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Y a-t-il une relation entre l'augmentation du nombre des
divorces en Algérie et le confinement imposé dans le cadre de la lutte contre
la propagation du coronavirus ? Certains sociologues n'hésitent pas à faire le
parallèle entre les deux, parce que le confinement serait derrière la pression
énorme sur les populations, sur les couples notamment, qui vivent mal ce contact
presque permanent dans des lieux clos, sans possibilité d'échapper à l'autre.
C'est une source de scènes de ménage qui ne trouvent pas le temps pour chercher
l'apaisement, et qui se terminent par des séparations entre les époux, seule
voie de salut pour sortir de la bulle qui les étranglait. Ce sont les
conclusions d'experts étrangers, qui ont constaté une augmentation des
violences contre les femmes durant les périodes de confinement, ainsi que les
divorces, en tant que conséquence directe des maltraitances subies par les
femmes. Les statistiques, qui ont effectivement enregistré une hausse
fulgurante durant cette période de crise sanitaire, sont utilisées comme
argument massue dans ces considérations. En Algérie, plus de 44.000 divorces
ont été enregistrés durant les six premiers mois de 2021, un record selon le
ministère de la Justice qui a communiqué ces chiffres. La crise sanitaire, qui
a développé une crise économique, dont les retombées sur la vie sociale ne sont
pas des moindres, est derrière cette poussée record des divorces en Algérie,
mais cela n'explique pas toute la problématique. Car, en fait, le divorce est
un phénomène qui remonte à loin par rapport à cette crise sanitaire et ses
confinements, enregistrant des courbes en hausse constante depuis quelques
années. Depuis pratiquement une décennie, les sociologues et les religieux
n'arrêtent pas de tirer la sonnette d'alarme sur le nombre de plus en plus
élevé des divorces. Bien sûr, la crise sanitaire a eu des effets non
négligeables, notamment de par ses effets sociaux dus à la crise économique,
mais les véritables causes du divorce en Algérie ont d'autres adresses.
L'évolution de la législation, qui a élargi les droits des femmes, notamment le
droit reconnu des femmes à demander le divorce (El Kholaa),
est à l'origine de la hausse des divorces en Algérie, ainsi que l'indépendance
financière de la femme travailleuse et d'autres raisons encore directement
liées à l'éclatement de la cellule familiale en général. L'échec du mariage
n'est pas seulement l'échec du couple, il englobe un échec plus vaste, de
l'impuissance des cellules de médiation et de réconciliation des époux aux
rôles des parents, qui ont perdu toute leur autorité sur leurs enfants.
C'est un échec social. Existe-t-il des offices spécialisés en conseils matrimoniaux, chargés de suivre les couples en difficulté, avant d'en arriver à l'ultime phase devant le tribunal ? Quel rôle des imams et des morchidates dans cette grave dérive sociale qui fait des enfants les premières victimes expiatoires, en augmentation surdimensionnée ? |