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On avait dit en
2014 que « Le pétrole de schiste américain était un danger pour l'OPEP». Il
était, certes, un danger pour l'OPEP parce que l'on a voulu le faire croire. De
plus, l'oligarchie financière mondiale a tout misé sur Hillary Clinton. Mais
elle a fait des faux calculs en pensant qu'elle serait la présidente des
États-Unis. Mais voilà, l'Histoire a décidé autrement, elle a choisi Donald Trump qui, lui, va fausser les calculs des oligarques qui
n'ont rien compris à l'histoire. D'autant plus qu'il est aidé par un événement
imprévu auquel personne ne s'attendait. Des situations complexes telles qui
font irruption et changent le cours de l'histoire. (L'auteur)
Quel est le secret de la remontée du prix du pétrole aujourd'hui, si secret il y a ? Depuis la fin de la convertibilité du dollar en or, le 15 août 1971, par le Président Nixon, et le krach pétrolier de 1973, le pétrole du Moyen-Orient est venu soutenir le dollar. En effet, en devenant la monnaie de facturation du pétrole, le « pétrodollar » a remplacé, de manière discrétionnaire le dollar-or. Tous les pays importateurs de pétrole du monde sont tenus d'acheter des dollars sur les marchés monétaires pour régler leurs importations pétrolières. C'est ainsi que l'on peut dire que si les États-Unis n'avaient pas ce privilège exorbitant de créer des dollars à partir de rien, juste adossés à leurs déficits de leurs balances courantes et commerciales, et facturer le pétrole en dollar pour « forcer les pays du reste du monde à acheter des dollars pour régler leurs importations pétrolières », on ne voit pas « où ils trouveraient des États qui accepteraient leurs dollars, et les financeraient ainsi gratuitement. » Il est évident qu'aucun État n'accepterait de financer l'Amérique sauf évidemment s'il est protégé par une menace réelle par les États-Unis. Mais cela ne s'applique qu'à quelques États, par exemple, les États monarchiques du Golfe. De plus, il faut rappeler que les crises monétaires entre les États-Unis et l'Europe, en 1971, ont achoppé sur ce problème. L'Europe refusait des dollars issus de la planche à billets américaine, et exigeait de l'or. A cette époque, le dollar était encore convertible en or. Donc, sans le « pétrole », les États-Unis n'auraient pu injecter massivement des liquidités, et financer leurs déficits budgétaires et courants serait impossible, sinon « à déprécier leur monnaie sur les marchés monétaires. » Tous les investisseurs du monde fuiraient le dollar. Le dollar cesserait d'être une valeur-refuge. Les valeur-refuge seront les monnaies qui seraient plus stables telles l'euro, le yuan... aujourd'hui. On comprend pourquoi les guerres en Syrie, en Irak, en Libye, les sanctions contre l'Iran... sur la donne pétrolière qui est vitale pour l'Amérique. Cependant, bien que le dollar reste toujours la monnaie de facturation des transactions pétrolières des pays d'Opep, l'endettement occidental a explosé. Il est dû, essentiellement, à la perte de compétitivité des pays occidentaux, dans le commerce mondial face aux pays émergents, en particulier la Chine, et aussi aux dépenses de guerres occidentales menées, tous azimuts, au Moyen-Orient, pour regagner la mainmise sur les gisements de pétrole perdus durant la guerre froide. Le déclin de l'URSS et ensuite sa chute, en 1991, facilita la fuite en avant des États-Unis contre les États (Irak, Iran, Syrie) réfractaires à sa domination. Cette situation de guerre et de perte de compétitivité ont été à l'origine des crises économiques occidentales qui se sont succédé depuis la crise immobilière de 2007. La crise financière de 2008 et les quantitatives easing, i.e. les politiques monétaires non conventionnelles, ont joué un rôle majeur dans le sauvetage du système bancaire occidental et dans la relance de leurs économies. Enfin, la crise pétrolière au deuxième semestre de 2014 qui a coïncidé avec la fin des quantitatives easing américains a constitué un tournant de l'histoire. De 2014 à 2016, la situation s'est assombrie pour le reste du monde. Les plus touchés furent les pays exportateurs de pétrole, la Russie, le Brésil... Pour contrer la décroissance économique, les pays d'Opep et la Russie se sont alliés pour faire redresser le prix du