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Affaire des moines de Tibehirine, coopération, crises, repentance/excuses, UPM, immigration ou visas : même si un entretien avec Son Excellence l’Ambassadeur de France n’échappe plus au cliché habituel des questions/réponses, c’est l’occasion d’une mise à jour de la vision française sur les thèmes dit bilatéraux. - Le Quotidien d’Oran : Monsieur l’Ambassadeur, et à titre de curiosité, pourquoi a-t-on cette impression que la diplomatie française en Algérie fonctionne en offshore, sur le mode de la prudence, de la discrétion et de l’absence de visibilité ? Est-ce seulement une impression ou un constat ? - M. Xavier Driencourt : Moi, je n’ai pas cette impression et je ne fais pas ce constat. Ceci dit, cela m’intéresse justement de savoir que vous en avez cette perception de votre côté sur une diplomatie que vous dites discrète. Vous savez, il y a eu des gestes très concrets et très visibles : la visite du Président de la République Nicolas Sarkozy en 2007, de François Fillon l’année dernière, des accords qui ont été signés, etc. Mais une diplomatie, cela ne veut pas dire forcément des échanges ministériels et gouvernementaux tous les mois. Il y a aussi des choses qui se font loin du regard public, qu’on ne médiatise pas. Il y a eu la mise en oeuvre de l’accord de coopération signé entre les deux gouvernements l’année dernière, l’organisation d’une coopération dans le domaine de la Défense. Il y a eu aussi des groupes de travail sur les essais nucléaires. Autant de groupes qui se réunissent sur des sujets importants que l’on ne met pas sur la place publique. De manière symétrique, la diplomatie algérienne est tout aussi active que la diplomatie française et le Président de la République française l’a souligné lors de la présidence française de l’UE. Les relations avec l’Algérie sont «constantes», avec des visites de ministres algériens, comme celle du ministre Chérif Rahmani qui a assisté dernièrement à une réunion en France sur l’UPM (l’Union pour la Méditerranée), sans qu’on en parle dans la presse algérienne. On dit que l’UPM n’avance pas, ne progresse pas, alors qu’il s’agit là de la première réunion ministérielle, sur l’environnement cette fois-ci, depuis la crise de Ghaza. Il y a eu aussi des visites en Algérie mais qui ne sont pas forcément connues de tous : à l’exemple du Secrétaire d’Etat à la Défense qui est venu il y a un mois et demi. La semaine dernière, la visite d’Eric Woerth, ministre français du Budget, des Comptes publics et de la Fonction publique. Il s’est rendu à Alger sur invitation de Karim Djoudi, ministre algérien des Finances. Eric Woerth a même donné une grande conférence devant les principaux directeurs de l’Administration centrale du ministère des Finances et d’autres administrations sur ce qui se faisait en France en matière de réforme de l’Etat. Une conférence qui avait lieu au moment même où il y avait le match de football Algérie-Zambie, avec pourtant trois cents auditeurs attentifs dans la salle. Vous voyez donc qu’on est présent. La semaine prochaine, il y aura aussi la visite du directeur général de la Gendarmerie nationale. C’est pour vous dire que, et mes collaborateurs le savent, nous avons des visites régulières toutes les semaines, avec des visites de très haut niveau, des visites ministérielles, mais aussi des visites de hauts fonctionnaires. Cela prouve que dans tous les secteurs, et c’est une chose qui m’a frappé depuis mon arrivée en Algérie, dans tous les secteurs, culturels, techniques, enseignement, universitaires, migrations, défense, etc., il y a des relations permanentes entre la France et l’Algérie à des niveaux plus ou moins visibles. Il y a des parlementaires qui viennent régulièrement à Alger, dont deux présidents des groupes d’amitié France-Algérie, des groupes du Sénat et de l’Assemblée nationale sont venus il y a une quinzaine de jours. Et pour la première fois, on va créer ce qui s’appelle la «grande commission parlementaire franco-algérienne». L’Algérie est le troisième partenaire (après le Québec et la Russie) avec lequel la France a entamé cette démarche. Vous qualifiez ceci de «diplomatie offshore», mais il s’agit surtout d’opérations qui ne sont pas nécessairement médiatisées... - Q.O. : Il reste que pour le cas de l’UPM, par exemple, nous