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En général, ceux
qui subissent la plus grande part des critiques dans notre société sont les
acteurs politiques, syndicaux et médiatiques, auxquels sont souvent associées
des accusations d'opportunisme, de manipulation et de conclure des accords
douteux au détriment du peuple démuni et soumis à leur sort. Cela est
compréhensible, car les accumulations de déceptions que le peuple a subies de
la part des entités liées au pouvoir, qu'elles aient été initialement de
l'opposition ou qu'elles aient basculé de celle-ci vers le camp du pouvoir, ont
conduit à une perte de confiance envers tous les acteurs du domaine public dans
le pays.
En revanche, peut-on considérer le peuple comme innocent face à tout ce qui lui arrive ? Pourquoi les individus et les groupes plus restreints devraient-ils toujours être critiqués, tandis que la sphère dans laquelle ils évoluent est systématiquement considérée comme irréprochable ? Le peuple n'est-il pas en partie responsable de sa situation, étant donné qu'il est responsable de la production de ces élites et courants en tant que produits de ses propres sociétés ? N'y a-t-il pas d'individus et de groupes qui ont tout donné, n'ont pas spéculé, n'ont pas tergiversé, et n'ont connu que les épreuves ? Ils ont supporté le fardeau de dire la vérité, de maintenir leur position ; ont été restreints dans leur liberté, leur confort et la sécurité de leur famille, et ont subi tout cela avec une grande dignité. Leur peuple les a largement ignorés, évitant la communication et l'interaction avec beaucoup d'entre eux. Ce qui est déchirant, c'est de comparer le comportement général des gens envers cette classe sacrifiée, marginalisée par eux, avec l'attention qu'ils accordent à une autre classe qui ignore leurs préoccupations économiques, à savoir les célébrités du monde du divertissement et du sport, ainsi que certains politiciens rhétoriciens professionnels dont l'origine, la substance et les motivations ne sont un secret pour personne. Ces personnalités utilisent largement le pouvoir pour servir leurs propres agendas au détriment du peuple qui répond à leur amour par de l'ingratitude. Le paradoxe est que les gens ne cessent de parler de leur consternation face à certains opportunistes en qui ils avaient placé leur confiance, se plaignant de leur trahison, pour aboutir à des jugements généraux qui regroupent tout le monde dans le même panier, mettant ainsi l'honnête homme dans la même catégorie que celui qui s'est moqué de lui. Le résultat est de servir les despotes qui ont exploité cette fracture entre l'élite noble et son peuple, œuvrant à son élargissement pour l'isoler de la matrice sociale. L'intention, ici, n'est pas de blâmer la société et de lui attribuer la responsabilité de ses conditions misérables, ni de justifier les positions fluctuantes de certains. Le principe fondamental du militant est de saisir ses principes et de ne pas attendre de récompense ou de reconnaissance de quiconque, mais tous les militants ne sont pas capables d'incarner ces qualités. La désillusion du peuple envers ses militants n'est pas une fatalité, comme le pensent les désespérés, elle reflète également un dysfonctionnement dans le mouvement porteur du projet de changement. Ainsi, la tâche du militant est de comprendre que son action ne se limite pas seulement à émettre des positions opposées aux politiques d'un gouvernement, aussi cruciales que cela puisse être, mais il doit également réaliser que son acte d'opposition doit être étendu et inclusif, englobant toutes les facettes sur lesquelles le système de son pays opère. Cela doit inclure la création d'un modèle éthique résistant à l'état de tromperie propagé dans les sociétés et leurs secteurs vitaux, devenant ainsi un véritable refuge pour le peuple, le façonnant et régulant ses comportements. De même, le défi le plus important auquel est confrontée la crédibilité de tout projet de changement radical est sa capacité à proposer un discours clair qui tient compte des diverses aspirations de ses différentes couches de la population et qui puise essentiellement dans son environnement. |