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Suite et fin
La vision de son gouverneur comme celle du comité monétaire (FOMC chinois) relève de leur droit souverain de sous-évaluer leur monnaie eu égard aux centaines de millions de Chinois qui attendent d'être absorbés par le marché du travail. D'autre part du droit souverain, les Américains et Européens en ont, et il ne tient qu'à eux de sous-évaluer. «Et le plus étrangement et invisiblement du monde, ils ne font que ça avec les politiques monétaires non conventionnelles.» Sauf que la sous-évaluation n'est pas visible puisque le processus de sous-évaluation s'opère de concert entre les quatre grandes Banques centrales occidentales. Tantôt le dollar se déprécie et l'euro, la livre sterling, le yen s'apprécient. Tantôt c'est l'inverse. Tantôt dans le désordre. Cependant il y a bien sous-évaluation et injections ex nihilo monétaires (3). Cependant ce qui accorde la prééminence de la sous-évaluation de la monnaie chinoise sur les autres monnaies mondiales et donc une parité de combat inégalable dans le commerce international, c'est d'abord son «ciblage», en premier. Le yuan est ancré sur la première monnaie du monde, le dollar. Et impossible aux Américains de le décrocher du dollar. «Il y est, il reste». En second, «le yuan n'est pas une monnaie librement convertible, elle ne fluctue pas sur les marchés monétaires». Sa valeur est fixée sur un panier de monnaies occidentales par la Banque centrale de Chine de telle façon que la sous-évaluation par rapport au dollar lui donne toujours un avantage gagnant. Ce qui nous fait dire que «puissance du dollar devient faiblesse face à la Chine». Et toutes les grandes monnaies occidentales suivent cette faiblesse dans le sillage du dollar. 5. LES RAISONS DU LEGER REBOND DU COURS DU PETROLE DEPUIS MARS 2015 Et là encore, c'est un secret de polichinelle même si les analystes occidentaux chevronnés taisent la chose. Le dollar a deux valeurs faciales. Une valeur faciale qui exprime son numéraire, c'est-à-dire son pouvoir d'achat, et l'autre valeur faciale qui n'y est pas imprimée mais «discrétionnairement est arrimée au pétrole». En entente tacite totale avec les pays monarchiques arabes du Golfe. Or, depuis l'été 2014, l'Amérique n'avait plus besoin d'un cours haussier des prix de pétrole, qui servaient de contreparties physiques aux émissions monétaires finançant les déficits courants ex nihilo. Les quantitative easing tiraient à leurs fins. Les derniers 10 milliards de dollars que devaient réduire mensuellement le QE3 prirent fin en octobre 2014. Il faut rappeler que, dans le cadre du QE3, la Fed américaine injectait mensuellement 85 milliards de dollars sur le marché financier depuis septembre 2012. Sept années de politique monétaire fortement expansive ont progressivement fait entrer l'Amérique dans la croissance. Avec de bons résultats, tel le taux de chômage de son sommet à 10% en 2009, il a été rabaissé aujourd'hui à 5,5%. Des entreprises plus compétitives et une consommation soutenue. La fin des opérations militaires au Moyen-Orient, la réduction des importations pétrolières depuis l'exploitation des gisements de pétrole de schiste et de gaz de schiste ont fortement concouru à baisser les déficits commerciaux avec les pays du reste du monde. Ce qui explique la fin des quantitative easing en 2014 qui est allé progressivement avec l'abaissement des cours pétroliers. Evidemment, entre plans opérés par la Réserve fédérale américaine et la réalité, il y a toute une distance difficile à réduire. Si les plans d'assouplissement quantitatifs mis en place par la Fed ont permis de sortir l'Amérique de la crise, il reste que tout n'est pas réglé. Le système reste toujours fragile et l'Amérique n'a dû sa sortie de crise que grâce à ces plans d'assouplissement monétaires. «Le mal, en réalité, n'a pas été expurgé du système financier mondial» où l'Amérique y joue un rôle central. Par conséquent, ce qui se passe en ce début d'année 2015, et surtout depuis mars 2015, qui a vu les déficits américains battre un record ? il a atteint son niveau le plus élevé depuis plus de six ans ? les importations ayant fortement augmenté surtout avec un dollar fort, ce qui devait entraîner une contraction du PIB, il était tout à fait normal aux autorités monétaires «d'appuyer sur la planche à billets» pour financer ce déficit inattendu. Et pour qu'il n'y ait pas d'inflation, il était rendu nécessaire d'augmenter les contreparties physiques traditionnelles, c'est-à-dire le léger rebond des prix du pétrole, en l'agençant avec une légère hausse de l'euro. (3) Plus d'émissions de dollars sur les marchés, plus s'apprécie l'euro. Et c'est valable pour les autres monnaies internationales. Comme on l'a dit, la réalité ne peut coïncider totalement avec les plans étasuniens, européens et japonais. Les rebonds des cours pétroliers existeront et seront nécessaires pour les pays en développement ? plus de 3 milliards d'êtres humains ? qui, en contribuant à l'absorption, stabiliseront l'économie mondiale. Sans leur absorption, sans les rebonds pétroliers même irréguliers et à leur suite les matières premières, la machine économique mondiale se gripperait. Et quand bien même la stratégie non criée sur les toits américaine et européenne chercherait à se débarrasser du moins en partie de cette épée de Damoclès qui pèse sur leurs économies. S'il convient de saluer la Fed et toutes les Banques centrales qui ont su innover aux moments les plus difficiles de la crise, force est de dire que tout n'est pas terminé. On peut même dire que tout commence aujourd'hui. Le monde n'est pas à la veille d'une crise mondiale, ou à tout autre crise. Même la crise de 1929 est dépassée et n'a plus droit de cité, elle fait partie de l'histoire du XXe siècle. Les crises d'aujourd'hui sont d'un tout autre genre. Ce sont les «crises de structure, d'architecture du monde». La nouvelle architecture du monde est en marche. Les monnaies comme les marchés financiers, les transactions internationales ne sont que des moyens, des leviers pour ainsi dire, pour faire aboutir le monde en un autre monde. Et c'est ce qui n'est pas compris, que les Banquiers centraux savent sans savoir réellement ce qu'ils croient innover. Tout ce qu'on peut dire, c'est que cette innovation est inscrite dans une économie mondiale en devenir. Dans ses gènes, faut-il dire. Il faut visiter l'Europe, l'Amérique du Nord et du Sud, la Russie, l'Asie? avec de nouveaux yeux ? un regard nouveau ?, pour comprendre que l'humanité est en mutation. «Et une économie mondiale en devenir est une humanité, une Terre en devenir.» * Auteur et chercheur spécialisé en Economie mondiale, Relations internationales et Prospective www.sens-du-monde.com Notes: 1. «Coup de frein à Wall Street, effrayé par le déficit commercial et la hausse du pétrole», AFP, 4 mai 2015. Site: http://fr.finance.yahoo.com 2. «L'Occident, le «dindon de la farce monétaire» ? L'explication par analogie avec la biologie humaine» (14e partie), par Medjdoub Hamed, le 30 avril 2015. www.lequotidien-oran.com, www.agoravox.fr, www.sens-du-monde.com, 3. «Les Etats-Unis et l'Europe cherchent-ils à imposer une austérité au monde ? Un processus de guerre monétaire en marche entre les puissances ?» (12e partie), par Medjdoub Hamed, le 8 avril 2015. www.lequotidien-oran.com, www.agoravox.fr, www.sens-du-monde.com |
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