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«Une chose n’est pas juste parce qu’elle est loi. Mais elle doit être loi parce qu’elle est juste» Montesquieu Cette contribution tentera de mettre en lumière la problématique de la programmation de la recherche comme un des principaux obstacles qui entrave notre système de recherche. D’abord, nous exposerons de manière non exhaustive l’intérêt de programmer les activités de recherche ainsi que le processus de programmation. Ensuite, nous ferons un examen critique de la nouvelle loi de programme pour la recherche. Nous terminerons enfin par une conclusion en y proposant une série de pistes d’action pour une revitalisation de notre système que nous croyons inévitable en ce moment privilégié de l’histoire, une chance à saisir. Dans notre pays, la programmation des activités de la recherche relative à l’élaboration d’une politique nationale (policy-making) de la science et de la technologie (S&T) a été identifiée comme une des principales problématiques qui paralysent la contribution du potentiel humain et matériel au développement économique et social (1). Car l’un des objectifs fondamentaux d’une politique scientifique et technologique nationale est de mettre les produits des activités de la R&D** et les activités des SST*** au service du développement national. Cependant, cet objectif ne peut être atteint que si les programmes et projets de la R&D sont inspirés et orientés selon les objectifs du plan de développement national ou d’une stratégie de développement, mais également que si l’ensemble de la démarche du processus d’innovation - c’est-à-dire la séquence Recherche-Développement-Production-Commercialisation - est vécue concrètement de bout en bout, au moins dans quelques domaines choisis pour l’impact qu’ils peuvent avoir sur la mutation à accomplir dans les structures économiques et sociales à travers l’émergence de technologies originales et adaptées ; «une première étape dans cette voie est celle de la transformation des objectifs du développement national en termes de programmes scientifiques et technologiques à la fois précis et concrets à effectuer dans le pays» (2). Cette question de management est donc primordiale et fondamentale. Il est par conséquent d’une importance capitale que tous les acteurs (politiques, chercheurs, universitaires, entreprises, syndicats, financiers, médias, etc.) prennent conscience de la complexité et de l’intérêt de la programmation de la recherche non seulement pour la vitalité économique et sociale, mais aussi pour la valorisation des ressources humaines et naturelles que recèle notre pays. En effet, la mise en oeuvre d’un tel processus est incontournable à la mise au point des outils de gestion de la R&D nationale au développement économique et social et à l’exploitation durable des ressources humaines et naturelles. Il constitue en fait pour notre pays le chaînon manquant de l’approche intégrale, globale et équilibrée de la gestion efficace du mouvement des idées et celui des réalisations concrètes. Il se nourrit des techniques, mais les techniques sont inopérantes si on y recourt en dehors de lui. Par contre, si cette mise en oeuvre inclut quelques défauts sur le plan de la disponibilité des hommes, sur le manque de confiance existant entre différents partenaires, sur l’absence de consultation des milieux concernés (milieu scientifique, milieu des décideurs, public au sens large), alors il y a toute chance qu’un échec vienne conclure les travaux de programmation, et ceci, quelle que soit la technique utilisée (3). Il est donc indispensable de développer la coordination et la concertation à tous les niveaux du système de recherche à travers un processus participatif afin d’agir avec cohérence et intelligence et donner du sens à la démarche pour répondre au mieux aux besoins et aux attentes de la société. Car la gestion du développement exige de ceux qui en sont responsables une vision aussi lucide que possible des éléments et interactions qui sont impliqués dans le processus complexe du développement. La prise de conscience de cet aspect incontournable doit nous permettre de mieux comprendre comment se pose aujourd’hui le problème de la recherche scientifique et le développement technologique en Algérie et quelles solutions peuvent être envisagées dans le cadre de ses interactions avec les diverses activités économiques et sociales. La tâche est d’autant plus indispensable et urgente qu’elle