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En 1881, Louis Pasteur a mis
en place les bases de la vaccination en montrant que des virus affaiblis ou
dont la virulence a été atténuée et donc ne pouvant plus tuer peuvent être
donnés à un être humain qui va produire des anticorps et développer une immunité
contre la maladie provoquée par un microbe dangereux, au plus la vaccination
est suivie par une maladie bénigne.
La préparation d'un vaccin passe par plusieurs étapes et requiert un temps assez long de 7 à 10 ans pour pouvoir être utilisé chez l'être humain. Des prouesses technologiques : La pandémie actuelle du Covid-19 avec 60,5 millions de personnes atteintes et 1,4 de million de décès au 26 novembre 2020 a bousculé les normes établies et poussé les politiques en premier, à exiger des scientifiques, des résultats rapides. Le meilleur exemple est donné par la première puissance mondiale dont le président en phase d'élection a mobilisé les moyens de son pays dès le mois de mai pour arriver à trouver un vaccin avant les élections de novembre 2020. Une véritable fièvre s'est emparée des Laboratoires pharmaceutiques, dans le monde, en raison de la perspective des sommes colossales qu'ils pourraient engranger s'ils arrivaient à mettre au point un vaccin. Fait sans précédent dans l'histoire scientifique, plus de 150 ont annoncé s'intéresser au sujet, 40 sont en situation avancée de mise au point d'un vaccin et 11 sont en fin de phase 3 et pensent demander bientôt une approbation (Autorisation de Mise sur le Marché). Les précédentes épidémies notamment celle du SARS-1 en 2003 et du MERS en 2012 dont le SARS-Cov-2, agent du Covid-19 est un virus apparenté, ont permis le développement de plates-formes technologiques dans les grands pays industriels. Aussi a-t-il été possible de réduire, de façon importante le temps lié à la recherche en amont des essais cliniques, ce qui explique, aujourd'hui, que la durée de préparation d'un vaccin en années, est devenue une durée en mois. De nombreuses interrogations : Peut-on produire un vaccin sans risque en à peine six mois ? Moncef Slaoui, a été appelé par Trump en mai pour régler ce problème, il « dispose de moyens humains et financiers colossaux pour trouver un vaccin efficace contre le Covid-19. » M. Slaoui était un scientifique, peu connu, en dehors du cercle des big-pharma, de nationalité maroco-belgo-américaine, il fait partie des cinquante premières fortunes mondiales selon la revue fortune, c'est dire avant tout qu'il est un businessman scientifique. Les deux vaccins qui sont sur la ligne d'arrivée en Occident sont ceux de Pfizer-Biontec et de Moderna. M. Slaoui annonce que le premier sera soumis à la FDA (Food and drug administration) pour validation le 10 décembre et pense que celle-ci sera donnée le lendemain. Le vaccin de Moderna suivra le 17 décembre et pourrait obtenir son approbation le 18 décembre. Ils seront suivis aux Etats-Unis par les vaccins de Johnson and Johnson et d'Astrazeneca, en fin janvier ou février. Si le premier requiert une seule dose, la plupart des autres vaccins exigent l'injection de deux doses de vaccin après un intervalle de temps non précisé. Si le Laboratoire britannique Astrazeneca est le premier à annoncer un vaccin mais les résultats préliminaires des études cliniques montrent quelques effets secondaires et surtout une erreur dans les essais avec l'administration d'une demi-dose au lieu d'une dose complète. De plus, les volontaires recrutés pour les essais sont tous en bonne santé et âgés de moins de 55 ans. Le laboratoire annonce que son vaccin est efficace à plus de 90 % et surtout qu'il a la capacité de produire 3 milliards de doses par an dès 2021. Ces nouveaux vaccins proposés ne sont pas, au sens de la définition de l'OMS, des vaccins classiques mais plutôt des produits de thérapie génique. Ils sont constitués non plus de microbes tués ou de fragments de ces microbes mais d'acides nucléiques qu'une fois injectés dans l'organisme vont pénétrer dans les cellules puis s'insérer dans le noyau et faire fabriquer par la cellule des copies du produit injecté qui vont induire la fabrication par le système immunitaire du sujet des anticorps. Des questions légitimes se posent : le mécanisme de fabrication du virus vaccinal, une fois enclenché, comment va-t-il s'arrêter ? Existe-t-il un mécanisme qui peut s'assurer que la quantité voulue est atteinte et pas un excès qui pourra interférer avec le système immunitaire et provoquer des « réactions incontrôlables » ?... Quelle sera la durée d'immunité conférée ? Les essais cliniques ont au plus un recul de six mois. Il n'existe pas d'informations sur l'efficacité au long terme. M. Slaoui avance un rappel, tous les cinq ans, sur quelle base ? Autre question, le vaccin proposé aura-t-il la même efficacité chez tous les sujets ? Les essais ont dans la majorité des cas concerné des sujets en bonne santé, jeunes ou relativement jeunes, quid des personnes âgées, des personnes présentant des maladies entraînant une perturbation de leur immunité, des femmes enceintes, des enfants de moins de trois ans ? La question la plus importante reste la sécurité du vaccin. Quels sont les risques encourus en se vaccinant. Quelle sera l'innocuité du vaccin à long terme ? Pour Moncef Slaoui, la consultation des essais cliniques effectués, au cours des 40 dernières années, aux USA, a montré que 95 % des effets secondaires surviennent dans les 45 jours après la vaccination et qu'en conséquence les essais à grande échelle avec ce recul sont rassurants. Ce qu'omet de noter le responsable américain est que jusqu'à présent on avait à faire à des microbes tués ou atténués ou à des fragments de microbes et non à du matériel génétique. Peut-il garantir qu'il n'y aura pas de transfert intergénérationnel du matériel génétique injecté et que ce dernier ne peut pas se modifier à l'intérieur de l'organisme ? La Suède enregistre l'un des plus forts taux de personnes refusant d'être vaccinées. Les Suédois gardent à l'esprit les effets secondaires enregistrés avec le vaccin H1N1 qui a donné lieu à des centaines de cas de narcolepsie en 2009. La plupart des informations disponibles, aujourd'hui, sur les vaccins se limitent à des déclarations de laboratoires qui ont tiré des dividendes des effets d'annonces avec l'augmentation exponentielle de la valeur de leurs actions en bourse. Il n'existe, à proprement parler, ni d'études scientifiques ni de recul pour apprécier la qualité des vaccins proposés. Des problèmes techniques et administratifs Les vaccins de Pfizer-Biontec et Moderna nécessitent d'être stockés à des températures très basses, autour de moins 70°. Peu de pays pourront assurer une vaccination de masse en raison de la difficulté de maintenir une chaîne de froid correcte même si des containers spéciaux mobiles ont été mis au point à cet effet. La réglementation américaine ne permet pas la distribution d'un vaccin qui n'a pas encore obtenu l'approbation de la FDA, c'est pour cela qu'aussi bien Pfizer-Biontec que Moderna ne disposent que de faibles stocks, estimés respectivement à 6,5 millions et à 2 millions de doses de vaccin. Les deux laboratoires ne commenceront réellement à fabriquer et à distribuer leurs vaccins qu'après le feu vert de la FDA, leur stock passera à une trentaine de millions de doses pour chacun des laboratoires vers février-mars 2021. M Slaoui estime que l'ensemble de la population américaine pourra être vaccinée vers la fin mai ou au début juin 2021 avec l'arrivée sur le marché du vaccin de Johnson and Johnson et même d'Astrazeneca. Les USA pourront également importer du vaccin de Pfizer-Biontec fabriqué au Royaume-Uni. Quoi qu'il en soit, tant que la population américaine n'est pas totalement vaccinée, les Etats-Unis ne permettront pas l'exportation de leurs vaccins. Le Canada qui ne dispose pas de capacité de fabrication de vaccins et les autres pays d'Amérique du Sud vont donc se tourner vers l'Europe pour demander des vaccins. La Grande- Bretagne possède la plus grande capacité de production de vaccins en Europe. Ce n'est pas donc par hasard que son gouvernement a donné son feu vert au vaccin de Pfizer-Biontec, dès le 2 décembre 2020, avant qu'il n'ait reçu une approbation scientifique de la part au moins de l'European medical agency (EMA). Le but est de commencer à produire rapidement de façon à satisfaire le marché européen. D'autres pays ont aussi autorisé la distribution de vaccins sur leur sol comme la Russie, la Chine, les EAU dès le 2 décembre? Vaccination anti-Covid-19 en Algérie : Pour lutter contre la pandémie du Covid-19, l'OMS a mis en place un mécanisme