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Les usines de
montage de produits électroménagers et électroniques dont les téléphones
portables intelligents, qui connaissent un développement exceptionnel, semblent
vouloir échapper au pallier basique de l'industrie d'assemblage, en tendant
vers d'ambitieux niveaux industriels,
- i.4 ou, pour être en phase avec un discours d'actualité, des exportations de produits, que l'Etat subventionne aux seuls consommateurs algériens, et des exportations symboliques sans lendemains prévisibles de quantités dérisoires de produits agricoles comme la pomme de terre en 2016, etc., affectant sérieusement une image de marque encore au stade des difficultés de façonnage. L?usine d'assemblage des voitures allemandes de marque «Volkswagen» à Ghilizane, semble vouloir constituer une lueur d'espoir de rupture avec cette modeste conception du développement industriel. L'engagement heureux pris par « Volkswagen-Algérie», le 27 juillet 2017, à l'occasion de la mise en assemblage de cette marque en Algérie, d'exporter, à terme, l'essentiel des voiture assemblées et des pièces de rechange, supposées produites sur place à Ghilizane, peut signifier, on ne peut mieux, le début d'un coup d'arrêt à la tendance à un assemblage au rabais, qui aurait pu sceller, à jamais, la «prédisposition» à la dépendance et à l'asservissement propres aux petits sous-traitants, au profit de la grande industrie automobile dans le monde. L'enthousiasme avec lequel cette déclaration a été faite par le promoteur algérien de cet investissement, pourra-t-il refléter cet espoir ? Ou constitue-t-il, tout juste, une manifestation de bonne foi d'un «juvénilisme » propre à une réaction d'un bénéficiaire heureux des dividendes qu'il tirera, surement, de son affaire. Lui qui a vendu, par anticipation, en une semaine, la production d'une année de son usine ; même si celle-ci pourrait, par contre, entrainer, des dommages sur le plan macro-économique, nés du «shuntage» du rôle du circuit bancaire dans les transactions commerciales qui, eux, ne feraient, peut être pas partie, dans la nature des choses, des soucis d'un promoteur privé. C'est, inévitablement, le prix à payer contre un développement industriel aussi inévitable. Manquent, toutefois, au-delà de la note du préjugé favorable, les assurances de crédibilité à accorder aux intentions, en l'absence d'un échéancier rigoureux quant à la tenue des engagements en matière d'intégration progressive attendue. Le cas du projet de montage de moteurs-véhicules à El Bayed, s'il se concrétisait selon les caractéristiques annoncées par le promoteur algérien, constituerait, également, un autre point de satisfaction, se situant dans la lignée de l'usine «Volkswagen», avec, en prime, un souci d'intégration plus prononcé. S'agissant du sens des intérêts sociaux qu'a ou non un promoteur privé, l'amenant à inscrire ou non dans les coûts de ses investissements, les soucis de la collectivité à laquelle il appartient, le sujet rappelle une question qui risque de demeurer, à jamais, purement philosophique, sans réponse tranchée,. En tous les cas, les dommages sus évoqués, rappellent bien, les rôles les plus rudimentaires que doit jouer la banque et les finances publiques dans le financement des investissements et autres activités économiques qui régissent, fondamentalement, l'économie de marché. Ceci, aurait dû, plutôt, interpeler les pouvoirs publics, en charge de ce dossier, pour préserver les intérêts des investisseurs, ceux de la collectivité nationale et ceux de son économie. Les soubresauts que connurent les gouvernements algériens entre mai et août 2017, auraient pu être, de ce fait, largement évités. Mais il faudrait reconnaitre, en contrepartie, pour être juste, qu'une industrie automobile notamment, n'est pas «donnée» ; tellement les enjeux sont complexes quant au consentement, par le propriétaire étranger de la marque, à transférer une partie de ses droits technologiques, industriels, commerciaux, financiers