intervient dans une conjoncture très particulière de notre histoire marquée par des opportunités exceptionnelles, une chance à saisir. L’analyse faite sur l’évolution des pays dits émergents dont la Chine, la Corée du Sud, Taïwan, on ne le répétera jamais assez, montre que leur succès résulte de l’habile agencement de la politique scientifique et technologique et la politique générale et ce, grâce à leur lucidité, leur ténacité, au progrès réalisé dans la S&T utilisée à bon escient, à l’attention accordée au processus de gestion de S&T et les liens à établir entre S&T et les objectifs sociaux et économiques. Décidément en Algérie, tous les gouvernements qui se sont succédé ont adopté des politiques de colmatage, qui n’ont eu d’autres résultats que le maintien du statu quo plutôt qu’une transformation en profondeur qu’elles doivent enclencher sans plus tarder. Sinon, comment expliquer alors que l’Algérie ne soit pas parvenue aux résultats de ces pays, partis pourtant du même point et avec moins de ressources propres, qu’ils ont atteint en l’espace de quarante ans seulement. Et il est temps que les politiques s’imprègnent de cette évidence, et il y va de leur responsabilité, d’où la nécessité d’adopter une politique claire de planification et de programmation articulée autour de la S&T. C’est faire preuve de myopie politique à ne pas le comprendre ! La planification, répétons-le, est de nature essentiellement politique et stratégique. Et cela n’a rien à voir avec la planification centralisée de l’économie planifiée, telle qu’elle était pratiquée dans les années 1970. Ce sont des responsables de haut niveau dans le gouvernement ou dans les sphères socio-économiques les plus élevées qui en définissent les contours, qui prononcent les premiers les termes qui seront retenus plus tard comme objectifs, qui suggèrent les ordres de grandeur financiers, les délais, les institutions éventuelles d’exécution. Bien entendu, ces personnalités n’inventent pas tout cela. Ils ne font que traduire des demandes collectives ou professionnelles, des informations sur la concurrence internationale, des grands enjeux internationaux et nationaux en matière scientifique et technologique, quelle pertinence ces enjeux peuvent avoir à moyen et long terme pour le bien-être du pays, des impressions personnelles. Ce sont des preneurs de risques (pour la Nation et, secondairement pour eux) conseillés sur le plan scientifique et technologique par des personnalités au plus haut niveau dans leur pays, et le plus souvent reconnus internationalement par la communauté scientifique. Quant à la programmation, contrairement à la planification et au budget, elle est un lieu de passage permettant de comprendre le mouvement des idées et celui des réalisations concrètes. Les hommes qui composent ce milieu sont donc d’origines et de profils très divers et c’est leur hétérogénéité qui identifie le mieux la catégorie professionnelle des programmateurs. On y trouve du monde scientifique, des budgétaires, des politiques, des régionaux qui assurent une couverture territoriale du pays. Dans tous les cas, ces experts sont avant tout un carnet d’adresses dans leur spécialité. La programmation assure la communication entre la planification et la budgétisation. Ce rôle d’intermédiaire est la principale caractéristique qui la définit le mieux. Qu’en est-il de la programmation de la recherche dans notre pays ? Avant de faire une autopsie à visée scientifique pure et rationnelle, tout en évitant de se perdre dans les détails secondaires, il me semble utile et important de rappeler quelques notions du processus de la programmation applicables à la gestion de la R&D nationale - concepts liés à la gouvernance, très en vogue aujourd’hui - qui permettent de mieux cerner et comprendre la problématique de la recherche. C’est pourquoi, nous allons d’abord répondre à la question de manière non exhaustive, qu’est-ce que la programmation des activités S&T? La programmation pluriannuelle des activités S&T, comme dit ci-haut, est globale par nature. Elle assure le lien entre le plan (ou stratégie qui s’y substitue, en cas d’absence de plan) et le budget annuel (qui, lui, existe toujours). C’est une tactique d’emploi des ressources financières (réparties entre plusieurs institutions) pour atteindre le mieux possible et de manière cohérente les objectifs nationaux fixés par l’Etat (ces objectifs correspondent souvent à des fonctions politiques de l’Etat). Les programmes sont généralement pluriannuels et pluri-institutionnels. Et dans une optique de suivi et d’amélioration de l’efficacité des actions de recherche, les programmes sont parfois révisés annuellement (programmes à horizon glissant). On distingue deux types de programmation de la R&D : 1/ La programmation descendante et normative où les thèmes et projets de recherche qui composent les divers programmes sont en quelque sorte imposés d’en haut par l’organe responsable de la politique S&T aux institutions et unités de recherche chargées de leur exécution. 