en sommes à une sorte d’activisme très minimaliste, surtout après la guerre contre Ghaza. Dans les médias, on parle déjà d’un échec aménagé. - M. X.D. : Non. L’UPM a démarré il y a un an exactement, à un niveau très élevé, avec les chefs d’Etat, de gouvernement de pays européens du bassin méditerranéen, et avec la participation du Président Bouteflika. Il y a eu par la suite un nombre de réunions, d’avancées, et il y a eu au mois de décembre d’autres réunions importantes à Marseille, notamment entre ministres des Affaires étrangères sur des questions techniques, dont le siège du secrétariat de l’UPM, ou le nombre de secrétaires généraux. Une dynamique interrompue malheureusement par la tragédie de Ghaza en janvier suivant. Ce drame a marqué, et il faut le dire, un temps d’arrêt dans le projet de l’UPM, et pour des raisons évidentes : il était difficile de mettre dans la même pièce, autour de la même table, l’Egypte, la Libye, l’Algérie, les Palestiniens et Israël par exemple. Il était difficile d’avancer sur des points comme l’organisation du secrétariat général, et qui est un sujet technique certes, mais aussi un sujet politique parce qu’il y a un secrétaire général adjoint avec un siège qui revient normalement à Israël. Débattre dans une réunion d’un sujet apparemment technique, ne pouvait nous éviter de retomber très vite dans la dimension politique. C’est vrai donc qu’il y a eu un temps d d’«arrêt sur image» pendant quelques mois, mais cela n’a pas empêché que des réunions de groupes de travail au niveau des fonctionnaires puissent avoir lieu. Après la réunion des ministres de l’Environnement à Paris, on espère qu’il y aura de prochaines étapes et qu’on va avancer vers les vrais sujets. Ceci dit, il y a quand même des opérations de coopération concrètes, il y a des projets qui sont expertisés, des dossiers qui sont étudiés entre les experts. L’UPM, c’est d’abord des projets concrets dans le domaine de l’eau, de l’énergie, des transports, de l’environnement. Ce n’est pas le processus de Barcelone qui était un processus diplomatique et théorique. Il y a trois semaines, à Alger, des collaborateurs du Président Sarkozy sont venus pour discuter de certains projets très concrets. Encore une fois, je suis d’accord avec vous quand vous parlez d’offshore, car ces actions ne sont pas forcément médiatisées, car ce n’est pas en médiatisant tout que l’on peut faire avancer les dossiers. - Q.O. : Revenons à un exemple concret : il y a eu un accord-cadre pour la gestion des flux migratoires entre la France et la Tunisie. Est-ce qu’il y a une réflexion dans ce sens entre votre pays et l’Algérie ? M. X.D. : Oui et ce n’est pas forcément sur la place publique encore une fois. Je peux déjà parler d’échanges entre les administrations. La gestion des flux migratoires est un sujet important, un sujet très politique, un sujet technique avec les problèmes de délivrance des visas et c’est enfin un sujet humain qui concerne ceux qui veulent aller en France et ceux qui veulent venir en Algérie. Un dossier à trois dimensions (technique, politique et surtout humaine). Il concerne des centaines de milliers de personnes qui, chaque année, traversent la Méditerranée. Je pense qu’il y aura des échanges à nouveau sur ces sujets et sous peu. Des échanges d’idées avec les Algériens. Il y a eu un accord avec la Tunisie, c’est exact. Il y aura des discussions avec l’Algérie, c’est certain. Vous connaissez aussi nos contraintes au sujet de l’immigration et des flux migratoires avec l’objectif de contrôler l’immigration clandestine : le problème des harraga est une tragédie humaine qui concerne aussi les pays européens. Il s’agit de faciliter la circulation pour les Algériens qui veulent rendre visite à leurs familles résidentes en France. Je crois qu’il y a, et de mémoire, 4 millions de Français d’origine algérienne. Cela veut dire qu’avec 37 millions d’Algériens en Algérie, chaque Algérien a un frère, un cousin, un parent établi en France et notre but c’est de faciliter la circulation dans ce sens. A titre indicatif, en 2008, nous avons délivré 132.135 visas, dont 60% délivrés à Alger, 21% à Oran. Et sur ce quota, il y a 93% de visas de court séjour, dont 22% de visas de circulation. Des visas qui permettent d’aller passer l’Aïd en France, de rendre visite à sa famille ou à ses