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L'omnipraticien
est celui qu'on appelle communément le Médecin généraliste. L'expression n'est
pas dans le sens péjoratif, mais symbolique. Etymologiquement du Latin «omnis» qui signifie tout, une étendue et praticien qui
exerce un art ou une technique.
Les assises sur le système de Santé nationale annoncées, dont l'échéance n'est pas encore connue, nous interpellent à juste titre à produire une réflexion globale, d'une honnêteté intellectuelle avérée, sur un modèle à refonder sur plusieurs aspects. Le médecin généraliste est habituellement le premier contact d'une personne avec le système de soins, quel que soit le motif de consultation, gérant les situations aigues ou chroniques indépendamment de l'âge, du genre, de la culture et du statut social. Dans les différents modèles des politiques sanitaires à travers le monde, le médecin généraliste bénéficie d'une position centrale des soins primaires ou soins premiers, en cabinet privé, dans un centre de santé public, les services d'aide médicale urgente (SAMU), en maison de personnes âgées ou en centre de protection maternelle et infantile. La Médecine générale est considérée dans les pays occidentaux comme une spécialité médicale à part entière, prodiguant des soins, cernant un diagnostic de présomption ou positif, sensibilisant et éduquant sur une qualité de vie saine et recourant aux autres spécialités pour une approche objective afin de corroborer et étayer sa démarche clinique. Elle n'est pas la compilation d'une partie des autres disciplines, ni une sous traitante, en revanche ses prestations de soins embrassent un éventail de prérogatives, des plus usuelles et courantes aux soins palliatifs à domicile et l'accompagnement de personnes en fin de vie. Le médecin de famille comme on le nomme affectueusement ou médecin traitant, est dans une dimension individuelle, familiale et communautaire, par son écoute et son attention, la continuité des soins à long court et sa contribution à la Santé publique. La pandémie du Covid-19 est l'illustration par excellence de son implication et son abnégation qui a coûté la vie à plusieurs de nos confrères. Par pudeur, je ferai abstraction de la charge émotionnelle et des situations anxiogènes dans lesquelles exerce la communauté médicale. Le capital de connaissances et d'expériences, habilite le Médecin généraliste à l'enseignement médical, à l'information et la sensibilisation à travers les colloques, les médias ou autre support de communication. Il lui est fait obligation du secret médical, de l'indépendance vis-à-vis de l'industrie pharmaceutique, de proscrire les pratiques non avérées par son cursus et d'une formation médicale continue pour actualiser et rehausser ses compétences au profit des citoyens. Le Médecin à travers l'Histoire Les pratiques médicinales dans les sociétés les plus anciennes sont basées sur des rites magique ou religieux et/ou des cérémonials chamaniques. Des remèdes empiriques à base de cataplasme, d'infusion ou autres incantations, formaient l'essentiel de l'arsenal thérapeutique, transmis à des initiés, qui s'approprient le don de guérisseurs pour tenter de soulager et apaiser les souffrances de leurs congénères. A partir de l'Antiquité, la pensée médicinale évolua vers le diagnostic et le pronostic comme le révèlent plusieurs sources, notamment l'Archéologie et l'Ethnologie, dans leurs nombreuses et diverses découvertes. C'est à l'apogée des civilisations, de l'antiquité à nos jours, que la pratique médicale a rompu progressivement avec l'empirisme pour une approche scientifique. L'Egypte Antique La traduction des hiéroglyphes et des papyrus a révélée des thèmes médicaux dans de nombreux textes. Le Musée du Louvre à Paris conserve certains de ces papyrus dont celui d ?Edwin Smith qui est attribué a Imhotep, personnage docte (vizir, architecte, grand prêtre, médecin et philosophe), auprès du Roi Djeser (IIIème dynastie a -2600 ans de notre ère). Ce dernier renferme des descriptions anatomiques des blessures, leurs pronostics et des traitements associés à des formules magiques ou prières à l'intention des divinités de l'époque. La momification