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Promouvoir l'éthique et la
déontologie peut ouvrir la voie de l'excellence à l'université. Le cas de
Tlemcen est pris en exemple considérant que cette université a atteint un degré
élevé de maturité en un laps de temps relativement court. En termes d'effectifs
(étudiants, enseignants, personnels administratifs), d'infrastructures
(enseignement, recherche, administration) et de services mis à la disposition
des étudiants (hébergement, culture, sport), on peut dire que l'université de
Tlemcen jouit de conditions favorables pour constituer un pôle d'excellence. Le
principal défi à relever aujourd'hui est d'améliorer la qualité des
performances pour répondre aux normes internationales. Peut-on nourrir
l'excellence à l'université de Tlemcen en promouvant l'éthique et la
déontologie ? C'est la question à laquelle l'auteur essaie de trouver une
réponse dans cette contribution.
Cette contribution est dédiée à la mémoire du professeur Boufeldja Tabti qui nous a quittés en juillet 2021. Il était membre actif du conseil d'éthique et de déontologie de l'université de Tlemcen. Nous étions pendant plusieurs années les deux représentants de la faculté des sciences dans ce conseil. Contexte historique L'enseignement supérieur à Tlemcen a connu un démarrage plutôt difficile, à l'image d'autres grandes villes comme Oran et Constantine, une décennie auparavant. Au lendemain de l'indépendance, la situation laissée par le colonialisme n'était pas reluisante et les responsables devaient faire face à des besoins énormes dans tous les domaines, celui de l'enseignement supérieur en particulier. Les moyens disponibles tant en ressources humaines qu'en infrastructures étaient dérisoires par rapport aux besoins. L'université d'Alger-centre était l'unique université dans le pays avec peu d'étudiants algériens. Quelques écoles, certes prestigieuses, existaient déjà comme Polytechnique et l'Ecole d'agriculture d'El Harrach, l'Ecole normale de Bouzaréa, mais là encore, il y avait un tout petit nombre d'étudiants algériens. Cette situation a contraint les responsables à prendre des mesures urgentes pour combler le déficit à travers des politiques volontaristes et des objectifs à court terme montrant parfois des incohérences. Il est indéniable que tous les gouvernements qui se sont succédé, depuis l'indépendance à ce jour, ont donné la primauté à la formation à tous les niveaux (primaire, secondaire, supérieur) en allouant de gros budgets de fonctionnement, d'équipement et pour la mise en place d'infrastructures de toutes sortes. En parallèle, des réformes importantes étaient introduites pour suivre les tendances dans le monde et répondre aux normes internationales, mais sans préparation suffisante pour garantir leur succès. Les politiques d'arabisation, d'algérianisation et de coopération tous azimuts notamment avec l'Europe, le bloc de l'Est (Union soviétique, Allemagne de l'Est, Pologne, Tchécoslovaquie, Roumanie, etc.) et le monde arabe n'ont pas permis d'améliorer la qualité de la formation et la mettre aux normes internationales. Au cours des années 80, les étudiants titulaires d'un diplôme d'ingénieur avaient été autorisés à exercer en tant que maîtres assistants et en même temps encouragés à s'inscrire en post-graduation pour acquérir un magister en trois ans suivi d'un doctorat d'Etat en cinq ans. Ce programme de formation avait manqué de vision à long terme, il n'était pas accompagné d'actions appropriées pour valoriser les investissements engagés et exploiter la compétence des personnes formées en Algérie et à l'étranger, possédant parfois de hautes qualifications. Deux conséquences avaient résulté de cette absence de stratégie. Tout d'abord, beaucoup d'étudiants qui avaient bénéficié d'un soutien du gouvernement pour compléter leurs études à l'étranger, surtout en Europe ou aux États-Unis, n'étaient pas retournés au pays. Ensuite, la qualité de la formation dans les institutions nationales était souvent inférieure aux normes internationales. L'insuffisance des équipements disponibles dans les laboratoires ne permettait pas de dispenser une formation pratique adéquate. Le recrutement massif de jeunes ingénieurs souvent inexpérimentés avait eu un impact négatif sur le niveau de la formation universitaire. Cette dynamique parfois accélérée pour faire face aux défis du moment avait manqué de vision à long terme et donc de cohérence