financement aura aussi atteint ses limites à partir de 2020 avec des taux
d'inflation élevés, risque de la dérive vénézuélienne, et de chômage record
risquant de dépasser 2020/2022 les 15% avec plus de 25/30% pour le jeunes. Les
mêmes projections sont reprises récemment par la note de conjoncture du Trésor
français qui influe sur la note de la Coface ainsi que plusieurs instituions internationales.
2.3.- Trois paramètres stratégiques déterminent l'avenir de l'économie algérienne : le cours du pétrole, l'évolution des réserves de change et la pression démographique (plus de 50 millions d'habitants en 2030), devant créer minimum 300.000 / 400.000 postes de travail nouveaux par an. Cela nécessite un taux de croissance annuel sur plusieurs années de 8/9% en termes réel. Mais évitons la sinistrose mais également certaines déclarations généreuses et les actes il ya un fossé ; car dans la pratique des affaires il n'y a pas de sentiments. Dans son rapport 2018 sur le climat d'investissement dans le monde, le département d'Etat relève que l'Algérie est un marché lucratif, offrant un potentiel important pour les compagnies américaines en matière d'investissement qui comprend l'agriculture, le tourisme, les technologies de l'information et de la communication, l'industrie, l'énergie (fossile et renouvelable), la construction et la santé. Au plan financier, les banques en Algérie affichent une solide santé financière malgré la baisse des liquidités. Les actifs non performants du secteur bancaire avoisinent un taux de 5%, qui représente la norme pour les marchés émergents. Si le département d'Etat soutient que la règle dite «51/49», régissant l'investissement étranger, «pose des défis» aux investisseurs américains, il constate que cette mesure «entrave» en particulier l'accès des PME au marché algérien car ces petites et moyennes entreprises ne disposent pas de ressources humaines et financières qui leur permettent de répondre aux exigences de l'investissement. Par ailleurs le rapport note l'instabilité du cadre législative constitue un autre frein à l'investissement. Les firmes internationales actives en Algérie se plaignent parfois que les lois et les régulations changent souvent et sont appliquées de manière inéquitable, renforçant la perception du risque commercial pour les investisseurs étrangers. Cependant, les échanges selon les statistiques douanières algériennes entre les USA et l'Algérie ont été en 2017-non compris les services (clients sur un total de 34,763 milliards de dollars) de 3,394 milliards de dollars concentrées dans les hydrocarbures, avec un déclin, et 1,816 milliards de dollars ( fournisseurs sur un total de 45,957 milliards de dollars ) soit au total environ 5,2 milliards de dollars contre environ 10/11 milliards de dollars entre 2007/2008. Les USA sont devenus un concurrent potentiel (pétrole/gaz de schiste), alors que la Chine, volet uniquement importation, est de 8,309 milliards de dollars contre une exportation dérisoire ne figurant même pas dans les statistiques. Les pays de l'Union européenne sont toujours les principaux partenaires de l'Algérie, avec les proportions respectives de 44,03% des importations et de 58,37% des exportations. 2.4.- En résumé, la baisse du déficit commercial, devant être réaliste et éviter l'euphorie, malgré toutes les mesures souvent bureaucratiques sans vision stratégique, certaines restrictions des importations qui ont paralysé certains secteurs et favorisé le processus inflationniste des produits importés, le résultat est très mitigé. Les pronostics d'une importation de biens de 30 milliards de dollars en 2018 par plusieurs ministres (ce montant avait été avance pour 2016 et 2017) sont-ils réalistes lorsqu'on sait que la superficie économique est représentée par 83% de petits commerces-services, que le secteur industriel représente 6,3% du PIB, 97% de ces entreprises sont des PMI-PME peu innovantes et concurrentielles et que la majeure partie des entreprises publiques et privées fonctionnent à plus de 70/75% à partir des matières premières importées ? Il faut être réaliste : en ce mois de juillet 2018, Sonatrach c'est l'Algérie et l'Algérie c'est Sonatrach. Cependant, l'Algérie possède des potentialités mais a besoin d'une vision claire, d'une cohérence dans sa politique socio-économique qui lui fait cruellement défaut. Les plus grands planificateurs en management stratégique sont les multinationales. Etant de la responsabilité des seuls Algériens, et donc de leurs gouvernants qui doivent cesser leurs discours euphoriques, la situation est grave, personne ne peut faire des réformes à notre place. L'Algérie étant confrontée à des défis importants, posés de la baisse des prix du pétrole il y a quatre ans, les choix économiques risquent également de compliquer la gestion macroéconomique, nuire à la croissance et aggraver les risques pour la stabilité politique et financière à terme. Pour relever les défis futurs, se projeter sur l'avenir, une nouvelle gouvernance, un langage de vérité et la moralité des gouvernants s'imposent. Avec grande rigueur budgétaire, une meilleure gouvernance, un changement de cap de la politique économique actuelle, avec un baril entre 60/70 dollars, l'Algérie peut s'en sortir, possédant des atouts. L'endettement est faible, 20% du PIB et la dette extérieure 2,5% du PIB. Mais attention, en cas de non changement de la politique socio-économique, donc de gouvernance, le scénario dramatique du FMI 2022, ce qu'aucun Algérien ne souhaite, est plausible avec des incidences économiques, sociales, politiques et géostratégiques, sauf miracle d'un cours du pétrole à plus de 100 dollars. L'Algérie doit méditer l'expérience vénézuélienne, surtout avec le recours au financement non conventionnel qui, non maîtrisé, conduira inéluctablement à l'inflation à terme, les lois économiques étant insensibles aux slogans politiques. Il faut avoir une vision stratégique avec une quantification précise dans le temps de ce mode de financement et surtout une nette volonté politique de réformer, loin des utopies des années 1970 et ce afin d'éviter un scenario catastrophe vers 2012/2022 avec des incidences politiques, sociales et géostratégiques au niveau de la région, risque d'une intervention étrangère. L'Algérie a besoin d'une nouvelle stratégie, loin des slogans creux populistes, s'adaptant au nouveau monde, d'un retour d'une vision claire de sa politique socio-économique (visibilité et cohérence) , de réhabiliter le travail et l'intelligence et du retour à la CONFIANCE pour sécuriser son avenir, de s'éloigner des aléas de la mentalité rentière afin de rassembler tous ses enfants et toutes les forces politiques, économiques et sociales, évitant la division sur des sujets secondaires . Il y va de la sécurité nationale. * Professeur des universités, expert international |