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Partir était
toujours synonyme d'un vrai écueil avant d'être un véritable exil ! Un tout
petit plaisir, à très haut risque, comme on dit. Y réussir, à présent, c'est
surtout braver la mer et défier courageusement une mort certaine ! Croire au
miracle, en quelque sorte !
Quant au reste des multiples exactions et autres nombreuses privations ou inconnues provocations, mieux vaut ne pas en parler. Sinon, il est préférable de faire l'économie de toutes les énumérer. Mais que de soupirs ... ! Que de regrets? ! Ainsi, l'indésirable de ce côté-ci n'aura, en échange, rien gagné en passant de l'autre côté de la Méditerranée ! Il est tout juste devenu cet indésirable d'ici et d'ailleurs. Celui de partout et de nulle part ! Une « persona non grata » sur ses deux rivages ! Un homme à s'en méfier, à jamais ! Aussi, tenter d'y revenir n'est pas aussi facile que de quitter désespérément sa patrie ! À mesure que le temps passe ou presse, les choses se cassent, se tassent, coincent ou se corsent ! Etre « un sans-papiers » ou même celui bardé de diplômes équivaut au même titre d'ailleurs ! Ici comme ailleurs ! Sommes-nous, donc, face à cette chasse à l'homme, conjointement décidée par la France et par l'Algérie ? Au sujet de l'immigré comme de l'émigré ? Et pourquoi si, promptement, et bien maintenant sur cette rive comme sur cette autre de la Méditerranée ? Pourquoi manifestement, ces indésirables de la France le sont-ils également pour l'Algérie ? Et dans les mêmes proportions ou les mêmes conditions ? Qui a, donc, intérêt à jouer, si dangereusement, sur cette fibre très sensible de manière à la pousser à, justement, rompre à jamais le lien ombilical longtemps entretenu avec sa véritable patrie ? Mais quelle mouche a donc piqué, simultanément, à la fois l'Algérie et la France à l'effet de prendre, ensemble, pour cible notre pauvre émigration et sa diaspora, désormais, dans l'œil du cyclone ? Ballotté mais aussi tarabusté de toutes parts, stigmatisé du côté de l'Elysée, comme de celui de sa patrie-mère très prisée, le migrant ne sait plus à quel saint se vouer ni sur quel pied danser, où vraiment donner de la tête et quelle destination finalement prendre ! Désormais le « sale Arabe », disposant de la double nationalité, est devenu la proie, toute indiquée, à une double peine : traîner la silhouette d'un « potentiel terroriste » sur cette terre d'accueil, pas très accueillante, et passer, tout aussi juste, pour un étranger au sein même de son propre pays d'origine ! Il est donc confronté à ce phénomène social complexe et tout nouveau qui aurait, certainement, été à la base d'une véritable inspiration d'un travail de recherche approfondie ,si les éminents sociologues spécialistes des questions migratoires de la région de la Méditerranée que furent Pierre Bourdieu et Abdelmalek Sayed étaient encore de notre monde ! L'esprit, complètement obnubilé ou troublé, au milieu du gué de cette émigration choisie ou forcée, il scrute, à tout hasard, d'un œil très méfiant et vraiment désespéré les quelques nuages traînant, encore, plus bas que la voûte céleste, craignant qu'ils en rajoutent, eux aussi, à la fureur déjà insupportable des vagues de la mer de la haine qui rongent son esprit et le prennent en otage ! Trop d'idées inextricables, souvent farfelues ou ambiguës, lui passent à présent, par la tête, chevauchant, très dangereusement, son raisonnement plutôt jusque-là bien lucide ! À l'opposé, peu de solutions lui paraissent leur convenir, pour le moment ou sur le champ. En proie à ces tiraillements très dangereux, il préfère, donc, prendre du recul. Marquer un temps de repos, à défaut de trouver une solution ! A chaque nouveau signal, il se prépare à l'affût du moindre raffut. Comme, brutalement, tiré de son rêve, il se réveille en sursaut, cherchant, après ce petit bout de chemin qui le mènera à bon port. A une terre bien ferme ! Toute quelconque ou minable zébrure de la surface de la mer le fait frissonner. Toute orpheline bise qui farfouille, distraitement, dans sa large cape et pourtant serré capuchon, le fait frétiller d'inquiétude au sujet de son sort prochain. Toute supposée éclaircie lui ouvre, grands les yeux, plus loin sur l'horizon ! N'ayant pas de suite dans les idées, il se perd dans de continues réminiscences. Chaque jour, il attend un peu plus que le nuage qui lui obstrue la vue s'efface ou disparaisse enfin, que le temps lui soit, finalement, très favorable, que l'opportunité lui soit, elle aussi, bien meilleure ! Du moins que tout cela soit à son avantage, afin de pouvoir avancer juste d'un cran et gagner un empan, à son profit. Afin de se remettre convenablement, sur ses pieds pour continuer à encore et toujours espérer sortir indemne de ce vrai guêpier ! A chaque changement favorable dans l'état de la météo, il croit dur comme fer, en sa bonne étoile, ne cessant de marcher sur la pointe des pieds, foulant tous les tertres, à la recherche des moindres signes annonciateurs de ce bel horizon dont l'absence de ses signes et indicateurs lui faisait vivre, tout à l'heure, de très sérieux cauchemars. A la recherche de ce temps, bêtement perdu, il craint ces crépuscules à la hussarde ou très précoces qui lui annoncent des temps durs, bien sombres et très peu de perspectives encourageantes quant à ses nombreuses actions ou utiles réflexions. Il dort, désormais, dans cette position debout, mais d'un seul œil, le second ouvert sur le ciel, en véritable sentinelle ! Son