proches, de faire des courses à Marseille. C’est vous dire que les questions migratoires ont une dimension tellement compliquée et tellement «forte» en Algérie pour des raisons humaines et de liens humains, qu’il ne faut pas les mettre en permanence sur la place publique mais en discuter sereinement et d’une manière d’abord humaine. - Q.O. : Est-ce que les Français ont des difficultés pour obtenir des visas d’entrée en Algérie, comme le répètent souvent les concernés ? M. X.D. : C’est vrai que c’est souvent source de difficultés. Il n’existe pas en effet des visas de circulation du côté algérien. Nos hommes d’affaires s’en plaignent souvent et interpellent les Algériens sur cette question. Nos hommes d’affaires viendraient plus souvent et plus facilement en Algérie s’ils pouvaient disposer de visas de circulation et, effectivement, c’est parfois une source de malentendus. Nous souhaitons une réciprocité dans les échanges. - Q.O. : Pour passer à un autre chapitre, il y a un discours traditionnel sur la coopération économique dite toujours «bonne» entre la France et l’Algérie, mais qui «cadre» mal avec l’actualité d’une crise économique mondiale et donc aussi française. Où en est-on réellement ? - M. X.D. : Là aussi, j’ai des chiffres, et il faut retenir que ce sont des chiffres communiqués par la Banque d’Algérie et pas des chiffres de source française. Cependant et pour répondre d’une manière générale à votre question, c’est vrai qu’il s’agit d’une crise mondiale, européenne et qui touche un certain nombre d’entreprises en France et qui peut avoir deux conséquences : d’une part, il y a un certain nombre d’entreprises qui peuvent, pour des raisons conjoncturelles liées à la crise, décider de reporter des projets d’investissement à l’étranger parce qu’elles sont beaucoup plus attentives en période de crise et qui se disent que ce n’est peut-être pas le moment d’aller investir à l’étranger, selon le principe de précaution. Mais en même temps, cela peut avoir une seconde conséquence. Des entreprises françaises ou d’autres pays européens peuvent se dire qu’il s’agit peut-être d’une opportunité, malgré le marché «boursier» comme on dit, de réinvestir à l’étranger avec l’espoir d’un retour sur l’investissement dans quelques années. En même temps - et je suppose que vous allez me poser la question et j’y réponds par anticipation -, il y a un certain nombre de dispositions d’ordre réglementaire qui ont été prises en Algérie et qui compliquent la décision d’investir en Algérie pour les entreprises françaises et européennes. Je crois cependant qu’il faut mettre toutes ces raisons ensemble pour bien analyser la situation. J’ai en tête un certain nombre de projets industriels, des projets d’investissement qui sont sur la table actuellement entre les deux parties. Il y a quelques jours, j’avais rencontré les représentants d’un grand groupe industriel français. J’avais aussi rendez-vous avec le ministre chargé des Investissements, M. Abdelhamid Temmar, pour des projets d’implantations industrielles en Algérie. Il s’agit d’un très grand groupe français à actionnaires européens qui sait que le marché algérien est important et qui sait que pour sa survie et son développement dans le marché algérien, on ne peut pas se contenter de faire de l’exportation à partir de la France. Il y a nécessité d’être là, en Algérie, de produire en Algérie. Un autre grand groupe français, totalement français cette fois, a lui aussi conclu qu’il faut être implanté en Algérie pour les mêmes raisons. Aujourd’hui, en 2009, on ne peut plus se contenter de faire uniquement de l’exportation sans opter pour l’investissement, le partenariat et le transfert de technologies. J’ai en tête ces deux exemples tout récents qui illustrent cette nouvelle politique pour des entreprises françaises qui «répondent» à la crise, aux licenciements et aux possibilités de faillite, en décidant non pas de délocaliser, mais d’aller soutenir les exportations françaises en dehors de la France, en s’implantant industriellement et durablement dans le pays importateur. Cela dit, c’est le droit le plus strict du gouvernement algérien de légiférer sur cette question et personne ne peut le contester, c’est à nous de nous adapter. - Q.O. : La tendance est cependant pour quelle option ? - M. X.D. : Je crois que c’est à nous, services