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A l'heure des
choix décisifs, l'Algérie, après avoir été dilapidée par les cadres qui la
dirigeaient, autant qu'elle l'a été par la France coloniale. Et aussi appauvrie
que puisse paraître actuellement l'Algérie, il reste qu'elle recèle encore des
richesses incalculables. C'est pour cela qu'elle reste convoitée par de
nouvelles forces, autochtone ou d'origine algérienne, qui tentent de l'avilir
afin de la dépouiller encore une autre fois de ces richesses pour en faire
profiter à nouveau les castes dirigeante des néocolonialistes au détriment du
peuple de novembre, habitants légitimes du pays.
L'ombre géante des cannibales économiques de notre siècle a placé ses filets sur les pays dits en voie de développement. Tendus comme ceux qui brassent les mers, ces filets, comme un piège, selon la loi de la jungle, vont prendre dans leurs maillages tous ceux qui sont appelés à disparaître parce que faibles et inconscients. Ils n'ont pas prévu ce qui leur arrive. Dans l'élimination du faible par le fort, l'endettement économique et l'impuissance à rembourser sont une vertu à notre époque ; c'est pourquoi celle-ci va engendrer ce qui doit découler d'une action de haut niveau de laquelle ne se relèveront parmi nos intellectuels que ceux qui auront à l'esprit le contentieux humain qu'a fabriqué la guerre d'Algérie dans ce qu'elle a de rapport - libération-occupation-, parce que dans l'histoire nous enregistrons nos valeurs. Et surtout rappelez-vous l'époque du dey Ottoman d'Alger, le coup d'éventail dont l'origine est l'affaire du blé détourné au profit de la France en guerre avec l'Angleterre. Dans les rapports de société qui se sont établis entre deux peuples, algérien et français, avant-hier amis, puis ennemis et de nouveaux amis. Quoi de plus pour nous et eux que de penser que nous pourrions être de nouveaux ennemis si tous deux nous ne savons pas faire la part des choses, si nous ne savons entretenir l'amitié : l'amitié est une association qui oblige chacun à l'égal rendement pour l'entretien de cette amitié. Dans le sujet de ce titre, «les matrices de l'engagement» l'intérêt du mouvement de libération est très important, d'une importance positive puisque l'histoire l'avait décidé ainsi. Mais dans le cas de la France, le processus est réfléchi en termes de phénomène colonial. En effet, la France a participé à la création de ce phénomène puisque au départ de 1830 c'était déjà une croisade moderne qui était entreprise contre l'Algérie. La religion était encore au pouvoir, elle avait son mot à dire et était respectée en tant que pouvoir ; dès lors, il était tout à fait évident que le mouvement religieux musulman observe et commente en vue de la prise de conscience. N'oublions pas que dans les esprits avisés, le scandale d'Espagne et la reconquête chrétienne de l'Espagne arabe donc musulmane était un pan instructif de l'évolution du monde. Après 1830 c'est vrai qu'il n'y eut pas une guerre ouverte, déclarée, à la religion musulmane, mais il y eut le développement, donc la propagation de la religion chrétienne et autre. Et c'est vrai qu'à ce moment-là, le niveau culturel des peuples de beaucoup de pays avait atteint un niveau d'éducation civique très important. Et c'est un passage très instructif que fit notre région maghrébine par le fait d'avoir été pendant des siècles terre de paix où ont vécu toutes les religions sans donner à la dévaluation, la régression et la médiocrité. Quels que soient les problèmes qui y sont nés, ils apparaissent bien petits à côté de l'exemple que nous ont légué les ancêtres. Les religions au Maghreb n'ont pas créé de guerre entre elles. Par contre, il y eut le pire; les membres d'une même religion se sont entretués au nom de cette même religion. Il y a de quoi se relire, et c'est ce qu'ont fait la plupart des personnes liées à l'Algérie par la terre, par le sang ou par les racines ou encore par les sentiments. Chez la France colonisatrice, cette