et autres. Cependant, tout est envisageable par la négociation, mais à terme, après la levée des craintes et le gain de confiance, mutuellement constatées ; à la condition d'inscrire, du côté algérien, l'échéancier précis de l'acquisition graduelle de la technologie, du savoir faire managérial et des parts de marchés extérieurs que doit ramener le propriétaire de la marque. Pour cesser d'être naïf, il faut se rappeler que cette démarche d'échange d'intérêts, est aussi requise pour toute activité industrielle de complexité et d'enjeux reconnus, ciblée à l'importation. Parallèlement, puissent les renoncements à accorder des licences d'importation de véhicules décidés le 19 octobre 2017, pour l'année 2017, constituer les signes précurseurs d'une gestion, au fond, de ce dossier; (ii) Ou un tissu de PME industrielles receveuses d'ordres (commandes), sous-traitantes de grandes entreprises et usines localisées à l'étranger. Auquel cas, nous serions de parfaits sujets acceptant volontiers, de demeurer à jamais, dépendants de la volonté de donneurs d'ordres (commandes) situés à l'étranger et modulant, à souhait, nos ambitions au grand développement industrialo-économique et notre aspiration à jouir d'un bien-être grandissant et à traiter avec des partenaires sincères qui acceptent de partager leurs nouvelles technologies, leur savoir-faire managérial et leurs marchés à l'export. Le passage au palier supérieur avec la localisation en Algérie d'une bonne partie des industries donneuses et receveuses d'ordres assurant un environnement propice au développement des relations entre PME et grandes usines et industries nationales de capital algérien ou mixte, est de nature à densifier les échanges inter industriels dans le pays, en faveur d'un développement auto-entretenu et auto-sous-traité. L'implication du capital étranger dans ces relations de production, permet, d'un côté, de relativiser la dépendance pure vis-à-vis des donneurs d'ordres installés à l'étranger, de l'autre côté, de maximiser la valeur ajoutée créée en Algérie et, d'un troisième côté, d'impliquer le partenaire étranger dans l'exportation des produits, fruits de ce partenariat, vers ses marchés traditionnels ; car prétendre pouvoir rentrer sur des marchés extérieurs sans leurs parrains historiques, distributeurs ou négociants, est une hérésie de profanes. Dans cette dynamique, le rôle du secteur privé industriel, en tant que sous-traitant intégrateur, une fois revigoré, est presque exclusif ; le secteur public industriel étant partenaire avec l'étranger dans la consolidation, l'organisation et la rentabilisation pour une meilleure efficience de la base industrielle donneuses et receveuse d'ordres (commandes). Par ailleurs, le pataugeage dans le sous-développement, est, aussi, une des conséquences de cette absence de grandes ambitions et d'aspirations à la grandeur. Les pays et populations pauvres dans le monde, ne reculent pas. Ils persistent, résignés à jouer, à jamais, le rôle de sous-traitants des économies surdéveloppées. Celles-ci hésitent à se délocaliser dans les pays en développement. Ces délocalisation sont, de plus en plus, contestées par les syndicats et par les partis politiques de beaucoup de pays développés. Pour certains d'entre eux, ils menacent de remettre en cause la mondialisation qu'ils ont, eux-mêmes, imposée au monde. La remise en cause «déguisée» de la liberté des échanges commerciaux arrachée par les USA au G 20 du 7 juillet 2017 ci-dessus rapporté, en est la manifestation la plus expressive. La sur-taxation par les USA, des feuilles d'aluminium, en provenance de la Chine Populaire, décidée en octobre 2017, en est la manifestation éclatante. C'est une ironie de l'histoire humaine : cette mondialisation, trouve actuellement en la Chine Populaire communiste, son défenseur le plus acharné. Les résolutions du neuvième sommet des pays du BRICS, tenu les 3 et 4 septembre 2017 en Chine, le consacrent bien, haut et fort. Comme quoi, les intérêts des nations n'ont jamais été