français de l’Ambassade, d’expliquer le contexte et c’est l’un des aspects de mon métier, d’expliquer aux entreprises françaises qu’elles trouveront un intérêt à investir durablement en Algérie pour telle ou telle raison. Il reste qu’on n’est plus en France dans un système où c’est l’Etat qui décide comme il y a vingt ans, lorsque certains des grands groupes français étaient nationalisés. A l’époque, un ministre de l’Industrie ou des Finances pouvait dicter à Renault ou à Citroën une politique d’investissement dans un pays donné pour des raisons politiques, puisque l’actionnaire majoritaire était l’Etat. Aujourd’hui, on est dans un système où l’actionnaire est privé, veut du profit et prend en compte, avant d’aller investir au Maroc ou en Tunisie, différents paramètres : la main-d’oeuvre, le coût de l’investissement, l’environnement sécuritaire, juridique, etc. Donc c’est à nous, services de l’Ambassade, d’expliquer à ces entreprises les conditions d’investissement en Algérie, la géographie sécuritaire ou le cadre juridique, la réalité des nouvelles circulaires du Premier ministre Ouyahia, car il ne faut pas noircir complètement le tableau. Il faut aussi savoir, en langage des chiffres, que les investissements français en Algérie ont augmenté de 50% en 2008. Nous sommes passés de 300 millions de dollars à 343 millions de dollars hors hydrocarbures et ce sont des chiffres de la Banque d’Algérie. Il faut aussi savoir que les entreprises françaises sont «responsables» de 35.000 emplois directs en Algérie avec un total de 100.000 emplois directs et indirects en Algérie toujours. Prenons un autre exemple, Société Générale Algérie et BNP emploient déjà 1.500 personnes chacune, Michelin, 800, Sodexo, 1er employeur français, 2.000, etc. Pour les nouvelles circulaires, c’est encore une fois, et je le répète, à nous d’en expliquer les détails et le sens aux entreprises françaises, de faire état des changements introduits, des inconvénients pour des entreprises qui étaient habituées à un régime juridique précis. Il s’agit aussi d’expliquer à ces mêmes entreprises que si elles veulent consolider leur présence en Algérie, elles ne doivent plus se contenter d’exporter à partir de France et que c’est dans leur intérêt de produire localement, en Algérie même. Et je crois que c’est un message qui passe aujourd’hui. Il y a, et il ne faut pas l’oublier, un profond lien humain entre l’Algérie et la France. Cela veut dire que vous Algériens, vous avez les mêmes modes de consommation que les Français, ou presque. En France, il vous arrive d’acheter à Carrefour ou à Auchan un certain nombre de produits que vous souhaitez retrouver en Algérie. Vous êtes aussi consommateurs de la publicité française. Les chefs d’entreprises savent qu’il y a en Algérie un marché de consommateurs qui sont des consommateurs adultes et qui ont un mode de consommation très proche du nôtre. S’il y avait par exemple une usine Renault ou Peugeot en Algérie, vous achèteriez plus du Renault ou du Peugeot que d’autres marques. - Q.O. : C’est ce qui se passe au bénéfice du Maroc ! - M. X.D. : Oui, c’est ce qu’ont fait les Marocains. - Q.O. : Pour le chiffre que vous avez cité, 343 millions de dollars, il s’agit d’investissements globaux hors hydrocarbures ? - M. X.D. : Oui, hors hydrocarbures. Nous sommes en effet le 2e investisseur en Algérie après les Etats-Unis. Des investissements dans tous les secteurs : agroalimentaire, pharmacie, banques, électronique, etc. - Q.O. : Et à propos de la coopération universitaire, un sujet que vous vouliez aborder justement en premier lieu pour votre visite à Oran ? - M. X.D. : Je suis venu à Oran parce que nous organisons la réunion de tous nos directeurs de centres culturels en Algérie avec le conseiller culturel et de coopération pour fixer les orientations pour l’année 2009-2010. Outre la coopération culturelle, la coopération universitaire constitue pour nous un axe prioritaire. 