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Leur commerce extérieur en
chute libre, les pays d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine, endettés, ne sont
plus leurs clients potentiels d'une industrie d'armements de l'URSS et des
autres pays de l'Est naguère florissante. Ce qui nous amène à dire que le
processus était enclenché pour la transformation du monde. D'abord la chute du
Mur de Berlin en novembre 1989 qui libère le peuple est-allemand de la
satellisation dans laquelle il se trouvait vis-à-vis de la superpuissance
soviétique. Il en alla de même pour tous les pays d'Europe centrale et
orientale, que l'on appelle les PECO.
Il faut aussi indiquer que la crise d'endettement mondial a fortement ébranlé les dictatures militaires d'Amérique du Sud qui, à l'instar du bloc Est, ont aussi procédé à leur mue et transmis pour la plupart le pouvoir à des responsables civils. Mais le point d'orgue, c'est surtout l'éclatement de l'URSS. Le 26 décembre 1991, l'URSS s'effondre et cesse d'exister. Par l'effondrement de l'URSS, on doit comprendre l'effondrement du monde bipolaire, et donc la fin de la guerre froide. Mais alors deux questions se posent : «Qui ont été les maîtres de l'œuvre dans la fin de la guerre froide ? Et qui a été le maître de l'ouvrage dans cette transformation du monde ?» La réponse à la première question ce sont les États-Unis et le monde arabe dans l'effondrement du bloc Est. À la deuxième question, la réponse vient de la «métaphysique-monde» qui régit la marche de l'humanité. Peut-on réfuter ces réponses ? On le peut, mais si on le peut c'est simplement que la pensée veut aller contre elle-même, parce que la pensée est libre de penser ce qu'elle veut penser. En fait, pour simplifier, c'est un processus naturel provoqué par les forces de l'histoire. Pour ne citer que le gouverneur de la Réserve fédérale américaine, Paul Volcker, en relevant brusquement le taux d'intérêt directeur de la FED à une valeur pour ainsi dire unique dans l'histoire économique du monde, 20 %, savait-il que, par ce «coup de plume sur les taux», il allait provoquer 11 années plus tard la formidable révolution, via l'endettement mondial, qui changera la face du monde. La fin du bloc Est et de la guerre froide, et les pays sud-américains en cessation de paiement qui obligeront les dictatures militaires qui n'auront plus rien à offrir à leurs peuples que l'austérité et la misère, à céder le pouvoir aux civils ont permis d'ouvrir une nouvelle page de l'histoire avec la démocratie naissante et le début d'un Etat de droit pour les peuples. Aussi peut-on dire, l'URSS devait disparaître, elle n'était plus viable, la guerre froide devait aussi être dépassée. Les puissances régionales montantes du monde arabo-musulman étaient suffisamment fortes pour faire face à l'impérialisme américain, comme l'a montré la guerre Irak - États-Unis, en 2003-2011. Au point que cette guerre a été comparée à celle du Viêtnam. Pourtant l'Irak, un pays de 20 millions d'habitants, n'a bénéficié ni de l'aide massive de l'Union soviétique à l'époque, ni de l'aide massive en hommes et en armes de la Chine avec qui le Viêtnam avait une longue frontière (1.300 km). Conclusion L'histoire de l'humanité est un processus évolutif certes long mais rationnel. Le progrès y est inscrit, et c'est ce qui donne espoir aux peuples. Et, on comprend aussi l'impact caché du monde arabe dans les formidables progrès et avancées qu'a connus l'humanité. Mais le prix du progrès endossé par le monde arabe pour faire avancer l'humanité était lourd, très lourd. Mais si on regarde les deux guerres mondiales en Europe et dans le reste du monde, il était aussi très lourd, très lourd pour les peuples du monde, en particulier les peuples d'Europe et d'Asie. Mais les guerres et les crises sont ce qu'elles sont, et l'homme comme le monde arabe ne commande pas son destin. Les guerres et les crises ne vont pas s'arrêter en son sein, elles continuent à le ravager et, à la fin de l'année 1991, de nouveau, il doit payer un autre prix pour faire avancer une nouvelle fois l'humanité. Pourquoi ? Parce que c'est dans le monde arabe que se trouve la puissance monétaire occidentale. Le pétrole n'est