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Oran
pouvait se targuer d'avoir un nombre impressionnant de salles de cinéma, pour
certaines des joyaux d'architecture, juste après l'indépendance, et aussi
s'enorgueillir du nombre impressionnant de spectateurs qui les fréquentaient.
On se souvient encore des longues files d'attente les week-end devant Le Maghreb (ex- Le Régent), El Saada, (ex-Le Colisée ) et bien d autres salles jusqu'aux années 80 où ce fut le commencement de la fin? Oran si active, si festive vivait pleinement ces grands moments comme seul le septième art est capable d'en offrir.. La cinémathèque d'Oran plus connue sous le nom de Miramar offrait, elle, au public en plus de films de divertissement, cinq séances par jour, des films d'auteurs, des grands classiques du cinéma mondial et, cerise sur le gâteau, des séances-débats avec des réalisateurs, des spécialistes du cinéma et mieux encore en apogée de ses activités le premier festival international du court-métrage d'Oran en 1985 (une première à l'époque dans le monde arabe et en Afrique !). Le sait-on ? Mais ou en sommes-nous actuellement ? Certes, bien loin de cet enthousiasme ! Et de cette période faste. La ville se vide tôt dans la soirée faute d'activités culturelles et, pire, le public en désespoir de cause n'attend plus qu'une semaine dans l'année pour voir des films ! un festival prétendument d'Oran mais concocté ailleurs meuble l'espace. Il s'agit du bien nommé «Festival du film arabe» dont les dates toujours approximatives ne permettent pas au moins une fidélisation à ce rendez-vous ou la disponibilité d'un programme bien connu d'avance. Force est de constater l'absolue dénuement dans lequel se trouve plongée la capitale de l'ouest algérien. Seules quelques associations à la ténacité méritoire, aidées il est vrai épisodiquement et souvent des instituts à l'instar de l'institut français d'Oran, meublent le quotidien culturel au centre-ville d'Oran. Invité par la cinémathèque algérienne ces derniers jours, un cinéaste de chez-nous, en l'occurrence Mustapha Djadjam, a réalisé un remarquable documentaire sur le fondateur de l'école des Beaux-Arts d'Alger, le respectable artiste peintre Mesli et le lendemain a présenté un second long métrage sur un problème d'une brûlante actualité : l'exil des Africains intitulé « Frontières » dans une salle malheureusement en deçà?de ce que l'on pouvait attendre. Une telle opportunité que la présence d'un cinéaste oranais vivant depuis des décennies en France ; un événement si rare aurait dû être signalé bien à l'avance, ces rencontres ne figurant même pas sur le feuillet du programme hebdomadaire distribué dans la salle de répertoire. Juste une info de « dernière minute» et des « invitations » disponibles à l'accueil. L'équipe en place à Oran, quoique méritoire, est limitée à suivre une programmation préétablie par la direction centrale. Dans ce cas, comment peut-on organiser des activités sur place ou des partenariats, source d'événements culturels ? La moindre initiative locale de collaboration est sujette à autorisation. Loin de moi l'idée de dénigrer une institution qui a marqué des générations de cinéphiles, qui a tant apporté aux réalisateurs notamment algériens au grand public mais ceci ne doit pas cesser. Bien au contraire, la cinémathèque doit retrouver son lustre d'antan. Cette salle remarquablement bien entretenue avec des équipements de dernière génération (DCP), des rénovations effectués récemment -et l'on s'en félicite- doit être utilisée au maximum de ses capacités. Le potentiel humain présent ne doit pas être utilisé de façon passive mais encouragé à multiplier les actions culturelles, les échanges avec l'ensemble des partenaires, l'Education nationale entre autres, dans ce haut lieu de la culture cinématographique pour une culture à l'image si défaillante, voire inexistante dans notre ville. Ce n'est pas le cas actuellement, bien au contraire, et le toilettage des deux grandes salles de cinéma d'Oran pour en revenir aux autres salles de la ville s'il est annonciateur du prochain festival du film arabe, ne peut pas nous empêcher de penser que ces salles seront à nouveau fermées pendant 51 semaines au lendemain du festival ! Et que dire des autres salles fermées à longueur d'année, voire en attente d'une hypothétique rénovation, en jachère ou transformées en antenne administrative (l'ex Monaco)?voir aussi la triste salle du bd Emir Abdelkader jonchée de détritus, abandonné à son triste sort, ne peut que nous affliger à chaque passage dans ce boulevard au prestigieux nom. Seul une salle « El Marhaba » (ex- Balzac) défraie quelque peu cette triste chronique des salles obscures oubliées ? pour confirmer que parfois un minimum de bonne volonté peut laisser entrevoir des jours meilleurs? Pourquoi pas envisager des projets de salles de cinéma dans le prolongement gigantesque de la ville où vivent des dizaines de milliers de personnes avec comme seul décor une suite continue d'épiceries et divers magasins de pacotille. Tout cela mérite d'être pensé et le prochain festival du cinéma le seul qu'abrite Oran sera certainement l'occasion, voire la bonne, d'y réfléchir du moins on l'espère et l'on pourra dire enfin que cette manifestation aura apporté quelque chose à Oran . Gardons espoir! comme le chantait feu Hasni! |
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