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Internet: Déconnexions fréquentes et baisse de débit

par Mohamed Mehdi

Depuis plusieurs semaines, la connexion ADSL bat de l'aile. Les débits accordés sont loin de ceux figurant sur le contrat. Les déconnexions sont fréquentes. Il faut souvent éteindre et rallumer le modem pour... réanimer la connexion.

Officiellement: «Il n'y a rien». «On ne nous a rien signalé», répondent les opérateurs du call center, «12» ou «100», de l'opérateur. Et lorsque la baisse de débit intervient le week-end, il faut prendre son mal en patience.

Jeudi 3 février 2022, vers 14h, le débit chute terriblement. Les différents tests effectués, y compris sur un ordinateur connecté via un câble réseau, donnent un maximum de 0,77 Mb/s en download (téléchargement) et 2,6 Mb/s en upload (téléversement). Pourtant, ce n'est pas encore la période de l'examen du baccalauréat. Le plus souvent, y compris après redémarrage du modem, le débit du test affiche 1 Mb/s, puis 0,28 et 0,17 Mb/s. C'est un débit équivalent à un abonnement du vieux « 512 Kbps », alors que théoriquement le débit minimum en Algérie peut atteindre jusqu'à 10 Mo.

Ouvrir des adresses de messagerie (email) devient très difficile. Il faut parfois plus de dix minutes de tentatives (rafraichissement de la page). Même le site de l'opérateur est soumis à la même lenteur. Après plusieurs tentatives, le site www.at.dz s'ouvre enfin. On tente de signaler le dérangement. Il faut pas moins de 30 secondes pour que la page se charge... partiellement. En effet, la case « reCAPTCHA », la mesure de sécurité par «authentification par question-réponse» qu'Algérie Télécom a choisi d'intégrer dans cette démarche de signalement des dérangements (téléphone ou Internet), ne s'affiche pas tout le temps.

Il faut, là aussi, effectuer plusieurs tentatives pour que les éléments de la page s'affichent convenablement.

Mais ce n'est pas encore gagné. Une fois le formulaire rempli, un message provenant du serveur d'Algérie Télécom vous informe qu'il est « Impossible de contacter le service reCAPTCHA. Vérifiez votre connexion, puis réessayez. » Rebelote, il faut relancer de nouveau l'opération, avant de réussir au bout de la quatrième ou cinquième tentative d'envoi de la requête de dérangement. Là aussi, on n'est même pas sûr que la requête a été reçue, puisque l'email de confirmation n'arrive pas.

Un temps de latence important

Le site de l'ARPCE, l'Autorité de Régulation de la Poste et des Communications Électroniques, où il est également possible déposer une réclamation, s'ouvre difficilement lui aussi.

Il est possible d'envoyer vos résultats de tests de débit à l'ARPCE en utilisant l'application «Jawdati», lancée il y a quelque temps par le régulateur. La connexion étant mauvaise, même les tests deviennent difficiles à réaliser, car pour mesurer le débit l'application doit se connecter à un serveur.

Une fois effectués, les résultats des tests peuvent être envoyés à l'ARPCE via la même application. Ces données pourraient, probablement, servir à une évaluation de la qualité de service de la connexion ADSL.

Car, contrairement aux trois opérateurs mobiles, la connexion Internet ADSL d'Algérie Télécom n'a jamais fait l'objet, à ce jour, d'une enquête sur la qualité de service (QoS) de la part de l'ARPCE (ex-ARPT).

Cependant, la mauvaise connexion constatée jeudi, date de plusieurs semaines déjà. Depuis le 12 janvier plus exactement, où il n'était pas impossible, plusieurs fois dans la journée, d'avoir des débits de téléchargement de 0,1 Mb/s pendant une durée d'une demi-heure et plus. Mais le plus inquiétant dans ces dérangements de l'ADSL, c'est le temps de latence (ping) d'une connexion qui, depuis quelques semaines, dépasse les 250 millisecondes (ms), 565 ms, voire même 1004 ms. Vendredi, le ping d'une connexion (théorique) de 20 Mbps était de 944 ms, avec un téléchargement de 0,17 Mb/s et 2,2 Mb/s en upload.

Insuffisance des équipements ou «attaques DDoS» ?

Le défaut d'une communication transparente de la part de l'opérateur Algérie Télécom ne permet pas de connaitre les raisons « officielles » de cette importante chute de débit, signalée dans plusieurs quartiers de la capitale, et même dans d'autres grandes villes du pays.

Cependant, et selon les explications d'un spécialiste des questions du numérique, cette baisse peut avoir plusieurs causes. Celle qu'il favorise, reste le «manque d'équipements» pour canaliser la consommation de débit.

Selon notre source, l'augmentation du débit, passant à un minimum de 10 Mbps, opérée depuis plus d'un an par Algérie Télécom n'a pas arrangé les choses. «On a multiplié par 2,5 la quantité de données (en passant de 4 à 10 Mbps), mais si on garde les mêmes équipements dans les quartiers, cela provoque des congestions du réseau », dit-il. «Un haut débit (théorique) avec un fort temps de latence (ping), sans multiplier les accès, c'est-à-dire les routes par lesquelles les données transitent, c'est comme si on n'a pas fait grand chose », ajoute notre interlocuteur.

D'autres sources privilégient, pour expliquer ces baisses de débit récurrentes, les attaques par déni de service distribué, communément appelées «attaques DDoS», des serveurs d'Algérie Télécom. Selon cet avis, « c'est ce qui explique les problèmes de DNS (Système de noms de domaine) qui ralentissent l'accès aux adresses recherchées, y compris les plus communément utilisées, comme Google, Facebook, Youtube, mais aussi des sites web comme celui d'Algérie Télécom ». Comme le manque d'équipements, les attaques DDoS provoquent elles aussi des « congestions ». « C'est ce qui explique, ajoutent nos sources, que de fortes congestions se débloquent subitement et que la connexion redevient normale, suite à une intervention des techniciens des fournisseurs d'Internet », affirme-t-on.

Toutes ces « explications » ne sont que des hypothèses dans l'attente d'une communication officielle de la part de l'opérateur historique, Algérie Télécom, détenteur du monopole de la téléphonie fixe et de l'Internet ADSL en Algérie.

Un dernier test avec l'application « Jawdati », qui donne un ping de 240 ms, 0,23 Mb/s en téléchargement, et 1,57 Mb/s d'upload, montre que la panne persiste depuis plus de 24 heures.