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Une
pratique usitée qui consiste à mener grand train, quitte à s'endetter et
laisser par la suite le soin au remplaçant d'éponger le déficit engrangé,
sachant que le prochain exercice apportera son lot de consolations. Le fonds de
wilaya s'est même érigé en «prêteur» sans intérêts. Il a servi à payer toutes
sortes de prestations, du téléphone portable aux bons d'essence, en passant par
l'achat de véhicule.
En vérité, quand on aborde la problématique du financement des activités sportives, on se rend compte qu'elle représente le nœud gordien du développement des pratiques sportives et de jeunesse. Une évaluation sommaire peut nous édifier quant à l'impact généré par l'injection de sommes d'argent allouées aux associations. Mais il faut, au départ, admettre que les dossiers de financement réglementés par des procédures précises ont souvent obéi à des considérations politiciennes. Le MJS, il faut lui reconnaître ce mérite, a fait l'effort nécessaire pour limiter le gaspillage. L'Etat a, en effet, instauré une procédure de contrôle pour tenter de limiter la gabegie. La loi n°90 ?11, du 23 décembre 1999, portant loi des Finances pour l'année 2000, relative aux modalités de contrôle de l'utilisation des subventions de l'Etat ou des collectivités locales aux associations et organisations oblige, à chaque fin d'exercice, les clubs à présenter un bilan financier dûment certifié par un commissaire aux comptes. Cette loi a été suivie par la promulgation du décret exécutif n° 01351 du 10 novembre 2001. Mais c'était compté sans l'esprit imaginatif de certains dirigeants qui ont trouvé quelques astuces pour contourner les règles édictées. Outre le fait que le commissaire aux comptes choisi est généralement peu au fait des modes de gestion en cours au sein de l'association ; il aspire pour sa part à maintenir le contact avec le client (l'association), afin de ne pas le perdre. D'où pour la DJS la nécessité d'établir une convention avec un seul commissaire aux comptes dont les honoraires seront payés au prorata des dossiers visés et prélevés, sous forme d'une taxe sur le budget de l'association. Dans cette optique, il convient d'inclure également l'argent provenant des sponsors et d'exiger que son versement s'effectue, directement, dans le compte de l'association. En somme veiller à ce que toutes recettes ou dépenses passent, obligatoirement, par la banque afin qu'en dernière analyse le contrôle puisse se faire sur la base des relevés bancaires concomitamment avec les pièces comptables. Difficile d'échapper à la vigilance d'une telle procédure. Tout soutien financier, quelle que soit son origine, entraîne la soumission à des contrôles et des conditions restrictives. Les conventions conclues entre l'Etat et les Fédérations sportives fixent les objectifs permettant le développement des disciplines sportives. Les modalités des subventions sportives ne sont encadrées, en aval, par aucun texte et ce n'est pas normal. L'intervention des législateurs sur la question du financement des Sports est primordiale dans le sens ou elle peut orienter positivement le club vers une meilleure gestion comptable et fiscale de ses ressources car la vie ou la mort d'un club se jouera, à l'avenir, sur les champs fiscaux et économiques. Il s'est trouvé cependant nombre de directions de la Jeunesse et des Sports qui, sur injonctions du wali ?l'ordonnateur du Fonds de wilaya-, se sont complaisamment prêtées au jeu de la manipulation et de la démagogie pour financer des initiatives n'ayant qu'un rapport lointain avec les finalités dévolues au Fonds. Pour ne pas s'aliéner le soutien de certaines associations locales influentes et, a contrario, en cas de besoin bénéficier de pétitions favorables. En fait, ces formes de récupération politique, bénies par les pouvoirs locaux, n'étaient pas pour déplaire à certains DJS, en mal de promotion et qui ont su tirer leur épingle du jeu, «moralement» et matériellement parlant. C'est triste de le déplorer. Le système des financements de la pratique sportive de masse bâti sur le Fonds de wilaya est une excellente idée en soi, ne serait-ce que parce qu'elle sous-tend un principe généreux et équitable : la possibilité donnée à tous les jeunes d'une localité de s'adonner aux sports, et ce, quel que soit le degré de richesse et de pauvreté de leur cité. Edifiés par cette expérience, les pouvoirs publics vont devoir réorienter les aides en proposant d'autres alternatives de financement. Comment faire face aux dépenses des structures de gestion, d'animation et de coordination des activités