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Meilleurs vœux
Yennayer 2964 à toutes et à tous mes compatriotes qui sont attachés à une
Algérie éternelle, une et indivisible. Et bonne fête également à ceux qui sont
attachés à la tradition islamique, qui fêtent en ce même jour le Mouloud
Ennabaoui.
Algérie, une et indivisible patrie des ancêtres, plusieurs fois millénaire ; envers qui et de tout temps, Aguelids, Rois, combattants de la glorieuse ALN ou simples paysans, militants, intellectuels, journalistes, artistes ou citoyens anonymes se sont sacrifiés avec abnégation, courage et dignité pour défendre son unité, sa souveraineté, ses valeurs et sa pérennité ; en façonnant à travers leurs combats réciproques la personnalité et l'Algérianité de ses habitants. De tous ses habitants, qu'ils soient autochtones, venus du Sud par les confins du désert, de l'Est, en déferlant de l'orient, ou du Nord de la Méditerranée, venus en conquérants ou en amis, et qui se sont fondu dans l'immensité hospitalière de nos valeurs universelles en les enrichissants à chacune des étapes de son histoire. Du fin fond des temps immémoriaux, ses valeurs sont allés en se cristallisant, pour façonner les contours irréductibles d'une algérianité jalouse de son identité emprunte d'universalité, si convoitée par toutes sortes d'impostures et de charges de récupération sans vergogne. L'Algérie de nos ancêtres, celle des premiers hommes qui ont animé le néolithique local et qui ont façonné les premières formes de l'agriculture, avait ses propres rituels, ses propres symboles liés à la terre, qui constituaient sa culture naissante. Fruit d'une cristallisation de coutumes pastorales préagricole, qui plongent leur origine dans des dizaines de milliers d'années de préhistoire. Ces innombrables rituels, nourris de superstitions pour provoquer la générosité de la terre nourricière, ont trouvés en Yennayer (nouvel an), chez les Chaouias, un point de chute, qui est allé se généraliser à toute l'Afrique du Nord Amazighe. En fait, à l'occasion de leur acculturation pendant l'occupation romaine, ils durent adopter le calendrier Julien pour des raisons de commodités, pour inscrire leurs rituels dans une temporalité cyclique précise. Car le nouvel an de ce dernier calendrier coïncide avec le solstice d'hiver et s'inscrit dans les différentes étapes du cycle annuel de la vie végétale. La culture étant par définition un processus d'acculturation indéfinie, faite d'emprunts, d'échanges et de synthèses, les Chaouias vont adopter à l'occasion la désignation du mois de janvier par son nom latin « Ianiarius », comme ils vont adopter plus tard tout ce qui leur sera utile dans leur rencontre avec d'autres cultures, qui deviendra pour eux «Yennayer». Celui-ci connaîtra plusieurs appellations, suivant les parlers locaux des différentes variantes Amazighes et qui se prénommera tour à tour : Yennar, Yennayer, Ennayer, Naïr, etc. Mais cette acculturation ne se fera pas au détriment des formes et des contenus de leurs gestes et croyances anciennes, qui ont façonnés leur personnalité et leurs caractères spécifiques. Pour cela, ils ont dû résister de tout temps à des tentatives ethnocidaires de la part de puissances extérieures, dans le but de les assimiler et les soumettre. Cette tradition millénaire de nos ancêtres s'est transformée en arme redoutable, pour contrer les convoitises de nos terres et de notre souveraineté. Frantz Fanon en théorisa l'aspect et révéla au monde l'unité et la solidarité infaillibles de notre peuple et de l'expression de son algérianité. Ils ont dû défendre leur algérianité contre les hommes de religion, chrétiens et musulmans, qui l'ont combattue sans discontinuer, jusqu'à nos jours. Tertullien Père de l'Eglise naissante, qui s'acharnera à réprimer les réjouissances qui ont lieu chaque année pour célébrer les fêtes «païennes» de Yannaer. Saint Augustin s'attaquera à son tour sévèrement à ces manifestations en rapport à l'Ianiarius païen dans son livre «La Cité de Dieu contre les païens». Plus tard dans le Moyen-âge, cette fête fut considérée comme polythéiste (chirk) par les musulmans, interdisant à leurs fidèles d'y participer, jusqu'à sa condamnation pour le motif qu'elle est contraire à l'Islam et sera définitivement considérée comme hérésie (bid'a). L'émancipation de l'Algérie de l'emprise coloniale, n'a pas non plus ménagé l'algérianité dans ses valeurs et son identité profonde. Le discours de légitimation du pouvoir politique issu de cette émancipation a amputé à son tour l'essentiel de l'algérianite, en escamotant et en réprimant toute référence active aux composantes Amazighes de notre identité collective. Très tôt, la résistance contre ce déni s'organisa. Elle aura pour point de départ «la crise berbériste de 1949». Son objectif était d'intégrer la dimension amazighe dans le mouvement nationaliste algérien de sorte que l'Algérie indépendante ne serait inféodée à aucune doctrine étrangère, particulièrement arabe. Son slogan était une «Algérie Algérienne». La répression contre ces résistants fut très violente et n'a pas finie d'en faire des victimes à ce jour. C'est dans cette dynamique de résistance, que vers 1980, le militant Chaoui Ammar Negadi eu l'intelligence de mettre en œuvre un calendrier spécifiquement Amazigh. Pour ce faire, il lui fallait trouver un évènement marquant dans l'histoire de ce peuple, à l'image du calendrier Chinois, Chrétien, musulman, ou autre. Tout en lui imprimant une antériorité supérieure aux autres afin de donner plus d'ampleur à la spécificité culturelle Amazighe et de démontrer son enracinement profond dans l'histoire du Pays. Il finit par trouver un fait historique incontestable et en fait le point de départ de son calendrier. Son choix sera porté sur un évènement dont les traces écrites sont irréfutables. Il s'agit de la date à laquelle le roi Amazighe Chachnaq 1er (surnommé également Chichnaq, Chichneq, Sheshonq, etc.) fût intronisé pharaon d'Egypte en l'an 950 avant Jésus-Christ et qui sera à l'origine de la XXIIème dynastie qui régna sur l'Égypte jusqu'à l'an 715 av. J-C. Parmi ses exploits, une date clef fut inscrite dans la bible et constitue de fait une preuve intangible de son existence à cette période précise. Nous serons donc ce jour du 14 janvier 2014 d'après le calendrier d'Ammar Negadi, le 14 Yennayer (Ianiarius) 2964. Tous ces combats et cette longue résistance ont fini par avoir raison des convoitises de notre souveraineté et de notre identité. Ils ont surtout fini par assoir notre algérianité sur des valeurs qui trouvent leur origine dans le fin fond de l'histoire de notre Pays. Même l'idéologie dominante du système de pouvoir actuel qui prend en otage encore notre mémoire et notre histoire se trouve à un stade de déliquescence irréversible et ses heures, peut-on dire, sont inéluctablement comptés. Cependant, le pire que nous redoutons, c'est le vacarme assourdissant orchestré par une poignée d'égarés. Incitant dans leur folie séparatiste des masses entières d'innocents à la haine interethnique au sein de notre population, dont la diversité constitue la richesse de notre patrimoine humain. Et dont l'objectif tend vers la partition de notre Patrie, si chèrement acquise, au profit de puissances étrangères, par la perversion de ce combat et cette résistance millénaire accomplie dans l'abnégation depuis nos ancêtres les plus lointains. |