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La première date se rapporte à
la tenue du premier congrès sioniste mondial présidé par Théodor
Herzl au cours duquel il a été affirmé que le sionisme vise à établir pour le
peuple juif une partie en Palestine. La deuxième date signe la déclaration de
lord Balfour par laquelle le Royaume-Uni promet l'établissement en Palestine
d'un foyer national pour les Juifs.
La troisième date est le jour de la déclaration de l'indépendance de l'état d'Israël sur notre terre. Pour légitimer leur coup perfide, les sionistes prétendent que cette terre aurait été promise par Dieu lui-même au peuple juif il y a plus de deux mille ans, rien que ça ! L'acte notarié consacrant cette donation figurerait dans la Bible. Dieu devenu agent immobilier pour la circonstance, fait ce geste divin spécialement pour les Juifs, à l'exclusion de tous les peuples de la terre ! Les historiens israéliens eux-mêmes ont mis à jour cette grotesque supercherie qui consiste à considérer les mythes religieux comme des données historiques pour justifier l'appropriation de la terre de Palestine. Ils relèvent cette énormité qui fait du peuple juif une entité linéaire et indivisible restée pure en dépit de deux mille ans d'errance ! Non contents de volter nos terres, les Israéliens devaient les débarrasser de ses habitants. La Palestine regorge de territoires méthodiquement nettoyés. Epurés de leur population arabe forcé à l'exil, pour permettre, l'installation de Juifs venus de tous les coins du monde. Le témoignage vient d'un historien juif qui ne peut être soupçonné de partialité. Ilan Pape, qui a décrit méthodiquement le nettoyage ethnique perpétré à l'encontre de notre peuple. Moi-même je suis de Tantoura, un joli village près de Haïfa. Nous n'avions pas beaucoup de biens : quelques chèvres, un âne et un petit lopin de terre qui assurait la subsistance de la famille. Mais le pays était merveilleux. Les hommes de toutes religions cohabitaient en paix. Des sources pures abreuvaient le village dont les jardins luxuriants juraient avec le désert environnant. Le mer procurait des ressources en poisson abondantes qui arrivaient non seulement à faire vivre Tantoura, mais aussi les villes voisines. Mes souvenirs sont imprégnés de l'odeur de légumes, d'agrumes et de poisson, senteurs de vie intense qui, à présent, me donnent une envie de nausée. L'EDEN d'antan a fait place à des colonies qui ont effacé toute trace de notre passé. A l'attaque de la brigade Alexandroni, le 22 mai 1948, notre village de 1500 habitants n'a pu opposer aucune résistance. Nous avions entendu parler de l'Armée de Libération arabe mais aucun combattant arabe n'est venu nous soutenir. D'ailleurs, persuadés que nous n'étions pas en danger, habitués depuis toujours à vivre en paix avec les Juifs, nous n'avions jamais pensé qu'on allait nous expulser de notre terre par ceux-là mêmes à qui nous avions offert l'hospitalité, nos frères de race, des sémites. L'objectif de la brigade Alexandroni était de dissuader les villageois de revenir plus tard à leur village. Les maisons furent saccagées, le bétail et les récoltes confisqués. Les habitants déportés. Loin, très loin, de manière qu'ils ne puissent jamais revoir leur terre. Ne plus jamais avoir le souvenir de leurs ancêtres, ni de leurs racines. Les Juifs étaient experts en la matière, qui se targuaient d'avoir une mémoire prodigieuse de deux mille ans, il fallait effacer par tous les moyens possibles le souvenir de notre terre, couper à la source tout lien ombilical avec notre mère nourricière. Je vécus dans les camps de Yarmouk en Syrie avec ma mère et mes sœurs durant de nombreuses années. Ce fut une nouvelle existence, pleine d'amertume, sans mon père et mes frères, assassinés par les hordes sionistes. La misère et les privations devinrent notre lot quotidien. Au souvenir de notre belle maison de Tantoura, où nous menions une vie paradisiaque, vivre au milieu des égouts et des senteurs nauséabondes exaltait ma haine. Ma pauvreté n'est certes pas une tare, mais le sort injuste que le destin nous avait réservé était inacceptable. On peut être indigent et fier. Et la fierté, j'en avais à revendre. Ma mémoire d'enfant avait enregistré des images qui me mettaient définitivement à l'abri de l'oubli, j'avais vu de mes propres yeux le massacre, et personne ne pourra plus tard prétendre que j'étais l'objet d'une hallucination. Les membres de la Haganah ont tout fait pour rayer de notre mémoire tout un pan de notre vie, comme si nous n'avions jamais existé. Nos racines étaient fermement ancrées en Palestine depuis des siècles, au milieu de ce climat rude que nous avions dompté au fil du