et d'efficacité. Cependant, tout n'était pas aussi négatif, en comparant la situation du pays en 2023 et celle qui prévalait au lendemain de l'indépendance, on peut conclure qu'au plan quantitatif, les politiques adoptées en soixante années ont donné lieu à des résultats quantitatifs probants. Le grand défi maintenant est de concevoir autrement la politique de formation en développant une stratégie à long terme axée sur la qualité à tous les niveaux (pédagogie, recherche, gouvernance). L'enseignement supérieur à Tlemcen est passé d'un petit centre en 1977 à une grande université en 2023 En octobre 2023, l'enseignement supérieur à Tlemcen complétera quarante neuf ans d'existence alors que l'Algérie aura célébré en juillet de la même année le 61ème anniversaire de l'indépendance. En un temps relativement court, l'enseignement supérieur est passé d'un tout petit centre avec moins de deux cents étudiants en premier cycle, sans infrastructures, à une grande université comptant huit facultés qui couvrent pratiquement toutes les disciplines, près de quarante six mille étudiants, environ mille trois cents enseignants et soixante-dix-neuf laboratoires de recherche. Cette évolution est passée par une série de changements, de réformes et de programmes de développement qui peuvent être résumés selon trois grandes étapes. Pendant la période de démarrage (1974-1984), l'enseignement supérieur existait sous forme d'un centre connu sous l'acronyme CUT pour ?Centre universitaire de Tlemcen', selon le même scénario adopté près d'une décennie auparavant à Oran et Constantine. Le CUT avait alors connu une croissance régulière avec très peu de moyens en s'appuyant sur l'aide d'Oran. Lors de la période qui avait suivi, de 1984 à 2000, les choses ne s'étaient pas beaucoup améliorées et la situation était encore plus difficile surtout à cause des événements des années 90 qui avaient eu un impact considérable sur l'enseignement supérieur dans tout le pays. Un grand nombre d'enseignants universitaires avaient dû s'exiler et les échanges avec l'étranger étaient pratiquement réduits à néant. Au milieu des années 80, le ministère avait lancé une nouvelle carte des universités dans laquelle certains départements étaient érigés en instituts nationaux. C'était le cas du département des sciences exactes de Tlemcen qui était devenu Institut national d'hydraulique, une décision maladroite qui avait généré d'énormes difficultés et des conditions déstabilisantes pour une grande partie de la communauté universitaire. Le département des sciences exactes représentait, à cette époque, le noyau de la future université. Malgré ce changement de statut et pendant un certain temps, ce département avait continué à fonctionner sans changement dans toutes ses activités (administration, enseignement, recherche) si ce n'était son statut officiel d'institut d'hydraulique dédié à la formation d'ingénieurs. La carte universitaire était finalement abandonnée reflétant l'absence d'une vision à long terme. La période 2000-2022 avait été d'abord marquée par un programme de construction d'infrastructures de toutes sortes (administration, pédagogie, recherche). Le ministère avait tenté d'organiser la recherche scientifique à travers deux lois, deux plans quinquennaux et en élevant la direction de la recherche scientifique et du développement technologique au rang de Direction générale avec des moyens renforcés. Des agences thématiques étaient chargées de gérer les trente deux programmes nationaux de la recherche arrêtés prioritairement par le gouvernement et activés par des laboratoires de recherche jouissant d'une autonomie financière. L'accent était mis sur la recherche utile reposant sur une forte collaboration avec le secteur socioéconomique et sur l'implication directe de l'université dans l'effort de développement du pays. Il est clair que les objectifs fixés n'étaient pas atteints mais on peut dire que cette première tentative d'orienter la recherche scientifique avait été un déclic en suscitant un grand intérêt parmi les chercheurs. L'université fait actuellement face à de nombreux défis pour se mettre au diapason des avancées scientifiques et répondre aux attentes de la société. Il y a bien sûr ce problème récurrent des obstacles qui entravent le partenariat entre l'université et le secteur socioéconomique, mais il n'est pas le seul. D'autres défis existent nécessitant une stratégie globale à plus ou