pour faciliter l'accès aux vaccins contre la Covid-19, ce mécanisme est appelé COVAX, il est coordonné par l'Alliance Gavi. Différents pays ont adhéré à ce mécanisme, soit en mesure de produire leurs propres vaccins comme la Grande-Bretagne ou la Chine, soit capables de financer l'achat de vaccins, soit dans l'impossibilité d'acquérir le vaccin. Près d'une vingtaine de vaccins sont, aujourd'hui, proposés à l'OMS pour une approbation et recommandation pour les pays de l'alliance Gavi. La politique de l'Algérie a évolué dans le domaine de la vaccination contre la Covid-19. D'abord cavalier seul, l'Algérie affirmait vouloir acquérir le vaccin le plutôt possible dès sa mise sur le marché et à n'importe quel prix. Face aux interrogations, de plus en plus nombreuses, en matière d'efficacité, de sécurité, de durée d'immunisation? qui émaillent ces nouveaux vaccins, cette démarche précipitée a connu un ralentissement. L'Algérie s'est jointe à quelques pays africains à revenu intermédiaire, hors Gavi, regroupant le Botswana, le Cap-Vert, Eswatini, le Gabon, Maurice, la Namibie, São Tomé-et-Príncipe et les Seychelles dans une sorte de centrale d'achat pour obtenir des vaccins à des prix plus avantageux. Cette approche ne semble pas avoir satisfait les responsables de la Santé qui finissent par adhérer au COVAX, le 30 octobre 2020, faisant de l'Algérie le 188e pays à entrer au Gavi. Face à un taux de mortalité par la Covid-19 entre 0,5 et 0,2 % soit un taux légèrement plus élevé que celui de la grippe saisonnière, la vaccination contre la Covid-19 garde-t-elle toujours sa pertinence et son urgence ? Oui, si on en juge par les répercussions économiques de la Covid-19. Quoiqu'il en soit, pour acquérir le vaccin anti-Covid, l'Algérie devra se plier aux lois du marché et aujourd'hui suivre les recommandations du COVAX. Quelle que soit la décision qu'elle pourra prendre, celle-ci n'est pas facile car elle engage des millions d'Algériens. La retenue semble être la meilleure conseillère. Par ailleurs, les nouvelles prérogatives attribuées aux ministres donnent au ministre de la Santé, au même titre qu'à la Commission scientifique, un avis consultatif en matière d'achat et d'importation de médicaments ou de vaccins. C'est in fine le ministre chargé de la production pharmaceutique qui négocie, achète et valide le vaccin. Beaucoup de Laboratoires vont introduire une clause de non responsabilité en cas d'effets secondaires, quelle sera l'attitude du Gavi, en général et de l'Algérie en particulier ? Parmi les questions posées, il s'agit de savoir qui vacciner ? Ce sont en premier, les personnels de soins, les corps de sécurité impliqués (Protection civile?), les personnes présentant des maladies chroniques et les personnes âgées. La vaccination du grand public interviendra après (elle est prévue entre avril et juin en France). L'apport de SmartDiags : Faut-il ou non vacciner les personnes ayant présenté la Covid-19 étant donné que certaines études laissent penser qu'une réinfection, peut-être avec un virus mutant est possible ? Une start-up algérienne installée en France a mis au point un kit diagnostic qui permet de voir si le sujet est porteur d'anticorps neutralisants ou pas et donc de décider de sa vaccination ou pas. Ce test est encore plus intéressant pour les vaccins dont on ne connaît pas la durée d'immunisation. Il a une valeur prédictive quantitative, il peut estimer la durée d'immunité après vaccination. Ainsi, un vaccin proposé par le mécanisme COVAX alliant des qualités d'efficacité, de sécurité et de prix accessible, conforté par le test de SmartDiags peut donner plus d'assurance à une vaccination qui est boudée par un pourcentage non négligeable de gens dans tous les pays du monde. Tenant compte de toutes ces contraintes, un début de vaccination contre la Covid-19 peut être envisagé en Algérie au cours de la deuxième moitié du premier trimestre de 2021ou mieux vers la fin de celui-ci. Le prix moyen du vaccin à l'International se situe autour de 20 dollars, l'alliance Gavi peut l'obtenir au quart de ce prix, voire un peu moins. En dehors des catégories de personnes à protéger en Algérie, il peut être mis en vente pour le reste du public dans les pharmacies, au même titre que le vaccin antigrippal. *Ancien membre de la Commission nationale de vaccination |