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Suite à l'article paru dans le journal «Le Quotidien d'Oran» en date du 01.09.2008 et traitant du martyr Abbane Ramdane, j'ai l'honneur de venir par la présente mise au point, apporter à travers des colonnes de votre journal, ma modeste mais néanmoins utile contribution, à l'histoire de cet homme illustre, surnommé et pour cause, le «Robespierre algérien», ou le «Jean Moulin». Avant d'aborder le sujet, je recommanderai vivement aux uns comme aux autres, de s'atteler, non en antagonistes mais en hommes intègres et responsables, à une écriture saine et claire de l'histoire de cette Algérie martyrisée et qui ne finit pas de pâtir des débats stériles et des querelles de clochers et qui ne font que l'enfoncer, chaque jour un peu plus, dans la misère, la pauvreté, la malvie, l'insécurité, l'amnésie et chose plus grave encore l'importation sans contrepartie d'exportation et j'en passe. Alors de grâce, chers illuminés à contre-sens, épargnez-nous de vos diatribes et vos souffrances, car l'Algérie, les Algériennes et les Algériens d'aujourd'hui, ont beaucoup plus d'essor, d'épanouissement, de pain et de paix, que d'entendre s'égrener, le chant trompeur des sirènes. Ne dit-on pas que: «Ki l'kerch tachbaâ, tgoul l'erras ghenni». C'est pourquoi et afin justement de rafraîchir les mémoires de quelques têtes encore chantantes et par qui toutes les incohérences arrivent toujours, que je ne passerai pas sans rappeler, qu'en raison d'interminables et mêmes querelles intestines et de luttes fratricides de leadership, que notre indépendance chèrement acquise, a failli nous en être confisquée. Seule la grâce divine qui ne voulait décevoir nos martyrs, nous a aidé à l'arracher. Alors, débattre aussi malhonnêtement aujourd'hui et sans respect, ni scrupule aucun, des têtes pensantes du Mouvement national algérien, de l'ENA au PPA, du PPA/MTLD au MNR et de l'UDMA et CRUA, branches sur lesquelles nous sommes tous présentement assis, ne peut relever que de l'ingratitude et de la mauvaise foi, dès lors que l'on dénature ou que l'on enterre tout semblant de vérité. Aussi, opposerai-je aux accusations saugrenues des quelques prêcheurs en eau trouble et semeurs de discordes et de zizanies, les témoignages et hommages irréversibles, rendus par d'imminentes personnalités nationales et frères de lutte de surcroît, à la mémoire de «l'idéologue de la Révolution algérienne» qu'a été et le restera toujours, le chahid Abbane Ramdane, (rahimak Allah). 1- Le chahid Boudiaf, cinquième président de la République algérienne, n'a-t-il pas rappeler dans son livre «Où va l'Algérie», le vibrant hommage rendu à Abbane par feu Ferhat Abbès, premier président du GPRA dans son livre «L'Autopsie d'une guerre» où il dit en substance en première page et en ces termes: «Je rends hommage à Abbane et à sa mémoire et à tous les Algériens condamnés injustement par leurs frères d'armes». D'où ma propre pensée, aux chouhada Amar Ould Hamouda, ex- membre influent du comité central du PPA/MTLD et M'barek Ait Menguellat ex-militant actif et sincère de la cause nationale, entre autres. N'est-ce pas autrement dit, grâce à Abbane, à sa sagesse, à son esprit et à sa capacité d'une fixation des rangs que l'UDMA et ses militants et dont Ferhat Abbès était le président, étaient venus sans calculs, ni politique politicienne, renforcer grandement la Révolution armée que d'aucuns, par l'autre esprit de dispersion des forces vives de l'époque, oeuvraient à faire capoter. Sensibilisé et amené par Abbane à prendre part à la lutte contre le colonialisme français, feu Ferhat Abbès, monument du nationalisme algérien depuis l'Emir Khaled, vieux routier et vétéran de la politique, entreprit la dissolution de son parti pour se joindre, avec l'ensemble de ses militants à ses frères de lutte, au FLN. Ne relève-t-il pas d'un grand mérite ceci dit, que de faire adhérer à ses thèses et conceptions, un homme d'une telle stature et de l'âge égalant celui de son père. «J'espère qu'en rejoignant