moins long terme et dans laquelle les valeurs de l'éthique et de la déontologie doivent occuper une place privilégiée. Il est nécessaire d'incruster ces valeurs dans la stratégie de la formation, en général, et dans celle de l'enseignement supérieur, en particulier. Cette contribution présente un point de vue sur la façon de nourrir l'excellence à l'université en promouvant ces valeurs, prenant Tlemcen pour exemple. Comment nourrir l'excellence à travers une stratégie axée sur l'éthique et la déontologie ? La problématique de l'éthique et de la déontologie touche les différentes composantes de la famille universitaire (étudiants, enseignants, personnels administratifs) et couvre un large éventail de cas à des degrés de gravité variables. Elle englobe des actes de natures différentes comme le plagiat, la fraude, la violence et divers types de comportements inappropriés. Le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique intervient, dans cette problématique, à travers le Conseil de l'éthique et de la déontologie de la profession universitaire (CEDU) sachant que chaque université a son propre conseil. Dans le cas de Tlemcen, ce conseil est connu sous l'acronyme CEDUT et est constitué de seize membres, deux pour chaque faculté (sciences, technologie, sciences de la vie et de la terre, médecine, lettres et langues étrangères, économie, droit, sciences sociales et humaines; http:/www./cedut.univ.tlemcn.dz). La charte élaborée par le CEDU rappelle que les membres de la famille universitaire doivent contribuer, par leur comportement, à la promotion des valeurs morales et garantir une formation de haut niveau. Les vertus éthiques telles que l'honnêteté et l'intégrité sont à la base de la construction d'une institution forte cultivant l'excellence dans les activités pédagogiques, de recherche et de gouvernance. La qualité de la relation enseignant-étudiant est fondamentale, elle doit être basée sur le respect mutuel et une bonne approche de la communication. L'administration est tenue d'apporter le soutien nécessaire (matériel et organisation) tant aux enseignants qu'aux étudiants. Elle doit établir une politique claire dans l'organisation des activités prévues dans ses attributions. La bonne volonté et les efforts durables de tous baliseront la voie de l'excellence, en soulignant que les actes relevant de la mauvaise conduite, la malhonnêteté ou la tricherie de la part de tout membre de la communauté sont préjudiciables à l'institution dans son ensemble. Il est du devoir de chacun de s'y opposer avec l'obligation morale de signaler tout comportement répréhensible. Des garanties juridiques doivent être fournies pour protéger ceux qui, de bonne foi, essaient de promouvoir un haut degré de moralité au sein de l'institution et donc l'excellence. L'instrument clé pour promouvoir l'éthique et relever le défi de l'excellence à l'université de Tlemcen est le CEDUT, à condition d'obtenir la confiance et l'adhésion de toutes les composantes de la communauté universitaire. Une stratégie efficace doit être élaborée dans ce domaine en s'inspirant des universités de haut niveau dans le monde telles que Harvard et Cambridge. Certes, certains aspects et règles déontologiques sont universels mais la manière de promouvoir ces règles doit tenir compte de la spécificité de chaque université, englobant les contextes historiques, culturels, les priorités selon les moyens disponibles et l'urgence des cas à traiter. Harvard a un label à défendre car, détenir un diplôme de cette université ouvre la voie d'accès à une variété d'opportunités d'emploi, de financement de projets de recherche et une position de leader parmi les institutions internationales et les grandes entreprises. Des exemples de Harvard et de Cambridge sont cités ici pour souligner le fait que l'excellence à l'université de Tlemcen pourrait être encouragée par la promotion de l'éthique. Un rapide coup d'œil sur le site web de Harvard révèle beaucoup d'informations sur l'éthique en relation directe avec l'excellence dans la recherche et la formation. Le besoin d'une éthique pratique et professionnelle est devenu évident afin d'enseigner aux étudiants comment faire face à ces questions délicates dans leur future carrière. Le site web de l'université de Cambridge est également riche en informations sur l'éthique montrant son engagement dans l'intégrité et la qualité de la recherche. Il est clairement indiqué que