2/ La programmation ascendante et réactive où ce sont les unités et institutions de recherche dans le cadre de leurs comités de programmes qui suggèrent les thèmes et projets de recherche en haut lieu ; ceux-ci sont acceptés, amendés ou rejetés, compte tenu de leur pertinence par rapport aux priorités du développement national, et d’autre part de leur compatibilité avec les objectifs et les moyens du système scientifique et technologique national. En réalité, il s’agit fréquemment d’un processus dialectique combinant ces deux types de programmation. Préalablement, cela suppose que la détermination d’objectifs socio-économiques précis en termes de problèmes prioritairement «pondérés» ainsi que leur transposition en termes techniques; la traduction de ceux-ci en objectifs/problèmes scientifiques et technologiques; l’inventaire des moyens disponibles : humains, financiers, institutionnels, en équipement et en information, c’est-à-dire le potentiel scientifique et technologique national, soient clairement établis. La programmation de la R&D est un processus long qui exige un grand nombre d’opérations et dont la démarche exige une période de temps relativement longue, plus de cinq par exemple. Néanmoins, pour éviter que des événements économiques et politiques viennent remettre en cause les engagements pris au moment de l’élaboration initiale de la programmation, une astuce procédurière bien connue en démocratie parlementaire, qui consiste à faire acter des engagements par voie législative, en transformant la programmation en loi programme pour une durée jugée convenable (cinq ans ou plus). Une telle démarche, qui assure aux programmes de R&D une réalisation sur une longue période est généralement réservée aux réalisations stratégiques du pays (Défense nationale, énergie, télécommunications, etc.). Dans ce contexte, pour combler le retard pris en Algérie et remédier aux lacunes en matière d’élaboration d’une politique scientifique et technologique, l’Etat a créé en janvier 1992 deux instruments chargés d’élaborer et d’appliquer cette politique à travers deux décrets exécutifs portant création, fonctionnement et organisation : des commissions intersectorielles de promotion, de programmation et d’évaluation de la recherche scientifique et technique ; et du conseil national de la recherche scientifique et technique (CNRST), présidé par le chef du gouvernement. Tout récemment, en ce sens qu’une loi a été votée et promulguée par le chef de l’Etat (loi n°08-05 du 23 février 2008), modifiant et complétant la loi n°98-11 du 22 août 1998 portant loi d’orientation et de programme à projection quinquennale sur la recherche scientifique et le développement technologique. Celle-ci définit toute une série d’objectifs du développement socio-économique du pays. De toute évidence, cela suppose que le politique ait réellement des objectifs politiques. Ce qui n’est pas nécessairement le cas puisque l’organe chargé de les fixer et déterminer les priorités relatives ne s’est jamais réuni, en l’occurrence le CNRST. C’est aussi le reflet de la situation de nos systèmes politiques. Cette loi, bien qu’applicable à la R&D, est en fait un véritable fourre-tout où l’on mélange absolument tout : les sciences de l’ingénieur et les sciences sociales et humaines. La simple lecture de la loi suffit pour se rendre compte, il en ressort une série d’amalgames. En effet, la loi dans son article 3 du titre I de ses dispositions générales ainsi que dans l’article 10 du titre II de la programmation nationale de la recherche fait dans la confusion dans la formulation des objectifs sectoriels et scientifiques. Ceux-ci devraient être élaborés à partir d’une nomenclature d’objectifs spécifiques applicable aux activités S&T au développement. Pareillement, la confusion entourant la priorisation des programmes nationaux de recherche, ceci relèverait plutôt des commissions intersectorielles que le CNRST (article 10 bis). Dès lors que le rôle de ce dernier est principalement dans les déclarations d’orientation politique et les stratégies qu’il sera appelé à émettre périodiquement en matière de développement national et ce, conformément aux attributions qui lui sont dévolues par le décret susvisé n°92-23 du 13 janvier 1992. Quant au financement du programme de la recherche, le texte dans le rapport annexé de ladite loi fait référence, en tant que base de calcul, à un certain principe de l’estimation de l’effort à consentir par l’Etat. Ce principe, dénué de tout fondement rigoureux, est un véritable défi au bon sens qu’un grand commis de l’Etat n’oserait même pas le présenter. En effet, il est dit clairement que «l’estimation du nombre de projets est faite sur la base de l’effectif chercheurs et en considérant qu’un projet de recherche est mené en moyenne par 6 chercheurs et que deux tiers des effectifs chercheurs auront des projets retenus», et d’autre part que «le coût unitaire annuel moyen d’un projet de recherche a été évalué à 1,5 million de DA». Cette démarche discordante dans la gestion des dépenses de recherche va dans le sens inverse des priorités et des préoccupations qui font référence à des considérations de pertinence (adéquation à des besoins nationaux) et d’opportunité politique (socio-économique ou culturelle). D’autant plus qu’elle ne prend pas en considération la diminution continue des effectifs de chercheurs aggravée par le phénomène de fuite de cerveaux. Donc, elle ne permettrait pas de traduire les préoccupations précitées, assorties de critères, pour la priorisation des activités de recherches répondant au mieux aux besoins socio-économiques. Quant à cette question de budget de R&D, elle est très importante et sa détermination est étroitement liée à une volonté politique affichée envers l’application de la S&T dans le développement socio-économique du pays. Dans les économies sensées et rationnelles, le budget de R&D est rapporté au produit national brut (PNB), et aux éléments comparatifs qui sont fréquemment utilisés pour orienter la programmation budgétaire pluriannuelle. Et sa répartition s’effectue selon l’ordre des priorités de programmes. La loi en question affiche 30 objectifs de la recherche scientifique et de développement technologique, alors qu’en fait il s’agirait plutôt d’objectifs socio-économiques devant être arrêtés par le CNRST, et 34 programmes nationaux de recherche dont certains expriment plutôt des objectifs socio-économiques, engendrant une confusion dans les objectifs. A trop vouloir entreprendre, dans cet esprit empreint de confusion, on risque de sombrer dans l’excès utopique et de perdre toute crédibilité auprès des scientifiques dans leur mobilisation pour le développement. On ne voit pas comment les uns interagissent avec les autres. Et on se demande pourquoi il y a tant d’infertilité. Un autre paradoxe à relever, il est regrettable, dans un pays comme le nôtre, qu’une loi n’ait pas consacré un chapitre au transfert de technologie qui constitue l’instrument privilégié par excellence de l’innovation. Comme nous l’avons déjà fait observer, le transfert de technologie ne peut réussir que si un grand nombre de conditions sont réunies simultanément où l’essentiel reste évidemment le facteur humain. Et que toute tentative de développement technologique autonome est vouée à l’échec. Une autre question qui reste entière dont la loi n’en fait nullement mention, disposons-nous d’un inventaire exhaustif et fiable de notre potentiel scientifique et technologique, c’est-à-dire de l’ensemble des ressources disponibles aux fins d’étude de tous les problèmes que pose l’application de la S&T ? De surcroît, une autre catégorie de chercheurs oubliée par la loi sur la recherche : les doctorants. Cette catégorie de chercheurs est à considérer en tant qu’acteurs à part entière au niveau du système de recherche si l’on veut qu’elle participe activement à l’effort national de recherche, d’autant plus qu’elle doit représenter une proportion importante de notre potentiel scientifique. Un aspect qui mérite d’être souligné est que les chercheurs soient dotés d’un statut différencié et susceptible de les motiver aussi bien au plan matériel que professionnel. A cet égard, la définition des centres d’excellence, reconnaissant implicitement la nécessité d’un élitisme scientifique, va du reste dans ce sens. Et ce n’est pas en développant un statut égalitariste, comme celui