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Quand le parangon
béatement mythifié poussé à bout par la réalité, expose son déclin comme
aboutissement. C'est l'eternel recommencement de la nudité du roi, créée par
Andersen dans ses contes, qui se rejoue pour la tantième représentation.
Toutefois, plus en fiction, mais en réalité.
A leur crépuscule, les idoles déclinent et périclitent dans l'indifférence, sauf pour leurs prosélytes bonimenteurs. Le porte bonheur ne possède que les prétendus pouvoirs qu'on veut bien lui accorder. En l'occurrence il s'agit du nouveau sultanat d'Ankara et de toutes ses vassalités idéologiques. Selon Andersen, il y a longtemps vivait un roi qui chaque jour mettait un nouvel habit, et essayait de nouveaux tissus. Sans cesse, ramenant des maitres tailleurs de toutes les contrées connues à l'époque, pour satisfaire ses fantaisies. Jusqu'au jour où l'offre se fit de plus en plus rare, et tellement introuvable, que ses excentricités ne purent supporter. Qu'alors se présentèrent au château, deux estampeurs et dirent posséder des savoirs de tissage d'étoffes jamais créées auparavant. Ils furent illico presto engagés par le roi, et ils se mirent au travail dans un palais mis à leur disposition avec ses serviteurs. Excité le roi, ne patientant plus, ira deux jours après voir où en était l'ouvrage tant convoité. Mais il ne vit rien se faire. Il se tut, et ne dit rien à personne de peur d'être pris pour un idiot blousé par deux aventuriers. Mais rongé par le doute il missionna quelques ministres pour s'enquérir de l'avancement du travail. Et comme leur mandant ils ne virent rien se produire. Ils se turent à leur tour de crainte d'être pris pour des crétins qui n'ont pas su voir se réaliser une œuvre de haute couture. Et plus le temps passait, plus le roi s'impatientait, car tout le royaume commençait à parler de cette merveilleuse et exceptionnelle étoffe qui allait habiller leur roi et lui seul. Après avoir jugé, qu'ils avaient bien profité de leur royal séjour, les deux audacieux carotteurs aidèrent le roi à enfiler son exceptionnel costume. Alors le roi ainsi accoutré et accompagné de ses ministres se présenta devant son peuple, et tous virent le plus beau vêtement du monde parer leur souverain. Mais de toute cette foule aux anges, admirant le fameux costume, parla un enfant et il dit : «mais le roi n'a pas de vêtement du tout». Et tout le monde acquiesça. D'où l'expression, le roi est nu. Moralité : une évidente réalité que personne n'ose dire finit par s'imposer un jour ou l'autre. Ainsi, il ne sert à rien de se taire, pour ne pas froisser ses chefs, déranger un ordre établi turpide, ou bien des esprits imposant aux autres leur façon de vivre, de peur de passer pour un insurgé sinon d'être taxé de rebelle factieux. Car, quand ce qui n'est pas réel et qui n'est pas vrai explose à la figure de tous les flagorneurs et autres laudateurs, parfois même ceux qui se contentent du silence, il n'épargne alors personne. Ainsi la bérézina s'installe partout où les islamistes sont aux commandes des affaires de leur pays. Mais serait-ce une fatalité ? En Egypte cela s'est fini, en juillet 2013, par une reprise en mains des affaires par les militaires, et nul ne peut anticiper où s'arrêtera le général Sissi pour asseoir son pouvoir. Et dernier épisode dans la saga égyptienne post islamiste, c'est la décision prise les dirigeants du Caire de classer désormais la congrégation des frères musulmans, comme organisation terroriste. Et extrême camouflet post mortem pour son créateur Hassan Al- Banna. Cela se passe dans le pays de naissance de la confrérie. Ceci arrive après l'attaque du quartier général de la police à Mansoura au Nord de l'Egypte et qui avait fait 15 morts. Encore que les frères avaient démenti avoir une quelconque relation avec cet acte terroriste. Revendiqué du reste par une organisation djihadiste dénommée, Ansar Beit Al Maqdas. Mais Abdelfattah Sissi