le FLN, nous ne porterons d'ombrage à quiconque et qu'en outre, personne ne nous accusera de n'avoir pas pris le train en marche», dira en substance Abbès à Abbane après l'accord. Ce à quoi Abbane rétorqua: «d'abord le FLN auquel vous allez adhérer et faire votre entrée n'appartient à personne, mais au peuple qui se bat et l'équipe qui a déclenché la Révolution n'a acquis aucun droit de propriété. Si la Révolution n'est pas l'oeuvre de tous, elle avortera inévitablement». Et d'ajouter: «Il y a une chose sur laquelle j'insiste, c'est votre appartenance pleine et entière au FLN et c'est autour du FLN que la mobilisation doit se faire. Votre adhésion au FLN donnera un élan nouveau aux forces populaires. Tu dis que tu es vieux, mais si j'ai bonne mémoire, les Sétifiens t'ont surnommé le «Tigre» et les tigres vivent longtemps. Enfin, tu es encore utile au pays». D'où le ralliement définitif de Abbès aux thèses, aux idées et aux conceptions de Abbane Ramdane. 2- Le second hommage rendu à la mémoire de ce démocrate et défenseur algérien des droits de l'Homme de la première heure est celui de notre cher et regretté Benyoucef Benkhedda, deuxième président du GPRA, dans un de ses écrits (mémoires) où l'on peut lire en gros caractères: «Abbane et Ben-M'hidi, leur apport à la Révolution armée, et où feu Benkhedda répond sans ambages à un prétendu frère de lutte, accusant Ramdane Abbane d'avoir eu des liaisons avec l'ennemi. «Oui, ces liaisons ont bien existé» répond feu Benkhedda avant d'ajouter: «et en tant que membre du CCE, avec Abbane, j'en partageais la responsabilité, puisque toutes les relations secrètes de Abbane avaient pour seul et unique objectif: libérer l'Algérie du joug colonial et moi Benkhedda étais complice dans cette affaire». N'est-ce pas que c'est en 1960 qu'ont débuté les négociations officielles entre le gouvernement français et le GPRA, par l'envoi, à Melun, (France) de deux de nos émissaires, les regrettés Boumendjel et Benyahia et qui avaient échoué. Et au même Benyoucef Benkhedda de lancer à la face de l'accusateur en question: «En accusant les morts, ne savez-vous pas que la branche sur laquelle vous êtes monté n'est là que par la grâce de Abbane». 3- Le troisième hommage à cet illustre personnage est parvenu de Son Excellence Abdelaziz Bouteflika, notre président actuel que je salue au passage, en baptisant du nom de Abbane Ramdane, l'aéroport de Béjaïa. Hommage rendu, cela dit en passant, au même président Bouteflika pour avoir cassé un autre tabou en baptisant et en inaugurant au nom de Messali Hadj, l'aéroport de Tlemcen. Hommage à cet autre vétéran du nationalisme algérien qu'a été Hadj Messali (que Dieu ait son âme) et qui, bon gré, mal gré, a gravé à jamais dans nos coeurs, le nationalisme et l'amour de la Patrie. (Encore respect aux morts qui ne peuvent se défendre). 4- Le quatrième hommage rendu à la personne de Ramdane Abbane est celui du premier président de l'Algérie libre, Ahmed Benbella qui, dès les premières années de l'Indépendance, a baptisé boulevards et avenues des villes d'Algérie du nom du martyr Abbane Ramdane et de la Soummam, en référence à ce dernier et au congrès qu'il a initié avec l'indéfectible soutien du chahid Ben M'hidi. A propos de ce congrès, communément et historiquement appelé «Congrès de la Soummam», qui pour des raisons idéologiques, n'a pas été du goût de certains frères de lutte, il est important de signaler, au passage, que bien qu'il ait élaboré lui-même sa plate-forme, Abbane ne pouvait, en solo, décider de sa tenue. D'ailleurs, l'ex-président du GPRA, Benyoucef Benkhedda, a bien dit dans ses mémoires: «Ce congrès n'a pas été initié par le seul Abbane. Le projet a d'abord été soumis et discuté au CCE avant d'être approuvé par ses membres dont la direction se trouvait à Alger durant les années de braises, avec le tandem Abbane, Ben M'hidi. Pour rappel, ces deux leaders, ont définitivement scellé ledit «projet Soummam» au terme de plusieurs réunions du CCE à Alger. C'est d'ailleurs ensemble