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L'accompagnement
s'appuie sur l'idée que, sur le marché du travail, la rencontre entre l'offre
et la demande d'emploi peut être entravée par une information imparfaite, telle
que les candidats n'ont pas connaissance de toutes leurs possibilités d'emploi
ni des méthodes pour effectuer une recherche efficace. L'accompagnement a pour
but de réduire de telles frictions en offrant de l'information et du conseil
personnalisés, qui peuvent à leur tour augmenter la motivation et l'effort des
candidats, améliorer leur stratégie de recherche et favoriser un appariement
meilleur et plus rapide entre candidats et offres de travail.
En matière d'emploi, les pouvoirs publics sont interpellés par tout ce qui touche les difficultés liées à l'insertion au travail. Les politiques publiques traduisent une recherche de changement social et d'égalité des chances. Une des grandes priorités du gouvernement concerne l'insertion des jeunes, ce qui le conduit à rendre accessible une gamme de services pour ceux qui connaissent des difficultés d'insertion sociale, dont l'insertion durable en emploi. Différentes politiques d'aide ont été développées afin de soutenir les jeunes dans leur parcours individuel d'insertion et certaines portent plus précisément sur l'insertion dans le monde du travail et donc diverses stratégies d'intervention ont été mises en œuvre. Un accompagnement plus soutenu des jeunes éloignés du marché du travail fait partie de ces stratégies, lesquelles s'articulent dans le cadre de programmes dits d'accompagnement individualisé ou collectif vers l'emploi. Proposition 1 Assurer l'accessibilité des services d'employabilité à tous les jeunes qui ont un besoin d'assistance, quel que soit leur statut de revenu ou leur situation d'emploi. Les organismes employeurs constituent des acteurs incontournables dans le développement de l'employabilité des jeunes, dans le but de favoriser leur épanouissement personnel et leur contribution au développement du pays. S'il peut être pertinent de prioriser, dans une certaine mesure, les usagers prestataires de l'aide de dernier recours et celles plus éloignées du marché du travail, il est néanmoins impératif de conserver l'accès aux services de développement d'employabilité à tout statut d'individu, dans une logique de prévention. A ce titre, il importe d'accorder une attention particulière aux jeunes sans soutien de revenu, aux jeunes diplômés, aux jeunes insérés des différents dispositifs d'emploi d'attente. - Logique préventive Une société équitable ne peut se permettre de contribuer, de façon directe ou indirecte, à la marginalisation de certaines catégories d'individus. Or, limiter l'accès des jeunes sans emploi et sans soutien de revenu aux services d'aide à l'emploi temporaire accroît leur exclusion sociale et professionnelle, en réduisant leurs chances d'accéder à un emploi de qualité et conforme à leurs compétences et intérêts. Ils risquent alors de se maintenir plus longtemps dans un état de précarité, compliquant d'autant plus leur mise en mouvement vers l'emploi, ou encore de devenir demandeurs de l'aide sociale. Dans le même ordre d'idées, il importe d'offrir davantage de services aux jeunes de 16-20 ans qui présentent des risques de décrochage ou qui sont déjà en situation de rupture scolaire. En bref, cette logique préventive doit s'appliquer à tous les jeunes, afin d'éviter un futur statut de demandeur d'aide sociale ou de prévenir ? dans la mesure du possible ? leur sortie du système scolaire. - Orientations et services pour les jeunes scolarisés Plusieurs expériences démontrent qu'un nombre élevé de jeunes ont besoin d'aide pour faciliter leur transition entre l'école et le marché du travail. En effet, si certains jeunes obtiennent une promesse d'emploi avant même la fin de leur parcours d'études, d'autres jeunes qualifiés peinent à décrocher un travail à la hauteur de leurs compétences et en lien avec leurs intérêts. Ces jeunes, bien souvent sans expérience professionnelle, ont besoin d'un coup de pouce pour, par exemple, développer certaines compétences générales (comme la communication en milieu professionnel, le travail d'équipe, etc.), adapter ou peaufiner leur curriculum vitae et se préparer pour une entrevue d'embauche dans un milieu du travail de plus en plus compétitif. Ils doivent apprendre comment développer et entretenir leur réseau professionnel, une stratégie proactive bien loin de se limiter à une seule présence sur les médias sociaux et lors des occasions de réseautage d'affaires. Étant donné que le gouvernement se dit préoccupé par les conditions de travail associées aux emplois atypiques et la précarité des jeunes