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Quel
sens donner aux deux guerres mondiales et, entre les deux, la grande crise
économique de 1929 ? Et les guerres qui ont suivi jusqu'à la guerre aujourd'hui
en Ukraine ? Posons-nous la question sur le sens des deux guerres mondiales et
de la crise économique de 1929, au XXe siècle. De ces trois événements majeurs
dans l'histoire de l'humanité a résulté le monde d'aujourd'hui ? Ces guerres et
crise s'inscrivent-elles alors comme une «nécessité de l'Histoire» ? Si c'est
le cas, quel sens donner aux bouleversements qui ont agité le monde durant tout
le long du siècle passé ? Et encore aujourd'hui, en ce début de XXIe siècle ?
Qu'en est-il du déclin de l'Occident et de l'émergence de nouveaux pôles économiques en Asie, en Amérique du Sud et dans d'autres contrées du monde ? Leur émergence ne la doit-elle pas à l'Occident ? Le principe des vases communicants n'a-t-il pas joué dans le rattrapage du retard industriel par les pays émergents ? C'est à toutes ces questions qu'une nouvelle approche de l'Histoire politique et économique est initiée, tranchant avec les approches classiques, et l'auteur espère, à travers les développements qui vont suivre, apporter une meilleure compréhension du sens des crises et des guerres, et leur impact dans la marche du monde. Les lois de l'histoire entre « Nécessité-Finalité» et «Liberté» des hommes Pour tenter de comprendre la nature des crises et des guerres, il est important d'envisager l'évolution du monde sous l'angle de la philosophie de l'histoire. Un des grands philosophes de l'histoire, Hegel, disait : «L'esclave de l'Antiquité n'était pas une personne libre, parce qu'il n'avait pas conscience de son être-esclave». La liberté se crée en se conquérant à travers l'Histoire et «en s'incarnant» dans des constitutions politiques. «Les hommes n'ont pas à apprendre qu'ils sont libres», ils ont à gagner leur liberté. Cette thèse reprise par Marx a pris une autre ampleur. Pour lui l'inachèvement de l'Histoire est dans la libération complète de l'individu de tout ce qui l'opprime et l'empêche d'être lui-même («aliénation» de l'homme dans le monde actuel). La conscience de classe elle-même (qui est une limitation) disparaîtra dans la société communiste. L'homme vraiment libre sera le citoyen de cette cité à venir. Pour Hegel, les hommes sont «les instruments aveugles du génie de l'Histoire» ? Derrière l'apparence extérieure des événements, derrière tout ce que font les hommes, derrière tous leurs actes les plus absurdes ou les plus passionnels, se cache une raison, un Esprit, qui mène le monde vers plus de liberté, plus de rationalité. Karl Marx, dans la postface de la deuxième édition allemande, du 24 janvier 1873, écrit : «Une seule chose préoccupe Marx : trouver la loi des phénomènes qu'il étudie; non seulement la loi qui les régit sous leur forme arrêtée et dans leur liaison observable pendant une période de temps donnée. Non, ce qui lui importe, par dessus tout, c'est la loi de leur changement, de leur développement, c'est à dire la loi de leur passage d'une forme à l'autre, d'un ordre de liaison dans un autre. Une fois qu'il a découvert cette loi, il examine en détail les effets par lesquels elle se manifeste dans la vie sociale... [...] Pour cela il suffit qu'il démontre, en même temps que la nécessité de l'organisation actuelle, la nécessité d'une autre organisation dans laquelle la première doit inévitablement passer, que l'humanité y croie ou non, qu'elle en ait ou non conscience. Il envisage le mouvement social comme un enchaînement naturel de phénomènes historiques, enchaînement soumis à des lois qui, non seulement sont indépendantes de la volonté, de la conscience et des desseins de l'homme, mais qui, au contraire, déterminent sa volonté, sa conscience et ses desseins... [...] Mais, dira t on, les lois générales de la vie économique sont unes, toujours les mêmes, qu'elles s'appliquent au présent ou au passé. C'est précisément ce que Marx conteste ; pour lui ces lois abstraites n'existent pas... Dès que la vie s'est retirée d'une période de développement donnée, dès qu'elle passe d'une phase dans une autre, elle commence aussi à être régie par d'autres lois. [...] Une analyse plus approfondie des phénomènes a montré que les organismes sociaux se distinguent autant les uns des autres que les organismes animaux et végétaux. Bien plus, un seul et même phénomène obéit... à des lois absolument