sportives et de jeunesse, en dehors des maigres ressources générées par des fonds de wilaya ? Faut-il investir les fédérations sportives de nouvelles missions pour chapeauter le financement des associations ? Avant d'identifier les organes pourvoyeurs, il importe de s'interroger sur les sources de financement, hormis celle de l'Etat qui ne peut, à l'évidence, couvrir l'ensemble des besoins en la matière. Dans cette optique, les collectivités sont appelées à mettre en place de nouveaux mécanismes de soutien à la pratique sportive en lorgnant du côté de la fiscalité. L'Etat détient seul le pouvoir de créer et de lever l'impôt. Dès lors que l'on évoque la fiscalité locale, il convient de doter les communes d'un nouveau champ de compétence pour leur permettre de conduire le développement, en tenant compte des spécificités locales. Dans la large panoplie d'impôts sur le produit qui alimente à la fois le budget de l'Etat et celui des collectivités locales, certaines bases taxables au plan de la fiscalité indirecte sont minimes par rapport à la fiscalité directe. C'est sur le premier levier, éventuellement, qu'il faut agir pour répondre aux exigences du développement multidimensionnel des communes, d'où la nécessité d'une refonte fiscale qui permettrait aux collectivités d'augmenter leurs ressources grâce au potentiel fiscal en veilleuse et, subséquemment, d'atténuer leur dépendance vis-à-vis de l'Etat. Des fonds régionaux de soutien aux pratiques sportives et de jeunesse pourraient voir le jour selon un zoning regroupant des wilayas limitrophes sériées en fonction d'un indice de développement sportif (IDS), basé sur le nombre de licenciés, le nombre de disciplines, de terrains fonctionnels, de scolaires affiliés à la compétition, d'athlètes d'élite, d'arbitres, les résultats obtenus dans les différents sports?une sorte de PIB sportif. Chaque wilaya, ainsi évaluée, sera affectée d'un IDS dont l'évolution déterminera le montant des subventions à accorder par les fonds régionaux ou nationaux. Dans ce classement, chaque commune également aura son IDS qui, de la même façon, constituera un repère pour l'octroi d'aides. Des statistiques en possession du MJS révèlent une situation assez alarmante. Seulement 300 à 500 communes sur les 1.541 que compte le pays, peuvent s'auto-suffire. L'Etat, avec une aide estimée à près de 32 milliards, annuellement, ne peut secourir que 16% de la demande. Le gros des subventions provient du Fonds national, alimenté, entre autres, par le pari sportif, les sociétés de course et des concours variés. Certaines fédérations, comme la FAF par exemple, qui draine des sommes colossales, sont susceptibles de participer dans leur discipline, à l'effort de solidarité. Aujourd'hui, avec le désengagement partiel du Fonds de wilaya, l'on situera mieux le degré de compétence et d'efficacité des DJS, en matière de développement sportif local, tant il est vrai que le concept de gestionnaire recouvre autre chose que la faculté de ventiler des budgets et d'en suivre l'exécution. Organes et structures de support des activités physiques et sportives Le mérite de l'Ordonnance 95-09, du 25 février 1995, actualisée par la suite par deux autres textes de loi, en 2005 et 2013, réside dans l'effort de simplification et le réalisme qui a présidé à son élaboration. Le texte en son temps a distingué quatre niveaux de pratique, en l'occurrence l'Education physique et sportive, l'Activité physique et sportive récréative, le Sport de compétition et le Sport d'élite et de haut niveau. Dans son volet 3, il introduit, pour la première fois, la notion de club sportif professionnel. Un aspect qui, dans les lois qui suivront, fera l'objet d'une série d'articles additifs visant à clarifier la situation. Mais à notre avis, c'est au niveau des rapports pouvoirs-publics / mouvement associatif et notamment avec les fédérations sportives que le nouveau texte en l'occurrence la loi 13/05, du 23 juillet 2013, a tenté de coller aux réalités parce qu'il convient d'approfondir le débat qui déterminera l'avenir des clubs sportifs amateur, semi-professionnel et professionnel avec, en toile de fond, les questions de financement. Tout aussi essentiels sont les problèmes de la formation, de l'encadrement et des organes consultatifs qui ont une existence formelle comme l'Observatoire national et de wilaya ou la Commission nationale du Sport d'élite et de haut niveau, prévus dans l'article 110 et 143 pour ce qui concerne les académies sportives de wilaya. La loi n'a pas prévu l'instauration de ligues professionnelles pour la gestion de l'activité professionnelle dans certains