lecture nouvelle a été réfléchie par les nouvelles générations, et le rêve, bien sûr, serait l'évacuation des émigrés et des binationaux vers une nouvelle aventure, la nouvelle Californie, le Sahara algérien. La France possède aujourd'hui une armée de binationaux et d'émigrés ayant un très grand potentiel et c'est pour cela qu'elle a l'avantage sur les autres pays européens vis-à-vis du Maghreb qui est ni moins ni plus que la chasse gardée de celle-ci. Et le droit d'ingérence après le droit de regard est éloquent sur les dispositions auxquelles se prépare la France du futur. L'histoire récente de la Libye est là pour nous montrer de quoi est capable la France. En l'état, face à ce mastodonte que peut faire l'Algérie ou la Maroc et encore moins la Tunisie pour empêcher ou éviter de se plier aux exigences qui toutes concourent à permettre ce qu'ils appellent le nouvel ordre économique mondial et que nous, les suppôts de Satan, appelons encore une colonisation économique. L'indépendance de l'Algérie dans l'interdépendance de la France tel que stipulé dans les Accords d'Evian laisse bien apparaître que la guerre d'Algérie était finie en termes d'actions de guerre et qu'elle allait devenir une lutte politique dans laquelle chacun allait continuer à défendre sa thèse et que le plus fort l'emporte. Qui est le plus fort ? Qui l'emportera ? Et comme si le général De Gaulle, bon gaulois qu'il était, nous a signalé une revanche en nous disant : nous reparlerons de l'Algérie plus tard. De toute façon, même s'il ne l'a pas dit, ses réflecteurs d'opinions ont vendu la mèche : l'Algérie sera à genoux dans les années à venir et nous ferons tout pour l'y mener ou du moins nous ne ferons rien pour empêcher les défections qui la feront plier. Ainsi parlèrent leurs Zarathoustra. Ils iront jusqu'à aider tous les escrocs et les détrousseurs de cadavres, que la guerre a agencés, et feront tous, à un moment ou un autre, quelque chose qui peut aider à l'affaiblissement de cette Algérie dont nous avons hérité. Il y a suffisamment de Français de la bâtardise qui habitent en terre d'Algérie et en France, qui envisagent sérieusement la possibilité de prendre l'Algérie comme si elle était sans capacités. Oui, les Français d'origine algérienne peuvent être manipulés et retournés contre les Algériens dès que leur surveillance se relâchera ou qu'il y ait des problèmes qu'ils se presseront d'aggraver. Et s'il y a danger pour la France, alors, pour elle ce sera une nécessité que la légitime défense ; les dirigeants de la France auront le devoir de défendre les Français dans l'ordre des valeurs de la France séculaire, et nous savons tous que le Français musulman, dès qu'il manifeste une revendication même sociale qu'il rattache à une objectivité religieuse, devient automatiquement un suspect dangereux, et dans bien des cas les Français de souche préfèrent classer le Français, athée, non-croyant, bien devant le Français musulman. Les grands problèmes qui accaparent l'intelligentsia française ne lui ont pas laissé le temps suffisant pour appréhender et comprendre le phénomène de l'Algérien, berbère, arabe, et musulman, autrement que par la démarche ridicule du bougnioule (l'enturbanné) en burnous traînant son bourriquot pour aller à La Mecque. C'est plus facile ainsi car il permet aussi de gagner du temps en n'accordant pas de l'importance à ce qui n'en a pas ; c'est le cas des Français en Algérie où pendant 130 ans ils n'ont rien compris aux Algériens, alors que les Algériens, eux, ont très bien assimilé le Français et sa culture. Mais durant ces mêmes 130 ans, les Français ne pensaient qu'à compter les sous, en faisant suer l'Arabe sous son burnous. Ils ont omis de comprendre le bicot, l'indigène, si bien que lorsque celui-ci a décidé de frapper, le Français surpris déclara que c'était une traîtrise, une lâcheté... Nous leur voulions tellement de bien, ce n'est pas possible qu'ils puissent nous haïr au point de vouloir nous enlever le pays, «disent t'ils ! hommes et femmes.» Beaucoup parmi les Français de souche, depuis l'indépendance de l'Algérie en 1962, n'ont pas fait d'efforts pour mieux comprendre leur riverain. D'ailleurs pour l'effort, ils n'avaient pas à le faire puisque des exemples de ces riverains sont là en France, apprenant sur le tas, apprenant en tuant le temps dans les métros et les gares, apprenant en les écoutant dans les bars. Le phénomène des étrangers qui envahissent la France et là, à l'écran de télévision et dans les journaux, des hommes se saisissent du thème, il y'a des partis politiques qui l'utilisent, la peur qui se développe est entretenue et l'on prépare par ce biais aussi les esprits au nouvel ordre économique qui consiste à faire, qu'il faut libérer la France du cerceau qui l'étrangle et de l'abcès qui la ronge et des étrangers qui la mélangent. Se peut-il que l'Algérien qui a servi la France durant la guerre d'Algérie et qui a, au prix de sa vie, lutté contre son propre frère pour lui imposer la loi française, alors qu'il n'en était pas un, puisse aujourd'hui croire qu'il est devenu Français par la force des choses ? Mais la force des choses française n'a aucun impact sur cet homme, c'est un étranger. L'impact ne prendra que sur ses enfants et encore entre 25% à 50% seulement. Car chez les Arabes en particulier, et chez les Maghrébins en général, on peut changer de nationalité, c'est seulement une utilité pratique mais changer sa religion c'est se renier c'est cela la traîtrise, et cela n'est pas acceptable pour le Maghrébin ; c'est dans la religion musulmane que disparaît la notion de nationalité. Et c'est là seulement que l'on se rachète de s'être retourné. L'essentiel et de se retrouver avec Dieu. Dans l'islam. Tel est le message qui se transmet et qui circule en abrégé dans la plupart des esprits égarés, des déracinés, qu'ils soient des Français musulmans qui continuent à se sentir seulement émigrés malgré plus d'un demi-siècle de vie française en France. Il y a là donc des faits qui posent à questionnement ; et toute réponse n'a de réponse que si elle répond aux questionnements de ceux qui se questionnent, de ceux qui ne comprennent pas, de ceux qui ont peur, car ils ne savent plus ce qu'il faut savoir pour être à l'abri de nouveaux conflits qui risquent de déranger la paix civile et exposer les forces de l'ordre aux semeurs de trouble. C'est ainsi que le gouvernement de France se trouve aujourd'hui plus que jamais pris dans le même engrenage que celui des Algériens. La question sécuritaire est une priorité que ne peut occulter aucun pouvoir européen. Car, il faut le dire, ce phénomène s'est développé dans sa composante humaine, dans laquelle plusieurs regroupements de tendance malsaines abritaient l'instinct séculaire des haschischins. (Assassins). Toute société fabriquant ses bons, ces brutes et ses truands, la société musulmane n'a pas échappé à cette règle, si bien qu'aujourd'hui, nous assistons à la création de nouveaux champs de bataille, tant dans les pays musulmans que dans les pays européens. En effet, la fourmilière intégriste s'active et nous ne voyons pas, à l'œil nu, ces longues files d'hommes loups allant et venant dans tous les sens pour faire entendre leurs messages. La voix portant la parole sacrée était naturelle et morale jusqu'à faire entrer les Français dans des querelles byzantines, le foulard, la mosquée, les quêtes, les prières dans la rue et d'autres détails de l'expression culturelle des émigrés et Français musulmans. Dans tous les cas, ils ont fait entrer les Français dans leur jeu et les médias avides de sensation ne pensent qu'à l'événement, au scoop et à étonner, voulant toujours faire comme les Américains mais avec la touche française. Ce qui a été défini comme étant la mouvance intégriste en opposition à son contraire est juste. Mais celle-ci reste une mouvance par laquelle il y a toujours un passage à toutes les autres tendances ; ce passage se fait soit au début, soit au milieu, soit à la