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Les femmes saoudiennes peuvent
desormais assister aux matches de football. Les
chaines occidentales de télévision annoncent la nouvelle en grande pompe, après
celle acclamant la possibilité pour les mêmes femmes saoudiennes de pouvoir
conduire.
Dans les pays du Maghreb, en Syrie ou en Irak (deux pays sacrifiés aux appétits de l'Occident) ou en Egypte, ces droits sont acquis depuis longtemps pour les femmes... Alors pourquoi ce déploiement de courtoisie des médias occidentaux envers l'Arabie Saoudite, l'un des pays les plus rétrogrades au monde en matière des Droits de l'Homme, où les décapitations sur les places publiques sont tout à coup occultées par ces mêmes médias (et au moment, comble de l'ironie, où l'Arabie Saoudite réussit à sièger au sein de la Commission des Droits de la Femme des Nations Unis...). Il faut se rappeler simplement que le dernier séjour du président Donald Trump en Arabie Saoudite s'est soldé par la signature d'un contrat faramineux de 380 milliards de dollars pour equiper l'armée saoudienne... et faire le bonheur du complexe militaro-industriel américain... Les nouveaux «privilèges» accordés aux saoudiennes font partie du «lifting» que veut réaliser le prince héritier Mohamed ben Salmane, afin de présenter un visage plus acceptable de l'Arabie Saoudite, grâce à des réformes ponctuelles comme la lutte contre la corruption, la réduction des privilèges des membres de la maison royale, et, comme indiqué plus haut, l'abolition de certaines prohibitions pour les femmes. Cependant cela se passe au moment même où les saoudiens poursuivent leur entreprise «pacificatrice» au Yemen, avec la bénédiction silencieuse, une fois encore, des médias occidentaux. L'Histoire nous enseigne qu'à chaque époque un peuple est sacrifié. Cette fois l'Histoire retiendra qu'au début du 21ème siècle, ceux qui se sont autoproclamés «Gardiens des Lieux Saints de l'Islam», en empochant les milliards de dollars deversés par les pélerins du Hadj, ceux-là, se conduisant en parfaits vassaux des Etats-Unis, ont soutenus ces derniers dans leur entreprise de judaisation de la Palestine, à travers l'ouverture de l'ambassade américaine à Jerusalem. L'Histoire nous enseigne aussi que l'Arabie Saoudite a été, dès le début du 20ème siècle, le vassal des Anglais, avant de devenir le vassal des Etats-Unis à la fin du siècle dernier. En effet, pourquoi devrait-on s'étonner de l'attitude de la monarchie saoudienne si l'on sait que déjà, au début des années 20 du siècle dernier, le Sultan Wahhabite Abdelaziz al Saoud avait assuré aux Anglais qu'il était disposé à céder la Palestine aux «malheureux juifs «. Voici le contenu du document rédigé par le Sultan et remis au délégué britannique de l'époque, Sir Percy Cooks. Document de renonciation à la Palestine en faveur des «malheureux juifs» signé par Abdel Aziz Al Saoud, fondateur de la dynastie wahhabite et remis au délégué de Grande Bretagne Sir Percy Cooks. On peut y lire: «Au nom d'Allah, le très miséricordieux, Moi, Sultan Abel Aziz Ben Faysal, Ibn Abder Rahman Al Faysal Al Saoud, admet et reconnaît mille fois à Sir Percy Cooks, délégué de Grande Bretagne, qu'il n'y a pas pour moi aucun empêchement à offrir la Palestine aux malheureux juifs ou tout autre, selon ce que décidera la Grande Bretagne, dont je ne contesterai pas la décision jusqu'à la fin du Monde». ( Document tiré de l'article de René Naba «La dynastie wahhabite et le bradage de la Palestine, 6 dec. 2017. Site Madaniya»). La forfaiture de la monarchie saoudienne vis-à-vis de la cause palestinienne vient donc de loin, et s'est perpétuée durant les 89 ans que dure la dynastie wahabite, qui a vu défiler 7 monarques, sans qu'aucun d'entre eux ne se soit «mouillé» vraiment contre l'entité sioniste israelienne. C'est à nouveau l'Histoire qui nous apprend qu'aucun soldat saoudien n'a participé à la guerre israélo-arabe de 1973 - alors qu'officiers et soldats algériens y avaient payé leur tribut de sang - ni encore moins à la guerre israélo-arabe de 1967. Et ce ne sera pas dans le contexte actuel que la monarchie saoudienne se tournera vers la Palestine, impliquée comme elle l'est dans le conflit yéménite, où elle a réussi à entrainer dans son sillage les autres pétromonarchies du golfe, mais aussi l'Egypte, la Jordanie, le Maroc, le Pakistan, le Soudan... au sein de la fameuse coalition armée destinée à contrer l'influence chiite iranienne. Dans ce conflit, l'Arabie Saoudite bénéficie évidemment du soutien des Etats-Unis, dont l'objectif partagé est aussi la soumission de l'Iran. Cela