l'excellence peut être encouragée par la promotion de l'éthique. D'un autre côté, les sites web de certaines universités en Algérie, comme, par exemple, Alger, Oran, Constantine, Msila ou Tlemcen, montrent que l'on est loin de considérer l'éthique comme un enjeu majeur. Il est regrettable que même les efforts réels déployés pour promouvoir l'éthique dans les universités algériennes ne soient pas suffisamment rapportés, ce qui peut être vu de l'extérieur comme un manque d'intérêt. Une vision stratégique à l'horizon 2030 Bien que l'éthique soit devenue un sujet de préoccupation il y a plus de quinze ans, depuis la publication au Journal officiel des règles de déontologie dans les universités algériennes, aucun progrès notable n'a été réalisé en la matière pour renforcer l'impact de l'éthique dans l'enseignement supérieur et la recherche scientifique sauf quelques actions éparses. Jusqu'à présent, la stratégie du ministère n'est pas encore suffisamment claire malgré les efforts déployés ponctuellement pour faire face à certains aspects particuliers comme le plagiat. La priorité est donnée à la gestion quotidienne des affaires et au maintien de la stabilité avec le nombre croissant d'étudiants et les situations exceptionnelles telles que la crise sanitaire provoquée par la pandémie Covid-19. Dans ces conditions, la problématique s'exacerbe et peut entraîner des dommages importants. Il est donc urgent de clarifier notre stratégie en la matière. Nous pouvons procéder par étapes et fixer des objectifs à long terme pour atteindre le point de tolérance zéro en matière de conduite éthique exemplaire. La première étape devrait souligner le rôle de la communication et la sensibilisation de la communauté universitaire sur la nécessité d'accorder à l'éthique une place privilégiée, développer les sentiments de responsabilité, de solidarité et d'appartenance à une même institution. Un mécanisme doit être conçu pour permettre à ceux qui commettent des erreurs, souvent par ignorance, de se remettre en cause, leur laisser la possibilité de corriger leurs fautes et revenir sur le droit chemin avant de passer aux mesures disciplinaires. Il est nécessaire de rappeler fermement à ceux qui persévèrent intentionnellement les conséquences de leurs actes répréhensibles et les sanctions imminentes si aucun progrès n'est constaté. Il est recommandé de concevoir une stratégie après une campagne de sensibilisation qui couvre l'ensemble de la communauté: étudiants, enseignants et personnel administratif des huit facultés. Le CEDUT doit jouer le rôle majeur dans cette campagne avec un site web contenant toutes les informations utiles. La charte de l'éthique et de la déontologie, les textes officiels liés à cette problématique, le compte rendu des réunions font partie de cette campagne. Tout membre de l'institution doit pouvoir contacter le comité pour des questions spécifiques ou des renseignements sur des sujets liés à l'éthique. Cette stratégie peut commencer par le pardon et se terminer par la tolérance zéro à l'horizon 2030. Il est suggéré de commencer par une campagne massive pour faire prendre conscience, à l'ensemble de la communauté universitaire, de l'importance des valeurs de l'éthique et de la déontologie en milieu académique. L'objectif principal qui doit être partagé par tous, est de favoriser l'excellence au sein de l'université. Par conséquent, une pleine adhésion doit être atteinte sur l'idée que ceux qui s'écartent intentionnellement de ces voies doivent faire face à de sévères sanctions. Une fois le stade de pleine conscience atteint, alors la tolérance zéro peut être fixée comme règle qui s'applique à tous sans discrimination en raison de la position, de la nature de l'activité ou autre. Les problèmes rencontrés à l'université de Tlemcen peuvent être regroupés en trois catégories : violence, tricherie et mauvaise conduite. Malheureusement, il n'y a pas d'études sérieuses ou de statistiques fiables réalisées jusqu'à présent, mais des remarques générales peuvent être faites sur la base d'expériences vécues au cours des trois dernières décennies. Parmi les étudiants, les problèmes éthiques couvrent des exemples de violence, de tricherie, de plagiat, en plus de quelques comportements répréhensibles. Dans le corps enseignant, on rencontre peut-être plus souvent des questions liées au favoritisme, alors que d'autres problèmes sont enregistrés occasionnellement. Pour le personnel