temps. Nous ne sommes pas nés d'une chimère ni d'un mythe. Des immigrants venus des coins les plus reculés de la terre, d'Amérique, d'Ethiopie, de Tchécoslovaquie, de Bulgarie, de Pologne ont déferlé sur notre terre et se sont emparés de nos biens. Ils étaient tout contents de fouler cette terre qu'ils voyaient pour la première fois de leur vie. Ils furent un peu rebutés par ce désert aride qu'ils ne pourraient domestiquer, habitués au climat bienveillant de leurs pays d'origine. Comme c'était une terre gratuite, offerte et subventionnée à profusion par le gouvernement et par les Juifs du monde entier, les colons s'y installèrent, et le monde naïf salua le miracle des Kibboutzim qui firent du désert un éden. Que firent les Etats arabes pour nous aider ? Un peu de gesticulation et beaucoup de trahison. Ainsi, peu de temps avant la date de proclamation de l'indépendance d'Israël, le roi de Jordanie Abdallah 1er avait rencontré Golda Meir et l'avait assurée de son soutien au plan de partage de la Palestine préparé par l'ONU, et de sa neutralité en cas d'attaque des armées arabes ; en contrepartie, il annexerait les territoires accordés aux Palestiniens. Après la déroute des armées arabes lors de la guerre de 1948, la Jordanie procéda effectivement à l'annexion de la Cisjordanie. Le roi Abdallah 1er paya le prix de sa trahison, puisqu'il fut assassiné à Jérusalem le 20 juillet 1951. Le 6 juin 1967, à la suite de la guerre des Six Jours, Israël occupa la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est. La Paix séparée conclue entre l'Egypte et Israël, après la guerre du 6 octobre 1973 porta l'estocade finale à la cause palestinienne. D'autres dates funestes jalonnent le calvaire de notre peuple. La reconnaissance par les Palestiniens de l'Etat d'Israël et les négociations d'Oslo et de Camp David n'ont pas fait avancer notre cause d'un iota. Les Israéliens en profitent à chaque fois pour implanter leurs colonies sur nos terres, rendant impossible le projet chimérique d'un Etat palestinien. Une décision toute récente du président américain reconnaissant Jérusalem comme capitale d'Israël vient de raviver nos plaies. Ce cadeau offert aux Juifs par ce président aliéné ne m'a pas surpris. Ce qui m'a le plus choqué, c'est la réaction des pays musulmans. Le roi d'Arabie saoudite, qui se targue d'être le Serviteur des deux Lieux Saints de l'Islam, est le premier concerné par le sort de Jérusalem. Troisième Lieu Saint de L'Islam et première direction pour la prière des musulmans, avant La Mecque. Grâce à son poids géopolitique dans la région, il peut à lui seul contrecarrer le geste du président américain et inciter le reste des pays musulmans à couper tout lien avec les USA. Il peut engager son formidable arsenal de guerre pour faire pression sur Israël l'amener à des négociations sérieuses avec les Palestiniens et reconnaître Jérusalem-Est comme capitale du futur Etat palestinien. Mais le roi bédouin se fiche royalement de l'avenir d'Al Qods. Il préfère tuer des musulmans au Yémen, en Syrie et en Libye, et perdre son temps et l'argent de son pays pour disputer à l'Iran le leadership dans la région en s'alliant au besoin avec Israël qui a décidé de faire de Jérusalem sa capitale éternelle. Un autre roi, celui du Maroc, préside depuis 1975 le comité Al Qods créé par les pays musulmans pour défendre les intérêts musulmans dans la ville sainte. Celui qui s'est autoproclamé Commandeur des croyants, peut-il défendre Jérusalem en s'entourant de conseillers juifs ? Que dire du roitelet de Jordanie, fils de rois félons, qui exerce sa tutelle sur les lieux saints musulmans à Jérusalem et qui a mollement condamné la décision du président américain ? Tous les autres régimes arabes, excepté l'Algérie, ont tout le temps utilisé la cause palestinienne pour servir leurs propres intérêts. Nous pâtissons plus de la trahison de nos frères arabes que de l'occupation israélienne. La grandeur d'une religion se mesure à l'aune de ses adeptes. Les musulmans ont rabaissé l'Islam à leur médiocrité. Leurs gesticulations clownesques à propos de la Palestine et de Jérusalem ne trompent personne. Je préfère retenir l'image sublime du prêtre Musaalam Manuel, ancien curé de Gaza, patriote palestinien et authentique humaniste qui défend les lieux saints musulmans en Palestine mieux que tous les imams de la terre. Hélas, personne n'est en mesure d'arrêter l'inéluctable tragédie. Face à l'expansionnisme israélien, face à l'impuissance des Arabes et des musulmans, face à l'indifférence du monde, le peuple palestinien est en train de mourir à petit feu. Il est voué à la disparition. Dans quelques années, on n'entendra plus parler de cet holocauste». |