exil, devenant avec le temps une seconde nature, vire aujourd'hui à un très sérieux cauchemar ! Le drame est que même son retour au pays natal est désormais soumis à cet obligatoire visa algérien pour celui qui est, aujourd'hui, (tenez-vous bien !) de retour à la grande famille et à la patrie ! Celui qui faisait naguère et encore, hier, la Méditerranée dans les deux sens de ses deux rivages, se trouve être, pour le moment, bel et bien cloué au sol, comme un avion interdit de vol ou un oiseau ayant vraiment du plomb dans les ailes. La raison ? Il ne sait même plus à quel territoire il appartient : à celui de ses aïeuls qui lui exige à l'embarquement l'exhibition d'un visa en bonne et due forme ou à celui où il s'est longtemps exilé et qui le pourchasse à la manière d'un vrai terroriste ?! Ici, on lui fait, soigneusement, ou très sournoisement coller l'étiquette surfaite ou parfaite d'un potentiel suspect ou possible terroriste, et, là, l'indésirable traîne, derrière lui, comme un boulet le désormais peu enviable statut de la double nationalité. En territoire français, on légifère à présent au sujet du faciès du citoyen comme indicateur de choix susceptible de véhiculer une toute indiquée religion, jugée, malgré elle, reproduire à profusion cette supposée industrie du terrorisme. Ainsi, après le voile intégral synonyme pour celui qui l'enfile de sujet français intégriste, voilà que la loi française se propose, cette fois-ci, de juger son peuple pour des considérations, relevant de la couleur de leur peau, de la tendance supposée du bigot contre lesquelles il est brandi à la face de celui supposé « véhiculer cette menace » de le déchoir de sa nationalité française ! Au pays natal, les choses sont plutôt pareilles ou tout comme ! Car, en plus de ce visa obligatoire d'entrée, au sein de sa propre patrie, pour les binationaux (excusez du peu !), la toute dernière mouture du projet de la Constitution les exclut, de facto, pour postuler à une quelconque fonction de haute responsabilité, au sein de l'appareil de l'Etat et de ses différentes institutions. Au nord de la Méditerranée, le binational rentre, désormais, dans la peau de « l'indigène d'autrefois », craignant, à tout moment, pour la déchéance de cette nationalité, laquelle lui permet de rester dans son pays d'accueil. Au sud de celle-ci, la future constitution de son pays natal le met dans ce second collège qui n'aura plus aucun droit de postuler à des postes supérieurs, au sein des administrations, des institutions publiques de la République. Et pourquoi, donc, cet acharnement si continu contre ce migrant, de part et d'autre de la Méditerranée, en ce moment précis ? Pourquoi l'Algérie se met-elle, aujourd'hui, au diapason constitutionnel de la France, dans la mesure où la première lui exige le visa d'entrée et des restrictions, quant à son embauche, au sein de la haute sphère des institutions du pouvoir, et que la seconde tente d'instituer dans la loi-mère (loi fondamentale) de son pays, cette variante de sa possible déchéance de sa nationalité ? Se trouvant entre deux feux, celui-ci désespère de son peu valorisé statut, ne pouvant s'empêcher de se muer, en cette victime expiatoire ne sachant plus qui choisir entre ses deux bourreaux. Mais pourquoi, donc, tout ce fiel haineux versé contre notre diaspora ? Pourquoi, aussi, toute cette ségrégation contre les migrants sur l'autre rive ? Quel malheur surtout que d'être aujourd'hui binational ? Ici comme ailleurs ? Pur produit de la négligence ignare et de l'exclusion algérienne, le migrant algérien est aussi le résultat d'un renoncement frustrant et très dangereux de la France, vis-à-vis, de son ancienne politique migratoire, d'où la logique conséquence de ces tirs croisés et très nourris qui le prennent pour cible privilégiée, afin de tenter, avec, de justifier l'échec politique de la gouvernance, au sein de ces deux pays. Qui a intérêt à massacrer de la sorte notre diaspora ? Et qui dérange-t-elle, en fait ? La France ? L'Algérie ? Sinon, les deux pays, en même temps et chacun, dans sa propre logique de vouloir s'en débarrasser au plus vite ? Aujourd'hui, on oublie même que les relais extérieurs de la Révolution algérienne ont été de grands pourvoyeurs en moyens financiers et en armements, à nos valeureux Moudjahidine dont leur progéniture et descendance expatriées, pour une raison ou pour une autre, se trouvent être considérées, malheureusement, comme une population étrangère, au pays de leurs aïeuls, au motif d'une double nationalité qui devait, doublement, les pénaliser ! Dans la logique de ce jeu très dangereux, la France comme l'Algérie vont perdre, à jamais, une large frange de leur population respective ou bien commune. Ces mesures d'exclusion et de ségrégation, pour le moins assez osées, pousseront ces migrants à bientôt se recroqueviller sur eux-mêmes, se repliant dans leurs intimes sentiments d'auto-défense, convaincus qu'ils demeurent indésirables sur ces deux territoires. L'un et l'autre auront beaucoup à perdre en jouant à cette maudite carte. Utiliser toute une bombe pour juste mettre fin aux agissements néfastes d'un rat, se réfugiant au sein des égouts ou pour, entre autres, priver une compétence de servir son pays, risque de faire sauter toute une grande cité. De toute façon, si futé dès sa naissance, le rat visé aura, lui, déjà quitté la cité. C'est d'ailleurs, ce chemin-là que prendra notre diaspora, très consciente qu'il ne fait plus bon vivre sur les deux berges de la Méditerranée. |