qui vient d’être promulgué, avec un salaire de misère pour l’ensemble des chercheurs que l’élitisme scientifique verra le jour. Le principe de base de l’organisation est de dire «définir qui fait quoi», cela implique une catégorisation plus forte dans le statut des chercheurs et des institutions de recherche. Sans ce terrain humain et celui pour le développement institutionnel, à développer progressivement, il n’est pas utile de perdre son temps à écrire des rapports de programmation de la recherche : ils resteront des rapports et ne seront jamais appliqués. Par ailleurs, l’autre problème majeur auquel l’on est aujourd’hui confronté qui ne fera qu’enliser notre système de recherche, répétons-le, est toutefois celui de l’absence de personnels de planification, d’organisation et de gestion des activités scientifiques et technologiques et leur intégration au sein des stratégies (1). Autrement dit, les spécialistes capables de décrire et d’évaluer le potentiel scientifique et technologique dans son évolution ultérieure, d’anticiper le changement des techniques de production et de tous les éléments non matériels (connaissances fondamentales, méthodes et procédés) qui sont associés au progrès technologique, d’adapter et d’optimiser les ressources au regard des objectifs à atteindre. Disposons-nous, dans ce contexte, des services scientifiques et technologiques (SST) dignes de ce nom, indispensables pour surmonter les problèmes posés par le passage de la recherche scientifique au développement technologique et de celui-ci à la mise sur le marché d’un produit ? On voit mal comment dans une telle situation les résultats de la recherche pourraient aboutir à la création de produits et de nouveaux procédés et dans quel délai pourraient-ils aboutir. La disponibilité de ces informations et d’un potentiel humain adéquat et adapté à ses différentes missions est indispensable pour apprécier les forces et les faiblesses du système de recherche, déceler les inadaptations et les déséquilibres, évaluer la cohérence interne et externe des activités de recherche, et apprécier les activités de recherche des universités, des établissements de recherche et des services scientifiques et techniques. Ce n’est que lorsque nous disposons de ces informations que les responsables peuvent résoudre les problèmes d’organisation, orienter efficacement l’effort de recherche, définir les mesures propres à favoriser le développement de la S&T dans notre pays, en un mot, formuler une politique en fonction de nos choix stratégiques. Faute de quoi, les nouvelles démarches n’aboutiront à aucun résultat valable, et s’ajouteront aux échecs précédents, que l’histoire enregistrera sur le compte de ceux qui en sont responsables, et que les nouveaux fonds alloués à la recherche scientifique estimés à 100 milliards de DA seront perdus et l’investissement n’est finalement pas rentabilisé. En guise de conclusion, nous réitérons la véritable question qui mérite d’être posée aujourd’hui connaissant ces problèmes pour sauver l’avenir, c’est comment construire alors une stratégie globale insérée dans un environnement international où le potentiel national humain et technologique n’est pas au rendez-vous ? Dans cette perspective et à la lumière de ce qui précède, il paraît essentiel et primordial dans la recherche de toute solution liée à une définition d’une stratégie de développement global, harmonisé et durable de constituer des capacités dans le domaine du management des activités scientifiques et technologiques. Face aux attentes culturelles, sociales et économiques, il est nécessaire de mettre fin à la gestion à tâtons, à l’incohérence de notre système de recherche, à la dispersion et au gaspillage des ressources qui seraient de nature à détruire plutôt qu’à construire et qui relève des constatations évidentes. Pour ce faire, il nous parait utile de réitérer une série de pistes d’actions pratiques : 1/ Développer les compétences managériales dans le domaine de la S&T pour l’élaboration de politiques, la collecte, l’analyse et l’exploitation des données statistiques, la planification, la programmation des activités scientifiques et technologiques ainsi que du processus de leur intégration dans le plan de développement et autres méthodes de management. L’expérience acquise par certains pays dits émergents d’Asie, notamment la Corée du Sud, pourrait se révéler fort instructive pour l’Algérie, qui pourrait apporter sa contribution utile dans ce domaine de management. 