que la face cachée du dollar. Et on le remarque, lorsque les États-Unis sont en guerre ou financent des guerres depuis l'irruption du pétrodollar dans les années 1970, le prix du baril de pétrole s'envole, explose, et lorsque les États-Unis font profil bas, le pétrole baisse et reste durablement bas comme aujourd'hui. Et c'est là que le bât blesse pour le monde arabe, toute la stratégie financière et monétaire de l'Occident est fondée sur lui. Et cela paraît incompréhensible. Mais si on enlève le pétrole, ou si demain une autre ressource énergétique est trouvée et qui déclasse le pétrole, qui deviendra une simple énergie d'appoint, alors il faut dire à l'Occident «Adieu, la puissance financière et monétaire». «Adieu le pouvoir de seigneuriage que l'Occident a sur le monde». «Adieu les guerres que l'Occident finance par le biais des richesses du reste du monde qu'il soutire grâce aux formidables émissions monétaires qu'il créé à partir de rien». L'humanité aujourd'hui est comparable à une monarchie monétaire à l'échelle planétaire. Et cette monarchie est dirigée par quatre puissances monétaires qui sont les États-Unis, l'Europe monétaire des 19 (zone euro), le Japon et la Grande-Bretagne. Leurs monnaies (dollar US, euro, yen et livre sterling) règnent en maîtres sur le monde. Ils ont deux bras armés les plus visibles, le FMI et la Banque mondiale. Même le yuan, la monnaie de la Chine, et sa puissance dans le monde, n'est pas encore une monnaie comparable à ces quatre monnaies seigneuriales. Le yuan reste dirigé par la Banque de Chine et ne flotte pas librement sur les marchés monétaires. La Chine a une crainte viscérale des attaques financières spéculatives venant de l'Occident. Face aux quatre requins monétaires, la République de Chine a perdu entre 2015 et 2016 un montant astronomique de 1.000 milliards de dollars en l'espace de moins de deux ans. Ses réserves de change ont fondu, de 4.000 milliards de dollars environ en 2014, «Fin 2016, elles totalisaient 3.011 milliards de dollars» (7). L'Agence Presse Service (APS) Algérie écrit : «Les réserves de changes de la Chine, les plus importantes du monde, ont augmenté de 10,1 milliards de dollars le mois dernier pour se hisser à 3.119 milliards de dollars, a indiqué jeudi la Banque centrale chinoise (PBOC). L'euro, le yen et la livre sterling se sont renchéris le mois passé par rapport au billet vert, gonflant la valeur en dollars des réserves chinoises composées de ces devises. Mais la hausse s'explique également par le fait que «les fuites de capitaux (hors de Chine) semblent être parfaitement contenues», relève Claire Huang, économiste de Société Générale, citée par Bloomberg. Après une dégringolade spectaculaire à l'automne 2016, les réserves de devises chinoises étaient tombées en janvier sous le seuil de 3.000 milliards de dollars pour la première fois en six ans, avivant l'inquiétude sur la politique financière de Pékin. En 2015 et 2016, l'hémorragie de capitaux hors du pays - fuyant l'essoufflement de l'économie chinoise et attirés par des placements plus rémunérateurs - avait fait pression sur la valeur du yuan, obligeant la PBOC à puiser dans ses réserves pour racheter des yuans et soutenir le cours de la devise. Mais Pékin a drastiquement renforcé ses contrôles de mouvements financiers et, surtout, l'économie du géant asiatique s'est stabilisée depuis le début 2017, confortant la confiance des investisseurs et permettant aux réserves de change de rebondir au fil de l'année [...] La convertibilité du yuan reste encadrée, son taux face au dollar ne pouvant fluctuer que dans une fourchette de 2% de part et d'autre d'un taux-pivot fixé quotidiennement par la Banque centrale. Mais celle-ci assure farouchement tenir compte des mouvements du marché (8). On comprend pourquoi les autorités monétaires chinoises pointent farouchement leur viseur sur les marchés financiers dans le monde, en clair face aux requins de la finance mondiale, essentiellement occidentale. Il y va de la santé économique de 1,35 milliard de Chinois. D'un autre côté, peut-on en vouloir aux requins de la finance mondiale ? La seule réponse est que le monde ne peut leur en vouloir, dire tout au plus «Ainsi va