sports ? collectifs. Le financement ainsi que les aides et le contrôle sont évoqués dans les chapitres 7 et 10. Ils constituent deux volets importants de la nouvelle loi et de ce fait bénéficier d'une attention particulière. Le monde associatif des Fédérations revêt une dimension économique et sociale. Cette caractéristique ne doit pas être démentie par des considérations politiciennes et par conséquent édulcorer les finalités recherchées. Quand l'Etat vole au secours des clubs en prenant, sur son compte, les frais de déplacement, il s'éloigne de l'esprit de la nouvelle loi. On ne peut raisonnablement appeler à une autonomie des associations et en même temps les assister dans leurs moindres dépenses. Sur un autre plan l'ensemble des politiques sportives dans une discipline considérée doivent être définies par la Fédération au niveau central. La politique du Sport de masse aux ligues et conseils locaux. Ainsi le développement de la discipline considérée dépend de la cohérence entre ces deux politiques, laquelle ne peut être assurée que par la Fédération. Cette formulation n'est pas claire dans la nouvelle loi. D'autre part, certaines fédérations comme le football qui génère de l'argent et possède un impact économique important pourraient vivre de manière autonome mais à l'image de la FAF, les dirigeants se comportent en quémandeurs de budgets plutôt qu'en managers d'entreprise. C'est à cette aptitude d'ailleurs que l'on reconnaît les vrais gestionnaires. Un travail de réflexion, de sensibilisation et une véritable politique de marketing sont à mener entre le sport et le monde de l'entreprise parce que le fait économique est encore mal perçu dans la vie sportive, insuffisamment investi et exploité. La loi a apporté des réponses mais pas toutes les réponses. Des textes subséquents viendront peut-être éclairer les zones d'ombre. L'actuel ministre de la Jeunesse et des Sports dispose d'une conjoncture sportive favorable pour aborder les changements attendus. La tenue en 2021, des prochains Jeux méditerranéens prévus à Oran et l'achèvement en cours du gros des programmes de réalisations de complexes sportifs dans plusieurs wilayas du pays notamment celle d'Alger, en vue de grands rendez-vous sportifs, vont étoffer de manière significative, le parc infrastructurel existant. Pour peu que les convictions et les idées des cadres réputés intègres se traduisent en actes au sein d'une même vision, appelant à une refondation du secteur. Le formidable potentiel logistique érigé en l'espace de dix ans, au profit des activités sportives reste un atout à valoriser. L'EPS à l'école Il serait vain de revenir sur les tentatives de «musellement» de l'Éducation physique et sportive, à l'école, par la défunte APN élue en 1997, en dépit du fait que des textes fondamentaux comme la Constitution considèrent l'activité sportive comme un droit accordé à tous les citoyens et non une pratique facultative ou complémentaire. Les objectifs du Sport «fédéral» et de l'EPS même s'ils empruntent des formes souvent identiques ne sont pas «confondables». L'EPS, tout en basant son enseignement sur de nombreux sports, s'adresse à tous les élèves sans exception. Le sport tel que l'organise le mouvement sportif relève d'un choix particulier partant de motivations fondées sur l'aptitude et les résultats et ne concerne, le plus souvent, qu'une seule spécialité sportive. L'opinion, largement répandue, maintient qu'on a beaucoup fait pour le Sport d'élite et pas assez pour le sport scolaire. Ceci est vrai dans la mesure où nos écoles continuent de recourir au bricolage sportif faute de ballons, d'installations appropriées et de soutien de la part des chefs d'établissement. Même la Fédération algérienne des Sports scolaires, censée s'intéresser au développement de l'EPS, s'est cantonnée à organiser des championnats et à confectionner des calendriers rejoignant ainsi la majorité des autres fédérations dans leur approche erronée qui consiste à gérer le sport par le haut au lieu de s'occuper des problèmes de la base. La fonction de l'école n'est pas de former des champions. Elle suscite des vocations sportives, tout au plus, en assurant à l'enfant un meilleur équilibre par un enseignement multiforme. Ce n'est même pas, comme on le croit, un problème de détection de valeurs car les enseignants sont confrontés à d'autres tâches : construire, organiser et enseigner diverses activités sportives dans un horaire limité. La préparation de champions, quant à elle, procède d'autres démarches et dispose de moyens spécifiques où l'environnement joue un rôle prépondérant. La dichotomie Ecole / mouvement sportif s'est davantage accentuée avec l'intégration, en 1979, d'une bonne partie du personnel sportif au sein du ministère de l'Education nationale comme si les tenants de la politique du résultat immédiat de l'époque socialiste avait voulu se débarrasser d'un pan entier du Sport national et ne se consacrer qu'à l'élite et son porte- drapeau le football. Personne n'a réagi face à cette amputation suggérée par certains fossoyeurs du Sport national. Entre le MJS et le MEN, il a existé une incompréhension fondamentale au plan des approches à défendre pour asseoir le mouvement Sportif national sur des bases solides. La collaboration entre les deux secteurs est indispensable. La désintégration du corps d'encadrement entre enseignants et techniciens a conduit au morcellement de l'édifice sportif entre deux entités étanches. Le sport à l'école et le sport hors de l'école. Il est temps de rectifier le tir en revenant à l'ancien système de formation, plus cohérent et plus performant à nos yeux, du moment qu'il permettait un plein rendement des professeurs d'EPS ? polyvalents et titulaires à leur sortie de stage d'un diplôme de spécialisation dans une discipline. Impliqués dans tous les niveaux de pratique, ces enseignants étaient doublement utilisés que ce soit à l'école en tant que professeur ou au sein du club en qualité d'entraîneur consacrant ainsi une jonction que d'aucuns appellent de ces vœux. C'était le modèle d'avant l'intégration. Car la tentation, aujourd'hui, est trop grande de croire que si les choses ne marchent pas aussi bien qu'on le voudrait, dans son propre secteur, c'est que le voisin ne fait pas assez bien ce qu'il devrait faire dans le sien. Désordre et ambiguïtés tels sont les qualificatifs les plus appropriés pour rendre compte du problème des charges horaires auxquelles est tenu l'enseignant d'EPS. Dans le cycle moyen l'astreinte horaire est fixée comme suit : 18 d'enseignement + 4 heures réservées aux activités de la FASS. Dans le secondaire elle est de 16 h + 4 h. Un dosage qui n'est pas du goût de tout le monde puisque faute de professeurs ou d'installations sportives chaque chef d'établissement règle le problème à sa manière faisant fi des instructions même si dans le rapport général de fonctionnement (R.G.F.) il apparaît des «bizarreries» qui finissent de passer comme une lettre à la poste. En faisant plus que les heures dues, l'enseignant d'EPS vit cela comme une frustration d'autant qu'elles (les heures) ne lui sont pas comptabilisées en heures supplémentaires à l'instar des collègues des autres matières. Du coup on sacrifie l'animation sportive scolaire tout en coupant les ponts avec la Ligue des sports scolaires. Exit la compétition. Le nœud gordien est là ! Les bonnes intentions de la Fédération sont malheureusement restées au stade de vœux pieux. En tout état de cause la démobilisation du corps enseignant est devenue patente dès lors que la question des horaires n'a pas été tranchée. L'autre versant de la problématique du développement du Sport compétitif scolaire a trait à l'inexistence d'infrastructures idoines dans les établissements. Concernant cet aspect, on ne peut pas s'empêcher d'incriminer nombre de directeurs de l'Education qui n'ont pas assez défendu la nécessité de prévoir au sein des écoles des structures adéquates et refusent parfois d'accorder des subventions pour l'aménagement des sites sportifs scolaires en dépit de la disponibilité de l'argent. Le manque d'installations sportives constitue, indéniablement, un handicap majeur dont on a mal anticipé les répercussions, au vu de la polémique engagée à propos de l'opportunité d'organiser, en fin d'année un BEF sportif et un BAC sportif. Pour la simple raison que de nombreux établissement ne possèdent pas les conditions minimales requises pour la préparation des élèves à ce type d'examen. Nous pensons qu'il faut faire avec en attendant des jours meilleurs, car il apparaît maladroit, voire stupide d'aliéner ce grand acquis tendant à revaloriser la matière d'EPS et à rehausser subséquemment le statut de l'enseignant d'EPS. Parce qu'en fin de compte et les spécialistes du Sport le savent, la vitesse, la course de fond ou le saut en longueur font appel à des qualités de base qu'il est loisible de travailler en dehors d'un contexte infrastructurel réglementé. Le problème des dispenses tel qu'il est couramment soulevé cache en fait un sérieux alibi pédagogique. En s'attaquant aux effets ? certificats de complaisance qui existent du reste ? on oublie vite que la séance de sport est d'abord un moment privilégié où l'élève laisse éclater sa