conduits par une quelconque idéologie. Ce sont, plutôt, nous, pays sous développés et en voie de développement, qui en saisissons, naïvement et très mal, les grands enjeux. Il importe de rappeler, à titre comparatif, que tous les pays que nous avons toujours choisis pour nos besoins de comparaison en politiques économiques et sociales (la Chine, le Brésil, le Mexique, la Corée du Sud, l'Espagne, la Turquie et la Malaisie, etc.?), ont développé, pour réduire leur pauvreté et devenir, en matière économique, des pays émergents, leurs bases industrielles lourdes suivies, ou en parallèle souvent décalé, du développement de leurs tissus de véritables PME, à même de garantir une sous-traitance industrielle d'intégration avec leurs propres grandes usines de leur lourde base industrielle, pour échapper à la sous-traitance de dépendance et d'asservissement vis-à-vis des pays développés. Même quand des conjonctures «électoralistes» imposent, par pragmatisme politique et partisan, des adaptations dans leurs politiques économiques et sociales d'accommodement, la tendance lourde de la mise en place de la lourde base industrielle, n'est jamais abandonnée. A en tirer, quant à nous, les enseignements qu'il faut, pour une mise en œuvre correcte de notre politique de développement en évitant de renvoyer les projets structurants au moindre «éternuement» financier. Par conséquent, deux jugements sévères, mais réalistes, s'imposent, dans l'immédiat, au sujet du secteur privé industriel algérien sous sa fragilité actuelle (en 2017) abondamment sus diagnostiqué: 1- l''implosion du secteur public industriel, si elle venait à se produire ou à être provoquée, emporterait, systématiquement, le secteur privé industriel; 2- La disqualification, dans l'immédiat, du secteur privé industriel, en raison de ses multiples handicaps, précédemment recensés, à réaliser la diversification économique, du pays. Devant les quelques rares exceptions, très isolées d'ailleurs, tel que nous l'avons, ci-haut, suffisamment explicité (2,57% seulement d'entreprises employant entre 10 et 49 salariés, 0,31% entreprises employant entre 50 et 249 salariés et seulement une dizaine d'entreprises employant plus de 249 salariés) et devant la rareté de ses investissements à moyen et long terme, l'opérateur privé en Algérie en général, semble, de plus en plus, s'orienter vers les activités de services, immédiatement enrichissantes, dans l'absence d'une haute vision et de grandes ambitions profitables aux futures générations, au-delà des intérêts individuels, immédiats et étroits. La nouvelle loi d'orientation pour le développement de la PME de janvier 2017, est, incontestablement venue, avec beaucoup de retard, confirmer ce constat de déception à l'égard des résultats enregistrés par l'industrie privée en Algérie représentée par des entreprises telles que nous les avons exposées précédemment. Ceci, en dépit : (a) de la loi de 2001 sur la promotion de l'investissement ; (b) des programmes nationaux destinés à l'amélioration de la compétitivité industrielle des PME dont, notamment, ceux pilotés par l'Union Européenne (MEDA) au profit des PME de plus de 20 jusqu'à 250 salariés (entre 2002 et 2005 et entre 2002 et 2007) et au profit de l'amélioration de l'environnement des entreprises de petite taille pour leur mise à niveau ; programmes soutenus par la création, en 2005, de l'Agence Nationale de Développement des PME (ANDPME), à l'effet de piloter ces programmes pour le compte du gouvernement algérien ; (c) des engagements (non tenus) pris en 2002 au moment de la signature de l'accord d'association avec l'Union Européenne, à privatiser, en moins de deux ans, l'essentiel des 700 entreprises du secteur public et, enfin, en dépit (d) de la nouvelle stratégie industrielle initiée en 2007, visant à accroitre la part de l'industrie dans le PIB, à diversifier les exportations et l'économie, à accroitre la part de l'industrie dans la création d'emplois, en tablant sur le renforcement du secteur privé dans