n'écoute que sa propre logique, qu'il décline en stratégie de gouvernement en direction des égyptiens et pas seulement. Le général promettait, juste après la décision de lister les frères comme terroristes: d'éliminer les terroristes et de faire revenir la stabilité. Pas d'inquiétude rassurait-il, ni de peur. Nous nous sacrifierons pour vous, l'armée se sacrifiera pour l'Egypte et pour les égyptiens et celui qui vous touchera, nous l'éliminerons. Tout est dit, et lé général demeure droit dans ses bottes. En Tunisie où les choses n'ont pas avancé depuis le 23 octobre 2011, l'évolution de la situation et les changements qui s'y opèrent se font plus au moins dans une démarche de persuasion. Néanmoins, après deux assassinats politiques, celui Chokri Belaïd et celui Mohamed Brahmi, ainsi que beaucoup de civils et éléments des forces de l'ordre. L'échec de la variante islamiste parfumée jasmin, cette fragrance darde depuis et gratte les nez au lieu d'exhaler ses effluves dont les vendeurs ont déserté les rues de Tunis et d'ailleurs. En deux ans les islamistes d'En-Nadha ont usé deux gouvernements, celui de Hamadi Jebali et le cabinet panaché dirigé par Ali Laarayadh, avec des résultats carrément en dessous des attentes du quotidien de tous les tunisiens. Le chômage augmente tous les jours, et l'insécurité aussi, sociale, économique et même culturelle, car le pays jadis, dans cette sphère, même avec peu de moyens arrivait à produire. En Lybie la situation est gérée au jour le jour, et il n'y a pour le moment pas assez de visibilité, pour la commenter. Mais les lauriers de champion toutes catégories, reviennent sans conteste au nouveau sultan d'Ankara. Ainsi appelé depuis que Recep Tayyip Erdogan s'était lancé dans la reconquête du Khalifa aboli par Mustapha Kamel Attaturk en 1924. Après onze années à la tête de l'exécutif de la Turquie, son emprise sur quasiment tous les rouages de la vie publique, commence à se désassembler, et selon des observateurs turcs, cela sent la fin annoncée. Selon le plus grand journal turc en terme de tirage, avec un million d'exemplaires Zaman, ce quotidien pourtant proche du parti de l'A K P- parti de la justice et du développement- d'Erdogan, qui existe dans diverses versions notamment, anglaise et française hebdomadaire et une édition allemande quotidienne. Un de ses éditorialistes, disait juste après les scandales de corruption qui avaient éclaté dans le pays, que:«si quelqu'un me dit que tout va revenir dans l'ordre, je lui répondrais qu'il se trompe». Faut-il rappeler que cet organe d'information appartient à un groupe d'intellectuels affidés de la tentaculaire confrérie administrée et guidée par Fethullah Gulen, cet imam de 75 ans qui vit en exil voulu et doré aux U S A, en Pennsylvanie, dont elle porte le nom. Et curieusement c'est de cette guilde que les récents malheurs du sultan d'Ankara, avaient subitement déboulé, causant la grosse opération d'arrestation, après le retentissant scandale politico-financier, le 17 décembre 2013. Cette journée avait particulièrement connu, l'arrestation du fils du ministre de l'économie Zafer Caglayan, et de celui de l'intérieur Muammer Guler, inculpés de corruption, fraude et blanchiment d'argent liés à des ventes illégales d'or à l'Iran, sous embargo. Comme à son habituelle stratégie favorite, Erdogan, avait vite crié à la manipulation et joué à la victime. Ce qu'il avait d'ailleurs fait lors des évènements de la place Taksim, le centre nerveux d'Istanbul. Sauf que cette fois-ci, il n'avait plus en face des militants du mouvement écologiste des verts, ni ceux de gauche et quelques étudiants faisant leur baptême du feu, qui manifestaient contre un projet immobilier et dénonçaient la destruction d'un monument historique, pour à sa place construire un méga centre commercial. En les circonstances d'alors, le dimanche 9 juin 2013, face à la déferlante sur l'historique place Taksim, Erdogan déclarait que :'' ce sont des