administratif, on peut citer la mauvaise gestion ou la planification inefficace des activités pédagogiques. Des problèmes potentiels existent comme le manque de motivation, l'affaiblissement des forces de la vertu, le manque de sens des responsabilités et de solidarité. Des remèdes adéquats doivent être trouvés non seulement pour les étudiants, mais aussi pour les personnels enseignant et administratif. On distingue deux types d'actes de violence : oraux comme les insultes, physiques comme les coups de différentes natures. Puisqu'il n'y a pas de registres statistiques, on ne peut pas vraiment juger quelle partie de la communauté est plus concernée par tel ou tel aspect. Cependant, au regard du nombre écrasant d'étudiants, de leur âge moyen plus bas, on peut conclure que cette catégorie souffre davantage du problème de la violence à l'université que le personnel enseignant et administratif. Par ailleurs, il serait utile de lancer un débat sur l'usage, parfois l'abus du droit de grève. Une question à débattre porterait sur la légitimité des contraintes exercées parfois sur ceux qui hésitent à rejoindre le mouvement de grève et le recours à des moyens violents comme l'interdiction de l'accès au campus. La grève est un droit constitutionnel mais il y a des règles légales qui doivent être respectées et, en particulier, l'interdiction de tout acte de violence et le respect du choix d'autrui. Les aspects dominants de la mauvaise conduite à l'université consistent en la tricherie aux examens, le plagiat dans les thèses et les publications, etc. Les moyens de contourner ces fautes sont connus de tous et, au bout du compte, c'est l'intention de la personne, sa vertu éthique et sa conscience qui comptent le plus. Dans un monde complexe avec une interprétation parfois ambiguë des théories éthiques et la recherche continue de la vérité, il convient d'aborder la problématique éthique dans le monde universitaire d'un point de vue simplifié et d'une approche progressive comme suggéré dans cette contribution. Nouveaux défis : l'éthique en intelligence artificielle et l'éthique animale La problématique de l'éthique à l'université ne se pose pas uniquement en termes de respect des valeurs morales mais aussi comme thème de formation et de recherche. Les aspects déjà cités comme la violence, le plagiat, la tricherie sont communs aux huit facultés et peuvent être traités de la même façon, avec néanmoins des spécificités selon la discipline dont il faut tenir compte. Certes, le thème ?éthique et déontologie' existe dans le cursus des étudiants mais son importance est modulée suivant la faculté en question. La faculté des sciences humaines avec celle de droit et sciences politiques ont, peut-être, le plus d'activités pédagogiques et de recherche dans ce domaine mais elles n'ont pas l'exclusivité. En médecine, en sciences économiques, en sciences de la vie, on accorde de l'importance à l'éthique pour préparer les étudiants à faire face aux problèmes relevant de l'éthique dans leur vie professionnelle. Les autres facultés comme celles des sciences, de la technologie, des lettres, langues étrangères et sciences islamiques sont également concernées par cette question. A la faculté des sciences, par exemple, le module ?éthique et déontologie' existe en 3ème année de licence au sein d'une unité transversale mais avec un faible nombre de crédits. Ceci est, de toute évidence, insuffisant face à l'émergence de nouveaux défis liés aux grandes avancées technologiques, notamment en intelligence artificielle. Une dimension encore plus grande est attribuée aux questions d'éthique impulsée par le top des institutions universitaires dans le monde comme Harvard, MIT ou Cambridge. La problématique de l'éthique en intelligence artificielle se présente sous deux formes différentes. La première concerne les concepteurs dans la mise au point et la réalisation de systèmes artificiels intelligents et l'autre forme concerne le système lui-même conçu pour remplacer l'être humain dans des tâches spécifiques. Les débats sur les considérations de l'éthique en intelligence artificielle portent sur les tâches attribuées aux systèmes artificiels intelligents, le bien ou le mal qu'ils peuvent causés à l'humanité, leur autonomie. Il y a là un sujet de controverses sur l'intersection entre la responsabilité du concepteur et l'objet intelligent avec sa capacité de sortir du contrôle humain. Le détournement des