pétrole. Une première réunion à Alger (30 septembre 2016), une seconde à Vienne (30 novembre 2016). Le 10 décembre 2016, ils trouvent un accord pour réduire leur production. Les cours pétroliers ont effectivement remonté, le Brent passe de 44,68 dollars, le 8 novembre 2016, à 55,82 dollars, le 28 février 2017. Cependant, malgré les accords de quatorze pays d'OPEP et la Russie, les cours chutent de nouveau. Le Brent est à 45,08 dollars, le 22 juin 2017. (1) Pourtant cette chute du prix du pétrole ne dure pas. Depuis le 31 août 2017, le cours du pétrole ne cesse de remonter. Une bonne nouvelle pour les pays exportateurs de pétrole. Le 31 juillet 2017, le prix du pétrole Brent qui était à 52,40 dollars passe aujourd'hui à 70,19 dollars. Que peut-on penser de cette remontée du pétrole ? Comment comprendre cette remontée inattendue du prix pétrole ? Alors que pendant trois ans, du deuxième semestre 2014 au premier semestre 2017, le prix du pétrole a tourné en moyenne autour de 50 dollars. Quel est le secret de cette remontée, si secret il y a ? Cette remontée est-elle appelée à se poursuivre ? Où n'est-elle que conjoncturelle ? Olivier Delamarche. Le paradoxe de la dette publique et des quantitatives easing Il est important, avant toute chose, de comprendre les problèmes monétaires qui sont liés, indirectement, aux cours des prix pétroliers. Pour cela, citons un entretien d'Olivier Delamarche, rapporté dans une vidéo. Olivier Delamarche est un analyste financier connu en Europe et aux États-Unis. Il est président-fondateur de la société de gestion de portefeuille ?Platinium Gestion', et spécialisé en analyse macro-économique et gestion de portefeuille. Ecoutons Olivier Delamarche : « Un QE c'est quoi ? C'est tout simplement un QE version américaine, la Banque centrale, la Fed, qui fait marcher la planche à billets, crée de l'argent pour pouvoir acheter les Treasury américains qui sont émis par le gouvernement américain. Donc le gouvernement émet de la dette. Comme vous n'avez, aujourd'hui, plus personne pour acheter cette dette, avant il y avait des Chinois, des Japonais, des Européens, il y avait le monde entier qui venait acheter de la dette américaine. Aujourd'hui, les Chinois ont compris qu'on se foutait d'eux. Les Chinois ont arrêté, les Japonais sont moins agressifs sur les achats. Les Européens ont leurs affaires. Donc, aujourd'hui, il n'y a plus personne qui achète la dette américaine. Il fallait bien qu'il y ait quelqu'un qui le fasse. Et qui le fait c'est la Fed. Et donc, la Fed qui n'a pas de sous par définition, qu'est-ce qu'elle fait ? Elle fait tourner la planche à billets. Et puis elle achète et pas tout à fait directement parce qu'en fait l'État américain émet des obligations, et les obligations sont rachetées par les primary dealers. Ce sont les principales banques américaines : Goldman Sachs, Morgan Stanley, etc. qui rachètent ces obligations et qui ont une espèce de contrat avec, si vous voulez, la Fed pour dire qu'on les rachète mais on vous les refile une semaine après, avec un petit bénéfice. Et donc la Fed récupère, par ce circuit, 70 à 80 % des émissions obligataires émises par le Trésor. Alors ça veut dire quoi ? Ça veut dire, tout simplement, c'est les deux poches du même pantalon. C'est-à-dire que c'est le même organisme qui vend et qui achète. Donc ça veut dire quoi, ça veut dire que ça vous permet de maintenir les prix où vous voulez. Un marché, c'est quand vous avez plusieurs acheteurs et plusieurs vendeurs, et qui confrontent leur offre et leur demande. Là vous n'avez qu'un seul acheteur qui est la Fed. Donc c'est beaucoup plus facile pour maintenir les prix. Sauf que maintenant la Fed est devenue ce qu'on appelle une « bad bank » (traduit : une mauvaise banque). Puisqu'elle est bourrée d'obligations qui ne seront jamais remboursées. Donc voilà le principe du quantitative aesing. C'est j'émets l'obligation et c'est l'autre qui rachète. En fait c'est une fuite en avant. C'est de l'impression monétaire qui ne fait que gonfler la dette, les États et donc de la population, et sans aucune limite. Alors, évidemment, on comprendra assez facilement que le quantitative easing, si c'est émission dette et rachat par la Fed, l'argent par définition ne circule pas. Et comme il ne circule pas, vous ne