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Le bilan de Berrahal Noureddine est certes très appréciable, mais sans doute avec un goût d'inachevé. Car ce défenseur, d'apparence frêle mais bondissant, aurait dû connaître la consécration au sein de l'équipe nationale. Et pourtant, régulièrement convoqué parmi les sélectionnés à chaque fois, des impondérables l'ont privé de la distinction suprême. Par exemple, en catégorie minime, alors qu'il voulait rejoindre l'USMO, club de ses rêves, où jouaient ses idoles Naïr Larbi, Bendjahène, Boudjellal, Moussa et Fenoun, il atterrira à l'AS Marine Oran. Ensuite, à la suite du retrait ordonné par le FLN, ce furent de nombreux matches amicaux au sein de l'équipe des jeunes de Médioni avec Ouahrani Miloud, Bouhizeb Mohamed, Sayeh, Mazari et Diden. Le jeune Noureddine fut intégré ensuite dans le onze des chevronnés de ce quartier, avec les frères Drief, Benzemour, Tazi, Bouhizeb Kaddour, Benchaâ, Rachid et Beddiar, dont la présence sera précieuse et déterminante. Effectivement, étant son aîné de cinq années, il le «couva» pratiquement. Et c'est tout naturellement qu'ils optèrent tous deux pour l'ASM dès la reprise en 1962. Jouer à ses côtés au poste d'arrière-droit était pour Noureddine une grande satisfaction, sous la direction des inoubliables Hadj Hadefi et Baghdad Aboukebir, les deux chevilles ouvrières de l'ASM, qui avait un grand président, Kacem Hamida, et de remarquables dirigeants tels Douadi Hadj Harag, Hadj Noua Baghdadi, Chouidha Hadj Abdelkader, Abdallah et Houari El-Kadiri, Khaldi Mohamed, Hadj Boukerche et Abdelhalim Mokhtar. La première saison sera une réussite avec la victoire de l'ASM en critérium qui lui donna droit au tournoi final à Constantine, enlevé par l'USM Annaba (1963/64), et où les Asémistes se classèrent troisièmes. Beddiar ayant opté pour le MCO, c'est Djillali qui lui succéda. Mais lors d'un match à Tlemcen contre le WAT, Hadj Hadefi, pas satisfait de la prestation de Djillali, fit passer ce dernier à droite, Berrahal passant libero. Ces changements furent bénéfiques, et surtout Noureddine fut une authentique révélation. C'était le véritable début d'une longue et brillante carrière, avec de nombreuses capes en sélection d'Oranie et des convocations en équipe nationale, aux côtés des plus grands joueurs de l'époque. En 1967, avec le regretté Reguieg Pons, il passe à l'USMO. La saison suivante, c'est le retour à l'ASM, où les deux compères encadrèrent les jeunes jusqu'à la fin de leur carrière. Noureddine dira : «J'ai évolué avec trois générations de footballeurs, toujours avec détermination et le même plaisir de jouer.» Jubilé Noureddine est toujours dans l'attente de son jubilé, une juste récompense après une carrière bien remplie sous les couleurs asémistes. De ce côté-là, il avoue être déçu, car l'association des anciens joueurs de l'ASMO se trouve actuellement «en veilleuse». Sacrifice Noureddine se souvient avoir demandé au sélectionneur français Lucien Leduc de le dispenser d'un match de l'équipe nationale, car il a préféré aider son équipe, l'ASMO, qui jouait une rencontre importante à Guelma contre l'ESG. C'est Melaksou qui l'a remplacé brillamment, gagnant ainsi sa place de titulaire en EN. Propositions A la fin du match amical entente (MCO-ASM)-FC Toulouse, Firoud, natif d'Oran et entraîneur du club français, a voulu engager Noureddine et Habi Hasni, qui l'ont séduit. Un bon contrat professionnel leur était promis. «Mais, avec les dirigeants que nous avions à l'époque et l'opposition de nos parents, nous avons refusé», précisera Noureddine. Deux parrains On pensait qu'à son âge, il était blindé contre toute émotion. Grand fut notre étonnement lorsque Noureddine, ce brillant défenseur qui n'a jamais en peur des duels, ému aux larmes lorsqu'il a évoqué les anciens dirigeants et entraîneurs de 1962. «A cette époque, l'ASM était une véritable famille. On jouait pour les couleurs, pour nos dirigeants, et aussi pour nos supporters. Il y avait beaucoup de respect et d'affection entre nous. Hélas, les temps ont bien changé», avouera-t-il. Pour l'ASM, il a dit nom au FC Toulouse, entraîné par Firoud. Un jour, il a tourné le dos à l'EN pour prêter main forte à son club en difficulté. Noureddine Berrahal a eu pratiquement deux parrains. D'abord Beddiar, qui l'a pris sous son aile à ses débuts dans l'équipe de Médioni, n'a pas regretté son initiative car son «filleul» l'a rempli de fierté, en devenant son coéquipier, avant de le remplacer au même poste, lorsqu'il a opté pour le MCO. Ensuite, il y a eu Reguieg, sacré personnage que personne n'oubliera. Entre les deux hommes, il y avait une amitié sincère et une «complicité sportive» évidente, leur parcours similaire faisant foi. Aujourd'hui, à 67 ans, Noureddine vit plutôt chichement. Alors, des regrets ? «Pas du tout, j'ai eu un nom et j'ai connu de grands hommes, partenaires et adversaires confondus. Le football est réunificateur, et aujourd'hui, on nous invite pour des rencontres amicales où nous évoquons nos plus beaux souvenirs. Partout, nous sommes bien accueillis, et ça c'est très important à mes yeux. » |