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A l'instar de l'école des Béni-Hdiel
à Aïn Ghoraba, Dar El
Hadith de Tlemcen, ce lieu de rayonnement culturel, scientifique et religieux,
inauguré le 27 septembre 1937 par Cheikh Abdelhamid Ibn Badis,
en présence d'imams et de membres de l'association des oulémas, a constitué une
grande école du nationalisme algérien et un lieu de prise de conscience de la
question identitaire ainsi que le creuset des futures Moudjahidine, durant la
période coloniale. Il faut rappeler que le terrain et la construction de ce
complexe culturel à l'aspect architecturel hispano-mauresque s'inscrivait dans
les objectifs fixés (La défense en priorité de la langue arabe et de l'islam)
par l'organisation des Oulémas musulmans dirigée par le Cheikh Abdelhamid Ibn Badis. Selon Brahim Chenoufi,
ex-conservateur en chef du patrimoine culturel et responsable des sites et
musées de Tlemcen, «cette organisation confiait cette mission, celle de créer
les écoles libres et médersas coraniques et d'enseignement de la langue arabe,
l'histoire, la géographie, les mathématiques, la littérature à Cheikh Bachir El
Ibrahimi, pour la ville de Tlemcen et ses régions
environnantes, afin de lutter contre l'analphabétisme que le colonialisme
français avait engendré et répandu au sein de la société algérienne pour la
soumettre à jamais. Pour rappel aussi, l'école publique de
l'administration française était interdite à la majorité des enfants algériens.
D'ailleurs, de nombreux jeunes filles et garçons formés par les ulémas dans ce
lieu ont été mobilisés dans le combat anticolonial. C'est grâce au programme
authentiquement algérien en langue nationale permettant de leur inculquer les
valeurs et les constantes de l'identité nationale, du patriotisme et du
nationalisme, qu'un grand nombre de jeunes ont rejoint le FLN qui avait lancé
l'insurrection en 1954. Certains ulémas réécrivaient l'histoire de l'Algérie,
diffusaient les chants patriotiques et les slogans mobilisateurs dont le plus
célèbre est l'arabe est ma langue, l'islam est ma religion, l'Algérie est ma
patrie. Ils donnaient aux jeunes la fierté d'être Algériens et musulmans ». Et
d'ajouter, « Dar El Hadith a sans conteste participé à l'émergence de
révolutionnaires. Maliha Hamidou, née le 6 avril
1942, fût contactée alors qu'elle était encore une jeune lycéenne par Zohra,
une militante. Puis elle regagna la médersa libre des Oulémas où Sid Ahmed Benchekra l'influença politiquement. Elle rejoignit ainsi
le FLN en 1958 et devint agent de liaison. Le commandant Ferradj
est l'un des dirigeants de la révolution algérienne. Louedj
Ould Mohame Ben Ahmed est
né en 1934 à Oudana des Béni H'diel.
Il fit son apprentissage à l'école coranique de Hennaya,
avant de s'inscrire en 1952 à la médersa Tahdib
fondée par l'association des Oulémas musulmans algériens. Très actif, il attira
l'attention des responsables de Dar El Hadith à qui il rendait visite de temps
en temps, pour qu'ils le soutiennent dans son action de formation politique
avec l'aide de l'élite de son village de Béni Hdiel.
Il mena des combats féroces contre l'occupant français. Il tomba au champ
d'honneur un 21 mars 1960 ».
A la veille de ce soixantième anniversaire de l'indépendance de l'Algérie, l'ex-président de la chambre de commerce et d'industrie, Abdelhak Boublenza, qui a étudié dans cette citadelle de la connaissance et de la culture, a de son côté, souligné que « Dar El Hadith qui a défié les atrocités du colonialisme avait énormément contribué à la préparation des hommes et des femmes, pour répondre à l'appel du devoir patriotique, avant même le déclenchement de la guerre de révolution. De nombreux martyrs de la révolution de Tlemcen qui sont tombés au champ d'honneur sont passés par cette médersa, dirigée à l'époque par Cheikh Bachir El Ibrahimi. La médersa a subi par l'administration coloniale de l'époque de nombreuses contraintes et menaces. Elle a été fermée en 1938 sur instruction du sous-préfet de Tlemcen après un soulèvement populaire et ce, à l'instar d'autres médersas du pays. Je souhaite de tout mon cœur que l'espace mitoyen de l'ex-maison d'arrêt, libéré récemment, soit annexé à Dar El Hadith pour en faire un véritable établissement d'enseignement et du savoir incluant les trois paliers du primaire, du moyen et du secondaire ». Pour sa part, son frère Hamed, qui a lui aussi fréquenté cette école du savoir, a préconisé, que «les chercheurs, historiens, géographes, urbanistes et poètes lui consacrent un peu de temps à l'écriture de la glorieuse histoire de l'Algérie et ses pages en or du nationalisme, pour montrer aux nouvelles générations le sacrifice et le patriotisme de tous les enfants de l'Algérie de l'époque, afin de construire une vraie et forte nation. De valeureux enseignants et de valeureuses enseignantes ont contribué à la conscientisation des élèves de cette école notamment en ce qui concerne les restrictions de la liberté imposées par l'oppresseur français. Un grand nombre d'entre eux a choisi de prendre les armes pour lutter pour que vive l'Algérie fière et indépendante ! ». A noter qu'une plaque commémorative fixée dans le hall Dar El Hadith, est gravée d'une très longue liste des noms des valeureux Chouhada, formés tous dans cette école. |