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En
dépit de la bonne volonté des pouvoirs publics et les décisions prises par le
président de la république, la filière laitière tourne mal en raison de la
conjoncture économique mondiale tendue qui a frappé de plein fouet plusieurs
secteurs. A cela s'ajoute le poids de la bureaucratie en matière d'application
des décisions et des mesures prises par les pouvoirs publics.
Le président de la république, Abdelmadjid Tebboune, avait donné des instructions, rappelle-t-on, pour prendre en charge l'augmentation de la marge bénéficiaire d'un dinar/litre de lait pour les usines et de 2 DA au profit des distributeurs. Une décision salutaire, selon Bouzkrini Mourad, éleveur et gérant d'une laiterie et vice-président de la fédération lait au sein de la Confédération des industriels et patrons algériens (CIPA). Mais, dit-il, en dépit de cet engagement effectif, la laiterie continue à enregistrer des pertes avec des prix de vente bas du sachet de lait subventionné qui ne dépasse pas les 25 DA chez le détaillant. En d'autres termes, dira-t-il, «malgré la décision d'accorder 1 dinar de plus pour l'usine, nous continuons à perdre presque 4 Da dans la production». Et d'ajouter : «on a résisté jusque-là difficilement, mais aujourd'hui on n'arrive plus à gérer cette perte». Le vice-président de la fédération lait explique : «on a développé parallèlement la production du yaourt, les boissons lactées et laits fermentés pour pouvoir combler les pertes en matière de production de lait en sachet subventionné ; mais aujourd'hui les cours de la poudre de lait au niveau international ont augmenté considérablement, en raison du conflit russo-ukrainien ce qui rend l'équation très difficile à résoudre». Il lance une alerte en affirmant que huit laiteries ont déjà fermé, elles ont déposé leur bilan. D'autres sont menacées. Elles risquent de disparaître si jamais des mesures urgentes ne sont pas prises, notamment dans le cadre du soutien à l'investissement. Notre interlocuteur affirme que la vraie solution à cette problématique réside dans la réduction de la dépendance à la poudre de lait. «Nous avons nos propres capacités. 24 millions de litres de lait par jour produits par nos laiteries et nous pouvons faire mieux, si on dispose de moyens et de plus de soutien. On peut atteindre l'autosuffisance dans 5 à 6 ans». La même source plaide pour la redynamisation des crédits Rfig et Ettahadi, qui ont bien fonctionné dans un passé récent, mais qui semblent bloqués actuellement, selon sa déclaration. Dans les détails, il précise que ces crédits fédérateurs sont accordés aux agriculteurs et éleveurs «avec un taux d'intérêt de 0%, pris en charge par l'Etat durant une période de cinq ans». Il poursuit en soulignant qu'ils sont plafonnés à 100 millions de DA. Les éleveurs réclament aujourd'hui une révision à la hausse de ces crédits avec un plafond qui atteindra les 200 à 300 millions de Da, et ce, pour permettre aux laiteries de travailler à l'aise et amortir leurs investissements et leurs charges. Notre interlocuteur conclut en affirmant que la filière laitière fait travailler 70 000 ouvriers directs et indirects, d'où la nécessité de la soutenir davantage. |
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