différentes, lorsque la structure totale de ces organismes diffère, lorsque leurs organes particuliers viennent à varier, lorsque les conditions dans lesquelles ils fonctionnent viennent à changer, etc. [...] La valeur scientifique particulière d'une telle étude, c'est de mettre en lumière les lois qui régissent la naissance, la vie, la croissance et la mort d'un organisme social donné, et son remplacement par un autre supérieur ; c'est cette valeur là que possède l'ouvrage de Marx.» L'évolution historique des organismes se fait-elle, comme le laisse entendre Karl Marx, d'une manière nécessaire par le jeu des forces économiques, qui, bien qu'elles diffèrent d'une phase à l'autre (changement de structure), «un seul et même phénomène obéit... à des lois absolument différentes» ? Mais, la loi de l'Histoire, qui est une nécessité inéluctable dans le changement de structure, n'ignore néanmoins pas la liberté de l'homme. Ces philosophies qui posent l'existence des hommes d'une loi d'évolution immanente à l'Histoire et orientent son déroulement, ne précisent pas la part de liberté des hommes pendant que l'Histoire se déroule. Comment naît cette liberté dans le développement immanent de l'Histoire ? «Que l'humanité y croie ou non, qu'elle en ait ou non conscience», force de dire que l'homme est soumis, d'un côté, une «nécessité et une finalité» qui transcende les hommes, et donc pas de liberté et, de l'autre, c'est par leur liberté que le humains agissent pour «remplacer un organisme social donné par un autre supérieur». L'antinomie est donc totale entre «déterminisme» et «liberté». Comment se résout cette contradiction qui relève à la fois de la «Nécessité-Finalité» et la «liberté» des hommes ? 1. Liberté, penser, temps et espace, le mal et le bien,des «préalables» nécessaires à l'existence humaine Au-delà de la philosophie de l'Histoire de Hegel et de Marx, on peut postuler qu'il y a des préalables simples dont on ne peut faire l'impasse et qui témoignent de l'existence humaine dans son fondement comme liberté, comme conscience et comme sens d'être. Ceux-ci nous permettent de mieux situer l'homme dans l'«Histoire». Le premier préalable, qu'est-ce que la «Liberté» ? Les philosophes ont longuement disserté sur ce sujet. Nous nous arrêterons à l'essentiel. L'homme peut-il dire qu'il est réellement libre ? Il peut dire qu'il est réellement libre mais seulement en conscience ; il a ce sentiment qu'il est libre bien que conditionné par le respect des droits et les libertés des autres. Si la «Liberté» est sentie au plus profond de soi-même, on peut dire qu'en fait, elle entre dans l'«essence» même de l'existence.Le postulat que l'homme naît libre et ensuite sa liberté se trouve limitée par l'organisation sociale ou par des conjonctures historiques (peuples colonisés, régis par des systèmes totalitaires, etc.) n'enlève rien au sentiment immanent de la liberté. En tant qu'essence de la nature humaine, la liberté, malgré les vicissitudes que traversent les hommes, est au centre de l'Histoire du monde. Pour comprendre, en raisonnant par sa négation, on s'apercevrait que, sans la «liberté», sans le «libre-arbitre» des hommes dans le pouvoir de freiner ou de coopérer, de refuser ou d'accepter, il n'y aurait tout simplement pas d'«Histoire», pas d' «humanité». Si les hommes agissaient tous dans le même sens, sans «libre-arbitre» qui est à la fois «libre de penser» et «libre d'agir», il résulterait non pas une humanité, mais une «inhumanité» ; il y aurait peu de différence entre les hommes et les animaux ; le monde serait sans sens. Précisément parce que la «Liberté existe» que l'humanité doit son existence, et l'existence à son «Histoire». La «liberté» de l'homme pour agir constitue le premier préalable pour son existence. Le déterminisme ou le fatalisme suivant lesquels tous les événements, et en particulier les actions humaines, sont liés et déterminés par la chaîne des événements antérieurs, n'enlèvent en rien à la dimension historique de la «Liberté». En effet, c'est dans la variété des croyances et de leur choix permise par la liberté de chaque peuple que l'humanité se construit et doit son humanité. L'humanité entière ne se focalise pas sur telle ou telle tendance de penser sa croyance. La pensée de l'homme est une entité libre sur laquelle aucun homme n'a le pouvoir sur elle si ce n'est l'homme qui se pense, et en pensant, il doit son existence à cette faculté libre de «penser». Précisément, c'est cette faculté de «Penser» de l'homme qui l'instruit dans sa croyance, et qui agit aussi sur sa «Liberté», et que l'on peut définir comme le deuxième préalable pour son existence. Être libre ne signifie qu'un état d'existant de l'homme en tant que venu au monde pour exister. A l'instar de la «Liberté», la «Pensée» est aussi un état d'être-venu au monde pensant. En plus, la pensée en tant qu'essence «impalpable», «immatérielle» qui existant en l'homme, une faculté absolument inconnue de l'homme mais est «connaissante», un véritable don émanant de l' «Essence». Elle donne non seulement à l'homme le sentiment d'exister mais lui permet de se mouvoir, de converser, d'agir, de se projeter dans et avec tout ce qui touche à son existence. En un mot, elle lui donne le sentiment de vivre, d'exister ; sans cette faculté de penser, l'homme ne pourrait avoir conscience de lui-même, ni se prévaloir d'être «humain» ; c'est la pensée qui le différentie des autres êtres vivants et non vivants existants. Un troisième préalable, le «Temps et l'Espace» ? Le pouvoir qu'octroie la «Liberté» aux hommes de «Penser», d'«Agir» sur leur existence, de changer leur devenir, se trouve confronté au «Temps» et à l'«Espace» sur lesquels l'homme n'a pas de prise. La liberté d'agir, de poursuivre des projets, se trouve ainsi limitée par l'essence même du «Temps». Dans «Confessions, XI, 14,17», Saint Augustin s'est engagé dans une réflexion profonde sur le temps : «Ces deux temps-là donc, le passé et le futur, comment «sont»-ils, puisque s'il s'agit du passé il n'est plus, s'il s'agit du futur il n'est pas encore ? Quant au présent, s'il était toujours présent, et ne s'en allait pas dans le passé, il ne serait plus le temps mais l'éternité... Nous ne pouvons dire en toute vérité que le temps est, sinon parce qu'il tend à ne pas être.» Précisément, l'existence suit le cours du temps, car elle tend elle aussi à ne pas être, car, au bout du temps, il y a la finitude. L'existence de l'homme dépend chaque seconde du temps qui vient à être et qui, après être présent, passe immédiatement au passé pour faire place à une autre seconde qui vient du futur, et ainsi de suite procède le Temps de l'existence. Quant à l'«Espace», quel contenu peut-on lui donner ? Est-il matériel ? Tout ce qu'on peut dire c'est que l'«Espace» est à la fois matériel et non matériel parce que l'homme le voit et voit les choses et les êtres mouvoir en lui, et immatériel parce qu'il est indéterminé, sans substance, et s'affirme en «contenant sans limite», en «repère» de l'existence, l'«Espace» est donc ce «matériel-immatériel» par lequel l'humanité, la Terre, le monde et l'immensité de l'univers, sont. Sans le «Temps» et l'«Espace», l'homme n'a pas d'existence. Le «Temps», l' «Espace», comme la «Liberté» et la «Pensée» ne sont pas atteignables par l'homme, dans le sens qu'ils sont plus sentis, plus pensés comme essence de l'existence. Ils sont ce par quoi l'homme est, ce par quoi l'homme construit son «Histoire». Vivant le Temps présent, comptabilisant le Temps passé qui ne lui appartient plus et dépendant du Temps futur qui n'est pas encore, l'homme, un point dans l' «Univers», prend une infime partie de l' «Eternité». Enfin le «Mal» et le «Bien», un quatrième préalable, sont originels et constitutifs du fait humain et social. Sans cette dualité au cœur du système humain, sans l'existence du «Mal» (qui donne sens au «Bien») et la lutte pour le «Bien» qui est l'essence même de la «volonté vraie d'exister», l'homme ne peut se déterminer dans son existence. En effet, si on enlevait le «Mal», que serait la «Vie» ? Que serait le «Bien» ? Auraient-ils une signification ? Et la mort, le mal suprême, à travers les «maladies» du corps et de l'âme contre lesquels les hommes luttent pour vivre ? Que signifierait la vie si le mal suprême venait à ne plus exister ? Sans le «Mal», il n'y aurait ni «Vie», ni «Bien» puisqu'ils perdraient leur sens, perdraient ce à quoi ils se réfèrent. Aussi peut-on dire que la liberté, le penser humain, le temps et l'espace et la dualité du «Bien» et du «Mal» sont des préalables fondateurs nécessaires pour la nature humaine dans son existence effective ; certes elles expriment, à travers la lutte du Bien contre le mal, la raison d'être des hommes, mais elles ne suffisent pas à l'inscrire dans la marche dans l'histoire. Qu'en est-il de l'antinomie que l'on a relevé dans la ««Nécessité-Finalité» et la «liberté» des hommes, à la lumière de ses préalables fondateurs de la nature humaine ? 