le monde». Et aucune puissance humaine n'est pérenne, qu'en dernier ressort, «tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, donc dans le sens du progrès du monde». Donc, les enjeux auxquels il fait face montre que le monde arabe est assis sur une poudrière «pétro-monétaire» qui risque d'exploser, c'est-à-dire qui peut mener à une guerre qui reconfigurera tous les régimes politiques arabes et non arabes, y compris la mainmise des grandes puissances sur cette région centrale du monde. La guerre que mène le président américain contre les excédents commerciaux chinois et surtout la déflation mondiale, que les Banquiers centraux occidentaux ont provoquée avec les Quantitative easing (QE) qui consistent à «injecter des liquidités internationales pour sortir l'Occident de la crise immobilière et financière de 2007-2008, alors qu'en fait ils retirent des liquidités et non qu'ils injectent», est en train de bouleverser l'équilibre économique mondial. Pour les QE, et pour être plus précis, les Banques centrales occidentales injectent des liquidités en monnaie centrale que les banques commerciales occidentales «stockent» dans leurs comptes qu'elles ont auprès de leurs banques centrales pour racheter plus tard, au fur et à mesure que les pays du reste du monde s'appauvrissent et présentent à leurs guichets leurs obligations et bons de Trésor US et européens, donc de la dette occidentale, que le reste du monde a accumulés alors qu'ils avaient des excédents commerciaux durant la période d'avant, la période de faste entre 2002 et 2014, dernière date à laquelle ont pris fin les QE américains. Et ce faisant, les pays du monde se délestent progressivement de leurs réserves de change, et dans le langage classique, cela s'appelle «puiser dans ses réserves». Alors que, dans la réalité, il y a une stratégie occidentale mise en œuvre pour faire fondre les réserves de change des pays du reste du monde. Les réserves de change de l'Algérie ont fondu entre 2014 et 2019, passant d'environ 190 milliards de dollars US à environ 70 milliards de dollars US, aujourd'hui, soit une chute de 120 milliards de dollars US en cinq ans. Et ce n'est pas fini. Selon les informations officielles, elles chuteront encore en 2020 pour atteindre environ 51 milliards de dollars. Les plans concoctés par l'Occident pour inverser l'endettement ou du moins diminuer son endettement vis-à-vis du reste du monde réussira-t-il ? Certes, on constate bien que le plan occidental réussit puisque partout dans les pays du reste du monde qui ont accumulé, les réserves de change ont fondu. Pour certains pays, ils ont diminué de moitié, pour d'autres plus de la moitié, la Chine d'un quart. Mais l'Occident doit prendre en compte qu'il n'est pas le seul acteur dans la donne monétaire mondiale. Il y a la métaphysique-monde à l'œuvre dans le devenir du monde. On peut même pronostiquer, eu égard au blocage de la situation au Moyen-Orient qui est devenue une «véritable poudrière», rappelant les «Balkans avant la Première Guerre mondiale», que rien n'exclut que, de nouveau, le prix du baril de pétrole explose, et atteindra des sommets comme jamais auparavant. Un cours du pétrole à 200 dollars dans les années à venir, ce qui faussera les plans occidentaux de vouloir appauvrir les pays du reste du monde déjà pauvres. Et qu'eux restent riches. Alors que l'humanité est un tout solidaire. Et un prix du baril de pétrole à 200 dollars dopera l'économie mondiale et permettra au monde de rebondir et de sortir de la déflation qui étouffe l'économie mondiale. Nous y reviendrons. * Auteur et chercheur spécialisé en Economie mondiale, Relations internationales et Prospective Notes : 6. Historique Taux de change. http://fxtop.com/fr/historique-taux-change.php? 7. «Les réserves de change chinoises au plus haut depuis 2016», par le quotidien français Les Échos Invesir. Le 7 janvier 2018 - https://investir.lesechos.fr/marches/actualites/les-reserves-de-change-chinoises-au-plus-haut-depuis-2016-1731518.php 8. «Chine: les réserves de change à près de 3.120 milliards de dollars» par APS Algérie. Le 7 décembre 2017. http://www.aps.dz/economie/66805-chine-les-reserves-de-change-a-pres-de-3-120-milliards-de-dollars |