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Dans quelle
mesure les nouvelles technologies l'information et de la communication
sont-elles en train modifier nos vies, avec quels résultats et surtout quelles
conséquences sur l'organisation sociétale ? Cette question, à elle seule, ne
peut qu'éveiller la curiosité de tous les citoyens désireux d'en savoir
d'avantage sur la politique du cyberespace qui s'instaure progressivement. Les
satellites qui tournent autour de nos têtes, l'éclosion d'internet et surtout
la floraison des réseaux sociaux dans tous les pays, font circuler le des
informations au rythme de la célérité de la lumière. Couper internet ou réduire
drastiquement son débit, est appréhendé comme une entrave à la liberté de
s'informer et de communiquer. Dans son sillage, la percée du web est en train
de bouleverser l'ensemble de l'espace médiatique à travers le monde. Pour des
citoyens isolés du monde et de leurs dirigeants autoritaires, le téléphone
mobile est devenu un outil essentiel de transmission des informations, mais à
risque. Téléphoner a même coûté la vie à nombre de Nord
Coréens. Les Etats qui rechignent à passer à l'ère du tout numérique
savent-ils qu'ils sont en train de perdre la bataille sur le plan culturel. En
boudant le numérique ils se marginalisent automatiquement. Avec l'arrivée de la
technologie de la téléphonie mobile 3, 4 et 5G), il est désormais possible
devenir le centre d'intérêt du monde en émettant des informations originales
qui vont parcourir des milliers de kilomètres à la seconde en faisant plusieurs
fois le tour du globe et cela grâce à un simple smartphone disponible au fin
fond du monde,
En un quart de siècle à peine, notre univers s'est virtualisé. Dans les pays en voie de développement comme l'Algérie c'est par millions chaque année que viennent s'ajouter des « facebookiens » et des internautes trentenaires. Le pays est entièrement dépendant d'internet, de Yahoo et de Google et des sites d'infos, de réseaux sociaux comme Facebook et Twitter qui sont en train de bouleverser nos vies, notre manière de penser et donc notre quotidien. Cette nouvelle configuration des médias, de plus en plus concurrencés par les TV, le journal online, est à présent la seule alternative pour rester en contact permanent avec des citoyens de plus en plus exigeant dispatché à travers la planète. . Pour les journalistes conscients des enjeux, la présence sur le net n'a jamais été aussi importante. Leurs vies et la pratique de leurs métiers est en pleine métamorphose. Le contact et la présence doivent être constants sur le terrain en plus d'une vigilance accrue afin d'éviter les pièges de la manipulation et des faks news. Cette révolution en cours est comparable à celle de tous les temps forts de l'émergence de nouveaux outils de communication et de connaissance, selon Philippe Quéau (1). On peut citer le tableau noir, qui a permis à la leçon de se faire devant tous les élèves invités à réagir. L'incursion du stylobille, qui chassa la plume, une substitution contre laquelle bataillèrent durant dix ans les instituteurs, pronostiquant la mort de l'enseignement de la calligraphie. Arrive enfin l'année 1454 qui vit Jean Gutenberg imprimer son premier livre qui, assura la démocratisation de l'accès aux manuscrits. Plus tard est arrivée l'édition de cédérom qui a permis de raconter la vie et l'histoire des citoyens dans leurs communes. La création de site Internet a permis la publication en ligne de travaux collectifs. Ailleurs, on a eu recours aux logiciels spécialisés en mathématiques ou en sciences de la vie. La création de réseaux a suivi avec plusieurs écoles et/ou collèges connectés afin de permettre les échanges entre élèves. Ici, on initie à l'utilisation de la messagerie électronique. Là, on fait un usage quotidien des logiciels de bureautique ou de recherche sur cédérom. Là-bas, Internet est intégré dans toutes les recherches documentaires. Bref, l'école est entrée de plain pied dans ce nouvel espace qui s'instaure. Conséquence de cette incursion de l'école dans le cyberespace Le foisonnement est incontestable, la diversité des pratiques inévitable. D'où une multitude de questions : dans quelle mesure les nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) ont modifié la Pédagogie ? Avec quels résultats et quelles conséquences sur l'organisation des cours, les habitudes des enseignants et les comportements des élèves ? Autrement dit, sera-t-il encore possible, demain, de faire cours « comme avant «, c'est-à-dire avant que les NTIC n'investissent le milieu scolaire ? Sans doute. Tout un chacun sait que l'histoire de l'éducation est jalonnée d'innovations technologiques censées révolutionner l'acte et la relation pédagogique. Chaque génération de technologies pénètre et s'incruste dans le système éducatif, porteuse de promesses souvent démesurées mais opportunément oubliées dès que surviennent de nouvelles innovations. Une différence cependant majeure avec le passé : les nouvelles technologies qui ont récemment fait leur entrée à l'école ont été soutenues par les parents sous la pression d'une très forte demande sociale, contrairement à la pédagogie active, restée le fait de quelques militants. Cela dit, fondamentalement, l'arrivée des nouvelles technologies est en train de modifier le rapport « professeur/élèves ». De manière conjoncturelle d'abord : tous les enseignants témoignent du surcroît de motivation chez les enfants lorsque, d'une manière ou d'une autre, le cours intègre les nouvelles technologies. De manière structurelle ensuite, le maître perd sa place d'unique détenteur du savoir et de la connaissance. Le