2. L'«ordre des contingences» relevant de la Raison dans l'histoire des hommes Il est évident que l'histoire de l'humanité n'est pas chaotique ; voir son déroulement dans le temps de l'histoire montre que son développement est continu, progressif et rationnel ; qu'il existe une raison dans l'histoire. Évidemment, cette raison dans l'histoire dont parle le philosophe allemand G. W. F. Hegel, est réelle ; elle joue un rôle central dans la marche de l'histoire ; sauf qu'elle est très peu perceptible pour les humains. Cette raison agit en fait dans l'orientation même de l'action des hommes, et c'est, à leur insu, qu'elle change ou dépasse l'histoire conformément au principe de «Nécessité-Finalité» qui transcende les hommes. Comment comprendre cette transcendance qui oriente l'humanité, à l'insu des hommes ? Pour avoir une idée de cette «raison dans l'histoire», prenons une situation réelle vécue par les hommes. Il arrive souvent qu'un homme prenne un ascendant sur un homme, un peuple sur un autre peuple. N'a-t-il pas existé le commerce d'esclaves en Afrique, les siècles passés ? Les déportations massives de Noirs africains dans le Nouveau Monde ? La colonisation opérée par les puissances européennes, n'a-t-elle pas été une occupation indue de territoires et réduit des populations à l'état de populations sujettes, de non-droit par la force ? L'après-colonisation depuis la fin des années 1940 jusqu'au milieu de la deuxième moitié du XXe siècle, n'a-t-elle pas instauré, dans la plupart des nouveaux Etats des régimes politiques autoritaires (dictatures militaires et monarchies totalitaires) et cela entre dans la dynamique de la décolonisation pour renforcer les jeunes nouveaux États. Ce qui nous fait dire que les «préalables fondateurs» de la nature humaine sont insuffisants pour «protéger» les hommes et les peuples des puissances étrangères ou des régimes politiques dictatoriaux. Si les peuples colonisés, réduits à l'état d'indigènes, se sont vu imposés des iniquités politiques révoltantes (travaux forcés, impôt par capitation, cultures obligataires, corvées, etc.), l'aspiration à la libération est restée une constante en eux. Dans les pays décolonisés, l'appropriation du pouvoir par des dirigeants qui entendent se maintenir aux leviers de commande et ont transformé l'Etat en instrument d'oppression utilisé à leur profit personnel sera toujours confrontée à l'opposition populaire. Dans les deux cas, il y aura une situation de rejet latent qui, si la conjoncture le favorise, précipite le conflit entre dominants et dominés. Cependant, ce «vivre» des hommes au sein des cités et des Etats dans une situation de latence désespérée des peuples ne peut relever seulement des quatre essences mentionnées supra. L'essence de l'homme étant originellement déterminée par ces principes, l'ascendant d'un homme sur un homme, ou d'une nation sur une nation, est une façon d'être normale dans l'Histoire. Mais cette façon d'être de l'homme et des peuples est évolutive. Car si l'Histoire était figée, on aurait alors des hommes et des peuples qui auraient un ascendant à l'infini sur d'autres hommes et d'autres peuples. Une situation figée serait contraire au sens même de l'existence. D'autant plus que les hommes ou les peuples qui auraient l'ascendant sur des hommes ou des peuples ne l'ont pas eu par eux-mêmes mais aux «circonstances historiques» qui ont favorisé leur ascendance et les ont placés au-dessus des autres. Pour comprendre, prenons deux êtres. Un est né vigoureux et fort, un autre est né chétif. Ou encore, un est né avec une intelligence qui dépasse la moyenne, un autre, avec une intelligence à peine moyenne. Dans les deux cas, les deux êtres n'y sont pour rien dans leurs facultés héritées, ils le doivent à leurs naissances qui sont «contingentes». La «contingence» n'est pas comme on le croit contraire à la «Nécessité», puisque l'«étant» hérité est venu s'inscrire sur la «Nécessité» dotant le premier d'une faculté et le second d'une autre faculté. Ce qui nous amène à dire que l'ascendance d'un homme sur un homme, ou d'un peuple sur un peuple, le doive aux «contingences». On comprend dès lors que l'esclavage et la colonisation le doivent à l'«étant», lui-même relevant de l'ordre des «étant-s» ou des «contingences». Si l'exemple des deux êtres nous dit que l'homme n'a rien à voir «à ce qui est donné» puisqu'il le subit par la