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Les jours sont
cafardeux et se surpassent à chaque lendemain qui se lève sur le pays. Ils se
suivent et se ressemblent dans leur quotidien routinier maussade d'un douar
figé dans le temps qui reste à la traîne et qui refuse de se mettre au diapason
du monde moderne dans son fonctionnement administratif et de ses relations
publiques avec le citoyen qui subit la lourdeur des formalités bureaucratiques
à contrecœur.
Ce jour là, j'étais assis sagement sur le banc métallique du hall administratif de la Daira absorbé par le bruit sonore émis à chaque instant par l'appareil numéral accroché au mur, tip ! Tip !tip ! Un ticket d'attente numéroté 02 entre les doigts je scrutais le mouvement de va et -viens des gens dans le brouhaha du hall d'accueil avec ses guichets pleins de monde dans cette dite «dairate-photocopie», attendant patiemment mon tour de passage au guichet pour régler mes affaires administratives. Je me disais dans la tête prématurément, j'ai de la chance le fait que j'avais un numéro tiré du rouleau de tickets très proche pour mon tour de passage au guichet et je l'avoue j'étais très joyeux dans ma tête de régler rapidement mes affaires et de quitter ces lieux empoisonner par la bureaucratie et insupportable à vivre par leurs comportements envers le citoyen. J'étais stresser et perdu dans mes pensées monotones de subir les aléas de la médiocrité du fonctionnement de l'administration qui refuse de servir le citoyen convenablement. J'étais très ennuyé de gâcher ma journée ici dans cet espace qui dégage le mépris. Un petit moment après mon numéro s'affiche au tableau digital du guichet, c'était mon tour. Je me lève rapidement et je me lance vers le guichet avec mon paquet de «kouaghtes» (papiers) en tous genres dûment ficelé et légalisé à la main. Bonjour mon frère! Que je lui dis. Voici l'entier dossier que vous m'avez réclamé hier pour mon recours. «Kirakoum à khouya, labes ?» Le guichetier s'empara de la liasse de papiers que j'ai déposé devant lui tout en vérifiant les pièces d'un œil il n'arrêtait pas de me dévisager de l'autre œil. Je me suis dis ça y'est, il va me dire c'est bon et c'est accepter et je pourrai alors donner du vent à mes pieds. Mais c'était sans compter l'ardeur, la finesse et l'adresse de ce méticuleux artiste, très doué dans le renvoi à la prochaine fois. Et c'est un réel plaisir qui est ressenti par les agents de cette espèce qui trouvent un malin plaisir pour vous trouver des poux dans la tête et vous renvoyer chez vous bredouille. Il était un peu «chine», je ne parle pas de la république populaire de Chine, mais de la laideur de mon interlocuteur «Il te manque la photocopie de la quittance des impôts «khouya !» Qu'il me dit en souriant. «Va voir dehors, c'est juste en face, il y'a un «hanout» qui fait des photocopies dans toutes les couleurs et tu me la ramènes rapidement!». Me dit le guichetier. Aussitôt, J'ai pris mes jambes à mon cou et je suis ressorti sans mot dire pour régler le problème fissa et je me suis dirigé comme un cave vers l'adresse indiquée pour le tirage d'un duplicata. Effectivement à l'intérieur du «hanout» il y avait deux grandes photocopieuses de marque japonaise «Canon». Derrière ces deux machines qui ronflaient bruyamment et qui s'éclairaient a chaque moment de leurs mouvements de va et viens, il y'avait une belle môme qui soufflait dans son Chewing gum et qui avait de la gueule. Elle était bien roulée et chouia un peu ronde. Elle jouait le rôle de la tenancière de la boutique et était occupée à faire tourner les deux machines qui n'arrêtaient pas de répandre de la lumière sous la surveillance de la dame. Elle soulevait à chaque fois le couvercle de l'appareil pour glisser des cartes nationales d'identités, des permis de conduire, des cartes grises, des passes ports, des registres, des « chkoupis» et Le tout venant bureaucratique lourd, pour faire des doublures machinalement avec cet appareil . J'étais debout au milieu d'un groupe de personnes qui ont été dirigés surement comme moi ici par le mauvais «dairiste ». Nous étions un groupe d'otages de l'engrenage de cette bureaucratie collante à la peau du citoyen désarmé face à cette «ghoula» attendant notre tour pour régler nos affaires de « kouaghetes» photocopiés. Et en attendant mon tour au milieu de ce groupe de personnes j'avais l'oreille tendue et j'écoutais chuchoté entre eux deux grands gaillards qui étaient juste à coté de moi et qui parlaient sans cesse à voix basse et qui dévoraient la tenancière des yeux langoureusement en se lissant les moustaches avec le bout des doigts. «Tu sais dit l'un à l'autre je la connais celle là ! Elle n'habite pas très loin de notre quartier. C'est une divorcée ! Un canon de beauté ! «Boumba !». Une incendiaire qui a le feu au derrière. Elle doit être en chaleur pour tourner comme ça ?» En effet la môme n'arrêtait pas de gigoter entre le tiroir caisse et les machines qui bourdonnaient bruyamment. J'ai tourné ma tête dans leur direction et je les ai bien regardés et fixé avec un léger petit sourire, façon de leur dire je vous ai entendu et j'ai compris votre manège. Je me suis dis dans la tête que ces deux lascars là « rahoum ikahlou aaliha» (faire les yeux doux). Je ne pouvais pas me retenir et rester loin de cette conversation mielleuse et j'ai répliqué amicalement ; moi je trouve normal que le machine s'allume que le tambour d'une «photocopieuse» chauffe de temps en temps et c'est un fonctionnement normal de l'appareil du fait de ses allés et venus. Une machine pareille qui tourne beaucoup ca chauffe et si la température du four grimpe elle peut faire sauter les fusibles thermiques. Les deux copains éclatèrent de rire et crurent que j'étais entrain de taper à coté de la plaque et que je n'avais rien compris à leur langage en «Cherra « (jargon local) Remarque, je leur ai dit une «photocopieuse» sans bouffée de chaleur c'est de la camelote et ses photocopies ne seront pas réussies et il faudrait bien qu'elle s'emballe et s'évente puisqu'elle chauffe tout le temps dans les moments de pénétration de documents à copiés... Et au moment où la discussion s'annonçait très sympathique avec ces deux gaillards avec qui j'ai lié une courte amitié, la belle tenancière a la taille canon est venue interrompre la conversation «Cha Aandek enta khouya ?» qu'elle me dit. «Khassni» photocopie, à madame ! Tes photocopies tu les veux en couleur ou en noir et blanc ? Me dit la charmante tenancière. En couleur pour donner le ton, s'il vous plait madame. Remarque c'est plus avantageux pour la formalité administrative exigeante. |