travailleurs, il doit veiller à améliorer les chances de succès des jeunes en mal d'insertion en leur donnant accès à des services d'aide à l'emploi, afin de maximiser leur contribution à la prospérité économique du pays. Proposition 2 Soutenir et développer les services en approche globale, en facilitant la création de passerelles entre les secteurs de l'emploi et les autres secteurs. Pour améliorer la qualité et l'adéquation des interventions réalisées, le gouvernement pourrait par exemple créer un dossier unique pour tous les citoyens qui ont recours au service public, dans le but de faciliter la collaboration entre les différents acteurs sociaux et instances gouvernementales. Découragés par le taux élevé de chômage et les nombreuses barrières à l'emploi auxquelles ils sont confrontés (comme le manque d'expérience professionnelle, les préjugés à l'égard de la jeune génération, etc.), plusieurs jeunes sans emploi ou sous-employés cessent de chercher un emploi et se désengagent du marché du travail. Exclus de la population active, ils ne sont pas comptabilisés dans les statistiques officielles, ce qui fausse par conséquent le portrait du taux de chômage des jeunes, pourtant déjà inquiétant. Ces jeunes, bien souvent non scolarisés, peuvent vivre différentes problématiques qui les confinent à un cercle vicieux de chômage et de sous-emploi. Si le gouvernement se penche de plus en plus sur la catégorie des jeunes ni aux études ni en emploi, il est important de considérer qu'ils présentent des caractéristiques variées et des profils différenciés. Cette catégorie n'est pas uniquement constituée de jeunes en situation de précarité, tout comme les jeunes en situation de précarité ne se limitent pas à cette seule catégorie d'individus sur laquelle on détient d'ailleurs très peu d'informations. Afin de maintenir l'équilibre social et économique et de réduire ou prévenir la marginalisation, il importe de soutenir l'ensemble des jeunes en situation de précarité. Proposition 3 Bonifier et pérenniser les mesures de pré-employabilité pour répondre aux besoins des jeunes plus éloignés du marché du travail. Cette prise en compte des besoins des jeunes en situation de précarité doit s'accompagner d'une certaine flexibilité. De plus en plus de mesures et programmes d'employabilité exigent des résultats de placement en emploi, sans tenir compte du degré initial d'éloignement du marché du travail et des progrès accomplis tout au long de la démarche. Il est important de documenter non seulement les effets ultimes des interventions, tels que le retour en emploi ou aux études, mais aussi les effets intermédiaires, comme l'augmentation du sentiment d'efficacité personnelle et de l'estime de soi ainsi que l'amélioration des habitudes de vie. L'intégration d'une dimension qualitative aux méthodes actuelles d'évaluation permettrait de suivre les progrès réalisés par les participants et de dépeindre un portrait plus réaliste des effets des interventions. Le gouvernement doit assouplir les programmes offerts aux jeunes éloignés du marché du travail. Proposition 4 Accorder une plus grande flexibilité dans les mesures d'aide à l'emploi et les ententes de service avec les organismes en employabilité. En d'autres termes, puisque le rythme d'apprentissage ainsi que la capacité à intégrer un emploi ou à faire un choix de carrière varient d'un individu à l'autre, tout comme les problématiques vécues, il est essentiel de pouvoir moduler le contenu et la durée des interventions selon les particularités et le degré d'éloignement du jeune. Pour rejoindre les jeunes en situation de précarité, il est également important d'innover et d'offrir des services alternatifs au cadre normatif habituel, en permettant par exemple aux organismes de mettre sur pied des projets novateurs et stimulants dans leur région. - Acquisition d'une première expérience Pour l'ensemble des jeunes, peu importe leur niveau de qualification ou de diplomation, l'acquisition d'une première expérience de travail valable et reconnue dans leur domaine de formation ou champ d'intérêt peut être une étape difficile à franchir. Ils risquent alors d'entrer dans le cercle vicieux du « sans expérience, pas d'emploi, donc pas d'expérience » et de se maintenir en situation de chômage ou de sous-emploi. Plusieurs stratégies efficaces peuvent être mises de l'avant pour faciliter l'obtention de cette première expérience de travail qualifiante, dans un cheminement vers un premier emploi. - Sensibilisation des employeurs La mobilisation et la participation des employeurs sont essentielles pour aider les jeunes à faire un premier pas vers l'emploi. Il apparaît primordial de sensibiliser les employeurs à l'embauche de jeunes