avancées scientifiques pour des besoins de suprématie militaire et la militarisation de l'intelligence artificielle posent un problème sérieux à l'humanité et confèrent à l'éthique une dimension nouvelle dont il faut tenir compte dans les programmes universitaires. Concernant l'éthique animale, il est évident que l'expérimentation à grande échelle sur les animaux est un sujet de débats chauds et controversés entre scientifiques et au sein de la société. Des voix s'élèvent jugeant le recours à grande échelle à l'expérimentation sur les animaux abusif sinon injustifié. Cette question n'est pas encore suffisamment présente dans les programmes de formation et de recherche à l'université de Tlemcen probablement parce que l'expérimentation sur les animaux n'est pas vraiment une pratique courante. L'avancée des connaissances dans les sciences de la vie, en médecine, le développement de nouveaux médicaments et de nouvelles thérapies passent souvent par l'expérimentation sur des animaux avant d'accéder aux essais cliniques sur l'être humain. Des considérations diverses et des approches théoriques différentes sont proposées pour aborder cette branche spécifique à l'éthique animale. Remarques sur le statut de professeur émérite L'éméritat pour les professeurs en activité avait été introduit dans un arrêté ministériel en mars 1999 portant statut des enseignants universitaires. Les modalités de sa mise en œuvre avaient été déterminées par le CEDU en termes de critères moraux et scientifiques suite à une campagne de préparation qui avait duré plus de deux ans, organisée sous l'égide de la direction des ressources humaines du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Le CEDU avait reçu pour mission d'initier, selon les critères de la commission universitaire nationale, la constitution de la 1ère promotion de professeurs émérites et permettre la mise en place de la commission nationale de l'éméritat. L'appel à candidatures au titre de professeur émérite lancé en septembre 2011 faisait référence aux textes portant statut particulier de l'enseignant chercheur qui ont institué, le titre de professeur émérite pour ceux qui justifient de 20 années d'exercice effectif en qualité de professeur, ainsi que de productions scientifiques et pédagogiques depuis l'accès au grade de professeur. L'examen des dossiers de candidature revenait au CEDU et ces dossiers devaient comprendre deux parties distinctes : Un dossier administratif muni des pièces justificatives qui relatent les différentes étapes dans la carrière universitaire du candidat. Un dossier pédagogique et scientifique relatif aux contributions dans l'enseignement et la recherche du candidat. Nous sommes en 2023 et l'éméritat n'est pas encore à l'ordre du jour. Avant de clore ce paragraphe, il faut noter qu'en avril 2022, le gouvernement avait décidé de mettre à la retraite les enseignants universitaires ayant atteint l'âge de soixante dix ans. Cette décision inattendue a été critiquée par certains enseignants qui l'ont jugée préjudiciable à la bonne marche de l'université. Beaucoup d'enseignants âgés de soixante dix ans ou plus restent actifs et assurent leurs tâches pédagogiques complètes et dirigent des recherches en qualité de chefs d'équipe dans des laboratoires ou de directeurs de thèses de doctorat. Les mettre brutalement à la retraite déstabilise beaucoup de doctorants et remet en cause des programmes importants de master et de recherche en progression normale. Ceci est probablement vrai dans de nombreux cas et une autre démarche aurait permis d'éviter les effets pervers de cette décision sans la remettre en cause. Par exemple, un éméritat adapté avec des mesures exceptionnelles aurait pu constituer une transition pour bon nombre d'enseignants encore actifs pour leur permettre de mener à terme, sur une période déterminée, les travaux en cours de finalisation et aussi honorer les engagements pris auprès des étudiants et de l'administration. Une telle démarche aurait marqué le point de départ d'une nouvelle ère pour la concrétisation des aspirations nées des concepts d'éthique et de déontologie de la profession universitaire. Une façon plus élégante de mettre à la retraite les enseignants âgés de plus de soixante dix ans, redonner vie au CEDU et corriger cette anomalie qui subsiste dans le statut de professeur en instituant l'éméritat en conformité avec les textes existants. *Professeur de physique (retraité) |