joie, s'amuse et se mesure aux autres tout en développant des aptitudes physiques psychomotrices et socio-éducatifs enseignées sous forme d'objectifs ou de compétences par le prof d'EPS. Si l'enfant appréhende le cours de sport comme une corvée il y a de fortes chances qu'il se crée un phénomène de répulsion à l'endroit de l'activité d'autant que, vu le manque d'installations sportives, un bon nombre d'enseignants d'EPS passeront outre les conseils de leur inspecteur, abusent souvent de la course de fond synonyme de tours de piste interminables ennuyeux et démotivants amenant ainsi inexorablement l'élève à la dispense et à la frustration. Ceci étant outre cet aspect purement pédagogique nous pouvons également considérer le déficit en professeurs femmes comme un frein au développement au sport féminin. Les enseignantes de sport représentent moins de 8 % de l'effectif d'encadrement. C'est faire peu de cas du contexte sociologique dans lequel évolue la femme algérienne. Aux décideurs de voir comment encourager les vocations sportives chez les filles en prévoyant pourquoi pas, des formations spécialisées pour le recrutement d'enseignantes d'EPS avec un cursus adapté aux pratiques féminines (gymnastique, danses, natation). La relance du Sport à l'école entretient comme nous le remarquons des liens étroits avec les conditions d'évolution de la pratique sportive. C'est une évidence qui apparaît même lorsqu'on aborde le problème des dispenses. Il y a quelques années j'ai été choqué en apprenant, par le journal, l'organisation d'un stage pour le recrutement, à Tiaret, de chômeurs afin d'en faire des animateurs pour les écoles primaires. J'ai exprimé mon courroux à travers une lettre ouverte adressée au ministre de l'Education nationale dont voici un extrait : «Comme pour les travaux de désherbage, de nettoiement, de plomberie-électricité, le créneau sportif fait partie des solutions bancales. Les «manœuvres» du sport sont là? il faut savoir que même les enseignants d'EPS en dépit d'une longue formation initiale et de nombreuses journées et stages de perfectionnement, éprouvent du mal à maîtriser les notions de psychomotricité, de schéma corporel, d'objectifs comportementaux etc. En tant que pédagogie, l'éducation physique et sportive n'est pas une discipline contemplative mais une discipline d'intervention qui poursuit les mêmes fins que les autres disciplines d'apprentissage. Elle a droit au respect à la considération?» Il est temps de repenser la politique du Sport à l'école dans le cadre de la réforme du système éducatif. Parce qu'en définitive, c'est le corps, cet orateur sans parole, ce médiateur entre la personne et le monde qui supporte le poids de l'effort et... de l'ennui. Refonte urgente de la formation aux métiers du sport Les «États généraux» du Sport national ont manifestement fait l'impasse sur un volet hautement stratégique concernant la Formation sportive qui est en train de partir en vrille. Une des missions fondamentales de la politique sportive nationale vise à promouvoir les métiers du Sport et à développer l'emploi sportif. Depuis l'indépendance et jusqu'à la promulgation du code de l'EPS, en 1976, le système de Formation en Algérie s'est appuyé essentiellement sur les CREPs et le CNEPs de Ben Aknoun (Alger) pour pourvoir les différentes structures du mouvement sportif national d'un encadrement qualifié. Les programmes de Formation s'inspirant du modèle français étaient d'un bon niveau, soutenus par une infrastructure sportive pédagogique répondant aux normes internationales. Contrairement à ce qu'on peut penser, les besoins pressants en personnels, à cette époque, n'ont pas influé sur la qualité des enseignements prodigués dans les centres de formation, sous tutelle du ministère de la Jeunesse et des Sports lesquels ont permis de renforcer le marché de l'emploi sportif par des éducateurs et techniciens de grande valeur. Dès 1978, la réforme de la Formation sportive s'est orientée vers une spécialisation plus accrue de l'encadrement avec l'ouverture de l'ISTS (Institut supérieur technologique des sports) et des ITS (substituts des anciens CREPs). Ces pôles de formations ont certes relancé la dynamique sportive en insufflant un nouveau souffle aux structures d'animation et de gestion mais leur impact, avec le temps, a révélé nombre de dysfonctionnements liés, en grande partie, à l'incompatibilité des profils de formation par rapport à la demande exprimée sur le marché du travail. Exemple des spécialistes issus de ces centres mutés dans des fédérations ou clubs pour assurer des tâches autres pour lesquelles ils ont été formés. Par