anarchistes et des terroristes qui occupent nos places publiques. Ce sont des marginaux et des pillards''. La protesta fut rapidement atomisée et contrée par les immenses mobilisations des militants et des sympathisants de l'AKP. Les menaces ouvertes de répression du premier ministre en sus. D'ailleurs il y avait eu morts d'hommes. Cette fois-ci le ver est dans le fruit. Ce ne sont plus deux projets de société qui s'affrontent, celui de ceux dit laïcs, de souche idéologique Kémaliste, modernistes et progressistes, opposés au lignage ottoman, religieux, conservateurs et traditionalistes, ces derniers qui n'ont jamais perdu espoir de voir leur rêve de ressusciter le califat advenir. Pour ce round, ce sont des islamistes contre des islamistes. On dit que la confrérie Gülen, dont avaient émané les hostilités possède ses entrées, et elle est très influente dans les rangs de la police et dans ceux de la magistrature. Et que les raisons qui avaient fait qu'il y ait ce retournement et ce clash entre les alliés d'hier, résident dans le fait qu'Erdogane avait ordonné de fermer la pompe à fric de cette communauté que sont les écoles Gulénistes. Car le doctrinaire de la confrérie avait établit son système sur cet attrayant slogan : construire des écoles plutôt que des mosquées. Cette formule est très développée en Asie centrale, aux Etats-Unis en Europe et depuis peu en Afrique. Mais bizarrement aucune école de cette chapelle, dans les pays arabes. Une année scolaire dans un établissement Gülen coute France par exemple ,6 000 euros. Mais aussi les parents des élèves sont ?'invités'' à s'abonner aux diverses éditions du journal Zaman, et participer à des réunions de qui n'ont rien de pédagogique. Il en existe 500 établissements de ce genre, disséminés à travers une centaine de pays. Et une fois sortis de ces écoles les anciens élèves continuent de contribuer. Cette confrérie, qui fait les malheurs d'Erdogan, après l'avoir servi, fait débat, puisque le politologue, spécialiste de l'Islam Olivier Roy, le classe comme une secte, alors que le politologue turc, et spécialistes des mouvements islamistes turcs, Bayram Balci, les qualifie lui ,des jésuites de l'islam, quand la sociologue franco-turque Nilufer Göle parle elle, de réseau. Mais à quel moment les désaccords entre les frères ennemis, Erdogan et Gülen ont-ils commencé ? Les observateurs disent que conflit a pour origine l'arrestation manigancée par les relais de la confrérie dans la magistrature, en 2011 de plusieurs journalistes ouvertement opposés au réseau Gülen, puisque l'un d'eux avait comparé cette organisation à l'Opus Dei, cette organisation chrétienne, d'obédience catholique romaine; quasiment secrète avec une influence politique certaine. Parmi les journalistes arrêtés certains avaient été accusés de terrorisme dans le procès intentés aux officiers l'armée turque, accusés de complot. Ce qui ne plut par au premier ministre. Mais bien avant le déclenchement de cette latente animosité, l'alliance s'était faite en 2007 quand Erdogan comprit qu'il avait failli être renversé par de hauts gradés de l'armée. Avec cet accord de circonstance, il avait pu avoir par l'intermédiaire du réseau Gülen, qui avait la main mise sur la police et la magistrature, une influence et des outils pour faire arrêter et faire condamner des officiers prétendument putschistes. A ce sujet et aux dernières nouvelles en provenance de Turquie, l'état-major de l'armée, exploita le scandale politico-financier qui touche des ministres important du gouvernement islamiste, pour intenter le 27 décembre 2013, un procès contre la condamnation de plus de 300 officiers, afin d'obtenir que ses officiers soient rejugés régulièrement et partialement. Et Erdogan acculé et fragilisé avait accepté dimanche 5 janvier 2014, que des officiers, lourdement condamnés, soient rejugés. Faut-il rappeler que l'ancien chef d'état-major, le général Ilker Basbug, avait été lors de ce procès dit du