2/ Favoriser et encourager le transfert vers notre pays d’activités d’innovation à forte valeur ajoutée des compétences nationales expatriées ciblant des objectifs économiques en fonction de la demande des marchés internationaux au sein des pôles de compétitivité, de manière à induire la création d’un potentiel d’innovation technologique local. 3/ Commencer à créer un potentiel national dans quelques créneaux porteurs des technologies universelles et favoriser la politique de réseau, de manière à articuler développement économique et potentiel scientifique et technologique et à jeter les bases des futurs points forts de la seconde phase d’industrialisation du pays. 4/ Contribuer à consolider les objectifs de développement à fixer. Ceux-ci doivent correspondre à un choix de valeurs que se donnera notre société et de prévoir les impacts probables de la stratégie envisagée grâce aux apports des spécialistes en sciences sociales. Les sciences de la communication en particulier peuvent aider à dégager et comprendre les facteurs qui contribuent à la création d’un climat favorable au développement de la S&T. Les médias sont des instruments indispensables dans la réalisation des tâches du développement économique, social et culturel. Judicieusement utilisés, les médias peuvent être de précieux facteurs d’animation, d’éducation et de progrès. Rare est le regard de celui qui voit et qui scrute les signes des temps qu’il est des instants privilégiés de l’Histoire, comme un rendez-vous avec le Destin, où une politique paraît menacée de tous les dangers, alors qu’en réalité le péril dégage l’horizon d’une manière tellement décisive qu’il présente plus d’avantages à éclater au grand jour que de risques pour l’oeuvre ; car les obstacles qu’il met en évidence éclairent si bien la situation qu’ils ressemblent davantage à des appels à une stratégie, comme un rappel à l’ordre, qu’à des barrières dressées sur le chemin à parcourir. Il en est ainsi de l’évolution actuelle de notre société où les principes de morale politique sont bafoués, alors que nous avons tout ce qu’il faut pour relever le défi dans le siècle qui s’ouvre devant nous, caractérisée par une conjoncture favorable : une économie mondiale ouverte et interdépendante ; une désagrégation de la chaîne de valeurs dans les secteurs des technologies universelles ; et une aisance financière. Nous avons des atouts, les ressources minérales et énergétiques. Nous avons la capacité humaine aussi bien locale qu’expatriée possédant des qualités ancestrales susceptibles de s’actualiser et d’accomplir le miracle. Il y a plusieurs raisons de garder espoir et de l’entretenir. Aurons-nous la volonté ou la sagesse de les mettre à profit et, surtout, le courage politique de passer à l’action ? Plutôt que de tourner le dos à une société en mal de vie et de rejeter notre responsabilité sur les autres qui ne peut, en effet, que nous porter préjudice, nous devons plutôt assumer pleinement notre responsabilité, comme dit ailleurs, pour un projet de société ; c’est là l’essence même de l’humanité. (*) Maître de recherche /CDTA Docteur en microélectronique (**) LA Recherche et Développement (R&D) : désigne globalement les activités de recherche et de développement technologique qui, de façon complémentaire à court ou à long terme, conduisent à l’application de nouveaux procédés et la production de nouveaux produits. La R&D recouvre les trois types d’opération de recherche : recherche fondamentale, recherche appliquée et développement expérimental. (***) Les Services Scientifiques et Technologiques (SST) : recouvrent les essais, la normalisation, la métrologie, le contrôle de qualité, la collecte et le traitement des données scientifiques, les collections scientifiques et technologiques, la diffusion de la documentation et des données scientifiques, la vulgarisation, le dépôt de brevets et l’enregistrement des licences, etc. Références : 1. Recherche scientifique et politique de développement : Quelle orientation pour la gouvernance ? M.T. Belaroussi, El Watan Economie, 30 juin 2008. 2. Introduction à l’analyse politique en science et technologie, Etudes et documents de politiques scientifiques - UNESCO, n°46 (Paris, 1981). 3. Méthodes de programmation applicables à l’orientation et à la gestion de la R&D nationale, Etudes et documents de politiques scientifiques - UNESCO, n°68 (Paris, 1990). Sur fond de tensions géopolitiques au Moyen-Orient et en Russie |