naissance, il en va de même pour l'ascendance des hommes et des peuples. Si, par exemple, les pays de l'Afrique noire étaient des nations suffisamment avancées, ni l'esclavage ni la colonisation n'aurait existé. Mais ces pays d'Afrique ne l'étaient pas alors que les pays européens l'étaient, ce qui a permis la pénétration coloniale européenne. Tout relève donc de l'«étant d'un macrocosme», comme il relève aujourd'hui d'un «autre étant du macrocosme». Comme s'explique aussi pourquoi des territoires en Europe sont restés des siècles sous domination musulmane (Espagne, Sicile, Corse...). Comme les Celtes et autres races indo-européennes qui ont peuplé l'Europe, il y a plus d'un millénaire. Une date encore plus récente, les États-Unis, un pays neuf qui a moins de trois-cents ans, peuplés par une mosaïque de races, sont devenus la première puissance du monde. Le monde ainsi est constitué d'un successif d'«Etant-s», relevant d'un «ordre de contingences» qui ne dépend que de l'«Essence» et dont les êtres humains tirent à la fois leur «essence» et leur «destinée». Il apparaît alors que l'«ordre des contingences», relevant de la Raison (avec un R majuscule) dans l'histoire constitue non seulement un cinquième «préalable» dans l'existence des hommes et des peuples, mais l'« essence» fondatrice de l'histoire du monde. La Raison dans l'histoire en tant qu'essence de la marche du monde n'est pas étrangère aux préalables fondateurs de la nature humaine ; elle constitue la dynamique de ce tout humain dans l'histoire. Les impasses dans les guerres 1914-1918 et 1939-1945, résolues par la marche inexorable de l'histoire Ces principes fondateurs de l'essence de la nature humaine présentés, il faut maintenant tenter de comprendre la marche du monde. Partons de l'événement le plus marquant du XXe siècle, le premier conflit mondial 1914-1918 qui a précipité l'histoire et donner un nouveau sens au monde. Cet événement majeur de l'histoire moderne, avec l'analyse qui va suivre, va montrer que l'Histoire de l'humanité n'est pas «contingente», dans le sens «accidentelle», «fortuite», mais «contingente» dans le sens que le mouvement de l'Histoire de l'humanité relève d'un «ordre logique et cohérent» ; qu'en plus des «préalables fondateurs» de la nature humaine, l'ordre de contingence reste le «levier moteur, le levier central» de la marche de l'Histoire. Les puissances européennes, en se déclarant la guerre en 1914, ne se sont pas représentées les conséquences qu'elles allaient provoquer sur leurs peuples et sur les autres peuples du monde. Une longue guerre extrêmement épuisante, meurtrière, à laquelle ont été associés les peuples colonisés, s'est révélé une véritable hécatombe pour le monde. En 1917, toutes les nations étaient guerre, 17 millions d'hommes avaient été mis hors de combat dont un tiers de morts, après trois années seulement de guerre. Rien ne présageait que la mort de l'archiduc François-Ferdinand, l'héritier du trône de Vienne, le 28 juin 1914, suite à un attentat terroriste serbe, allait embraser l'Europe et étendre la guerre au monde, avec des dizaines de millions de morts et de blessés. Comme en 2001, rien ne présageait que l'attentat du 11 septembre contre le World Trade Center, à New York, allait amener les Etats-Unis et l'Europe (OTAN), à entrer en guerre en Asie centrale. Et entraîner des réactions en chaînes dont les enjeux qui restent toujours pendants ont fait éclater à leur suite la guerre en Ukraine. En réalité, l'attentat terroriste en 1914 n'était qu'un prétexte pour les puissances occidentales pour déclencher la guerre. Toutes les puissances européennes s'y préparaient et y voyait dans la conjoncture une possibilité pour tirer des avantages territoriaux et politiques. La prise de possession du monde a entraîné fatalement une compétition entre les puissances coloniales. L'exaspération nationaliste, le défaitisme ignoré, tout souriait aux puissances européennes, maîtresses du monde. Chaque peuple en Europe transposait l'enthousiasme de la domination, qu'il avait sur les peuples des autres continents, sur les peuples européens voisins, perdant de vue que la guerre dans les colonies étaient inégale alors qu'entre les puissances européennes, le rapport de forces était en équilibre. Plus de quatre années de guerre avec l'entrée des États-Unis au côté des Alliés dans le conflit ont eu pour conséquence l'élimination de 20 millions d'êtres humains, et autant sinon plus de