fin. C'est pourquoi le mouvement violent de certaines personnes est une nature de délinquance criminelle. Mais celui-ci s'exprimant au moment et pour la cause religieuse tel que pensé et accepté par l'adepte de la violence pour convaincre et non pour vaincre. «Dieu n'a pas besoin d'exemple qui console mais d'exemple qui gagne» ; tel est le dicton appliqué qui change d'interprétation selon que l'on soit en état de sagesse ou en état de violence ; selon que l'on est dans l'offensive ou dans la défensive ; à titre d'exemple, les Israéliens dans un de leur état de peur ont été plus loin et ont dit que le meilleur moyen de se défendre c'est d'attaquer les premiers ; et comme les Juifs et les Arabes sont cousins, en temps de conflit, allez savoir ou commence le Juif et ou s'arrête le musulman, même le chrétien y perd son latin, depuis que beaucoup de Kabyles algériens se sont déclarés juifs. Alors qu'en est-il de l'un ou de l'autre de ces croyants qui croient en un Dieu unique avec la simplicité et la bonté que nous dicte le simple bon sens, de tous les jours, dans cette galère qu'est l'aventure de la vie. Nous sommes en temps civilisé où les âmes tuent à l'intérieur des mosquées, à l'intérieur des lieux de culte. Et pourtant nous savons tous que lorsque l'on n'a pas respecté les préceptes de sa propre religion, on ne pourra faire croire à personne que l'on respectera celle de l'autre. Le respect en religion, c'est le respect de tous avec comme condition de ne jamais régler un problème quel qu'il soit en en créant un autre. C'est pour cela que les églises et les synagogues, les cathédrales et tous autres lieux de culte doivent-être protégés de la malveillance qui peut y être distribuée. Ce qui se passe en Algérie et ailleurs est d'une importance capitale pour la France où déjà beaucoup d'asiles ont été donnés faisant une base de ce pays d'accueil et l'on prend conscience avec du retard que grâce à cet accueil, une rampe de lancement a été créée en direction d'un pays que l'on commence seulement à reconnaître qu'il a été l'objet d'un plan de déstabilisation bien fignolé dans lequel la France s'est fait complice volontairement puisque l'involontaire n'existe pas en politique. L'involontaire n'existant pas, en Algérie on est poussé à voir de plus près autant la géopolitique que la géostratégie de cette France, de ces dirigeants et de ces organisations, afin de définir le niveau des responsabilités et le degré d'implication de celle-ci, pour préserver ce qui se doit de l'être et surtout afin d'éviter un autre conflit algéro-français qui ne risque que de nous mener sur les champs de bataille d'autrefois, et nous épuiser de nouveau à créer d'autres phénomènes anormaux qu'engendre tout rapport belliqueux. C'est donc sans animosité, ni rancune que je me répète à dire que des forces françaises, des pouvoirs occultes possèdent un projet de recolonisation économique de l'Algérie qui reposera la question de savoir si l'Algérie est indépendante ou pas. Et si cette question vient à se poser telle qu'elle est entreprise, il y'aura problème, il y aura un grave problème à nouveau entre les deux pays, l'Algérie et la France. Et personne n'a le droit d'hypothéquer l'avenir du peuple de novembre, sans se soucier des principes pour lesquelles nos Chouhada se sont sacrifiés. Personne ne peut régler des problèmes en prenant le risque de ramener notre pays à revivre les nuisances qui peuvent en découler, l'histoire entre les deux pays a démontré que le peuple algérien n'accepte pas que l'on touche à sa souveraineté. Donc, quelles que soient l'ampleur et la gravité des problèmes que l'on peut rencontrer de part et d'autre, il faut en assumer la responsabilité politique avec le plus de bien, de compréhension et le sens le plus élevé qui soit du respect de la nature humaine, quelles que soient sa couleur, sa race, sa religion ou sa nationalité ; ne rien faire, ne rien prendre sans l'accord des peuples concernés. *Auteur-écrivain. moudjahid, membre ALN. |