travailleurs, particulièrement pour les jeunes éloignés du marché du travail. En effet, si les employeurs se montrent plus ouverts à accueillir dans leur entreprise des jeunes qu'ils pourraient embaucher dès la fin de leur stage, il en va souvent autrement pour les jeunes en situation de précarité. Dans le but de maximiser les résultats de cette campagne de sensibilisation, une analyse des besoins et contraintes des employeurs devrait être réalisée pour connaître les meilleurs moyens de favoriser leur proactivité en matière d'embauche et de stages pour les jeunes étudiants et travailleurs. De plus, il importe de faire connaître et de rendre plus accessible les différentes mesures de soutien offertes aux employeurs, comme les incitatifs fiscaux ou parafiscaux. En contact direct avec les entreprises de leur région, particulièrement les petites et moyennes entreprises (PME), le service public de l'emploi en coordination avec l'administration fiscale et parafiscale sont bien placés pour sensibiliser les employeurs. Dans ce cadre, ils doivent disposer des moyens nécessaires à la réalisation de telles activités de démarchage et d'information. Proposition 5 Sensibiliser les entreprises à l'embauche de jeunes travailleurs ou à l'accueil de stagiaires, en facilitant l'accès à des subventions salariales et autres incitatifs. - Des stages en entreprise (3) En plus de donner l'occasion aux employeurs d'identifier et de recruter de jeunes travailleurs prometteurs, les stages en entreprise permettent aux jeunes de développer leurs aptitudes professionnelles et leurs compétences générales en milieu de travail. Par conséquent, le gouvernement gagnerait à multiplier les possibilités de stages rémunérés qualifiants en entreprise et à élargir les programmes d'apprentissage en milieu de travail pour favoriser l'intégration professionnelle des jeunes. S'il est important d'offrir cette première expérience de travail aux jeunes, il est également essentiel de leur fournir un encadrement adapté pour faciliter ce premier contact officiel avec le marché du travail. En effet, même si de nombreux jeunes occuperont un emploi à courte durée, l'intégration et le maintien en emploi dans leur domaine de compétences peut poser de nouveaux défis, dont le choc de la réalité du marché du travail (décalage avec les notions apprises à l'école, relations interpersonnelles et intergénérationnelles en milieu de travail, etc.). Cet accompagnement est d'autant plus fondamental pour les jeunes plus éloignés du marché du travail, pour qui ce stage peut représenter une toute première expérience professionnelle. Pour ce faire, le gouvernement peut compter sur l'expertise et l'expérience des organismes qui sont en mesure d'assurer un suivi psychosocial et professionnel auprès des jeunes en stage, quel que soit leur niveau de scolarité ou leurs barrières à l'emploi. -ADÉQUATION FORMATION-EMPLOI ET INFORMATION SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL La conjoncture démographique actuelle rend plus que pertinente, voire même urgente, une meilleure adéquation entre la formation et l'emploi. Bien qu'il s'agisse d'une thématique d'actualité et d'une priorité gouvernementale, il reste encore plusieurs efforts à faire afin de pallier aux obstacles qui nuisent ou retardent les jeunes dans leur processus d'intégration au marché du travail. Proposition 6 Développer l'offre de stages rémunérés qualifiants en faisant appel à l'expertise pour favoriser l'intégration et le maintien en emploi des jeunes travailleurs. Afin d'encourager les employeurs à proposer plus de stages rémunérés (même symboliquement) en entreprise, le gouvernement aura tout intérêt à assurer une meilleure coordination entre l'offre et la demande de stagiaires pour simplifier leurs démarches. En l'absence de point de chute central, les plateformes regroupant des offres de stages se sont multipliées au cours des dernières années, dans les services des centres de formation et des universités. Une solution potentielle pour centraliser l'information consisterait à coordonner les actions avec le service public de l'emploi, afin qu'il répertorie en même temps les métiers et les spécialités les plus créateurs d'opportunités de placement mais aussi en tant que régulateur du marché de l'emploi. Proposition 7 Offrir des services d'orientation à l'ensemble des jeunes qui en ont besoin, en milieu scolaire ou universitaire ou par le biais des ressources spécialisées. - Des services d'orientation pour tous les jeunes Afin d'assurer une meilleure adéquation entre les besoins du marché du travail et les compétences de la main-d'œuvre de demain, il est fondamental d'accompagner les jeunes dans leur processus de choix professionnel