blessés. Pour quel résultat ? Des puissances ruinées par la guerre, une Allemagne humiliée et s'apprête deux décennies après à prendre sa revanche. Des empires démantelés (d'Allemagne, d'Autriche-Hongrie et d'Ottoman) et enfin le réveil des peuples coloniaux qui a sonné avec l'affaissement des puissances coloniales. En 1919, le monde a changé, il n'était plus comme avant. Posons-nous cette question : «Pourquoi les États-Unis déclarent la guerre à l'Allemagne, le 6 avril 1917 ? Il faut rappeler que, dès 1916, des tractations de paix, vu la lassitude des troupes, des politiques et des généraux, ont commencé de manière déclarée ou secrète, même le pape a offert ses services ; ces tentatives de paix n'ont pas abouti, comme aujourd'hui, dans la guerre en Ukraine, «l'impasse est totale» tant les positions de chaque camp sont éloignées ? les États-Unis, l'Europe et l'Ukraine veulent la victoire, la Russie veut l'annexion des quatre régions (Lougansk, Donetsk, Kherson et Zaporijjia) comme base pour les négociations de paix. Même situation à la fin de l'année, en 1916. Les historiens occidentaux avancent que les Américains ont intercepté un télégramme secret faisant état d'une proposition de l'Allemagne pour une alliance avec le Mexique contre les États-Unis, annonçant leur intention de reprendre la guerre sous-marine pour réduire l'approvisionnement de leurs alliés en Europe et les aider à reconquérir les provinces perdues (Texas, Arizona et Nouveau-Mexique). C'est ce télégramme rendu public qui fait basculer l'opinion américaine, et permettre aux États-Unis d'entrer en guerre contre l'Allemagne. Il est évident que l'argument de l'Alliance proposée par l'Allemagne le Mexique pour l'opinion publique, mais il ne reste que dans l'apparat, on ne peut croire que l'Amérique s'est engagée dans le conflit par un télégramme qui reste tout au plus un télégramme. La raison véritable, en réalité, vient d'un événement majeur qui a surpris l'Occident, et qui n'était pas attendu du tout. Cet événement est venu de la Russie, c'est la révolution russe qui a éclaté, entre février et mars 1917 ; non seulement elle a surpris l'Occident en changeant les rapports de forces, l'Allemagne se libérant du front Est, mais la chute de la monarchie et la formation d'un gouvernement révolutionnaire ont beaucoup dans l'intervention des États-Unis au côté de leurs alliés. En clair, les États-Unis, un mois après la révolution russe, entre en guerre contre l'Allemagne. Que peut-on dire ? Que l'impasse dans la guerre était manifeste entre les Empires français, anglais et russe (ce dernier a fait défection par force majeure) et les Empires centraux. La révolution russe qui est entrée dans le conflit mondial relève de l'«ordre des contingences» de la marche du monde. C'est cette lassitude de la guerre en Russie, l'extrême misère du peuple russe et aussi la politisation de la masse ouvrière et paysanne qui ont libéré les forces vives de la nation et ont mis fin au système politique tsariste qui ne pouvait plus fonctionner comme auparavant. Et c'est en fait la marche inexorable de l'histoire qui a eu raison de la monarchie russe et en même temps a transformé la guerre, devenue mondiale. Sans la révolution russe, les États-Unis très probablement ne seraient pas entrés en guerre, et par leurs aides massives, l'Allemagne n'aurait pas repris la guerre sous-marine pour bloquer l'approvisionnement de ses alliés, la guerre d'usure qui aurait continué se serait terminée par l'usure même des forces en guerre. Comme ce qui s'est passé en Afghanistan ; après vingt ans de guerre, les États-Unis et l'OTAN ont compris que la guerre qu'il mène n'a plus de sens; on comprend leur retrait en catastrophe ; il fallait y mettre un terme. De la même façon, entre les Empires de l'Ouest et les Empires centraux, sauf que la guerre devait devenir mondiale en 1917, la Première Guerre mondiale entrait dans le principe de «Nécessité-finalité» qui transcende les hommes. En effet, la victoire des alliés sur l'Allemagne en 1918 n'était qu'une première victoire ; que tout n'allait pas se résoudre comme ont voulu les nations européennes victorieuses. Que le processus de guerre n'est pas terminé en Europe. Mais déjà quatre empires coloniaux se sont écroulés, soit démembrés et partagés soit les pays sous tutelle, essentiellement dans les Balkans, regagnant leurs indépendances. Qu'en est-il de la Deuxième Guerre mondiale ? Toujours le même processus avec des événements