débouche ainsi sur l'emergence d'une alliance objective et «naturelle» entre entités prédatrices comme Israël, qui poursuit sa politique d'implantations de nouvelles colonies sur les terres palestiniennes, la monarchie saoudienne, qui veut asseoir durablement son hégémonie sur le monde arabe et musulman, et les Etats-Unis, le Nouvel Empire. Soulignons au passage que l'Arabie Saoudite ne s'encombre pas de scrupules pour conclure des pactes avec la Russie afin de sauvegarder ses interêts dans le domaine des hydrocarbures, au détriment des Etats-Unis... Cependant, et pour revenir à la forfaiture saoudienne vis-à-vis de la cause palestinienne, il est permis d'avancer que si la monarchie saoudienne a réussi à former une coalition de pays face aux rebelles chiites du Yemen, il est fort probable que les poids lourds de cette coalition comme l'Egypte ou le Pakistan suivent son exemple en reconnaissant très prochainement la légitimité de l'implantation de l'ambassade américaine à Jérusalem. A ce stade de la reflexion, l'on se demande pourquoi on appelle les chiffres utilisés en Occident «chiffres arabes». El Khawarizmi, qui les a conçus, n'était pas arabe, Il est né en Ouzbekistan, au 8ème siècle. De même Ibn Sina (Avicenne), qui a révolutionné les sciences médicales de son époque est né en Ouzbekistan, au 10ème siècle. Le grand mathématicien et poète Omar el Khayyam est né en Iran, au 11ème siècle. Ibn Rochd (Averroes), grand philosophe et juriste est andalous. Il est né à Cordoue au 12ème siècle. Aucun de ces grands savants, mathématicien, naturaliste ou philosophe qui ont marqué l'humanité n'était arabe, même s'ils s'exprimaient en langue arabe, langue utilisée au moyen âge comme c'est le cas pour l'anglais actuellement. Revenons au régime saoudien au sujet duquel René Naba affirme dans son article cité plus haut, que: «â une période charnière de l'histoire du monde arabe, aucun des sept monarques (de la dynastie wahhabite) n'était détenteur d'un diplôme universitaire, tous formatés dans le même moule de la formation bédouine et de l'école coranique... A l'instar des autres pétromonarchies gérontocratiques du Golfe, soit le tiers des membres de la Ligue arabe et les deux tiers de la richesse nationale arabe». Une précision qui pourrait être utile aux hérauts de l'âge d'or de la «civilisation arabe «, propagée par ceux-là même qui ont commencé à capturer des esclaves sur les côtes orientales africaines durant des siècles, et qui perpétuent cette «tradition» au 21ème siècle avec ceux qui voudraient bien se vendre pour quelques pétrodollars. René Naba ajoute: «Le plus riche pays arabe, membre de plein droit du G20, le directoire financier de la planète, a dilapidé une part de sa fortune à d'extravagantes réalisations de prestige et à la satisfaction d'invraisemblables caprices de prince, sans jamais songer à affecter sa puissance financière au redressement économique arabe ou au renforcement de son potentiel militaire, bridant au passage toute contestation, entraînant dans son sillage le monde arabe vers sa vassalisation à l'ordre américain». En effet, gràce à la manne pétrolière, les pétromonarchies du Golfe, et en particulier l'Arabie Saoudite, ont atteint rapidement un stade de modernisation avancé, avec l'aide des entreprises occidentales qui ont découvert en ces pays une sorte de paradis terrestre pour leurs bénéfices. Mais qui dit modernisation ne dit pas automatiquement modernité... Même si l'Arabie Saoudite à envoyé un astronaute dans l'espace en 1985 ( le neveu du Roi Fahd de l'époque, le prince Salman Ibn Abdelaziz al saoud) et qu'un journal saoudien avait salué cet évènement en le présentant comme «le signe avant coureur de la renaissance du leadership arabe en matière des sciences et des connaissances», il n'en reste pas moins que le régime saoudien reste encore réfractaire à la modernité et, par conséquent au savoir et la connaissance, embourbé qu'il est dans ses conceptions féodales. Un régime où la situation de la femme (un indicateur de la modernité) reste en deça de sa position dans d'autres pays arabes. Reste à signaler un fait curieux vécu personnellement à Puerto Banus (le port luxueux destinés aux yachts de Marbella, l'équivalent de Cannes en Espagne), où de jeunes filles et jeunes gens originaires d'un pays du golfe débarquaient du yacht familial en mini jupe, bermudas, et sans hidjab. Ce hidjab que nous présentent pourtant les théocrates wahhabites comme obligatoire pour la gent féminine... Mais dans ce cas serait-ce valable seulement pour les jeunes filles pauvres des autres pays musulmans, comme la Palestine? |