le plus tôt possible dans leur vie. Bien que certaines écoles offrent des cours ou des services en orientation scolaire et professionnelle, le système éducatif ne suffit pas à la demande. Sans soutien en orientation pour clarifier leur choix professionnel, plusieurs jeunes risquent de choisir un métier qui ne correspond pas à leurs intérêts ou leur situation personnelle, ou encore d'errer trop longtemps dans les méandres du système scolaire, retardant ainsi leur entrée dans la vie active et leur contribution au développement économique du pays. Les jeunes qui se sont trompés dans leur choix de formation initiale sont également à risque d'occuper à long terme des postes déconnectés de leur parcours éducatif et demandant peu de qualifications, bloquant ainsi l'accès au marché du travail pour les jeunes moins scolarisés. En plus de ces difficultés d'orientation, de nombreuses professions méconnues ou mal-aimées, comme certains métiers demandant une formation professionnelle et technique, bénéficieraient d'être davantage mises en valeur dans le système scolaire et dans la société en général. Néanmoins, s'il est du devoir de tous les acteurs du marché du travail et du système scolaire de valoriser l'ensemble des secteurs d'emploi, la pression de l'adéquation formation-emploi ne doit pas non plus nous détourner de notre objectif principal, soit d'accompagner les jeunes vers une profession en accord avec leur identité. Proposition 8 Mieux communiquer l'information sur le marché du travail à travers l'Agence nationale de l'emploi. Pour répondre à ces enjeux, le gouvernement aura avantage à assurer l'accessibilité à des services d'orientation à l'ensemble des jeunes qui en ont besoin, pour les aider à identifier leur objectif professionnel. Ces services pourraient entre autres être offerts par les organismes œuvrant pour la promotion de l'emploi, étant donné leur expertise spécialisée en orientation et leur connaissance du marché du travail local. Parallèlement, afin de permettre aux jeunes de valider leur choix de carrière dès que possible, il est suggéré d'intégrer, au sein des mesures d'emploi actuelles, plus de stages en milieu de travail et d'activités d'exploration sur les entreprises et les métiers. Afin d'offrir un soutien adapté et une assistance optimale aux jeunes, les professionnels du secteur de l'employabilité doivent constamment mettre à jour leur connaissance du marché du travail. Si certains sont à l'aise avec l'utilisation des nouvelles technologies et la vulgarisation des données statistiques présentées sur les diverses plateformes, d'autres intervenants ont besoin de plus de support. Il est donc important de simplifier l'information disponible et d'établir des liens entre les différents outils, dans le but de mieux faire connaître les besoins des employeurs, les emplois disponibles et les secteurs prometteurs. CONCLUSION Le renouvellement de la politique nationale de l'emploi ouvre la voie à une plus grande place des jeunes au sein de la société. Pour leur permettre de réaliser leur plein potentiel et de participer à l'essor socioéconomique du pays, il est essentiel de favoriser le développement de leur employabilité et leur intégration durable en emploi. En appuyant la construction de l'identité personnelle, le travail donne à l'individu un statut professionnel et lui permet de développer ses habilités et aptitudes. En ce sens, il influence positivement le bien-être psychologique et physique des jeunes, en favorisant notamment l'adoption de saines habitudes de vie. Vecteur d'épanouissement personnel et social, le travail contribue à l'éveil d'un sentiment d'appartenance, tout en stimulant la participation citoyenne et l'engagement personnel. Compte tenu des mutations rapides du marché du travail, les organismes œuvrant pour la promotion de l'emploi doivent se positionner comme des partenaires incontournables pour maximiser le potentiel de tous les jeunes et favoriser une meilleure adéquation avec les besoins des entreprises. RÉFÉRENCES (1)-BELL, Donnalee et Krista BENES (2012). Transitioning Graduates to Work: Improving the Labour Market Success of Poorly Integrated New Entrants (PINEs) in Canada. Ottawa, Fondation canadienne pour le développement de carrière, 163 pages. (2)-Emploi-Québec (s.d.). Placement en ligne. En ligne, http://placement.emploiquebec.gouv.qc.ca/mbe/ut/rechroffr/ erechroffr.asp?CL=french (Page consultée le 15 septembre 2015). (3)-ÉRTA ? Équipe de recherche sur les transitions et l'apprentissage (2009). Mise en œuvre, atteinte des objectifs et premiers effets de la mesure d'accompagnement IDEO 16-17. Rapport d'évaluation remis au Secrétariat à la jeunesse. Sherbrooke, Université de Sherbrooke. |