qui diffèrent, certes, mais cependant relevant toujours de la même marche de l'histoire, et selon le même timing qui n'est ni pris ni pensé ni ne pourra être pris ou pensé par les hommes. Très brièvement, donnons les principaux éléments de réponse. La guerre éclate en 1939, l'Allemagne occupe une grande partie de l'Europe, en 1939 et 1940. Le 22 juin 1941, Hitler ordonne à l'armée allemande (Wehrmacht) d'attaquer l'Union soviétique. L'invasion de l'URSS connue sous le nom d'opération Barbarossa signera en fait la mort d'Hitler moins de quatre années plus tard. Six mois après, le Japon procède de même, une attaque surprise par les forces aéronavales, le 7 décembre 1941, contre une base navale américaine de Pearl Harbour située sur l'île d'Oahu, dans le territoire américain d'Hawaï. Nous avons là deux événements imprévus et imprévisibles identiques mais sous une autre forme à ce qui s'est passé lors de l'impasse en 1916-1917 durant la Première Guerre mondiale. Le premier la révolution russe de 1917 s'est changée en une attaque surprise de l'Union soviétique par l'Allemagne en 1941, et là aussi, suivie de l'entrée en guerre des États-Unis au côté des alliés, suite à la révolution russe en 1917, sauf que l'événement est changé par l'attaque-surprise japonaise à Pearl Harbour. La question se pose néanmoins : «Pourquoi l'attaque-surprise ordonnée par Hitler contre l'URSS ?» Est-ce qu'elle a été longtemps préméditée ? Ou est-elle venue dans le feu de la guerre ? Pour cela, il faut regarder le contexte de la guerre et l'intelligence d'Hitler, c'est-à-dire comme il raisonne le Führer de l'Allemagne, croyait assumer la mission de sauveur de l'Allemagne, alors que tout se jouait dans sa tête. Précisément, l'armée allemande occupant pratiquement toute l'Europe de l'Ouest, mais mise en échec par l'Angleterre qui, malgré les bombardements, a tenu tête à l'Allemagne ; l'esprit malade d'Hitler dans sa mission messianique, d'abord grisé par les victoires entre 1939 et 1940, s'est retrouvé dans l'impasse avec le Royaume-Uni qui continuait le combat contre les forces allemandes ; il lui fallait absolument trouver l'issue pour éviter une guerre d'usure qui est négative à terme pour l'Allemagne. Dès 1940, pour donner le change, il ordonna en secret la préparation de l'invasion de l'Union soviétique. C'est ainsi que son aura messianique de chef absolu de l'Allemagne est préservée, les généraux malgré qu'ils l'informèrent du danger d'ouvrir un second front à l'Est comporte des risques, et ce, à la lumière de ce qui s'est passé lors du Premier Conflit mondial ; mais le Führer a dit, ce sont les ordres du Sauveur, et il faut exécuter. En réalité, ce qui s'est passé relève de la Raison du monde qui gouverne le monde, qui a créé le monde, c'est-à-dire Dieu, la Raison qu'Hegel a énoncé relève de l'Esprit du monde ; Hegel a compris que l'être humain n'est humain que parce qu'il est créé humain, et qu'il est suivi dans ses moindres gestes par le Concepteur de l'Ordre de création, de qui relève l'Ordre des contingences. Et Hitler, dans son aveuglement de Sauveur, devait ouvrir un front à l'Est pour «sauver sa mise d'homme providentiel», alors qu'il était un instrument relevant du principe de la «Nécessité-finalité». D'ailleurs même la théorie de la race aryenne prônée par le régime nazi, et bien entendu par Hitler, relève de la bêtise humaine. Que signifie «aryen», un mot en fait creux qui ne signifie rien sinon ce que veulent y mettre les hommes dans ce mot creux. La plus belle race au monde, la race supérieure sur les autres races, alors que si le Créateur avait voulu, il nous aurait donné une taille et une forme de singe comme l'ont montré les cinéastes dans la «planète des singes». Quant à la couleur de la peau, la race blanche, noire ou jaune ne relève que de la fréquence que décodent les cellules nerveuses rétiniennes, les races humaines auraient pu être violettes, rouge ou orange, les yeux humains n'auraient vu que ces couleurs de la peau, qui néanmoins permettraient des différences entre communautés humaines. Mais qui va comprendre que les êtres humains ne sont rien sur la Terre si ce n'est Dieu qui les a créés marchant debout, pensant et agissant. D'autre part, ils naissent, vivent un temps puis disparaissent, reviennent à leur origine, c'est-à-dire la terre, et leurs âmes vers le Créateur. Seule une infime partie de l'humanité est «éclairée». L'attaque-surprise japonaise de Pearl Harbour a