Ergenekon, condamné à la prison à perpétuité. Ainsi, une fois l'armée réduite quasiment à l'inertie politique, grâce aux réseaux Gülen. Et anticipant le fait d'être, débordé, submergé et possiblement contesté dans un avenir proche, puisque les élections sont prévues en mars 2014. Le premier ministre a du pour contrer le projet de Gülen et d'autres islamistes de l'AKP, consistant à évincer Erdogan, les affronter pour stopper leur influences et leurs ambitions. Toutefois, au résultat des courses, ce sont les gulénistes, qui ont été les plus forts puisqu'ils sont à l'origine de la désintégration de son cabinet ministériel. En réaction, il avait comme par instinct de survie, dans la précipitation procédé à un remaniement, pour reprendre la main. Mais c'est là un signe d'affaiblissement et de déclin pour le premier ministre. C'est l'histoire de l'arroseur arrosé, ou de l'effet boomerang. Les islamistes de l'AKP sont à la direction des affaires depuis le 14 mars 2003, en Turquie. Et pendant ce règne alliant capitalisme et islam dit modéré, ils ont engrangé succès sur succès et réussi à accroitre le taux de la croissance économique. Mais sur ces fortunes et ces avantages tant enviés hier, débarquent aujourd'hui des lézardes, des craquelures, des ébrèchements et autre fissures dans l'édifice Erdogan. D'ailleurs pour marquer son départ, le ministre de l'environnement, avait démissionné et du cabinet et de son mandat de député. Mais avant cela il avait appelé le chef de l'exécutif à faire de même, car avait-il précisé: «derrière tous les projets validés en dépit des lois sur la protection de l'environnement, il y avait la signature du premier ministre». Ce qui en dit long sur la responsabilité de ce dernier dans ce scandale qui secoue fortement la Turquie, et qui n'avait trouvé comme réponse que le remaniement ministériel. Alors que cela est l'aboutissement de raisons et de mobiles plus profonds et systémiques. Cela avait débuté avec la décapitation de l'armée, suivie de la purge dans les rangs de la police et de la magistrature d'éléments appartenant à la confrérie Güléniste. Et aussi l'emprisonnement de 70 journalistes, dont les écrits demeurent interdits. Mais encore, ce scandale politico-financier, dépasse la frontière turque, puisque en l'espèce, en autorisant, ou bien laissant se conclure de fait, une transaction de vente d'or à l'Iran, les autorités turques, l'exécutif et Erdogan en premier, n'ont pas respecté l'embargo onusien imposé à ce pays. Subséquemment, on dit que ce trafic d'or vers l'Iran dissimule également un autre, d'armes celui là, vers la Syrie à destination d'organisations djihadistes. Ce qui présage, que si le scandale qui fait chanceler l'empire du sultan d'Ankara, peut intérieurement être contrôlé, maitrisé et étouffé. Cela pourrait ne pas être le cas à l'international, à cause de ce douteux commerce avec l'Iran et la Syrie. Les réactions occidentales et notamment étasuniennes seront à la mesure de ces transgressions. Par ailleurs l'année 2014 est cruciale en Turquie, puisque les élections locales se dérouleront en mars et la présidentielle en aout. Les islamistes qui sont au pouvoir depuis onze ans, peuvent être réélus considérant leur gisement électoral, mais cette fois, ce sera sans Erdogan comme chef de file. Cela ne se fera également pas sans des répercussions négatives, sur tout le mouvement islamiste à travers le monde. Ce qui entérinera l'échec de l'islamisme, et la pratique de la politique dans la religion. En conclusion, et pour continuer la discussion, je vais oser une paraphrase d'un syllogisme, en le modifiant légèrement, que le philosophe marocain Abdou Filali Ansary, proposait déjà en 2003 au débat, dans la revue Pouvoirs; ainsi énoncé:«l'islamisme est hostile à la laïcité. Or la laïcité est indispensable à la démocratie. Donc l'islamisme est incompatible avec la démocratie». Alors débattons. Non, pas de monologue, ni de dialogue, un débat d'idées, apaisé. |