l'industrialisation, notamment par les privatisations. Les erreurs de jugements Comme présentée plus haut, l'industrie privée en Algérie, très peu élaborée, rudimentaire dans sa majorité et qui, de surcroît, ne représentait, en 2016, malgré cette précarité, que 8,76% de la production de tout le secteur privé qui ne présente pas de perspectives pratiques à pouvoir relayer, de sitôt, le secteur public marchand industriel, objectif affiché, très haut, dans la vision arrêtée en 1999. La déception, à cet égard, est que le programme gagnant lors des élections présidentielles de 1999, faisait le même diagnostic et, prescrivait, pourtant, le traitement qu'autorisaient les atouts du moment, mais exécuté partiellement et imparfaitement jusqu'à présent, et qui aurait pu être largement salvateur, en attendant de meilleures performances. Les atouts, dans l'intervalle, se sont pourtant, améliorés par rapport aux conditions de 1999. Mais ce n'est pas, de sitôt, que la nouvelle loi d'orientation sur la PME, pourrait produire ses effets. Ceux-ci demeurent, sérieusement problématiques, en raison du défaut de l'esprit d'entreprenariat industriel, suffisamment aiguisé, chez les entreprises privées. Celles-ci sont, comme nous l'avons rapporté, minuscules de taille, versées beaucoup plus dans les services, dans les professions libérales, dans l'artisanat et, presque à 50%, constituées de personnes physiques et de caractère familial. Nous y reviendrons, également, dans la partie que nous consacrerons au redéploiement que nous voulons salutaire. Les antagonismes, tels : «modèles de développement équilibré/déséquilibré, industrie lourde/industrie légère, small is beautiful (5), ouverture/fermeture économique, industrialistes/financiers et, secteur public/secteur privé, notamment», ne sont, tous, que de portée très relative. Ce dernier antagonisme intègre, sommairement pour le cas de l'Algérie, l'essentiel des éléments constitutifs des autres antagonismes. Il occupe toujours le centre des débats depuis le début des années 1980. Les divergences d'argumentaires s'accentuent, quant au rôle qu'il (le secteur privé) peut jouer dans l'industrialisation et dans la diversification économique. Il est, pour les» industrialistes», toujours affecté d'un rôle de finisseur, de sous-traitant et d'intégrateur dans la dynamique que crée l'industrie lourde et que, pour l'immédiat en Algérie, seul le secteur public peut créer, en partenariat avec les grandes entreprises étrangères de référence. Les avis soutenant le contraire, en affectant le rôle moteur de développement au secteur privé dans son état actuel, font appel à des argumentaires fort controversés : Des «copier-coller» en série, sans grandes tentatives de vérification du bien fondé des sources de référence et sans discernement, ou à des outils d'analyse mal assis, ou, enfin, à des outils inadéquats, sciemment instrumentés pour affirmer des aprioris qui, plutôt, ne résistent pas devant la moindre des preuves. Pour une meilleure argumentation, nous en donnerons les exemples suivants : 1- La naissance du secteur privé industriel, de services et de BTPH, s'est faite dans la périphérie ou sur les décombres du secteur public industriel, commercial, des BTPH et autres services marchands. Dans le premier cas, ce fut un rôle marginal, insignifiant, venant coller aux EPE ou à leurs unités de production, au temps des monopoles de l'Etat jusqu'à leur démentiellement. Dans le deuxième cas, le secteur privé industriel, à l'évidence, ne fut, à l'origine, dans sa grande majorité, que le produit rentier de la privatisation des Entreprises Publiques Economiques industrielles locales notamment, et le produit, de même nature, de l'ouverture désordonnée et improvisée de l'économie, à la concurrence nationale et étrangère. A suivre Note (5) F.Schumacher Contretemps/Le Seuil, limitant les ambitions des pays au développement aux seuls petits équipements et outillages. Publié en anglais en 1973 et publié en français en 1978. *Economiste, ancien ministre |