joué comme pour les États-Unis, en 1917 ; il y avait nécessité de sortir de l'impasse aussi en Asie, et cette Asie a un lien direct avec l'impasse en Europe et l'occupation allemande d'une grande partie de l'Europe, à l'Est et à l'Ouest. Les États-Unis devaient entrer en guerre contre le Japon et l'Allemagne ; l'attaque-surprise n'était en fait qu'un élément nécessaire dans le puzzle mondial que «montait» en fait la Raison du monde. L'objectif était de diminuer la pression de guerre sur l'Europe et le monde, c'est ainsi que progressivement les forces allemandes ont commencé à reculer, les forces du bien contre les forces du mal peut-on voir dans cette Deuxième Guerre mondiale. A voir seulement le siège de Saint Petersburg (anciennement appelé Leningrad) qui a duré 900 jours entre le 8 septembre 1941 et le 27 janvier 1944, sur ordre de Hitler et qui a fait 700.000 victimes civiles, mortes par la faim. L'auteur a eu la chance de visiter à Leningrad la ligne de front entre les forces allemandes et les forces soviétiques ; les pieux en béton érigés sur la ligne de front, par l'armée russe, étaient incontestablement un rempart infranchissable pour les panzers allemands (chars d'assaut). Et 900 jours presque trois années, c'est dire non seulement l'aveuglement d'Hitler, mais aussi l'inanité, la bêtise d'une conscience humaine. En fait, l'Ordre venait de la Raison du monde. Enfin, on peut se demander pourquoi cette Guerre mondiale, une Deuxième Guerre mondiale qui a suivi la Première, a vingt ans d'intervalle ? Il doit y avoir un sens, on ne peut croire que la Raison du monde a laissé les êtres humains s'entretuer sans qu'il y ait un sens, d'autant plus qu'elle leur a dévoilé la bombe absolue à l'été 1945, avec deux expériences sur nature, deux villes japonaises ont été rasées, en quelques secondes, par deux bombes A (à fission nucléaire). Et depuis les grandes puissances se sont assagies, plus de guerres ; une troisième guerre mondiale menée frontalement et vite pourrait durer que quelques heures et c'est la fin de leurs puissances. 3. Expansion d'une communauté sur d'autres communautés et recul inexorable, déclin, nécessaire dans la marche du monde Aussi peut-on dire que l'histoire de l'humanité est rationnelle, toujours en progrès, sauf qu'une grande partie des élites qui dirigent le monde ne comprennent pas, et tout compte fait, ce n'est pas de leur faute, le monde est ainsi créé. En revenant à la question pourquoi les deux guerres mondiales, la réponse est donnée par ce qui a surgi après la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Un continent entier, l'Afrique, s'est libéré de la tutelle impériale européenne, et cela a commencé par l'Asie, où l'Inde, un des deux pays avec la Chine les plus peuplés du monde, accède avec le Pakistan à l'indépendance. En clair, ce sont deux tiers de l'humanité qui sont sortis du «servage colonial», à l'image du servage qui a prévalu en Europe ? le servage en Russie n'a abolie qu'en 1861. Que peut-on dire, en conclusion, sur les guerres et les crises ? Ce qui nous apparait, par ce qui s'est passé et se passe encore, c'est que les guerres et les crises, par leur «essence», sont absolument «nécessaires», ils «finalisent pas à pas» la marche du monde. D'autre part, si les «contingences» ont permis l'expansion des puissances européennes sur le monde, c'est parce que cela entrait dans la marche du monde, comme ce qui s'est passé antérieurement avec le monde arabe, le monde mongol... Cependant, s'il y a expansion, il y a le recul inexorable, le déclin, qui n'est pas tracé par les hommes mais par la marche inexorable de l'histoire. Et tous ces événements se sont opérés avec de terribles souffrances, mais malheureusement c'est le tribut des guerres, le tribut du progrès dans l'histoire. Comme aujourd'hui les guerres dans le monde arabo-musulman, dont l'enjeu a reposé essentiellement sur la mainmise des grands gisements de pétrole de cette région centrale du monde, que toutes les puissances convoitent. Ou encore, aujourd'hui, la guerre en Ukraine qui divise l'Occident et la Russie ; dans cette guerre se joue aussi le futur rapport des forces entre l'Est et l'Ouest, et l'équilibre de puissance dans le monde. Qu'en sera-t-il demain ? L'auteur tentera dans une prochaine analyse d'apporter un éclairage, une réponse à la lumière de ce qui s'est passé antérieurement. *Chercheur spécialisé en Economie mondiale, relations internationales et Prospective |