qu'ils ont rejoint, escortés par les hommes du colonel Dehiles, Ifri dans la vallée de la Soummam où les attendaient d'autres frères d'armes tel Belkacem Krim surnommé «le petit Napoléon» par Bourguiba et de «Lion des Djebels» qui gagna les maquis dès 1945, soit 9 ans avant le déclenchement de la lutte armée de 1954, avec le colonel Ouamrane. Belkacem Krim futur chef de la délégation algérienne aux négociations d'Evian, un des journaux français de l'époque, le «France Observateur» ou «l'Express», étonné et surpris par la personnalité de Krim Belkacem ne pouvait s'empêcher d'écrire dans ses colonnes: «l'homme Krim Belkacem qui a échangé la mitraillette contre la serviette». Quand j'avais lu cette phrase, ceci en 1962, j'avais eu la chair de poule et voilà qu'après cinquante ans, je me remémore toujours cet article, gravé à jamais dans la gibecière de ma mémoire. Ce même congrès de la Soummam a aussi eu la présence d'autres frères d'armes non moins illustres tels: Zirout Youcef, Lakhdar Bentobal dit «le Chinois», Benyoucef Bekhedda, futur président du GPRA, les colonels Dehiles Ouamma et le colonel Amirouche chef de la wilaya III historique avec ses troupes assurant la sécurité des congressistes et d'autres frères que je ne pourrais citer, par oubli. 5- Le cinquième témoignage et hommage sublime rendu au chahid Abbane provient d'un des chefs historiques de la Révolution Hocine Aït Ahmed, historique et même préhistorique, qui dès 1942 rejoignit le PPA puis le MTLD, nommé chef de l'OS par El-Hadj Messali que Dieu ait son âme, enfin au FLN historique, opposant éternel et indomptable. Pour rappel ce dernier a été kidnappé avec d'autres chefs historiques, tels Benkhedda, Boudiaf et Khider par la soldatesque de l'armée française, en 1956, dans un avion arraisonné, venant du Maroc et se dirigeant vers Tunis, via l'Algérie. En effet, lors des années de terrorisme (année 90 où l'Algérie était à feu et à sang) Aït Ahmed dans une de ses déclarations à la presse n'a-t-il pas dit: «Si on avait écouté Abbane on ne serait pas arrivé à cette situation», hommage sublime n'est-ce pas? A propos, voir un peu l'affaire Dreyfus et ne citer que celle-ci parmi tant d'autres de par le monde, n'a-t-elle pas fait bousculer l'ensemble dès lors et du dispositif juridique de la 3e République française qui avait condamné à mort ce même Dreyfus? Ainsi l'écrivain Emile Zola n'a-t-il pas écopé d'un an de prison ferme pour avoir dénoncer l'injustice dans son livre: «J'accuse». Cet homme, accusé à fort, n'est-ce pas un 14 Juillet, fête nationale française que le Président Jacques Chirac, sous son septennat, a scellé la réhabilitation à titre posthume de cet homme, alors que cette même France l'avait condamné, un siècle auparavant? Ne pouvons-nous pas, nous Algériens, ne serait-ce que par respect pour les morts et pour la moindre des choses, laisser nos martyrs reposer, une bonne fois pour toutes, en paix car ils ont trop souffert et trop subi avant leur exécution ou leur mort atroce? Bigeard, un des tortionnaires et tacticien de l'armée coloniale française, lui-même, n'a-t-il pas, par loyauté, salué le courage de notre illustre et valeureux héros Ben M'hidi (que Dieu ait son âme) le qualifiant de Seigneur? N'est-ce pas là une reconnaissance loyale à un ennemi d'hier? (examen de conscience n'est-ce pas?). Conclusion: en revoyant tous ces témoignages et hommages venant de la plupart des chefs historiques et leaders de la Révolution, rendus à ce martyr qu'est Abbane Ramdane, ne devions-nous pas méditer et nous soumettre à un examen de conscience et rendre à César ce qui appartient à César et rendre à Dieu ce qui appartient à Dieu?. Un penseur n'a-t-il pas dit: «on peut tromper un peuple un certain temps, une partie d'un peuple tout le temps mais on ne peut tromper tout un peuple, tout le temps». Enfin un ex-officier de l'ALN, dans un de ses écrits (mémoires) n'a-t-il pas dit: «Heureux sont les martyrs qui n'ont rien vu». * Ancien Moussebel Ravitailleur de la wilaya 5. fils de chahid et retraité |