témoigne d'un savoir et d'une technicité bien codifiés. La civilisation mésopotamienne Concomitante à l'Egypte pharaonique, dénommée également assyro-babylonienne ou «proche orient ancien»,dont les multiples tablettes d'argile, stèles, bas reliefs et des céramiques rédigées en cunéiforme (système d'écriture par «coins» transcription de la langue Akkadienne), disponibles dans les grands musées du monde, relatent le degrés avancé de cette époque à travers l'organisation des cités états, des institutions, de l'irrigation, d'une pharmacopée et des textes législatifs. Le code de Hammurabi (1.750 av. J-C) était la référence des dispositions règlementaires et juridiques, relative aux diverses aspects de la vie de la société en cette période. La pratique médicinale dévolue à des scribes-prêtres et guérisseurs qui pratiquaient des interventions d'amputation et d'ophtalmologie, étaient sujet à des sanctions en cas d'handicap ou de décès du patient. Un bas-relief avec l'effigie de Hammurabi se trouve au Congrès des Etats-Unis par reconnaissance à son rôle de père fondateur de la législation antique. L'ère gréco-romaine La désacralisation de la maladie était amorcée malgré la riche Mythologie helléniste, qui fut transposée à la culture de l'ère romaine, à compter du VIème siècle A-JC dans les temples d'Asclépios (Esculape), Dieu de la Médecine, dont l'attribut est un bâton entouré d'un serpent qui devient le Caducée actuel, la devise était : «Par la formule, par la plante, par le coteau». La famille des Asclépiades monopolisaient et assuraient la pratique de la médecine dans les temples et les cures thermales à but curatif. A partir du Vème siècle de l'ère helléniste, une profusion de grands penseurs et philosophes vont révolutionnés la pensée humaine (Platon, Socrate, Aristote, etc....) vers le rationnel, la logique dans le discours et l'objectivité de la description des observations. Hippocrate (460-377avant notre ère) est considéré comme le père de la Médecine occidentale, issu d'une famille d'aristocrates qui transmettaient un savoir médical, son corpus est une œuvre littéraire médicale dont les textes se référent au pronostic des maladies, la sémiologie, aux affections internes en passant par le 7ème mois du fœtus, etc.... Sa devise : «d'écarter les souffrances des malades et de diminuer la violence de la maladie». Pour Hippocrate la médecine est un art et une philosophie. Son serment qui se prête jusqu'à présent en son honneur, impose une éthique indissociable de la pratique médicale. Cet aperçu succinct sur l'histoire de l'évolution de la pensée humaine par rapport à la maladie dans l'Antiquité, renseigne sur l'intérêt d'apporter une réponse personnalisée, de plus en plus efficace, aux situations de souffrances physiques ou mentales de son prochain. La civilisation arabo-islamique La chute de l'empire romain occidental à compter du milieu du Vème siècle de notre ère, marque le début du Moyen Âge, période de déclin et de désagrégation de l'Europe dite «ancien monde», qui s'étalera jusqu'à la moitié du XVème siècle. A l'avènement de l'Islam au début du VIIème siècle, la conquête arabe se diffuse sur une grande partie du monde méditerranéen comme vers l'extrême Orient et l'Afrique. Cette hégémonie intègre à sa vision des cultures et des connaissances dont les populations adhèrent et contribuent à son épanouissement et son expansion. La dénomination : «La civilisation islamique», selon les historiens, est plus adéquate au regard des contributions des populations non arabes tel que les peuples de Perse, d'Egypte, de la Nubie, de Palestine, des Berbères d'Afrique du Nord etc.... Cet âge d'or islamique est le fruit des traductions, en langue arabe, des savoirs grecs, indiens et latins, et l'émulation des doctes et érudits musulmans qui instaurent les prémisses et les fondements des sciences modernes. Toutes les disciplines sont abordées et enrichies, des ouvrages, des manuscrits, des traités et des encyclopédies furent rédigés au profit des écoles, des universités et des grandes bibliothèques des grands centres de l'enseignement de cette époque. L'Europe de la Renaissance à partir XVIème siècle bénéficie très