pouvez pas voir de conséquences positives pour l'économie. Puisque ça ne rentre pas dans l'économie réelle. Et qui en bénéficie, c'est la finance en général, c'est-à-dire les banques. Goldman Sachs, Stanley Morgan et qui vont se placer sur des actifs financiers, c'est ça qui alimente la bulle financière. Que ce soit en termes immobiliers, en termes actions, en termes obligataires. Donc, voilà. Ça bénéficie, évidemment, à ceux qui ont le plus d'épargne. Celui qui a que de la dette et qui a été viré de sa maison et à qui on a pris sa voiture et qui mange des food stamp aux États-Unis, lui que standard and poor's monte ou baisse de 20 %, ça ne le concerne pas trop. Quand vous faîtes des quantitative easing, vous faîtes de la dette, on est bien d'accord. Donc vous endettez les gens, à leur insu. L'État c'est quoi ? C'est nous, c'est vous. Donc quand l'État s'endette, on vous endette. On ne demande pas votre avis, mais on vous endette. Quand on fait du quantitative easing c'est bien de la dette. Donc c'est de la dette qui est souscrite par vous. Vous ne le savez pas, mais c'est, quand même, vous. Ma fille a onze ans et elle a compris un truc, je lui ai dit un jour Mr Bernanke (Président de la Banque centrale américaine du 1er février 2006 au 31 janvier 2014), est en train de faire passer un billet de 20 euros de ta poche gauche à ta poche droite. Est-ce que tu as 20 euros de plus ? Elle m'a dit, mais tu es con papa. Tu sais, ma fille ça ne se dit pas, mais dans l'esprit, oui ! Sauf que Bernanke, il le croit. Il pense que passer de votre poche gauche à votre poche droite va faire quelque chose économiquement. Non ! Vous avez toujours 20 euros. Ça a juste changé de poche, mais c'est le même pantalon ! Ce n'est pas le pantalon du petit camarade d'à côté, c'est le vôtre ! Qu'est-ce que ça change ? Rien ! Il faut arrêter avec la dette. Parce que sinon vous tombez dans l'histoire japonaise. Vous allez vous retrouver avec 250 % de dettes. Sauf qu'on n'est pas japonais. Donc il va falloir qu'on cherche des financements à l'extérieur, et les financements à l'extérieur, les mecs ne sont pas fous. Si vous êtes à 250 % de dette, pourquoi est-ce que, aujourd'hui, les Japonais ne s'adresseraient pas aux investisseurs internationaux ? Tout simplement les mecs n'accepteraient jamais de leur prêter à 10 ans à 0,7 %. Ils ne sont pas fous. On a un pays qui a 250 % de dette, on ne va pas s'amuser à lui prêter de l'argent pour rien. On est sûr que l'on ne va pas récupérer notre pognon. Donc on va lui demander un taux d'intérêt bien plus élevé. Donc ça veut dire quoi ? Ça veut dire que vous creusez le trou. Si les Japonais se retrouvent avec des taux d'intérêt à 5 %, 250 % de 5 %, ça fait combien ? 12,5 pensez qu'ils vont avoir 12,5 % de croissance ? Non, donc c'est plié ! Ça veut dire qu'on sera à 300 %, puis à 350 %, puis à 400 % (dette) jusqu'au jour où on aura créé tellement de billets que le yen pourrait aller... c'est du papier-toilette... pas autre chose. Donc, il faut arrêter de penser qu'il n'y a jamais aucune conséquence à rien. Moi j'entends souvent l'Etat a cas..., il y a cas. Non il n'y a pas cas ! C'est vous l'État.» (2) Si on écoute Olivier Delamarche et l'histoire du pantalon et de la dette japonaise, on peut lui donner raison, cependant dans un « sens seulement ». Il faut préciser que ce pantalon à deux poches dont il parle, s'opère que si le système financier américain était clos. C'est aussi une façon de caricaturer le « processus de monétisation de la dette publique », qui peut s'appliquer à n'importe quel pays du reste du monde qui n'a pas les monnaies internationales. Ce qui n'est pas le cas des États-Unis, de l'Europe, du Japon et récemment la Chine qui a été intégré dans la cour des grandes puissances monétaires du monde. Et on ne doit pas perdre de vue que le dollar est la monnaie internationale la plus prisée du monde. A suivre... * Chercheur spécialisé en Economie mondiale, Relations internationales et Prospective. Officier supérieur de l'ANP/FN en retraite Notes : 1. «Prix du baril - Le cours officiel du baril de pétrole» http://prixdubaril.com/ 2. «Qu'appelle-t-on Quantitative Easing (QE) ?» Vidéo de Olivier Delamarche. Janvier 2014 http://devenonscitoyens.fr/2014/02/quappelle-t-on-quantitative-easing-qe/] |