ailleurs, l'intégration des enseignants d'E.P.S au sein du ministère de l'Education nationale, intervenue en 1981, a provoqué une sérieuse hémorragie de personnels pédagogiques sportifs au niveau des établissements scolaires, à telle enseigne que le ministère de l'Education, afin de parer au plus pressé, s'est engagé par le truchement des ITE ( Instituts technologiques de l'Éducation) à combler le vide laissé et ce, en ouvrant des sections ?Sport'. Une alternative conçue dans l'urgence qui a fatalement déteint sur le niveau de qualification des futurs PEM en Education physique et sportive, d'autant plus que ni les ITE ni les collèges d'enseignement n'avaient les moyens infrastructurels et les matériels adéquats pour dispenser un enseignement de qualité. Parallèlement et pour sa part l'ENS de Mostaganem a fait mieux en instituant, la première, une licence en Education physique pour les besoins des lycées et CEM. Actuellement, il existe 22 points de Formation sportive universitaire, à travers le territoire national soit près de 5.357 étudiants en 2016 qui, dans certaines facultés, ne disposent pas d'équipements élémentaires pour une formation de spécialistes dignes de ce nom. De nouvelles certifications universitaires sans commune mesure avec les moyens disponibles et décalées par rapport au marché du travail. Quelle est l'utilité par exemple d'un Master en mouvement et motricité, sport et santé au 3ème âge, performance et activités physiques, adapté enseigné, excusez du peu, dans des laboratoires de recherche que nous serions curieux de visiter. N'y a-t-il pas là une forme de mimétisme ruineux qui consiste à copier des universités étrangères dans des cursus sans impact pour l'heure actuelle sur le mouvement sportif. Il est temps de réfléchir à une modélisation du système de Formation afin d'aboutir à une mutualisation des énergies bénéfiques pour tout le monde. La loi 13/05, de juillet 2013, dans son article 110, offre un cadre de concertation idoine, la Commission méthodologique et scientifique des Sports, à l'effet d'insuffler plus de cohérence et de pertinence au domaine de la Formation. L'État n'est-il pas garant des diplômes délivrés à des fins d'encadrement ? Les instituts ou facultés des Sports, créés dans plusieurs universités du pays, en l'espace d'une dizaine d'années et qui ont formé à tour de bras des centaines de professeurs de Sport, assistants, maîtres assistants et docteurs en EPS qui sont obligés parfois de s'expatrier au profit des pays du Golfe, ont grandement besoin de s'organiser et de procéder à une évaluation du produit de la Formation sportive en Algérie. Une élite formée, à grands frais, dans des universités dépourvues pour la plupart, de moyens modernes, s'agissant d'une discipline qui embrasse un large éventail de sciences, mais qui est restée (l'élite) confinée dans des activités théoriques, sans impact sur la mouvance sportive nationale. Forte d'une pléthore de hauts diplômés, la Formation sportive universitaire commence, cependant à battre le pavé pour revendiquer des postes de travail, dans le cycle primaire de l'Education nationale. Les marches de chômeurs issus des facultés sportives de Constantine, d'Alger et de Boumerdès sont significatives du malaise qui frappe la formation sportive dans notre pays. L'inadaptation du système de Formation sportive est à l'origine de la faible «employabilité» sur le marché du travail. Le but d'un éventuel débat sur la question, du reste escamotée par ces états généraux, est de cerner au plus près cette problématique en identifiant les freins et les tendances actuelles en matière de formation aux métiers du Sport. Une harmonisation des programmes de formation et une meilleure approche des profils adaptés aux besoins sociaux, culturels et économiques du pays, constituent des objectifs à atteindre afin de surmonter la crise actuelle. Autrement dit, il s'agira de réaliser un portrait statistique de l'emploi sportif, au sens large du terme, c'est-à-dire intégrant tous les métiers du Sport existants et ceux au potentiel affirmé comme les métiers de l'industrie du sport, la commercialisation des articles de sport, la médecine sportive, la maintenance des installations, le marketing sportif, la gestion des évènements, la construction, la communication et la publicité et la presse sportive, etc. Un état des lieux nécessaire pour avancer et donner plus de visibilité aux actions de Formation et leur corollaire le travail sportif. Le niveau et le style de vie de la population algérienne ont profondément changé avec l'intrusion de la civilisation des loisirs dans nos mœurs. |