rapport aux savoirs, donc aux élèves, s'en trouve bouleversé et le suivi individualisé et facilité. Par ailleurs, le fait de pouvoir produire quelque chose donne du sens aux activités scolaires. Pour l'écriture et la lecture, au primaire, l'effet est indéniable (3). Dans le cas de la production d'écrits, avoir à sa disposition via le web ou la messagerie de vrais lecteurs, donne du sens au travail et aux efforts de réécriture. Il en est autrement avec les nouvelles technologies, et en premier lieu Internet : le web élargit symboliquement la socialisation et favorise les retours. Il y a transmission du savoir tout en le construisant. De nombreux travaux, conduits aux Etats-Unis à partir d'échantillons de « classes branchées », ont souligné l'importance des changements qui attribuent plus de responsabilités aux élèves dans leur apprentissage. Soulignons toutefois que la modification n'est pas exclusivement sémantique. Discours et polémiques sur les changements Dans les établissements scolaires dans notre pays, la transmission des connaissances demeure le plus souvent la prérogative exclusive de l'enseignant. C'est lui et lui seul, qui a la liberté de bouger, d'amorcer des actions et des interactions, de planifier l'emploi du temps et des ressources, et de poser des questions. Les élèves sont, la plupart du temps, des auditeurs passifs. Excepté certaines classes expérimentales où est favorisée la construction des connaissances, l'activité et la liberté sont devenues des privilèges partagés avec quelques panels sélectionnés d'élèves. Ce qui semble certain, c'est que le suivi individualisé facilite cette évolution qui n'est pas sans conséquences sur l'organisation du système éducatif, les horaires, la disposition des classes et la répartition des élèves. Ainsi, le travail en groupe prend une autre dimension. L'interdisciplinarité en ressort renforcée et les possibilités d'expérimentation élargies. Prenons l'exemple d'un logiciel qui retrace un mode de vie historique. Il est possible de changer un facteur démographique afin d'observer les effets grâce à des supports numériques. Le suivi individualisé des élèves facilité, va laisser des traces précises de leur travail, de leur progression et des difficultés rencontrées. Cela ne s'opèrera pas, bien sur, du jour au lendemain car l'enseignant, en position d'un savoir plus ne peut se métamorphoser sans une ardue initiation pédagogique. Il est, et a toujours été, bien avant les élèves, l'unique détenteur des connaissances. Par ailleurs, ce n'est plus, non plus, la classe qui sera dominante comme lieu d'enseignement. C'est tout l'établissement scolaire, une fois arès avoir connecté au même réseau, apprenants et enseignants. Les TIC, en bousculant les connaissances et l'activité du maître, vont mettre fin à l'isolationnisme du métier d'enseignant. C qui en soi est une bonne chose. En métamorphosant totalement le système d'enseignement tant au niveau de l'interdisciplinarité, du suivi pédagogique individualisé, qu'au niveau de l'évaluation permanente et de l'auto-évaluation ; l'irruption des TIC ne peut être que salutaire et à plus d'un titre. Tout doit être fait pour éviter que l'école publique ne rate pas le train de la modernisation. Aucune transformation ne sera possible à l'avenir. Cet avis d'André Malraux qui s'exprimait ainsi en références à l'utilisation de l'ordinateur à l'école en avril 1974, avait pressenti ces bouleversements, nous ne pouvons que le partager. Le développement des NTIC est donc e train de modifier les pratiques pédagogiques quotidiennes et pas seulement. Cette évolution ne sera pas sans conséquences sur l'organisation du système éducatif dans son ensemble, sur les horaires, la disposition des classes, la répartition des élèves, la conservation des mêmes découpages disciplinaires... Cela dit, l'école publique a les ressources suffisantes pour amorcer ce grand tournant avec intelligence et lucidité. La condition expresse exige que le débat sur les contenus d'enseignement engage tout le monde enseignant et ne soit plus l'affaire de quelques spécialistes privilégiés. Cela contribuera à débloquer les pratiques qui ont encore des difficultés à se généraliser comme, l'interdisciplinarité, le suivi pédagogique individualisé, l'évaluation permanente, l'auto-évaluation, la fin de l'isolationnisme du métier d'enseignant. Au terme de cette réflexion rapide, nombre d'interrogations demeurent sans réponses. Parmi ces dernières celles qui s'inscrivent dans la durée, et qui vont mieux permettre d'approcher et de conceptualiser les mouvements de changement et de mobilisations éducatifs et culturels. Une étude de dimension diachronique et historique devrait s'attachera à l'évolution des faits linguistique dans le temps reste envisageable afin d'opérer une distinction entre les divers mouvements en action au sein du système d'enseignement. Cette étude devrait aussi prendre en charge l'analyse des relations entre le matériel, le symbolique et le social, afin de permettre la compréhension des diverses transformations au sein des institutions pédagogiques à travers le monde. *Enseignant retraité (anciennement chargé du Centre Pédagogique Multimédia à l'Ecole Normal Supérieur d?Oran). Notes : (1) «La Planète des esprits -Pour une politique du cyberespace, « compare ainsi les nouvelles technologies, «la révolution en cours», à tous ces temps forts de l'émergence de nouveaux outils de communication et de connaissance. (2) L'observatoire des Technologies de l'Education en Europe le signale. (3) Cf : Livre blanc sur l'opération «Graine de multimédia». |
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