largement de ce capital de connaissances et de savoirs pour son essor, sans manquer de reconnaissances aux divers savants et à leurs éminents travaux. La médecine se développa dans toutes ses branches, de la conception des hôpitaux sous la forme pavillonnaire permettant la séparation des malades et évitant les contaminations, de l'anatomie et la chirurgie, à l'intervention de la cataracte. J'évoquerais quelques grands noms à qui la médecine doit la sauvegarde des connaissances antiques, l'amélioration et l'accroissement de leurs concepts et leurs approches rationnelles, dont Ibn Sina (Avicenne 980-1037) avec l'encyclopédie «les canons de la médecine» et d'autres ouvrages, Ibn Roshd (Averroès 1126-1198) avec son livre de médecine universelle dit ?Colliget' dont l'anatomie et la chirurgie sont prépondérantes, Abu el Qasim (Abulcasis 940-1013), son encyclopédie médico-chirurgicale est une référence en chirurgie et des instruments, et fait du savant le père de cette discipline. La liste est longue et fascinante, mais je ne manquerais pas de citer Ibn Maimoun (Maimonide1138-1204) de confession juive qui était un des médecins de Salahadin ayubi (Saladin) et à qui on doit la «prière du médecin». Le Médecin contemporain Le siècle des lumières et la révolution industrielle au début du 18ème siècle augurent d'un monde plus rationnel et plus technique. Notre environnement actuel, notre mode de vie, les outils et les instruments de notre quotidien sont le fruit des progrès technologiques et des découvertes des sciences fondamentales. La Médecine sera dotée, progressivement, d'un capital de connaissances et une panoplie d'instruments d'examens, d'investigations et de thérapies dont le stéthoscope de Laennec en 1816, le tensiomètre en 1905 par Nicolaï Korotkov, le microscope électronique en 1931 par Ernest Ruska, la vaccination, les antibiotiques, le scanner, l'échographie, etc.... qui nous sont familiers en tant que praticien ou commun des mortels. Par conséquent une codification de la formation des médecins et des paramédicaux, une hiérarchie des soins, une spécialisation voire une sous spécialisation des disciplines, une pharmacopée universelle, s?imposèrent afin de formaliser la pratique médicale et lui établir un cadre déontologique et juridique. L'omnipraticien, avec l'accumulation et l'actualisation de ses connaissances, adossé à la maîtrise de certains appareils médicaux, est la pierre angulaire d'un système de santé quel que soit le modèle. L'espace médico-chirurgical de notre pays, semi-libéral doit être réorganisé et réglementé pour que l'orientation des patients vers une spécialité soit recommandée par le médecin traitant à bon escient. Sans vouloir être désagréables envers mes confrères, certaines spécialités en milieu hospitalier ou en clinique, seraient plus valorisantes pour le professionnel de santé, efficientes vis-à-vis des malades et nécessaires à la formation des disciples. L'automédication et la vente de médicaments sans prescription médicale portent atteinte à la santé du citoyen et à l'activité du médecin généraliste. Conclusion : l'omnipraticien ou ?el Hakim' était un érudit dont les connaissances engobaient la philosophie, la rhétorique et d'autres savoirs, reste une figure notable au sein des sociétés modernes par sa disponibilité, son empathie et son dévouement envers son prochain. La reforme de la Santé en cours d'élaboration, apportera, on l'espère, un code de la Santé plus moderne à même de gérer et réorganiser la communauté médicale équitablement au profit des citoyens et des professionnels de Santé. «Fais que je sois modéré en tout, mais insatiable dans mon amour de la science. Éloigne de moi l'idée que je peux tout. Donne-moi la force, la volonté et l'occasion d'élargir de plus en plus mes connaissances. Je peux aujourd'hui découvrir dans mon savoir des choses que je ne soupçonnais pas hier, car l'Art est grand mais l'esprit de l'homme pénètre toujours plus avant.», du serment de Maimonide. *Docteur en Médecine. Bibliographie : -OMS systèmes de santé et soins primaires. -Wikipedia les civilisations antiques, la Civilisation islamique. -ISFM formation de médecin de famille Berne Suisse. |