5 millions d’euros par an, soit la moitié de nos crédits de coopération, lui sont consacrés chaque année. Il faut savoir qu’il existe des accords multiples entre universités algériennes et universités françaises, et c’est en venant en Algérie que j’ai découvert ce réseau d’accords entre établissements d’enseignement supérieur, qui passe par des échanges multiples, quotidiens, ainsi que par des liens amicaux, affectifs et professionnels entre universitaires. Il faut savoir que nous, au niveau de l’Ambassade, on soutient un certain nombre de programmes dont l’enseignement du français dans les universités et dans les écoles, ou la formation des cadres algériens. Nos centres culturels sont aussi un maillon de cette chaîne : on compte, par exemple, près de 3.200 Algériens inscrits pour des cours de français, plus de 7.130 inscrits algériens pour ce qu’on appelle le «Campus France» (un système pour passer des examens en France pour pouvoir prétendre à des cursus universitaires spécifiques), et près de 8.000 Algériens qui sont inscrits dans les bibliothèques de ces centres. Cette dimension de coopération universitaire est très importante et j’ai eu des contacts récents avec les ministres algériens des universités et de l’Education nationale pour un certain nombre de projets, dont l’Ecole supérieure des Affaires, déjà installée à Alger et en partenariat avec un certain nombre de grandes écoles françaises et l’Ecole de commerce de Paris. Il existe le même projet entre l’Institut supérieur des technologies en Algérie en chantier et le Centre national des Arts et Métiers en France pour un projet d’institut universitaire de technologies franco-algérien. - Q.O. : Monsieur l’Ambassadeur, qu’est-ce qui se fait en direction de la société civile algérienne ? - M. X.D. : Nous sommes en relation constante avec des associations algériennes et des ONG. J’ai eu la semaine dernière une réunion, à la Résidence de l’ambassade, avec un très grand nombre d’associations algériennes et des ONG. J’avais pris comme occasion la célébration du 150e anniversaire de la bataille de Solferino qui a donné lieu à la création de la Croix-Rouge, et ensuite du Croissant-Rouge. La rencontre avait regroupé beaucoup d’associations algériennes bénévoles qui représentent une partie de la société civile avec lesquelles on travaille quotidiennement. La société civile est une composante importante de votre pays et de notre relation avec votre pays. Je me permets de souligner, à cette occasion, notre grande admiration pour tous ces bénévoles, qu’ils soient algériens, français ou franco-algériens. Il faut aussi avoir une pensée pour les religieux qui jouent un rôle important dans certains dispensaires ou maisons de retraite. Et là, ce n’est plus de la coopération française à proprement parler, mais je crois que c’est notre rôle de les encourager car ils font partie de notre relation commune. Il ne faut pas oublier qu’il y a beaucoup de Français qui ont une relation très affective avec l’Algérie. Certains sont restés après 1962, et ont opté pour la nationalité algérienne pour beaucoup d’entre eux. - Q.O. : A certains moments, le tourisme «pieds-noirs», comme on l’a appelé, a fait mode. Est-ce que le filon se tarit depuis quelque temps ? - M. X.D. : Non. Le wali d’Oran me disait justement que depuis quelques années, ce genre de tourisme s’est développé et je crois que tout le monde se félicite de l’accueil que reçoivent ces touristes en Algérie. Il s’agit là aussi d’une facette des relations franco-algériennes que l’on connaît mal. A Oran, il y avait une très forte communauté française et il doit y avoir beaucoup de gens qui reviennent pour revisiter cette région, peut-être une dernière fois au vu de leur âge. - Q.O. : L’affaire dite des moines de Tibehirine semble connaître de nouveaux développements avec ce qui est présenté comme les «révélations» d’un militaire français à la retraite et l’implication directe du Président français. Quels sont vos commentaires sur cette question ? -M. X.D. : Les choses sont claires : les propos tenus devant un juge (et dont la publication constitue une violation du secret de l’instruction) par un officier à la retraite, dont les fonctions à l’époque des faits ne l’amenaient d’ailleurs pas à traiter directement de cette affaire, n’engagent que lui. Il rapporte, vous l’avez noté, des propos que quelqu’un lui a tenus, qu’il aurait obtenu d’une tierce personne, qui elle-même avait un beau-frère, etc. La position du gouvernement français n’est pas celle de cet officier retraité. Le Président Sarkozy l’a redit à l’occasion du sommet du G8, il s’en tient au communiqué du GIA. Pour le reste, que la procédure judiciaire se poursuive dans la sérénité. |